Bernard2K a écrit :
roudoudou a écrit :
quel rapport avec une voiture qui est un bien se dévaluant dans le temps (rapidement) et un actif réél en dimension finie qui a une valeur (forte) d’utilité et qui s’apprécie sur longue periode ?
Mon intention n’était pas de faire une comparaison voiture/maison, mais de parler du mécanisme psychologique sous-jacent, comme je l’ai expliqué ensuite ; néanmoins, la comparaison voiture/maison n’est pas peut-être pas aberrante, et peut donner quelques réflexions intéressantes :
- voiture se dévaluant rapidement : qu’est-ce qui empêche de maintenir une voiture parfaitement à l’état du neuf ? On peut remplacer toutes les pièces au fur et à mesure qu’elles lâchent. Problème, le coût. Vous me direz "mais il y a aussi l’obsolescence". Là aussi, on pourrait très bien équiper un véhicule en seconde monte. Clim en seconde monte : possible. Régulateur de vitesse en seconde monte : possible. Evidemment, des technologies plus étroitement liées à la voiture sont plus difficiles à installer, type airbag, ESP, etc. Mais là aussi, la limite principale est le prix de ces installations.
- bon, mais pour la maison, y a-t-il un phénomène comparable ?
Prenons la référence : une maison moderne et neuve. Isolation RT2012, prises réseau, domotique, déco dans l’air du temps, etc.
Prenons maintenant deux villas "standard" construites fin des années 1960, dans ce qui était à l’époque un village, désormais la banlieue très cossue des rurbains attirés par la grande ville voisine mais qui veulent "avoir un jardin".
- l’une n’a été quasiment pas entretenue. Elle vaut combien ? A peine plus que le terrain constructible. Je connais des cas de ce type. Alentours de Toulouse ou de Lyon, je ne vais pas citer les communes mais j’ai des cas précis. La maison peut se vendre dans les 350 k€, le terrain constructible seul vaut déjà 300 k€. Les gens qui achètent refont souvent tout l’intérieur, en ne gardant que les murs, et encore : modification d’ouvertures, extension, etc. Ca coûte presque aussi cher que de construire à neuf, preuve qu’ils achètent surtout le terrain. On voit aussi des achats par des promoteurs, qui rasent la maison pour mieux valoriser le terrain : création d’un lotissement ou construction d’un petit immeuble. L’amortissement comptable pratiqué sur l’immobilier professionnel (LMNP ou LMP ou structure IS) n’est pas aberrant car l’immobilier s’use vraiment. La valeur ultime d’une construction non entretenue est zéro. Elle est tellement vieille qu’elle est devenue "économiquement irréparable" et qu’il vaut mieux raser ou ne garder que les murs. C’est le terrain qui vaut encore de l’argent, pas la maison.
- l’autre maison a été parfaitement entretenue au goût du jour. Pour être au top, il faut avoir complètement isolé la maison (pas d’isolation fin des années 60, même dans les murs !), changé la chaudière déjà deux fois, changé les fenêtres déjà deux fois (double vitrage milieu des années 70 car choc pétrolier ; nouveau changement entre 2000 et aujourd’hui car les vieux double vitrage étaient abîmés, pas du tout aux normes actuelles et d’apparence démodée), ajouté une clim sans doute, refait complètement l’intérieur y compris le sol (les carrelages fin des années 60 sont terriblement datés), créé et entretenu un jardin paysagé agréable à l’oeil du rurbain, posé une piscine, ajouté une véranda, changé le portail et la porte de garage pour des modèles avec télécommande, fait re-traiter la charpente, changer quelques tuiles, probablement refaire complètement le crépi de façade qui était fissuré ou décoloré, fait reprendre complètement l’assainissement individuel pour se connecter au collectif ou bien pour refaire un individuel compatible SPANC, rénové complètement l’installation électrique, etc. Certes, cette maison rutilante vaut 700 k€, mais quelle fortune y a été engloutie en entretien et améliorations ?
Donc, déjà, on voit que la valeur "qui s’apprécie sur une longue période" nécessite, pour s’apprécier, des travaux très conséquents pour l’entretien mais aussi pour améliorer afin de se tenir au goût du jour en termes de déco et de fonctionnalités. Et une bonne partie de cette "appréciation de valeur" est souvent liée au terrain lui-même, à l’emplacement ; la construction qui est dessus, si on pouvait analyser sa valeur indépendamment du terrain, ne vaut plus grand chose si elle n’a pas été entretenue ; et vaut cher si elle a été améliorée pour correspondre au goût et aux normes actuelles mais moyennant des dépenses très conséquentes.
Et enfin, concernant cette appréciation de valeur : certes, le marché immobilier a fortement augmenté dans le passé. Encore faudrait-il corriger de l’inflation. Mais, va-t-il continuer ? Peut-on dire aujourd’hui avec certitude : "j’investis dans ma RP car je suis certain que sa valeur va s’apprécier" ?.
Au total, l’appréciation de valeur est loin d’être garantie ; et ne se fait pas sans des travaux d’entretien et d’amélioration coûteux.