Pour les assurances, voilà ce que je peux dire :
Déjà bien distinguer la responsabilité, et l’assurance qui couvre éventuellement cette responsabilité.
Exemple, je conduis une voiture, j’ai l’obligation de souscrire une assurance aux tiers (qui est en fait une assurance responsabilité civile) et j’ai l’obligation légale (inscrite dans le code civil) de réparer tout dégât causé à un tiers. Ainsi, si je détruis une voiture stationnée en l’emboutissant, je suis responsable (c’est le code civil qui le dit) et ça va être couvert par mon assurance.
Néanmoins, si je conduis sans permis ou complètement saoûl, l’assureur va faire valoir que c’est une cause d’exclusion de la garantie. je suis toujours autant responsable des dégâts (le code civil n’a pas changé) mais je ne suis plus couvert par mon assurance.
Pour le marchand de biens :
1) A la base, son activité consiste à acheter et revendre des biens immobiliers. Il peut donc se contenter d’une "assurance artisan commerçant" qui couvrira sa responsabilité civile professionnelle.
Si le MDB vend un bien avec des vices cachés, l’acheteur va se retourner contre le MDB. Le MDB est responsable : c’est encore le code civil qui s’applique (articles 1603 et 1641 notamment). S’agissant d’un professionnel, le MDB est supposé connaître parfaitement son bien et ne peut donc jamais s’exonérer de sa responsabilité en disant qu’il ne connaissait pas le vice en question.
Est-ce que son assurance va le couvrir dans un tel cas ? je ne sais pas mais je suppose qu’elle va chercher toutes les bonnes raisons de ne pas le couvrir.
2) Lorsque le MDB rénove les biens avant de les revendre, c’est là qu’on va avoir d’autres responsabilités, garanties et assurances qui interviennent.
Prenons le cas où tous les travaux sont réalisés par des artisans.
S’il ne s’agit que de travaux de second oeuvre n’affectant pas la structure, je pense qu’il n’est pas obligatoire pour le MDB de prendre une garantie décennale.
Exemple : le MDB fait tout repeindre et revend.
Dans ces cas-là, s’il devait y avoir un défaut, ce n’est pas la décennale qui intervient. Le MDB pourra se retourner vers l’artisan qui doit "le parfait achèvement" et la garantie biennale pour les équipements. Pour la peinture, qui n’est pas un équipement, pas de garantie biennale ; seulement le parfait achèvement.
A ce sujet, vous écrivez "( mais tt le second oeuvre sera fait par artisans = decennal )". NON. Décennale n’est pas un mot magique qui couvre tout et n’importe quoi ! La plupart des travaux de second oeuvre relèvent du parfait achèvement, ou de la garantie biennale sur les équipements. Ce n’est que dans le cas (très improbable) ou les travaux d’un artisan aient endommagé la structure que sa décennale interviendra.
S’il s’agit de travaux qui affectent la structure en revanche, la garantie décennale devient obligatoire. Exemples : le MDB fait ouvrir une porte dans un mur porteur. Ou le MDB fait refaire la toiture.
En cas de sinistre, toute la difficulté va être de déterminer les responsabilités.
Exemple, revente après avoir fait refaire la toiture. Sinistre d’infiltration d’eau par la toiture peu après la vente. L’acheteur recherche la responsabilité du vendeur, le MDB. Il va s’agir de déterminer si le sinistre vient des travaux, ou de circonstances ultérieures (exemple un fort coup de vent qui a enlevé des tuiles, après l’achat). Si le problème vient d’une malfaçon présente au moment de la vente, il ne fait pas de doute que le MDB est responsable vis à vis de l’acheteur. Mais le MDB va essayer de rechercher la responsabilité de l’entreprise. Si les deux parties ont signé un procès verbal de réception des travaux sans aucune réserve, le MDB va avoir beaucoup de mal à faire valoir que l’entreprise est en tort.
Dans tous les cas, le procès-verbal contradictoire de réception des travaux est très important. Pour une peinture foireuse par exemple, le MDB aura du mal à se retourner contre le peintre s’il a signé un PV de réception sans aucune réserve.
Pour les travaux soumis à la garantie biennale ou décennale, le PV est très important également car c’est à partir de là que ces garanties s’appliquent. Pour l’assurance garantie décennale (par exemple) de l’artisan, elle garantit ses travaux finis, et c’est le PV contradictoire qui signe l’achèvement. tant que le PV n’est pas signé, l’assurance garantie décennale n’est pas activée.
3) 3e cas : vous indiquez vouloir effectuer certains travaux vous-même. La difficulté dans ce cas va être d’arriver à souscrire une assurance pour vous couvrir, alors que le MDB est un commerçant ! Il n’est pas censé faire des travaux lui-même !
J’aurais tendance à dire qu’il ne faut pas souscrire d’assurance, et qu’en contrepartie, il ne faut faire aucun travaux pouvant causer des sinistres sur la structure ou sur des équipements. Par exemple, ne gardez que la peinture et les revêtements. Même la pose d’une cuisine est déjà plus délicate (raccordements d’électricité et de plomberie notamment).
L’assurance TRC citée par Nek est la "tous risques chantiers". Elle n’est pas obligatoire, mais elle couvre les dégats causés par un artisan pendant le chantier. Vu que les travaux ne sont pas encore réceptionnés, ils ne sont pas couverts par la garantie biennale ou décennale. Ils pourraient par contre être déjà couverts par la RC pro, donc la TRC peut faire partiellement double emploi avec la RC pro.
Le pire cas est celui de l’incendie. Exemple : les autres artisans sont déjà passés, vous faites vous-mêmes des petits travaux de finition, et vous déclenchez un incendie. Votre immeuble brûle. Si vous n’avez pas de TRC, vous venez de perdre un immeuble !
Faut-il que vous souscriviez aussi une assurance TRC ? Faut-il être conscient du risque mais ne pas prendre d’assurance ?
Au total :
- vous serez obligé de souscrire une "assurance artisan commerçant" qui couvrira votre RC professionnelle et sans doute quelques autres trucs.
- il faut se poser la question de prendre une assurance sur les immeubles, pour le moment entre l’achat et la revente (même sans travaux d’ailleurs ; si un rôdeur ou un psychopathe met le feu à votre immeuble et que votre immeuble n’est pas assuré, vous êtes mal). Je ne sais pas ce qui existe pour ce cas ; mais ça semble intéressant de ne pas laisser les immeubles non assurés. Voir le type d’assurance qui existe dans ce cas et leur coût.
- si vous ne faites faire des travaux que de second oeuvre, sans aucune incidence sur la structure, vous pourriez peut-être vous exonérer de prendre une assurance garantie décennale. Si jamais un acheteur se retourne contre vous, ça sera à vous d’en supporter les conséquences ; et de vous retourner vers l’artisan fautif si c’est bien le cas.
- si vous faites, sur un immeuble en particulier, des travaux qui affectent la structure (tels que percer des ouvertures dans les murs porteurs ou refaire la toiture), il me semble qu’il serait alors plus prudent de ne rien faire vous-même dans cet immeuble. Pour cet immeuble, vous vous placez résolument en tant que maître d’ouvrage et vous souscrivez alors une assurance dommage-ouvrage.
Ce n’est qu’une première approche, à approfondir !