La règle du jeu (pour l’assurance chômage) n’est pas écrite par les salariés qui la subissent. Or, celle-ci est tout le temps modifiée en défaveur du salarié, de telle sorte que (comme avec toutes les assurances), vous savez ce que vous payez, mais pas vraiment ce que vous en tirez. Les pratiques de radiation automatique de mauvaise foi, et la mauvaise gestion en général de Pole Emploi, me semble justifier ce que IH appelait la "légitime défense" vis à vis de l’URSSAF et du fisc, appliquée à l’assurance chômage.
De ce point de vue là, c’est normal d’appliquer la règle en regardant surtout son intérêt propre, parce que les autres entités en jeu (y compris l’employeur, d’ailleurs, qui refusera une rupture conventionnelle pour éviter de verser une indemnité de licenciement, quand il peut pousser son salarié à bout pour qu’il démissionne) ne s’en privent pas.
C’est facile, quand on est pas concerné, de philosopher sur une mise en oeuvre de la règle qui ne correspond pas à l’esprit du système. Sauf que l’esprit du système n’est décrit nulle part, et n’engage personne. Quand vous êtes concerné personnellement, c’est tout à fait normal d’optimiser.
Ça ne choque pas grand monde ici, quand certains parlent de revendre leur "résidence principale" qui change tous les ans dans le but de bénéficier de l’exonération sur la plus-value, on est sur le même genre de chose.
La frontière est ténue entre ce que perecastor ou Caceray ont décrit, qui semble être saisir une opportunité lorsqu’elle s’est présentée, et ce que marindodouce décrit qui semble être un mode de vie basé sur de la quasi-fraude. Donc c’est dur de juger qui est profiteur ou pas.
Mon critère personnel serait : le magouilleur revendiqué, c’est quelqu’un avec qui je ne voudrais pas avoir de relation, que ce soit ami/fournisseur/bailleur/salarié/employeur/etc. N’est pas magouilleur celui qui se contente de remarquer qu’il a cotisé pendant N années au droit d’être indemnisé pendant 2 ans s’il perdait son emploi. Celui qui a l’intention, dès le début de la relation de travail, de provoquer l’évènement qui créera l’indemnisation, c’est évidemment une autre histoire.
Mais il faut se méfier : on peut toujours rationaliser un comportement donné comme "il applique juste la règle", ou inversement "c’est un sale fraudeur", avec le bon storytelling. Donc se positionner sur le terrain de la morale n’est pas très utile car on peut lui faire dire ce qu’on veut.