Bonjour,
Je vais parler de ce que je connais bien, à savoir la politique de gestion d’actifs des assureurs français.
Il a été dit que les assureurs étaient prêts à acheter des BFT à des taux actuariels négatifs.
Cela me semble très improbable pour une raison très simple : un assureur peut placer sa trésorerie (à quelques semaines/mois) dans des OPCVM monétaires qui rapportent grosso modo l’Euribor 3 mois, ce qui est toujours mieux qu’un taux actuariel négatif.
Pourquoi est-ce qu’un assureur perdrait de l’argent alors qu’il peut placer sa trésorerie dans des OPCVM monétaires?
Quant à la future réglementation à laquelle seront soumis les assureurs (Solvabilité 2), cela ne me parait pas être une bonne explication.
Sous la forme actuelle (Solvabilité 2 étant encore en projet, cela pourra changer), un assureur peut détenir des obligations d’Etats des PIIGS sans que cela lui coute en capital au titre du risque de défaut des contre-parties !
Par contre, il est vrai que cela fait longtemps que les assureurs n’achètent plus d’obligations d’Etats des PIIGS (pas à cause de contraintes réglementaires mais parce qu’elles sont jugées trop risquées). Je suppose qu’il en est de même chez les fonds de pension ou les fonds souverains.
Les assureurs (et certainement les fonds de pension anglo-saxons et les fonds souverains) ont également des contraintes internes de rating.
Par exemple, ils doivent détenir au moins x% d’obligations AAA (en prenant la deuxième meilleure note entre celle de S&P, Fitch et Moody’s : la France ou les USA rentrent donc dans ce périmètre).
Mécaniquement, cela entraine une forte demande sur les obligations long terme des pays encore notés AAA, faisant baisser le taux de ces obligations.
Par défaut, les assureurs français achètent donc des OAT.
Mais les assureurs ayant également des contraintes de rendement, ils sont poussés à acheter des obligations plus risquées pour avoir plus de rendement : obligations bancaires ou high yield, dettes non cotées aux PME etc.