Personnellement, je ne crois guère à un scénario d’hyperinflation dans une zone monétaire majeure, ni a une déflation, mais je n’exclus pas que les prix (selon l’indice officiel) puissent varier en France entre -2% et +8% certaines années, même si entre 0 et 4% sera bien plus fréquent. Ceci aurait déjà des effets importants sur la valeur de certains placements, et permettrait (avec 4%, voire parfois 8%) dans la durée de réduire les dettes des états.
Un scénario avec forte inflation en Europe impliquerait de-facto la fin de l’€uro, ou une forte remise en cause de l’€uro (la BCE a pour objectif…. de limiter l’inflation), avec toutes les conséquences que cela aurait (difficile de faire une liste, mais beaucoup de déstabilisations au minimum).
Un scénario de forte inflation dans une, ou plusieurs autres zones monétaire est plus probable (c’est surtout la zone US$ qui auraient des conséquences un peu partout….).
Ce qui est paradoxal, c’est qu’en même temps qu’il y a des pressions inflationnistes (création de monnaie sans actifs tangibles en face), il y a des pressions déflationnistes (main d’œuvre bon marché dans les pays émergents, vieillissement des populations des pays développés, faible croissance ou stagnation ou récession du PIB), si bien que faire un pronostic n’est pas aisé…. L’augmentation de la population mondiale, et des biens produits pourrait-il justifier en partie l’augmentation des masses monétaires en circulation ? Il vaut mieux éviter de prendre une position anticipant de l’inflation avec un fort levier, si on pense qu’un scénario avec déflation n’est pas à exclure.
Il faut aussi relativiser les dettes des états : en face de ces dettes, il y a souvent des actifs tangibles importants (le patrimoine des états, terrains, ressources minières, constructions, sociétés, etc.), en plus des flux de revenus (les impôts) qui augmentent ou baissent en relation avec le PIB.
Un emprunt à taux fixe (ou révisable avec cap : j’ai à plusieurs reprises -fin 1987, fin 2007- pris un emprunt a taux révisable en espérant que les taux baisseraient…. et pour le moment cela s’est avéré plus avantageux que les taux fixes que j’aurais eu au même moment) pour financer un actif tangible immobilier me semble un bon plan (sous réserve que le rendement du bien tangible soit supérieur au cout de l’emprunt, dans les scénarios ’normaux’), avec un risque limité en cas de déflation aussi. Le risque principal, c’est en fait que l’actif se dévalorise, et on le limite en choisissant l’actif pour son utilité/attrait à long terme (en plus de diversifier).
Je suis plus sceptique sur vos autres pistes :
-> marché de l’art : on s’expose à des effets de mode, et à des valorisations "de Ponzi"
-> shorter le marché obligataire : en perdra gros si les taux restent durablement bas
(et je pense qu’il n’est pas impossible que les taux restent très bas longtemps,
si la croissance ne repart pas, voyez le Japon depuis 10 ans….)
Une autre piste serait l’acquisition de positions sur d’autres types de biens tangibles que de l’immobilier (matières premières, terrains, forets, etc.), éventuellement avec un levier limité de crédit, même si je suis aussi un peu sceptique sur le fait d’avoir un rendement supérieur au coût du financement dans tous les scénarios normaux.
Une autre piste est l’acquisition d’obligation avec rendement indexé sur l’inflation. Mais quand on voit que sur l’US$, le rendement avoisine "inflation - 0.5%", on se demande si c’est bien rentable.
Une autre piste serait l’acquisition d’une position sur le marché des devises (achat d’une devise présentant peu de risque d’inflation / vente de celle sur laquelle on anticipe l’inflation). Mais là aussi, le risque est important.