Ce qui me frappe à lire ces lignes, c’est que depuis que j’observe consciemment la société (on dira depuis les années 80, étant né en 70), et de mon expérience de soignant (je suis infirmier depuis 98, ayant donc commencé les études en 94), en fait rien n’a changé.
Une seule chose fait évoluer les situations: l’éducation. Il n’y a rien d’autre, à mon avis, et ce ne sont pas toutes les applications du monde qui feront changer une culture culinaire. Culture à mon sens de moins en moins transmise.
Chez nous c’est bien simple: pas de micro-ondes, pas de plaques à inductions, une vieille cuisinière à gaz, un four électrique, et une consommation minimum de conserves (pas de plats préparés) et de surgelés (le minimum syndical).
Comme j’ai pu le constater dans mon exercice en libéral en milieu rural, les habitudes alimentaires sont la chose la plus difficile à faire changer: allez faire manger moins de sucre à un diabétique qui habite complétement seul en rase campagne et dont les seuls compagnons sont sa gamelle de patates sautées et son verre de rouge (un verre souvent de la taille de la demi-bouteille!)…toutes les eugueulades du monde du médecin face à ses résultats de prise de sang ne changent rien à un facteur qui n’est pas nommé clairement, sauf en filigrane: la misère sociale.
Les gens éduqués, ce qui fut mon cas puisque né d’une famille de professionnels de la santé, ont la chance d’avoir une conscience plus grande des risques pour la santé…encore qu’à observer des membres de ma famille, mais aussi moi-même, je constate que rien n’est acquis pour autant.
Le fait de manger est soumis pour beaucoup à des aspects culturels: allez manger végétarien ou sans alcool quand votre environnement social ne connais pas ce genre de dimensions inconnus et vous propose un steak ou un verre d’apéro de façon systématiques car c’est leur habitude?
PAs plus tard qu’aujourd’hui, j’ai bu quatre cafés…tous offerts…car au travail, quand je rentre sur une unité différente, elles m’offrent toutes la même chose. Parfois je le prends juste pour le côté convivial…mais je l’avale et mon corps absorbe toute cette convivialité!
Donc l’éducation alimentaire c’est à la fois simple et à la fois pas si simple.
Je ne pense pas que les interdits ou le fait de "guider" les choix ne fonctionne à long terme. Il faut surtout éduquer à réapprendre à cuisiner, montrer aussi que budgétairement on peut dépenser moins en cuisinant plus, cela implique aussi de sortir d’une forme d’abrutissement, du genre arriver du travail et se coller devant la télé en bouffant de la bière et des chips (oui, je caricature peut-être, mais quand même c’est parfois ça).
je pense aussi qu’on doit voir que l’alimentation c’est aussi un des premiers anxiolytiques ou anti-stress, particulièrement le sucré…cette appétence a à mon avis à voir avec la pression que l’on vit, au travail, les difficultés économiques…quand on n’accède ou on n’a pas le sentiment de pouvoir accéder à mieux, alors on se réfugie sur l’alimentation, la boisson sucrée, bref on remplit le vide. On suit les compulsions alimentaires, les désirs immédiats…et on se donne le sentiment du pouvoir de consommer, de se remplir. Je pense qu’il y a des aspects de ce genre qui se jouent profondément, sinon l’éducation alimentaire marcherait très simplement, et je peux voir combien c’est difficile à faire passer, ces messages.
Et personnellement, je vois combien quand je suis stressé, inquiet, j’ai du mal à me maîtriser sur ce plan-là. Et je pense ne pas être le seul.
Je pense aussi que l’alimentation la meilleure et la plus saine n’est pas la plus chère ni la plus complexe: acheter des fruits secs au lieu de barres de Granny, me semblerait pas si difficile à réaliser. Entre autres.
Mais bon, ce n’est que mon avis bien modeste.
Sur ce bon appétit! C’est l’heure!
PS: en bourse, toutes les entreprises d’alimentaires m’intéressent hautement!