gizgiz a écrit :
update du matin ( la newsletter de la bourse)
Restons dans le domaine technologique avec les acteurs chinois qui sont sévèrement secoués en bourse en Asie ce matin, depuis que la SEC, l’autorité des marchés aux Etats-Unis, a rendu exécutoires les décisions prises par l’administration Trump pour renforcer les exigences de cotation des entreprises non-américaines.
Les stars comme Xiaomi, Tencent ou NetEase sont en baisse. Cela ne signifie pas que ces entreprises n’auront plus accès aux marchés ou aux investisseurs américains, mais il faudra qu’elles renforcent leurs procédures de contrôle.
Et qu’elles démontrent qu’elles ne sont pas détenues ou contrôlées par une puissance gouvernementale étrangère aux Etats-Unis (coucou la Chine).
L’épée de Damoclès n’est pas nouvelle, mais elle est bien réelle à l’heure où Pékin cherche presque ouvertement à récupérer le maximum de données sur les utilisateurs de services numériques.
Petite réflexion du matin, histoire d’alimenter la discussion sur le sujet.
Le titre initial de la file est "Trackers Chine : Un bon placement à long terme ?" et a été créé en 2015, donc avant la présidence Trump.
Aujourd’hui, l’élément fondamental à prendre en compte, O surprise, est la guerre "commerciale" USA / Chine. Le risque principal est l’intensification de cette guerre qui a de facto des effets collatéraux pour un investisseur individuel.
Actuellement, on parle beaucoup des actions américaines entamées sous la présidence Trump, mais il faut aussi tenir compte des "représailles" chinoises (ex: restriction de l’utilisation de Tesla pour l’armée Chinoise).
Penchons nous sur le fameux Executive Order 13959.
Il doit faire face à la menace des investissements en valeurs mobilières qui financent les entreprises militaires chinoises communistes.
Concrètement, d’après ma compréhension des choses, pour une société chinoise tombant dans cette liste noire, les conséquences sont :
1/ délisting des sociétés chinoises si elles sont côtées au NYSE
2/ Interdiction à toute US Person d’effectuer des transactions avec des sociétés chinoises.
Pour un investisseur passant par des ETFs, il faut bien avoir en tête le 2e point.
Car si on se limitait au 1er, il suffirait que l’émetteur de l’ETF vende ses ADR et rachète l’équivalent sur HK par exemple. Sauf que le 2e point stipule bien que toute US person, les personnes morales en font donc partie, ne peut plus effectuer de transactions avec les sociétés en question.
Concrètement, Blackrock ou bien kraneshares (ou autre société de gestion US) sont tenus de vendre leurs ADR ET leurs actions côté à HK ou autre marché chinois.
Voici un exemple avec kraneshares avec les cas récents de China Mobile, China Telecom and China Unicom.
Imaginons que les USA enrichissent considérablement leur liste noire, en y incluant, par exemple, de nombreux acteurs tech, un ETF comme KWEB serait très mal en point.
Donc, oui, détenir un ETF 100% chine comporte un risque, non négligeable de durcissement de la trade war :
1er lame : les valorisations chinoises sont mises à mal
2e lame : délisting potentiel du NYSE
3e lame : Obligation pour les ETF US de vendre certaines valeurs
Je rajouterai une 4e lame : Certains courtiers (ex récent avec DEGIRO) voire certaines sociétés de gestion non US préfèrent ne prendre aucun risque et vendent leurs positions (ou interdisent l’achat dans le cas d’un courtier) si celles si sont sur la liste noire US.
Une alternative possible, de mon point de vue, mais non dénuée de risque, serait de passer par des investments trusts UK.
- Il y a un risque réglementaire pour l’investisseur : voir mon message concernant les réglementations européennes sur les fonds.
- Autre risque : voir la 4e lame. Sauf que, dans le cas du UK, la tentation est grande d’aller voir à l’est .
Si je prends le gérant Baillie Gifford, que je suis particulièrement eu égard aux performances plus que solides de plusieurs de ces fonds qui laminent leurs indices sur une période prolongée (SMT, EWI, …).
Baillie Gifford a déjà amorcé massivement cette orientation vers l’asie :
- en vendant une part non négligeable d’ADR remplacés par l’équivalent à Hong Kong
- en installant un office à Shanghai.
Mais en investissement dans ces CEF, l’investisseur s’éloigne de l’investissement passif des ETFs.
Note : Détenteur de parts KWEB, SMT