Quand j’étais collégien, je révais d’occuper un poste de cadre supérieur du style DAF, ou trader… Je me souviens encore feuilletant les fiches métier de l’ONISEP, les imprimant avec soin et les rentrant bien correctement dans des pochettes plastiques.
Je regardais même, alors que je devais à peine être en quatrième ou en troisième, les Universités et/ou Écoles permettant de se former à ce type de postes.
De plus, toujours lorsque j’étais encore collégien, mes parents s’étaient renseignés (pour moi) auprès de leur conseiller bancaire sur la façon d’acheter des actions en bourse…
Vient ensuite les années lycée. Au fond de moi, j’avais toujours les mêmes ambitions. Dans la pratique, les années passaient, seconde, première puis terminale.
J’ai toujours été un élève moyen. Non pas parceque j’avais des difficultés, mais tout simplement parce que je me contentais du minimum. J’avais 10/11 de moyenne sans trop en faire, alors pourquoi me casser le c** à bosser deux fois plus pour gagner trois ou quatre points de moyenne supplémentaire ? Ça changera quoi ? Finalement, j’ai eu mon bac avec un 11/20. Parfait, je l’ai, ça me suffit… Next !
Viennent les études supérieures… Entretiens à l’IUT, parceque mes parents voulaient que je fasse des études en alternance, afin notamment de garder une organisation "scolaire". Je me plante en beauté lors du débat en groupe, moi qui n’avais jamais vraiment pu prendre la parole en public. En même temps cela m’arrangerais, parce que ce que je voulais faire, c’était des études universitaires.
Entrée donc en fac d’économie / gestion, pile le jour de mes 18 ans (je m’en souviens comme si c’était hier). La première année se passe pas trop mal, bien que je ne la valide qu’à l’issue des rattrapages. Pourtant je bossais (en intensité) quand même bien plus qu’au lycée. Mais cela suffisait à peine.
Je m’accroche, je passe en seconde année… Macro-économie, micro-électronique, maths… Rien que du théorique, zéro application concrète… je décroche lamentablement, me prends violement les pieds dans le tapis lors des examens et "redouble" pour la première fois de ma vie. J’insiste comme cela encore trois ans. Parvenant à valider quelques matières supplémentaires (la moitié de ma seconde année de licence), je suis autorisé à intégrer la troisième année de licence par "enjambement". Je peux donc mener en parallèle la L3 et ce qu’il me reste à valider en L2. Un vrai beau carnage !
Après cinq années passées à l’Université, le bilan est plutôt deplorable. J’ai eu ma première année, valide à peine la moitié de ma deuxième année, et seulement les 3/4 de ma troisième année. La troisième année, dans une situation "normale", je pense que j’aurais pu l’obtenir relativement facilement, car elle m’intéressait vraiment et était largement à la portée. Ce qui m’a plombé c’est le fait de ne pas parvenir à me démarquer de ma deuxième année et de ses matières 100% théoriques et sans application concrètes.
Durant la fin de mon "expérience universitaire", j’ai tenté de me lancer. J’ai créé ma propre société, depuis chez mes parents, de façon autodidacte, une maison d’édition.
J’achète du matériel pour imprimer les livres moi-même, bref, je gère absolument tout. Mon gros point faible ? La vente, le côté commercial. J’abandonne (sans aucun regret quant à cette belle expérience) au bout d’un an et demi.
Arrivé là, j’arrête mes études et ferme ma société à deux mois d’intervalle. Ayant tout de même bien pris conscience de qui je suis et de ma façon de travailler, il est clair que bosser 36h par jour et 60 semaines par an, ce n’est pas pour moi.
Mètre de côté tout un pan de ma vie juste pour avoir plus d’argent, ce n’est définitivement pas pour moi.
Je mets donc de côté mes "rêves" adolescents, pour finalement faire une année de service civique à 550€/mois, puis quelques mois de plonge dans un restaurant pour un salaire comparable au service civique, avant me trouver mon emplois actuel, la première année, avec un salaire toujours du même ordre (mon volume horaire à augmenté depuis, ainsi donc que mon salaire).
Au final je ne fait pas le métier qui me faisait rêver il y a 15/18 ans, et je gagne peu d’argent, moins d’un SMIC par mois.
Néanmoins je fais un métier qui, au final, me plaît quand même. J’ai fondé une famille. J’ai du temps libre la journée (quoi que le travail en coupures c’est pas non plus la panacée), le week-end et pendant les vacances scolaires.
Je ne suis pas devenu DAF, mais je sais gérer mon argent, le placer, développer mon petit patrimoine et préparer celui de ma fille. Je ne suis pas devenu trader, mais je suis tout de même présent sur les marchés financiers (à mon modeste niveau) sans avoir de comptes à rendre à personne. Je ne gagne pas des sommes folles, mais mon petit salaire me permet de vivre et cela me suffit amplement.
Finalement j’en serais presque, à la fin de ce pavé, arrivé à me demander si je suis réellement entré dans la rat race…
Bien sûr, je félicite celles et ceux qui parviennent à gagner plusieurs dizaines de milliers d’euros par an an et qui sont satisfaits de leur situation, mais sans pour autant les envier. Tout simplement parce que ma situation personnelle me convient parfaitement. Cela correspond à qui je suis et à ma façon de vivre les choses.
Chacun a ses propres expériences, ses propres besoins, sa propre vision de la réussite. Je ne me suis certainement pas assez "bouger le cul" il y a quelques années, mais je n’en absolument aucun regret.
Je dirais même que c’est désormais pour mon "challenge". À savoir réussir à me créer une situation financière en partant de zéro (il y a 5 ans), et en me contentant fort aisément de peu de moyens financiers.
(Je m’excuse par avance pour ce pavé, qui je l’espère n’est pas trop indigeste, et encore moins trop égocentrique).
le Petit Actionnaire - Suivi de mes investissements dans les dividendes et Éducation financière.