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#76 02/01/2022 20h57
Votre expérience est très intéressante.
C’est parce que je porte quelques lourdes casseroles familiales que lorsque mon fils est né, je suis tombé droit dans la psychogénéalogie. Étant moi aussi issu du côté de ma mère de l’immigration polonaise et ayant levé un cortège de lièvres des histoires non racontées où se nichaient tant de souffrance émotionnelle non dite et portée en silence, pour le pire parfois.
Marco Massignan, dans son bouquin "constellations rituelles" parlait justement de la prégnance du culte des ancêtres chez les vietnamiens. Il en fait d’ailleurs une pratique, de la reconnexion aux ancêtres, manque patent dans nos civilisations marquées par le progrès technologique et le matérialisme, qui oublient que parfois l’humain a besoin de se rappeler d’où il vient. Et de manifester de la gratitude pour ne pas être coincé dans son égocentrisme.
En tous cas je trouve toujours très enrichissant ces partages culturels, qui nous rappellent parfois en passant par d’autres lieux loin de nous, ce que nous oublions parfois dans nos propres cultures.
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#77 03/01/2022 09h25
- Job
- Membre (2010)
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Flairsou, le 01/01/2022 a écrit :
chapitre 23 : Le dortoir
Dans notre appartement de 45m2 En 1995, nous allions y habiter à 4 : moi, ma soeur, ma mère et le nouvel ami de ma mère.
Bonjour Flairsou
le nouvel ami de votre mère a-t-il été un soutien financier pour elle à cette époque ? Vous êtes très discret à son propos d’ailleurs…
je guette votre récit comme un téléspectateur son feuilleton quotidien !
Ericsson…! Qu'il entre !
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1 #78 03/01/2022 10h38
- Flairsou
- Membre (2021)
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Chapitre 31 : Dana
"Dana est un mot tibétain signifiant générosité, don ou charité.
Il se réfère aussi à la pratique de cultiver la générosité, une des vertus les plus importantes du bouddhisme. Dans sa forme la plus achevée, cette pratique correspond à la première des Perfections (paramitas) : la Perfection de Donner . Cela peut être caractérisé par une générosité sans attachement et inconditionnelle, en donnant sans compter." (source Wikipédia)
Ma mère a donné toute sa vie.
Elle m’a donné naissance ainsi qu’à ma sœur.
Elle a donné et continue de donner à la pagode
Elle a donné à sa famille dès qu’elle a gagné un peu d’argent
Elle a donné encore plus quand elle gagnait plus d’argent
Elle a continué à donner alors qu’elle venait de divorcer
Elle a donné pour que ses soeurs et frère puissent venir en France
Elle a donné et continue à donner à ma sœur et moi
Elle a donné sans attachement de manière inconditionnelle par tous les temps.
Et peut-être que ce don inconditionnel lui a permis d’avoir une santé relativement préservée durant toute sa vie professionnelle. Malgré les heures de travail, elle était très peu malade et a pu subvenir aux besoins de sa famille.
Après des années de purgatoire dans le dortoir, il était temps qu’elle reçoive un peu en retour.
En cette année 2006, des travaux de terrassement était effectué dans la maison de ma mère par un ouvrier dont le local se trouvait juste en face de chez elle. L’ami de ma mère qui supervisait les travaux a appris par l’ouvrier que son entreprise déménageait et que les associés allaient vendre le local. Les agents immobiliers de la ville étaient à l’affut de ce local depuis de nombreuses années et harcelaient les propriétaires en cas de vente. Ma mère voulait acheter le local pour y faire un investissement locatif.
Les propriétaires ont décidé de vendre leur local au prix d’achat à ma mère, c’est-à-dire 150.000 euros. Pour quelle raison ont-ils choisi ma mère et vendu à ce petit prix ? je ne sais pas et elle non plus.
La devanture de ce local n’est pas immense et ne paie pas de mine. Mais une fois passer la porte d’entrée, le local s’élargit et on peut y découvrir un entrepôt de plus de 1000 m2 au sol avec une hauteur sous plafond de plus de 8 mètres de haut. Ce local était largement en dessous du prix du marché en 2006 alors aujourd’hui, n’en parlons même pas…
Elle a mis en location le local à une école religieuse qui a effectué énormément de travaux pour le mettre aux normes. Elle le fait louer au prix dérisoire de 2621 euros/ mois.
Récemment, je lui ai dit que son loyer était très largement en dessous du prix du marché et qu’elle pouvait percevoir beaucoup plus en louant à une autre structure.
Sa réponse m’a laissé sans argument.
"Lorsque ces personnes sont venus me voir, ils étaient les seuls à vouloir louer le local. Ils voulaient faire de ce local une école pour apprendre à lire et à écrire aux enfants. Et c’est ce qu’ils ont fait. Quelle cause plus noble que d’éduquer les enfants ? Je peux le louer plus cher, je peux le vendre très cher aujourd’hui, mais ça ne m’intéresse pas." m’a-t-elle dit.
Tout n’est pas question de rentabilité, de retour sur investissement ou d’enrichissement démesuré dans la vie.
J’avais appris une nouvelle leçon.
Dernière modification par Flairsou (03/01/2022 11h09)
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#79 03/01/2022 14h23
- Flairsou
- Membre (2021)
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Job a écrit :
Flairsou, le 01/01/2022 a écrit :
chapitre 23 : Le dortoir
Dans notre appartement de 45m2 En 1995, nous allions y habiter à 4 : moi, ma soeur, ma mère et le nouvel ami de ma mère.Bonjour Flairsou
le nouvel ami de votre mère a-t-il été un soutien financier pour elle à cette époque ? Vous êtes très discret à son propos d’ailleurs…
je guette votre récit comme un téléspectateur son feuilleton quotidien !
Il a été un soutien dans le sens où il aidait ma mère au restaurant en travaillant avec elle.
Mes relations avec lui étaient cordiales sans plus. Pas forcément simple même plus en étant plus adulte de voir sa mère avec un autre homme. Et puis, je me méfiais quand même. en me disant que sa relation était peut-être intéressé. Finalement, la relation avec cet homme a duré plus de 12 ans mais elle a appris qu’il menait une double vie. Il avait aussi femme et enfant d’une précédente union qu’il voyait toujours.
Je n’ai jamais voulu me mêler des affaires de ma mère avec ses relations masculines. Peut-être, y-avait-il d’autres choses que je ne connaissais pas.
Mais ma mère n’avait pas besoin de moi. Elle est relativement maline dans sa relation avec les hommes.
Et puis, c’est quand même lui qui a informé ma mère pour le local pro en vente.
A leur séparation, il avait exigé une commission pour ce local.
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2 #80 03/01/2022 19h51
- Flairsou
- Membre (2021)
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Chapitre 32 : La jalousie
Tante N est décédé à 56 ans en cette fin d’année 2008 et je suis effondré. Elle est décédée des suites d’une maladie qui est censé toucher avant tout les fumeurs, elle qui n’a jamais touché une cigarette de sa vie.
Tout mes souvenirs d’enfance de ces fameux jours heureux étaient remontés instantanément à la surface à l’annonce de son décès.
Quand j’étais enfant, j’allais régulièrement chez tante N le week-end et parfois en vacances. Elle a 3 enfants 2 filles cadettes et un fils ainé qui a 1 an de moins que moi, cousin I. Je portais pour mon cousin I un amour quasi fraternel tellement on était proche enfant et je le voyais tout le temps.
Je m’étais éloigné de la famille de mon père et donc de tante N après le divorce. Je n’avais plus revu mon cousin et mes cousines depuis plus de 10 ans.
Aux funérailles de tante N, alors que les amis et la famille avaient chacun préparé un éloge funèbre pour célébrer sa mémoire, j’ai improvisé son éloge car je voulais lui dire quelques mots avant qu’elle parte. Je pleurais de sanglot en tenant mon discours improvisé et ça avait touché beaucoup de monde.
ça avait aussi touché ma mère mais dans un sens diffèrent. Elle était en quelque sorte "jalouse" que je pleure autant tante N. Elle me l’a reproché pensant certainement que je serais peut-être moins touché lorsque son heure viendra. Je n’ai rien dit.
Mais moi aussi, j’étais jaloux de la relation de mon cousin I avec sa mère quand j’étais petit. Je voyais l’amour que portait sa mère pour ses 3 enfants chaque fois que je venais chez eux. ça sautait aux yeux, c’était un amour quasi fusionnel et authentique. Je le voyais d’autant plus que ma mère ne portait pas la même attention à mon égard. Et je le vois encore aujourd’hui , les relations entre frère et sœurs de cousin I ne sont pas les mêmes que celles que j’ai avec ma propre soeur et avec ma mère. Ma soeur constate très bien qu’on a des relation distant entre elle et moi alors que cousin I est très proche de ses soeurs.
Il m’a manqué la compréhension de l’amour familiale, de l’amour maternelle enfant. Je me rends compte avec ma propre attitude en devenant adulte.
Mais je comprends totalement ma mère et je ne lui en veux pas.
Tante N et ma mère ont eu des destins croisés.
En vendant sa boutique et en devenant infirmière dans la fonction publique, tante N avait plus de temps pour éduquer ses enfants et leur porter toute l’attention d’une mère.
Ma mère était prisonnière de son activité professionnel. Pour réussir en tant que chef d’entreprise, on ne peut pas faire les choses à moitié et il ne faut pas compter ses heures. Sa réussite financière aura eu en contrepartie moins d’attention porté à ses enfants.
Est-ce que tante N aurait aussi bien éduqué ses enfants si elle avait gardé la boutique? Est-ce que ma mère m’aurait porté plus d’amour maternel si elle était resté caissière à Euromarché ? Nul ne le sait.
Ce que je sais, c’est que le chemin choisi par ma mère pour subvenir aux besoins de la famille a amené son lot de sacrifice douloureux pour elle.
Et ce dont je suis sur et certain, c’est qu’à sa façon, ma mère m’aime plus que tout au monde et moi aussi.
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#81 04/01/2022 10h31
- Flairsou
- Membre (2021)
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Chapitre 33 : La fierté d’une mère
Je n’ai pas des relations simples avec ma mère.
Nous n’avons pas des conversations très profondes et jusqu’à présent je l’avais très peu interrogé sur son passé.
notre problème, c’est que nous montons très vite en tension. Je suis un faux calme. Et ma mère aussi.
Malheureusement quand ça explose, ça fait des dégâts sur plusieurs jours où on ne se parle plus.
J’allais être diplômé de l’université de la Sorbonne en cette année 2002. Et il y aurait une cérémonie à l’américaine où chaque diplômé serait habillé d’une toge noire et chacun devrait décliné son identité au micro sur l’estrade.
Les parents étaient invités et bien entendu j’avais invité ma mère. Sauf que la veille de la cérémonie, nous avions eu une dispute relativement violente. Je pensais que ma mère ne viendrait pas. Et le jour J, je l’ai vu assise sur l’estrade avec son ami. Elle avait un large sourire. Elle était contente et fière.
Peut-être a-t-elle repensé à ce moment là au chemin parcouru du Vietnam jusqu’en France ou peut-être s’est-elle souvenu de ce qu’avait dit mon père lors du divorce "ton fils deviendra un bon à rien".
J’étais heureux qu’elle soit présente ce jour là.
Quelques années plus tard, j’avais débuté mon métier de banquier et je m’occupais de plus en plus des papiers administratifs du restaurant avec l’expert-comptable. Il m’avait suggéré de faire un rachat de compte courant de la société sachant que ma mère venait tout juste de finir son emprunt bancaire professionnel. Cette opération lui permettait de récupérer des liquidités à titre personnel et je me suis occupé des remboursements de plusieurs de ses crédits personnels grâce à cette opération. Je me suis occupé aussi de la création de la SCI et du financement bancaire pour nos investissements locatifs.
A vrai dire, depuis que je suis banquier, je m’occupe de tous les financements bancaires pour ma mère et je l’accompagnais voir son banquier.
Mais je pense que le moment où je suis passé directeur de banque, la fierté de ma mère à mon égard était au plus haut. En 2009, j’étais promu directeur et par la plus pure des coïncidences (ou pas) l’agence bancaire se trouvait dans le centre commercial de notre restaurant. Ce n’est pas une blague. Je travaillais au même endroit que ma mère. Et forcément, tous les midis, je mangeais gratuitement au resto. Je côtoyais tous les clients du centre commercial et tous les commerçants. Lorsque les commerçants félicitaient ma mère d’avoir un fils directeur de banque, elle était très fière. Elle m’en parle encore aujourd’hui.
Ce qu’elle ne savait pas, c’est que ce poste me déprimait et mon couple battait de l’aile.
Mais je suis content d’avoir pu rendre ma mère fier de moi.
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1 #82 04/01/2022 19h03
- Flairsou
- Membre (2021)
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chapitre 34 : la fin d’une histoire
30 ans ! Cela fait plus de 30 ans que ma mère travaille dans la restauration.
Elle aura été le témoin privilégié de l’évolution du centre commercial et de la société de consommation. Elle aura vu disparaître quelques générations de commerçants indépendants emportés par la rapacité des fonds de pension, étouffés par des loyers hors de prix. Aujourd’hui, les seules qui s’en sortent encore sont les restaurateurs, mais pas tous.
Au début des années 80, le centre commercial avait une ambiance quasi-familiale avec de nombreux indépendants. Aujourd’hui, tous les centres commerciaux de France se ressemblent. Vous avez les mêmes enseignes vendant tous les mêmes produits "made in china" médiocres, avec des salariés payés au smic et au bout du rouleau partout en France.
Et ma mère aussi commence à être au bout du rouleau. A 57 ans et au bout de 30 ans de dur labeur à travailler 6jours/ 7 , 12 heures/ jour, elle était maintenant fatiguée en cette fin d’année 2012. Elle n’a plus la même énergie qu’à 30 ans. Et c’est tout à fait normal. ça se ressent au niveau du restaurant, trop de turnover parmi les serveurs et les cuisiniers ont fait que le chiffre d’affaire commençait à baisser très sérieusement. Elle n’avait plus la motivation.
Que ce soit ma soeur ou moi-même, nous n’avons pas envie de reprendre le flambeau. Je suis trop bien placé pour savoir la force de caractère et la difficulté de ce travail, moi qui a été témoin de sa réussite et des sacrifices pour l’atteindre.
Elle a donc décidé de vendre son restaurant. La recherche de l’acquéreur sérieux a mis quelques mois et finalement, nous avons trouvé un acquéreur au bon prix. Je me suis occupé des papiers compte tenu de ma qualité de gérant. Le directeur du centre commercial en a profité pour augmenter le loyer de notre local à la signature, "l’enfl*re". En cette année 2013, ma mère mettait officiellement fin à plus de 30 ans de carrière.
Elle, qui a débuté avec une petite boutique de 15 m2 valant 30.000 euros avec une salarié et qui a fini avec un restaurant de plus de 120 m2 avec 5 salariés qu’elle aura vendu 320.000 euros.
Elle peut désormais profiter d’une retraite anticipée.
Connaissez-vous beaucoup de femmes immigrées, arrivées en France avec 20 dollars en poche sans diplôme (de cuisinier), divorcées avec 2 enfants à charges réussir financièrement leur vie ? Moi j’en connais qu’une. C’est ma mère.
PS : Normalement , cette histoire peut se finir tranquillement sur ce dernier chapitre. peut-être que je ferai quelques chapitres bonus car il y a des choses à dire après 2013
Dernière modification par Flairsou (04/01/2022 19h23)
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1 #83 07/01/2022 18h18
- Flairsou
- Membre (2021)
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Chapitre 35 : La réunion de famille
Je me souviens encore de ce mois de mai 2014. C’était un dimanche soir et je revenais d’un week-end de poker. J’ai reçu un appel de ma mère : "Grand-mère est décédée, il faut qu’on aille aux funérailles au Vietnam." Grand-mère avait 88 ans. ça m’a fait un choc et j’étais une nouvelle fois bouleversé.
L’instant était trop grave. Il n’y avait pas à réfléchir. Le lendemain, j’ai prévenu précipitamment mon employeur, je prenais un billet d’avion et je me suis envolé au Vietnam pour 5 jours, le temps des funérailles. Je ne suis jamais parti au Vietnam pour un séjour aussi court. Au minimum, j’y restais 2 semaines et au plus long 6 mois (en 2004).
J’ai réellement connu ma Grand-mère à partir de l’année 1994 lorsque je suis devenu adulte.
Ma grand-mère était une petite femme d’un mètre 50 toute fine et jusqu’à ma dernière visite en 2013, elle "pétait la forme" pour son âge et était capable de cuisiner. Elle, qui a donné naissance à 10 enfants. A chaque fois que je revenais au Vietnam, je dormais chez Grand-mère et j’avais ma chambre au 3e et dernier étage de sa maison de ville.
Elle était toujours prévenante à mon égard. Elle avait son lit au rez-de-chaussée près de la porte d’entrée. A chaque fois que je revenais tard et un peu éméché d’une folle nuit saïgonnaise, elle ne dormait pas et m’attendait pour m’ouvrir la porte. La pauvre quand j’y repense, elle attendait ce Viet Kieu qui faisait la fête jusqu’à pas d’heure. Chaque midi, elle faisait la cuisine pour le Viet Kieu et souvent certains après-midis, je dormais à coté d’elle avec la télé vietnamienne en fond sonore.
Elle avait cette douceur qu’ont les personnes âgés qui ont l’expérience de la vie et qui ont désormais la sagesse pour passer outre tous les tracas de la vie et les querelles familiales. Moi le garçon un peu trop nerveux et impulsif, je retrouvais systématiquement calme et sagesse, rien qu’en étant à côté d’elle. J’aimais profondément ma grand-mère.
Toute la famille en France allait être présent pour la première fois ensemble pour ce triste évènement et honorer sa mémoire. C’était la première fois que la famille entière du côté de ma mère allait être réunis tous ensemble cousins et cousines inclus. Et il faudra mettre les querelles de famille de côté. C’est rare que 10 enfants s’entendent à merveilles et il y avait des clans entre frère et sœur, des jalousies plus ou moins cachés et de la rancœur refoulée. Parmi ses frères et sœurs, certains détestaient ma mère, d’autres l’appréciaient et "quelques neutres" jouaient en réalité un double jeu. Mais tous aimait leur mère, ma grand mère.
J’étais dans un état second durant ces 5 jours. C’était assez bizarre comme sensation. J’étais triste mais serein intérieurement et ça contrastait avec l’année précédente où mon moral était dans les chaussettes.
L’année 2013 fut très difficile professionnellement et personnellement avec la vente de la laverie à perte et le contre coup du divorce. Je ne croyais plus en l’amour en 2013 et je me posais beaucoup de questions existentielles. Je me résignais presque à vivre le reste de ma vie en célibataire et je n’avais plus d’objectif de vie.
Durant ces 5 jours, j’avais l’impression d’être dans un état de pleine conscience (mindfullness) qui correspond à une des pratiques majeures du bouddhisme. Chez les sportifs de haut niveau, cet état peut s’assimiler au fait d’être "In the zone", c’est-à-dire, d’être tellement concentré que rien ne peut vous arriver et que vous arrivez à tout anticiper. Je n’ai jamais réussi à retrouver cet état jusqu’à aujourd’hui. C’est une sensation extrêmement bizarre car intérieurement, j’acceptais les sentiments tels qu’ils se présentaient en moi (Joie, tristesse, colère) et j’avais une confiance en moi comme je ne l’avais jamais eu jusqu’à présent. J’étais tellement en confiance qu’en 5 jours, j’avais plus ou moins réussi à draguer 4 vietnamiennes, c’était mon record absolu lol. Rassurez-vous, je suis loin d’être un don juan, c’était juste un jeu de séduction mais qui a quand même fonctionné. D’ailleurs, je me demande si je n’avais pas eu un coup de pouce de ma grand-mère de là-haut. Elle a eu tellement pitié de moi et de ma vie de moine après mon divorce qu’elle a voulu me donner un coup de main pour retrouver le chemin de l’amour. :p
Et ça a commencé dès mon arrivée à Saigon en début de soirée lors de la première veillée funèbre à laquelle j’allais assister…
Dernière modification par Flairsou (07/01/2022 18h52)
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#84 08/01/2022 12h14
- Flairsou
- Membre (2021)
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chapitre 36 : la veillée funèbre
La veille du décès de ma grand-mère, un témoin avait raconté qu’elle était en train de ranger ses affaires dans la maison et un papillon noir est apparu et s’est envolé autour d’elle.
Au Vietnam, quand un papillon entre dans une maison, c’est un présage de mort. Le papillon est l’âme d’un mort qui va amener avec lui un être vivant.
Mon grand père venait chercher ma grand mère. Elle avait assez vécu et il est temps pour elle de rejoindre son mari. Voilà comment j’ai interprété ce symbole. Croyance absurde ou imaginaire ? j’ai envie d’y croire.
Le lendemain, ma grand mère était déclaré décédée dans son sommeil, sans souffrance.
Arrivé au Vietnam un peu fatigué et avec 6h de décalage horaire, j’arrive à la maison familiale en début de soirée pour participer aux funérailles. Je suis l’un des premiers viet kieu à arriver au Vietnam pour l’enterrement. Ma mère, ma soeur et mes tantes, oncles cousins et cousines arriveront le lendemain.
Quand j’étais gamin et ado, je trouvais ça nul, chiant et "has been" les traditions ancestrales. En devenant adulte et en vieillissant, je trouve ça magnifique, représentatif d’une culture d’un pays et la transmission aux générations futures est essentielle à la survie d’un peuple. Si vous voulez voir deux évènements représentatifs de la culture du Vietnam, c’est le mariage et les funérailles. Et j’assistais pour la première aux funérailles vietnamiens , celui de ma grand-mère.
Ma famille habitait dans un des districts (ou arrondissement ) de Saigon, à 15 mn en moto du centre ville. C’était un quartier populaire un peu hors du temps. Plus de 25 ans que je venais dans ce quartier et il n’a pas bougé. L’immeuble avec le café de ma mère se trouve à 20 mètres de la maison familiale et presque tout la famille habitait à moins de 400 mètre les uns des autres. Les rues sont étroites, il y a un marché ouvert à 10 mètre de la maison et on pouvait manger de la street food à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Tout le monde se connaissait depuis plus de 40 ans. Les habitations dans ce quartier sont un peu vieillots et défraichis mais c’est ce qui donnait son charme. On avait l’impression de rester coincé dans les année 70-80 de Saigon. Les hommes se baladaient en caleçon pour aller chercher leur café. Les marchands ambulants criaient dans la rue pour annoncer ce qu’ils vendaient. On se croirait dans un film des années 50. J’adorais ce quartier.
Ma grand-mère était dans son cercueil posé sur la table à manger du rez-de-chaussée et qui donnait à l’extérieur de la maison. Les offrandes étaient disposé sur l’autel et l’encens brulais dans la maison.
Première chose que j’ai fait en arrivant, c’était de bruler de l’encens et faire une prière.
A l’entrée de la maison était disposé un large tapis de sol qui était prévu pour les prières lorsque les moines venaient. La famille avait disposé aussi une grande table avec un haut vent à l’extérieur de la maison qui donnait dans la rue. Les voisins, les amis, la famille, tous ceux qui connaissaient ma grand-mère de près ou de loin pouvaient passer à n’importe quelle heure du jour de la nuit pour bruler de l’encens, faire une prière pour lui rendre hommage.
La table à l’extérieur permettait aux invités de s’assoir et on leur donnait à manger et à boire pour discuter et pour les remercier de leur venue.
Le problème (pour moi), c’est que le soir on ne servait pas que de l’eau aux invités et c’est comme ça qu’à peine descendu de l’avion, j’étais pris au piège lors de ma première veillée funèbre.
Les amis et la famille s’asseyaient en buvant toutes sortes d’alcool et les gens venaient à n’importe quelle heure, Soit après leur occupation, soit après le travail. Ils rendaient hommage à ma grand-mère et on s’asseyait ensemble pour discuter et boire à sa santé.
J’avais un souci personnel avec l’alcool au Vietnam. Autant quand je suis sobre, je peux être relativement timide et chiant. Autant après quelques verres, je peux être complètement désinhibé et raconté beaucoup de bêtise en vietnamien.
Lorsque j’ai vu arrivée une jolie fille avec ses amis à la table, mon taux d’alcoolémie avait déjà fortement augmenté. Je me suis assis à coté d’elle et j’ai commencé à raconter n’importe quoi. Je faisais bien rire la table. Je faisais aussi rire la fille, mais certainement de pitié .Je pense que je devais avoir une drague relativement lourde et je commençais à envahir son espace personnel en m’approchant dangereusement d’elle au fur et à mesure qu’on trinquait en l’honneur de ma grand-mère. La fille trinquait aussi et étonnamment tenait excessivement bien l’alcool, mieux que moi.
Au fur et à mesure des coups d’alcool, je devenais de plus en plus tactile complètement désinhibé jusqu’au moment où…. TROU NOIR.
Je me réveille quelques heures plus tard sur une chaise pliante de camping à coté de la table, complètement débraillé. Tout le monde était parti dont la jolie fille, je ne me souvenais de plus rien. La première fois de ma vie que ça m’arrivait après une purge d’alcool.
Bravo Flairsou ! Première soirée et déjà un "very bad trip". A peine arrivée, je me faisais déjà afficher. Les 5 jours de funérailles ne pouvaient pas mieux commencer.
PS : je suis sur que maintenant certains d’entre vous verrons désormais les papillons avec des yeux différents.
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1 #85 10/01/2022 18h41
- Flairsou
- Membre (2021)
Top 5 Vivre rentier - Réputation : 105
chapitre 37 :Les funérailles
Le lendemain, toute la famille en provenance de France était présente. Nous étions tous réunis au complet pour la première fois.
Pour le deuil, les oncles et tantes étaient tous habillés d’une tunique blanche et un turban blanc à la tête et les enfants (moi entre autre) portaient un bandeau blanc autour de la tête.
La veillée funèbre a duré 3 jours. Chaque jour, il y avait une prière le matin et une autre l’après-midi en présence d’un moine. Même si je ne comprenais pas forcément ce que disait le moine, j’ai participé à toutes les prières.
Les connaissances, amis et familles passaient toute la journée jusqu’au soir pour présenter leurs condoléances.
Quand nous avions fini les prières de l’après-midi, nous avions quartier libre pour nous promener à Saigon, surtout le soir. Je n’avais pas fait attention car depuis mon mariage, je ne sortais quasiment plus à mes retours au Vietnam mais la ville avait énormément changé. Saigon était en mutation et une nouvelle ère ("Doi Moi") était en marche depuis quelque temps. Les Viet kieus sont devenus has been, maintenant une nouvelle génération de vietnamiens entrepreneurs ont pris le pouvoir…
Mes exploits du premier soir ont fait le tour de la famille et sont arrivés forcément aux oreilles de ma mère.
J’avais revu la jolie fille le lendemain soir. Je ne savais pas vraiment où me mettre.
Je me suis excusé auprès d’elle de mon comportement inappropriée de la veille. Elle ne m’en a pas tenu rigueur et limite ça l’a fait rire. Par contre, elle m’a dit qu’elle a croisé ma mère et elle lui avait jeté un regard noir. Ma mère avait pris des renseignements auprès de la famille concernant cette fille. Et ce qui ne lui plaisait pas, entre autre, c’est qu’elle était du même signe astrologique chinois que mon ex-femme car elles avaient le même âge. Elle est cheval et je suis lièvre. C’est des signes incompatibles. La preuve, mon mariage n’a pas tenu. lol
Cette fille est devenue une bonne amie que j’ai revu plusieurs fois par la suite.
La veille de l’enterrement, les oncles et tantes se sont réunis autour du cercueil pour dire quelques mots d’adieux à grand mère. Et un clash s’est produit entre ma mère et un de de ses frères qu’elle avait aidé à venir en France.
Son frère (mon oncle) pleurait et se plaignait à voix haute devant le cercueil que certaines de ses sœurs ne pensaient qu’à l’argent, qu’elles n’avaient que l’argent en bouche et c’est en quelque sorte cette raison qui était la cause des mésententes entre frères et sœurs.
Ma mère qui s’est sentie directement concernée s’est ensuite penchée sur le cercueil de Grand mère en pleurs pour se plaindre de colère du manque de reconnaissance de ses frères et sœurs. Elle les a tous aidé, que ce soit au Vietnam pour ceux qui sont restés ou en France pour ceux qui sont venus grâce à elle. Elle estimait n’avoir obtenu aucune reconnaissance de leur part.
Personne n’a rien dit. Moi non plus.
Mon oncle avait ses raisons certainement. Ma mère également. Peut-être qu’elle avait trop de choses dans son cœur qu’il fallait qu’elle libère. Même si j’étais du côté de ma mère, à ce moment là, j’ai trouvé que ce clash était inapproprié. Grand mère était morte. Il fallait qu’elle parte en paix.
Mais la disparition du dernier pilier de la famille allait déclencher des dissensions bien plus fortes quelques années plus tard.
Le lendemain, la procession funéraire a eu lieu. Un moine disait des prières à voix haute et plusieurs personnes ont sorti le cercueil de la maison. Plusieurs papillons se sont envolés à la sortie du cercueil de la maison. Au Vietnam, une fanfare accompagne le cercueil du défunt avec un moine, la famille et les amis présents. Il n’y a jamais eu autant de bruit dans notre quartier qu’à ce moment là. Tous les voisins étaient sortis pour voir la marche funéraire. cette procession a marché plusieurs centaines de mètre dans le quartier. C’est magnifique à voir une procession funéraire au Vietnam. Le cercueil a ensuite été amené au cimetière en voiture et ma grand mère a été enterré à côté de Grand père.
C’était la fin d’une ère pour la famille de ma mère.
quelques photos (tirées de google image)
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1 #86 14/01/2022 12h37
- Flairsou
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Chapitre 38 : Doi Moi (la nouvelle ère)
Le "Doi Moi" est un mot vietnamien qui signifie "renouveau" (ou nouvelle ère). C’est le nom de la réforme économique initiée par le Vietnam à partir de 1986. Le Vietnam s’est inspiré de la Chine pour faire passer le pays d’une économie socialiste dirigée à une économie socialiste de marché.
De mon point de vue, le développement économique du Vietnam s’est surtout accéléré avec la levée de l’embargo américain sur le pays en 1994.
Les capitaux et entreprises étrangères ont vraiment augmenté au début des années 2000. La diaspora vietnamienne (Viet Kieu) ont aussi joué un rôle majeur sur le développement économique du pays. Ma mère et moi (grâce à ma ceinture diplomatique ^^ / cf chapitre 8), faisions parti certainement des pionniers qui ont ramené des capitaux au pays avec nos 30.000 francs. Depuis des milliards de dollars sont rentrés au pays grâce à la communauté Viet Kieu. ça a permis aux vietnamiens de créer des business grâce à ses liquidités.
Comment j’ai ressenti ce changement économique en tant que touriste ?
En 1984, les rues de Saigon étaient surtout utilisés par les vélos et Cyclo pousse. Il y avait peu de motos et encore moins de voiture. Et en guise de voiture, c’était soit des modèles chinois, russes et des vielles voitures françaises ou américaines qui circulaient. Au fil des ans, les motos ont remplacé les vélos, les voitures neuves et étrangères (surtout allemande) sont devenus beaucoup plus nombreuses. Et les cyclo pousses sont devenus plus rare et limités à certains secteurs touristiques de la ville car ils ralentissaient trop la circulation). Les franchises américaines (mac do, kfc, starbuck) se sont implantés vraiment au début des années 2000.
Dans les années 80, les vietnamiens quittaient le pays pour s’installer à l’étranger. Au fil des ans (fin année 90), les familles vietnamiennes envoyaient désormais leurs enfants faires les études à l’étranger (USA, Australie principalement) et beaucoup reviennent pour travailler ou créer un business au Vietnam. L’un des plus gros changements également, c’est que de plus en plus de Viet Kieu reviennent au pays pour y créer leur business.
Forcément en 40 ans, le Vietnam a changé de visage. Dans les années 80, il faisait parti des pays les plus pauvres du monde. Aujourd’hui, il fait parti des "tigres" de l’Asie.
Et c’est en 2014 que je me suis rendu compte réellement que les choses n’étaient plus comme avant. J’ai fait connaissance avec plusieurs amis de mes tantes qui sont vietnamiens et entrepreneurs à succès. Je les ai revu plusieurs fois entre 2014 et 2016. Ils habitent tous dans les condominiums les plus chères de Saigon.
Ce qui m’a personnellement "choqué", c’est la réussite fulgurante de ces entrepreneurs et leur jeune âge. Ils avaient à peine la trentaine. L’un de ces entrepreneurs a arrêté de travaillé dans la finance pour créer au Vietnam une franchise de restaurant avec juste un type de plat spécifique du Vietnam. Et ça a cartonné. Il avait 3 restaurants à Saigon et comptait en ouvrir dans les autres grandes villes du Vietnam.
Il en avait un dans un centre commercial de Saigon dont le prix du loyer n’avait rien à envier à ceux pratiqués en France (il payait un loyer de 10.000 dollars/ mois dans un immeuble luxueux du centre ville)).
Il roulait en Audi A6. Juste pour vous expliquer : les vietnamiens doivent s’acquitter d’une taxe du double du prix lorsqu’ils achètent une voiture étrangère. Grosso modo, une voiture qui coute 30.000 euros en Europe, le vietnamien doit la payer 60.000 euros. (à l’époque). Il n’est plus rare de voir des Ferrari ou des Lamborghini dans les rues de Saigon aujourd’hui.
L’autre a fait des études de Finance en Suisse et il a crée un centre de beauté. Il a commencé a crée aussi une chaine de restaurant dans une autre spécialité culinaire vietnamienne.
Ils avaient tous les deux mis en place un système pour pouvoir déléguer leurs activités. Pour moi, ils étaient déjà quasi rentier à leur jeune âge. Quand on prenait le café la matin ensemble, l’un des deux avaient son ordinateur portable pour investir sur la bourse vietnamienne.
Les vietnamiens intelligents et opportunistes pouvaient désormais s’enrichir en restant au pays.
En 2004, quand je suis resté au Vietnam 6 mois, j’avais essayé de travailler pour une entreprise française ou étrangère sans succès. Et j’avais aussi réfléchi à créer un business en import export, notamment pour les meubles en bambou. Mais je n’avais pas assez de maturité à l’époque, dommage pour moi…
Mais ce que j’ai ressenti avec la réussite des ces 2 entrepreneurs, c’est aussi le gâchis d’argent de ma mère lorsqu’elle a aidé sa famille durant toutes ses années. Certains n’ont pas su saisir l’occasion pour développer un business rentable. Ce qui ne me surprend pas plus que ça car tout le monde n’est pas fait pour être entrepreneur. Il faut travailler dur, faire preuve aussi d’intelligence relationnelle. Les 2 entrepreneurs que j’ai rencontré ont ses qualités, pas mes oncles.
Tant que ma mère travaillait au restaurant, il y avait de l’argent qui était envoyé au Vietnam. Mais depuis qu’elle a vendu son restaurant, l’argent n’arrivait plus. Et les vrais visages de certains membres de la famille se sont dévoilés après le décès de ma grand-mère…
Pour info :
"Dans la mégalopole du Sud du Vietnam (Saigon ou Ho Chi Minh Ville), un terrain d’une superficie de 10.000 m2 vient d’être vendu pour la somme astronomique d’1 milliard de dollars, soit le mètre carré a plus de 100.000 USD."
Le terrain immobilier le plus cher du monde est au Vietnam | lepetitjournal.com
Dernière modification par Flairsou (14/01/2022 14h54)
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2 #87 14/01/2022 19h34
- Flairsou
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Chapitre 39 : A la plus belle femme du Vietnam
En 2014, je découvrais facebook et dans l’avion du retour en France à la fin des funérailles, j’avais écrit ces quelques mots sur ma page que je souhaite vous partager :
"A la plus belle femme du Vietnam.
Chère Grand-mère,
Vous avez réussi l’exploit de réunir tout vos enfants et presque tout vos petits enfants pour une bien triste nouvelle.
Je ne compte plus le nombre de fois que je vous ai pleuré,
et je pleure en vous écrivant ces quelques mots,
Pourquoi faut-il que vous nous quittiez me suis-je demandé ?
vous qui êtes aimée de tous,
vous qui avez assisté aux meilleurs moments de ma vie.
Vous étiez si belle dans votre robe longue lors de mon mariage.
Ainsi va la vie,
on nait, on vit, on meurt, me suis je dit pour éteindre ma peine.
Mais chaque fois que je pense à vous, je pleure.
J’ai cherché à mieux vous connaitre,
VOUS qui étiez si généreuse à chacune de mes visites.
Ce que j’ai appris augmente encore plus mon admiration pour la magnifique femme que vous êtes.
Vous qui êtes née pauvre et qui n’avez jamais pu apprendre à lire et à écrire,
Vous qui n’avez jamais connu grand père avant que vos propres parents ne vous forcent à vous marier,
et qui avez vécu toute votre vie avec votre seul et unique mari.
Vous qui avez vécu les pires moments de l’existence quand la violence des hommes a frappé votre famille en plein visage.
Vous qui avez vécu avec vos 10 enfants dans ces minuscules 30 mètre carrés quand ces mêmes hommes ont spolié votre famille,
Guerre, faim, pauvreté, rien aura épargné votre famille.
Mais vous et grand père avez toujours gardé votre dignité pour nourrir vos enfants.
Combien d’êtres humains sont capables de supporter le dixième de ce que vous avez vécu ?
Aujourd’hui, nous célébrons votre existence,
et vous pouvez monter fièrement au paradis.
Vos enfants ne sont plus dans le besoin,
Vos petits enfants ont tous reçu l’éducation que vous n’avez pas eu.
Mais le plus dur est à venir pour nous tous,
Colère , Vanité, Jalousie, Envie…Tous les péchés des Hommes qui brulent notre esprit ne vous ont jamais atteint,
alors que nous succombons si facilement à la première difficulté…
Nous vous pleurons tous car vous nous manquez,
Vous êtes l’incarnation de la pureté de l’esprit.
Vous avez obtenu le respect de tous grâce à votre bonté et votre générosité.
Désormais, vous pourrez veiller sur nous tous.
Sachez que vous êtes désormais mon guide dans la vie,
et que chaque fois que je m’éloigne trop de votre chemin,
je sais que vous serez là pour m’éclairer.
Sachez grand-mère, que vous êtes la plus belle femme du Vietnam."
PS :
Sur ma publication original, j’avais employé le tutoiement mais ça me bloque pour envoyer la publication . Du coup, j’ai modifié mon texte en employant le vouvoiement.
Concernant les plus belles femmes du Vietnam, je vous avais parlé de mes 4 rencontres durant ce court séjour sans vraiment développer. ça intéresse peut-être quelques membres célibataires et vu que ça me rappelle des bons souvenirs, je vais vous en parler. Vous n’aurez malheureusement pas les photos :p
1/ Celle qui buvait plus que moi :
C’était la jolie fille que j’ai rencontré le premier soir. Elle était plutôt fine et parmi les 4, je pense que c’était certainement la plus jolie. Elle avait une silhouette de mannequin. Un peu le genre de fille que jalouse les femmes car n’importe quel type de fringue leur vont bien. La particularité de cette fille, c’est qu’elle tenait très bien l’alcool, plus que certains hommes (dont moi) et ça en devenait flippant. Et puis pour l’avoir revu, elle était un peu bizarre car le soir , elle entendait des voix dans son sommeil… un peu flippant. Aujourd’hui, elle est mariée avec un australien.
2 /Celle qui était trop jeune pour moi
C’est une fille que j’ai aussi rencontré pendant les veillées funèbres (c’est mieux que Tinder les veillées funèbres viets lol). Elle ressemblait un peu à mon ex-femme. C’était une viet kieu américaine qui avait 15 ans de moins que moi. Compte tenu de son âge, je me suis interdit de faire quoi que ce soit. Mais j’étais flatté qu’elle se soit intéressée à moi d’autant plus que c’était une viet kieu (donc pas forcément intéressée par mon statut de viet kieu). Le fait que j’attirais encore les jeunes (à l’époque) m’a rassuré sur ma propre valeur marchande sur le marché concurrentiel du célibat. lol
3/ celle qui jouait la ligue des champions
Cette fille que ma mère a essayé de me mettre en relation jouait hors catégorie. Je l’ai aussi rencontré pendant une des veillées funèbres. C’était une Viet Kieu hollandaise qui était revenu avec ses parents au Vietnam pour développer une entreprise de coffre fort. Elle était excessivement riche. Elle s’habillait avec élégance, très intelligente et sportive de haut niveau (au golf). elle était hors catégorie pour moi et j’en avais parfaitement conscience. Elle jouait la ligue des champions et moi j’étais un jouer amateur de national. Mais ce type de fille avait du mal à trouver un mari. Trop intelligente, trop exigeante, trop riche… Bref, elle avait du mal à se caser. D’ailleurs, elle s’était mariée quelques temps après avec un viet kieu américain et le mariage n’a pas tenu un mois.
J’ai une anecdote marrante avec cette fille. Elle était venu me voir le dernier jour des funérailles pour m’inviter à boire un café et me dire "au revoir". Elle est venue en voiture avec son chauffeur dans mon quartier populaire pour venir me chercher. Elle était habillée de manière élégante , sophistiquée avec son chapeau. Et moi j’étais en short avec un t-shirt pourri. C’était une scène de "pretty woman" à l’envers. J’avais le rôle de Julia Roberts. lol
4/ celle pour laquelle j’ai eu un crush
Je ne l’ai pas rencontré à une veillée contrairement aux 3 autres mais à un karaoké lorsqu’on avait quartier libre entre chaque veillée funéraire. C’était l’amie d’un ami…enfin bref. sans faire attention, on s’est télescopé et je l’ai touché physiquement avec mon bras de manière involontaire sur une partie haute de son corps. (c’est vrai, je vous le jure !) Et je ne sais pas pourquoi, peut-être son sourire, son naturel..et bien c’est avec cette fille que j’ai eu un coup de coeur… Nos échanges par whatsapp ont duré très longtemps et c’est notamment à cause d’elle que je me suis senti obligé de revenir au Vietnam en septembre 2014.
Le gros problème pour moi car si c’était trop simple et facile, ça se saurait, c’est que cette fille était mariée. J’étais tiraillé entre ma conscience et mon coeur et finalement ma conscience a pris le dessus alors que c’était pas l’envie qui la retenait et me retenait.
Elle m’envoie encore de temps à autre des messages mais j’évite de lui répondre. Je sais , je suis un goujat. Mais surtout, j’évite de croquer la pomme car je me connais malheureusement trop bien…
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3 #88 18/01/2022 20h22
- Flairsou
- Membre (2021)
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chapitre 40 : réconciliation
Cela faisait quasiment 20 ans que je n’avais plus revu mon père. Enfin quand je dis ça, j’exagère un peu.
Peu après mon mariage, il avait rencontré ma femme au Vietnam sans que je le sache. C’est ma femme qu’il me l’avait dit et je me souviens que j’étais très énervé contre elle quand je l’ai su. Mais avec du recul, je pense qu’il voulait voir sa belle fille et qu’il était triste de ne pas avoir été invité au mariage.
Je l’avais revu en 2006 quand ma mère m’a prévenu d’une opération chirurgicale relativement grave qu’il avait subi. Je l’avais revu aussi en 2008 à l’enterrement de tante N.
Mais il était pour moi complètement sorti de ma vie.
La réconciliation a eu lieu véritablement en fin d’année 2013. Et c’est ma mère qui en est l’initiatrice.
C’est elle qui m’avait parlé du don de la voiture que mon père avait fait au temple ( cf chapitre 20) et ça m’avait fait cogité. Je me suis rappelé qu’il avait aussi de très bon coté et qu’il pouvait être vraiment généreux.
Malgré le divorce, elle m’avait dit qu’il restait mon père quoi qu’il arrive et de toute façon je ne peux rien y changer. Il fallait passer outre les rancœurs du passé.
J’ai pris l’initiative de l’appeler pour lui proposer de diner ensemble au restaurant avec ma soeur. J’avais fait le premier pas.
Je pense qu’il n’attendait que ça. Mon père comme moi avons de la fierté qui peut des fois être très mal placé, surtout lui.
Et puis peut-être qu’intérieurement, je me suis dit qu’il fallait que je lui montre que je n’étais pas devenu un minable sans lui.
Mais ce qui est sûr et certain, c’est que ma mère a encore des sentiments à son égard. Elle ne m’aurait jamais convaincu de le revoir si ce n’était pas le cas. D’autant plus qu’en 2015 pour fêter ses 60 ans, mon père m’avait invité avec ma soeur et ma mère qui n’était pas invité lui a offert un cadeau.
Cette réconciliation a été réellement acté en 2016. Avant de quitter le salariat, je suis parti un mois au Vietnam et il partait à la même période que moi. Il m’a proposé de venir à sa maison près de la plage à Nha Trang et j’ai accepté en me disant que j’allais juste rester une semaine et partir ensuite éventuellement au Cambodge. Finalement, je suis resté 3 semaines dans sa maison.
Mon père à 61 ans est resté très sportif. Dès le lendemain de mon arrivée à Nha Trang,
il m’a obligé à me lever avec lui à 6h du matin pour aller nager en mer.
Le premier jour, je me suis dit qu’il était fou et j’étais en vacances pour me reposer, pas pour me lever plus tôt que pour aller au travail Mais je l’ai suivi en étant pas forcément content et encore endormi.
J’appréhendais un peu car à l’époque j’aimais pas trop nager en eau libre. Je suis traumatisé par "les dents de la mer" et surtout les méduses qui pouvaient piquer. Surtout qu’il m’avait raconté être resté plus d’une semaine à l’hôpital à cause d’une piqure de méduse.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à 6h du matin, il n’y a pas de vague à Nha Trang , la mer est plate comme une piscine sauf qu’il fait plus de 30 degré dans l’eau. Donc c’est super agréable de nager malgré l’heure matinale.
Les vietnamiens se lèvent entre 5h et 6h du matin avant d’aller travailler pour faire du sport (Tai chi, musculation, courir).
Ils se lèvent aussi tôt car la chaleur est encore supportable mais il y en avait aucun qui osait nager à cette heure matinale. Il y avait 2 viet kieu un peu fou qui longeait la côte pendant quasiment plus de 2 km en nageant. Ma nage était un peu rouillé et forcément il était loin devant moi le premier jour. J’ai apprécié ce premier jour et je me suis dit "bonne expérience", "super sympa". Sauf que lui il allait tous les jours nager à cette heure matinale et donc j’ai du l’accompagner chaque matin. Et plus je nageais, plus j’étais accro et je commençais à le rattraper petit à petit.
La récompense une fois qu’on arrivait au bout de la côte, c’était de se reposer sur le sable, de faire des étirements avec en face de nous le lever du soleil et le bruit des vagues. J’étais au paradis.
Et chaque fois qu’on finissait notre séance de sport, on allait prendre un petit déjeuner dans un des street food du marché . C’était notre routine matinale.
J’étais tellement accro à cette routine matinale que lorsque je suis resté seul dans sa maison pendant une semaine( car il devait rentrer en France et m’avait laissé à disposition sa maison) j’ai continué chaque matin cette routine tout seul en me levant à 6h du matin.
C’était vraiment des moments très fort de nager ensemble chaque matin au Vietnam et je m’en souviendrais toute ma vie.
Aujourd’hui, on se parle normalement car il habite toujours dans la même ville et on se voit de temps à autre. La relation n’est pas totalement comme avant, mais elle s’est apaisé, surtout de mon côté.
Même si ce n’est pas évident et je suis bien placé pour le savoir, si vous avez des rancunes tenaces légitimes (ou pas) à l’égard des membres proches de votre famille, apprenez à mettre de l’eau dans votre vin car vous risquez de le regretter à un moment donné. J’ai mis presque 20 ans pour mettre de l’eau dans mon vin. Il n’est jamais trop tard.
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3 #89 20/01/2022 19h33
- Flairsou
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chapitre 41 : trahison(s)
En introduction de ce chapitre, je vais vous raconter 2 histoires.
La première histoire concerne mon père.
Dans les années 80, il était revenu au Cambodge et un de ses "très bons amis" cambodgien sans le sou lui a proposé de s’associer pour acheter un terrain à 10.000 dollars, ce qu’il a fait. pour rappel, on sortait de la dictature des Khmers rouges et tous les gens intelligents et riches ont été exterminés durant le génocide, personne n’avait de l’argent. Quelques années plus tard, avec la flambée des prix, le prix du terrain acheté quelques années plus tôt a été multiplié par 20. Mon père voulait récupérer sa part du gâteau. Sauf qu’à l’époque, mon père avait soi-disant mal compris le deal. Son "ami" cambodgien lui avait juste demander un prêt sans intérêt et rien d’autre… Il a récupéré ses 10.000 dollars alors que son ami s’est considérablement enrichi.
La deuxième histoire concerne la famille de ma belle mère.
En 2001, j’avais rencontré toute ma belle famille et notamment la grand-mère de ma femme. Elle était à l’époque très mal en point. Elle avait des difficultés à marcher et elle était presque aveugle.
Mis à part ma belle mère, le reste de sa famille (oncles et tantes) était relativement pauvre. La grand mère par contre avait comme unique fortune quelques hectares de terrain dans la ville de Thu Duc qui ne valaient rien dans les années 80. Sauf qu’en ce début des années 2000, les prix des terrains proche de Saigon ont flambé surtout que la ville Thu Duc faisait parti des arrondissements de la capitale économique et il y avait encore beaucoup de place pour des constructions immobilières.
Un des oncles de ma femme s’occupait de la grand-mère dans une petite maison d’une de ses parcelles de terrain. Je trouvais l’oncle plutôt gentil. En revenant l’année suivante (2002) voir ma futur femme, "le gentil oncle" est devenu persona non grata au sein de sa propre famille et ses frères et soeurs lui font désormais la guerre. Que s’est-il passé en 1 an ? Et bien le gentil oncle, profitant de l’handicap de sa mère (donc la grand mère de ma femme) lui a fait signer tout un tas de document qu’elle était incapable de lire. Ces documents donnaient tout simplement le titre de propriété des nombreux hectares de la grand mère à un seul de ses enfants, le "gentil oncle". Grace à ce transfert de propriété, le "gentil oncle" est devenu du jour au lendemain millionnaire en dollar et spoliant par la même occasion tout ses frères et soeurs. Le gentil oncle savait que le gouvernent vietnamien voulait racheter ses terres et a revendu à prix d’or l’ensemble des terrains.
La troisième et dernière histoire concerne ma mère.
Elle avait acheté ce fameux immeuble avec le café à Saigon pour quasiment rien (20.000 francs) dans les années 80. Mais au fil des années, le prix de l’immobilier a fortement grimpé dans la capitale économique du pays.
L’immeuble en lui même vaut que dalle. La construction au Vietnam ne coute pas chère. Les vietnamiens préfèrent détruire et reconstruire. L’immeuble de ma mère au bout de plus de 30 ans était très vétuste.
Il y a deux éléments importants qui font le prix d’un bien immobilier au Vietnam et surtout à Saigon. La surface au sol et l’emplacement. Vous me direz que l’emplacement, c’est quelque chose de classique. La subtilité, c’est que si vous souhaitez faire du business, un immeuble qui se trouve en croisement d’une rue vaut beaucoup plus chère qu’un immeuble mitoyen. Et par chance, elle avait acheté ce type d’immeuble en croisement.
Les viet kieu et les étrangers , que ce soit au Vietnam ou dans les autres pays d’Asie ne peuvent pas être propriétaire de terrain (uniquement des appartement en condominium pour une durée limité). C’était l’un de ses frères qui en était officiellement propriétaire.
Elle avait fait un deal avec son frère cadet, très gentil au demeurant. il y habitait gratuitement avec sa famille (plus de 30 ans donc). Il était propriétaire à 50/50 avec ma défunte grand mère. Et il aurait 50% de l’immeuble si un jour ma mère décidait de le vendre.
Mais en 2018, son chère frère a vendu l’immeuble sans avertir ma mère pour le prix de 600.0000 dollars. Ma mère ayant eu l’information a pu suspendre de justesse la vente avec l’aide de certains de ses frères et soeurs. Sauf que certains autres étaient de mèche avec mon gentil oncle, et notamment une de ses soeurs que ma mère a amené en France. Ma mère a aidé sa soeur (donc ma tante) a monté un restaurant en France. Sa soeur n’a pas d’enfant et continue à travailler. Donc contrairement à ma mère, elle envoyait encore de l’argent au Vietnam et peut-être que certains de ses frères et soeurs pensent qu’ils auront une partie du magot à son décès (je sais, je me fais des films…).
Sa sœur voulait faire de cet immeuble un centre esthétique, business qui a l’air de bien fonctionner au Vietnam.
Ma mère a engagé un avocat pour contester la vente. En gros, les 50% de ma grand mère est censé faire l’objet d’une succession (donc ne peut être vendu sans l’accord des héritiers) et certains de ses frères et sœurs sont prêt à restituer la somme à ma mère si ils gagnent le procès toujours en cours.
Ma mère était en colère, ce qui peut se comprendre. Et je l’étais aussi. Non pas à cause de l’argent éventuellement perdu mais à cause du manque de moralité d’une partie de certains membres de sa famille. Ils ont balayé d’un revers de main tout ce qu’elle a fait pendant plus de 30 ans pour les aider financièrement.
Mais plus je vieillis, plus je crois au karma. Quand on fait le mal, on le paie d’une façon ou d’une autre.
Moralité de l’histoire :
Quand l’argent entre en jeu, il n’y a plus de moral, il n’y a plus de famille.
Dernière modification par Flairsou (20/01/2022 21h47)
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1 4 #90 21/01/2022 19h59
- Flairsou
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Chapitre 42 : la fierté d’un fils
Je n’ai jamais dit à ma mère que j’étais fier d’elle. Et je ne sais pas si je serai capable de lui dire de son vivant. Nous avons des relations complexes, fait de non dit. Je peux me fâcher très vite contre elle pendant quelques jours et lui reparler normalement quelques temps après sans vraiment m’excuser.
Nous avons tout les deux un caractère bouillant, ce qui n’aide pas forcément.
Tout ça est peut être lié à l’éducation maternelle que je n’ai pas reçu étant petit qui fait qu’en grandissant j’ai un caractère plutôt solitaire. Je ne suis pas du genre à exprimer mes sentiments en publique ou même en privé comme beaucoup d’asiatiques d’ailleurs.
Mais nos vies sont étroitement liées. Elle n’a pas vraiment connu une jeunesse facile à cause de la guerre et de la pauvreté. En devenant adulte, elle n’a pas connu les joies du célibat à cause de ma naissance à l’âge de 20 ans. En arrivant en France à 23 ans, elle a du s’assumer tout de suite car elle avait une famille à nourrir. Elle a dû apprendre l’école de la vie très tôt. Et ce qu’elle a fait de sa vie est admirable compte tenu de toutes ces contraintes de départ.
Je n’arriverai jamais à la cheville de ma mère malgré mes diplômes. Contrairement à elle, je n’ai jamais connu la faim quand j’étais enfant. Quand j’étais adolescent, je me rends compte aujourd’hui que j’étais vraiment gâté contrairement à mes camarades. Et ma mère m’a toujours soutenu malgré mes déboires personnels et financiers, même jusqu’à aujourd’hui. Je pense que son amour à mon égard est lié à nos existences étroitement liés mais aussi au choix irrévocable que j’avais fait lors du divorce de mes parents. Je reniais mon père pour défendre ma mère. Et elle le sait.
Sa réussite financière, elle l’a apprise d’elle même sans avoir besoin de lire un quelconque livre. Sa réussite, elle le doit surtout à beaucoup de bon sens et à son caractère affirmé. Les bons coups immobiliers qu’elle a pu réalisé n’est pas dû à une analyse quelconque mais principalement à de la chance qu’elle a su provoqué.
Si je dois établir les 4 clés de la réussite financière de ma mère, ce serait :
1/ le travail
Elle n’a jamais cessé de travailler plus de 70 heures par semaine pendant plus de 30 ans. Elle était très peu malade.
Lorsqu’elle a vendu son restaurant en 2013, le repreneur qui avait mon âge se demandait comment elle a pu gérer toute seul le restaurant car il s’est rendu compte très vite de la charge énorme de travail.
2/ la rigueur
Elle avait peur des contrôles sanitaires et de l’inspection du travail. Elle en avait subi plusieurs pendant sa carrière. Du coup, elle était extrêmement rigoureuse sur l’hygiène, la propreté et le paiement de ses charges. Elle payait toujours en temps et en heure, les fournisseurs, les impôts, l’URSSAF. Certains des amis de ma mère restaurateurs qui savaient mieux parler, lire et écrire en français ont fait faillite car ils manquaient tout simplement de rigueur.
3/ la "radinerie"
Il faut être radin pour bien gérer une entreprise. Eviter de dépenser n’importe comment l’argent gagné. Elle faisait extrêmement attention au prix et à la quantité des matières premières dont elle avait besoin. Et puis quand vous travaillez 70 heures par semaine, vous n’avez tout simplement pas le temps de le dépenser. Pendant 30 ans elle avait très peu dépensé sur le budget loisir. elle partait au mieux une fois par an en vacance pendant un mois maximum.
4/ Le don
Ma mère a toujours donné à sa famille pendant plus de 30 ans pour les sortir de la misère. Elle a donné sans compter que ce soit dans les périodes fastes comme dans les périodes plus sombre (lors du divorce). Personne ne lui obligeait à donner. Et elle a donné que ce soit pour moi ou ma sœur sans compter. Elle a donné sans attendre quoi que ce soit en retour, mis à part peut être un peu d’amour. C’était normal et naturel pour elle.
Et je pense que celui qui nous gouverne tous d’en haut le voyait. C’est peut être pour ça qu’elle n’a jamais eu de grave maladie jusqu’à présent et c’est peut être aussi pour ça qu’elle n’a jamais eu de mauvaises fortunes immobilières ou financières. Ce que je raconte, c’est un peu du paranormal, mais j’y crois. Quand on fait le bien, il y a aussi un juste retour des choses même si c’est pas forcément immédiat et visible au premier abord.
Cette réussite financière a eu comme revers une vie personnelle plus chaotique.
Elle a connu quelques hommes après le divorce avec mon père mais aucun n’est resté dans sa vie. Elle avait des exigences fortes vis à vis des hommes et lorsque vous êtes une femme qui a réussi financièrement, vous attirez 2 types d’hommes : les gigolos ou les hommes faibles (ou en tout cas trop faible pour elle).
Même si le divorce était inévitable, je pense qu’elle a la nostalgie de la vie avec mon père. Mon père, malgré certains défauts, avait le caractère nécessaire pour vivre avec ma mère. Elle ne l’a pas retrouvé avec les autres hommes.
Quand vous faites le bilan d’une vie, ce n’est pas le nombre de million que vous accumulez qui est important, mais plutôt la façon dont vous l’avez vécu (avec droiture si possible) et dont vous avez contribué à aider votre prochain qui fait que vous avez eu une vie remplie ou pas. Ma mère a aidé plusieurs dizaines de personnes soit directement, soit indirectement. Les vies de nombreuses personnes dont la mienne auraient pu être totalement différente si elle avait fait un autre choix en 1978.
La vie de ma mère est d’une richesse fabuleuse fait de haut et de bas comme nous tous. Elle n’avait rien à sa naissance. Et lorsqu’elle est parti du Vietnam en 1978, elle avait juste 20 dollars et un enfant de 3 ans dans ses bras. Le chemin n’a pas été simple durant toute sa vie mais elle s’en est sorti dignement et si il y a bien une personne qui mérite de se reposer aujourd’hui, c’est ma mère.
Je vais conclure par ces mots : Maman, je suis fier d’être votre fils ! Je vous aime !
PS :
C’était le dernier chapitre. Il va y avoir juste un épilogue. Merci de m’avoir lu.
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1 6 #91 22/01/2022 10h55
- Flairsou
- Membre (2021)
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EPILOGUE
En ce mois d’août de l’an 2000, je me baladais en cyclo pousse dans les rues de Saigon. Les conducteurs de cyclo pousse se ressemblent tous. Il n’y a que des hommes qui pratiquent ce métier. Ils portent tous une casquette, ils sont fins, leurs visage et leurs corps sont brulés par le soleil. C’était un métier difficile. Les cyclo pousses nombreux dans les années 80 faisaient office de taxi pour les vietnamiens mais ils transportaient aussi des marchandises très lourdes. Avec l’évolution du mode de transport des vietnamiens qui privilégiaient de plus en plus les déplacements en motos, les cyclo pousses disparaissaient petit à petit du paysage vietnamien.
J’aime bien discuter avec les conducteurs pour passer le temps. En discutant avec mon conducteur, j’apprenais qu’il avait le même âge que moi. Il avait 25 ans tout comme moi mais il avait l’air d’avoir 10 ans de plus sur son visage. Il était marqué par la difficulté de son travail.
Je me souviens avoir eu cette réflexion à l’époque:
Que serais-je devenu si j’étais resté au Vietnam en 1978 ?
J’aurais pu être à la place de mon conducteur pédalant toute la journée pour essayer de gagner ma vie. Il ne faut pas grand chose pour qu’un destin bascule.
Ma mère n’aurait jamais été restauratrice avec grand-mère qui lui interdisait de cuisiner alors qu’elle avait un don extraordinaire. Elle aurait fait parti de ses millions de personnes qui n’ont pas pu accomplir leur véritable destinée.
Que serais devenu ma mère si elle avait refusé d’acheter la boutique de tante N ?
Elle serait certainement restée salariée toute sa vie. Mais je pense qu’elle serait quand même devenu propriétaire de sa maison avec mon père mais elle n’aurait jamais pu se construire un patrimoine financier comme aujourd’hui. Ses sœurs seraient certainement restés au Vietnam.
Que serions nous devenus si mes parents n’avaient jamais divorcé ?
Nous serions peut-être aujourd’hui extrêmement riche de plusieurs millions d’euros entre les investissement immobiliers qu’ils ont commencé à faire au Vietnam et en France. Et mon père qui s’intéressaient à la bourse dans les années 90. J’en suis certain.
Mais peut-être qu’avec cette richesse familiale, je serai devenu un enfant pourri gâté, fainéant, drogué attendant juste l’héritage familial pour le dilapider au poker.
A vrai dire, toutes ces questions sont futiles et inutiles. On ne peut pas modifier son passé, ni présager de ce qui serait passé si ce passé aurait été différent.
L’expérience de ma mère m’a appris une chose.
Rien est écrit dans la vie. On peut être né pauvre dans un pays en guerre et finir rentière dans un pays étranger sans maitriser la langue.
On a tous nos moments de gloires et de difficultés.
C’est la manière dont on réagit que ce soit dans la gloire ou dans la difficulté qui forge notre caractère.
La gloire apporte finalement peu de chose mise à part flatter son égo et attirer les convoitises. Rester humble dans la gloire, c’est faire preuve de noblesse d’esprit.
La véritable richesse, c’est dans la difficulté qu’on la trouve.
Il y a 2 façons de faire face aux difficultés : soit on abandonne, soit on trouve les moyens de les surmonter. Surmonter les difficultés nous obligent à sortir de notre zone de confort et à assumer nos décisions. Chaque décision amène à un renoncement, mais aussi à un choix de direction. Nous dirigeons notre destinée par nos décisions.
Nous sommes seuls maître de nos décisions.
Dernière modification par Flairsou (22/01/2022 13h32)
Hors ligne
1 #92 13/03/2023 21h47
- Flairsou
- Membre (2021)
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Bonjour à toutes et à tous,
Cela faisait longtemps que je ne suis pas revenu sur le forum.J’ai vécu beaucoup de chose pas évidentes en 2022 mais j’y reviendrai. Je voulais vous partager l’éloge funèbre que j’ai adressé à mon père mort au Vietnam le 1er novembre 2022. Je reviendrais sur les circonstances du décès dans un prochain post. J’avais écrit ces quelques mots fin novembre 2022.
Sur mon hommage , j’avais employé le tutoiement mais ça bloque pour l’envoi du post, du coup j’ai modifié en vouvoiement
Voilà trois semaines que vous nous avez quitté papa.
Les nombreux éloges de votre famille, amis, collègues et tout ceux qui vous ont côtoyé à la piscine ou ailleurs sont largement mérités.
Vous avez laissé une trace indélébile de votre passage sur Terre.
Que dire de plus ?
Je vais vous donner mon sentiment en tant que fils.
Je garde le souvenir d’un homme fort et généreux.
Fort dans son corps, fort dans sa tête.
Généreux avec ses proches comme avec des inconnus.
Vous n’aviez peur de rien, ni de personne.
Vous vous fichiez du jugement d’autrui et vous avez vécu votre vie de rêve.
Vous avez fait de votre passion un métier.
Et c’est peut être pour ça que vous avez marqué tant de générations d’enfant.
Nous avions des caractères opposés.
Vous l’extraverti, moi l’introverti.
Nous avions du mal à communiquer ensemble.
Les choses de la vie nous ont séparé.
Je vous ai détesté, je vous ai haï pendant 20 ans.
Et nous, nous sommes retrouvés grâce à la mer.
Je sais que vous et moi attendions ce moment.
Cet instant de communion entre vous, moi et la mer nous appartient et personne ne peut nous l’enlever.
Malgré nos différences et cette longue séparation, nous avons énormément de point commun.
Après tout, je suis le fils de mon père
J’ai cherché les circonstances de votre perte, en vain.
Dans mon for intérieur, tout était écrit.
La mer vous a façonné, la mer vous a repris.
Vous ne pouviez pas avoir une plus belle mort.
Mais aujourd’hui, je pleure.
Je pleure de ne pas vous avoir dit « je vous aime papa ».
Au fond de nous, on savait qu’il n’y avait pas besoin de mot pour exprimer notre amour.
Votre souvenir restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Nage en paix, papa."
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