Scipion8, Jérôme a déjà répondu en partie, mais je crois que vous nous faites une illustration de ce qui se passe lorsque des gens brillants s’éloigne de leur domaine de compétence.
Scipion8 a écrit :
Ce qui est gênant dans ces histoires de QI, outre l’absence d’une quelconque base scientifique,
Je pense que le QI est vraiment discutable, mais lorsque vous avez une mesure chiffrée plutôt reproductible, c’est dur de dire que ça n’a aucun fondement scientifique. Le poids et la taille d’une personne n’en n’auraient aucun alors.
Scipion8 a écrit :
Cette mode ridicule des "zèbres" ou des "haut potentiel" fait partie de la tendance à l’essentialisation des individus : dans notre société, il faut désormais à tout prix regrouper les personnes selon les races, les orientations sexuelles, ou le QI. Cette mode importée des USA est absolument opposée à la tradition républicaine française : l’universalisme.
Selon les races, à bon ? Franchement ? Je ne crois pas que l’on peut dire que c’est la mode de classer les gens selon leur supposée race.
La tradition républicaine universaliste ?
Je ne sais pas ce que vous entendez par là, mais à la limite le premier empire était d’avantage universaliste que la république…
L’égalité des droits et des chances en matière d’accès à l’éducation ne sont pas synonyme d’universalisme.
D’ailleurs, malgré ses valeurs, la république reste (selon moi) encore très noyauté par les réseaux et l’entre soi de certaines classes sociales.
Scipion8 a écrit :
Cette mode répond à la tendance naturelle du capitalisme à la segmentation du marché. Il faut absolument ranger les consommateurs dans des cases.
Le soleil se lève tous les matins aussi. Ce n’est pas parce que l’esprit humain à la capacité de segmenter et de comparer que c’est dû au marché et au capitalisme (…)
Scipion8 a écrit :
Elle répond aussi au désir narcissique des parents-consommateurs : votre môme est un cancre ? C’est donc évidemment qu’il est génial ! C’est un "haut potentiel" qui ne demande qu’à s’exprimer, et nous allons vous proposer une formule adaptée pour cela. Elle confortera bien mieux l’ego des parents que les capacités scolaires du marmot.
La réalité c’est que parfois lorsqu’un enfant ne rentre pas dans ce qui pourrait être quelque chose de normal, dans le sens habituel, disons standard, disons centré sur un écart type par rapport à une moyenne… et bien les parents essaient de comprendre et de trouver puis proposer une solution. Les parents constatent que leur enfant a des difficultés, ils essayent d’identifier la difficulté et de trouver des solutions. Je ne crois pas que ça soit du narcissisme.
Scipion8 a écrit :
La réalité de l’intelligence, ce n’est pas qu’elle est un "don" réservé à quelques privilégiés, en vertu de l’ascendance, des gènes (et/ou de la couleur de la peau, éventuellement), ou du destin, mais c’est un puits sans fond auquel chaque personne, sans exception (et heureusement !) peut puiser. L’intelligence est une construction de chaque jour, un éveil - accessible à tous si on leur en donne la chance.
Et bien hélas non. Prenez des enfants "placard" ou des enfants né d’alcoolisme fœtal et ça ne sera pas le cas. Avoir de nobles valeurs ne permet de s’affranchir de certaines la réalité, hélas (…).
Scipion8 a écrit :
Pour que cet éveil se concrétise, il faut un système scolaire qui joue son rôle, des parents qui, quelle que soit leur condition sociale, comprennent l’importance de l’éducation, et bien sûr aussi une part de chance. L’intelligence d’une personne avance à coups d"eurekas", d’illuminations, de rencontres heureuses, de "déblocages" intellectuels… C’est cette nature évolutive et construite de l’intelligence qui en explique la grande variété : on peut très bien comprendre certaines choses et être d’une nullité absolue dans d’autres - parce que les eurekas et les illuminations que chacun de nous vivent touchent rarement tous les champs de la compréhension humaine.
Vous soutenez qu’il n’existe aucun polymorphisme entre individu et que tout est acquis et surtout possible d’acquérir pour chacun. Soit. C’est un certain point de vu… Mais c’est quand même infirmé par les faits.
Scipion8 a écrit :
Tant que dure la suspension des cours, je fais du soutien scolaire à distance à mes neveux confinés à Paris - très bons élèves du 16e arrondissement, avec une mère (ma sœur) très attentive à l’éducation. Et quand je travaillais à Paris, je faisais du soutien scolaire pour des élèves "défavorisés", largement issus d’une immigration récente (18e arrondissement). De tous, sans exception, je peux dire qu’ils ont un "haut potentiel" : tous ont eu sous mes yeux des illuminations intellectuelles, des déblocages mentaux.
Tout le monde ou presque peu finir un 100 mètres, si on suit votre résonnement, la rapidité n’existe pas (…)
Pour l’analogie de la compréhension, on pourrait dire, plus on entraine les gens à courir plus ils progressent, donc la rapidité n’est pas mesurable et tous le monde la possède (?)
Scipion8 a écrit :
Je trouve à la fois ridicule et catastrophique, pour les élèves concernés et pour le système scolaire en général, de vouloir séparer les prétendus "zèbres" et autres "haut potentiel" - dans la réalité, des enfants dont les parents ont juste un problème narcissique - des autres élèves. Se confronter à la différence, à des parcours variés, c’est s’enrichir et aussi se préparer à la réalité de la société.
Vous savez, lorsqu’un enfant est en souffrance et inadapté, il est compréhensible que les parents, les enseignants et les médecins essayent de comprendre pour proposer une solution.
Si vous avez un élève qui est en échec scolaire, vous allez essayer de l’aider. Si vous mesurer un retard de QI, vous ne recherchez pas forcément les mêmes causes que quand ce n’est pas le cas.
C’est juste un outil. Si l’outil ne vous plait pas, j’en conviens, mais dans ce cas là essayer de le combattre sans affirmer des choses sans fondement.
Je pense personnellement que le QI est un assez mauvais « proxi » de la mesure de l’intelligence. Il reflète ’éventuellement’ certaines fonctions cérébrales. Mais si vous avez un enfant qui est dépressif et en retard scolaire à 8 ans, et que vous lui trouver les caractéristiques d’un « haut potentiel » (je déteste ce terme) vous ne proposerez pas les mêmes solutions que si vous diagnostiquez un alcoolisme fœtal.
Personnellement je suis plutôt (très) en retrait par rapport à la notion de « QI », vraiment. Mais je pense qu’il est nécessaire de rester factuel pour la critiquer.
Dernière modification par AleaJactaEst (20/05/2020 19h36)