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Favoris 4    2    #126 16/01/2022 22h45

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@Frcclair : Je pense qu’il y a un profond malentendu sur la nature de l’inflation et, dans ce contexte, sur le rôle de la parole des banques centrales.

Prévoir l’inflation future, ce n’est pas comme prévoir la météo - car l’inflation future dépend essentiellement des perceptions et anticipations du corps social : des facteurs endogènes à la population, et non des facteurs exogènes (même si des facteurs exogènes peuvent aussi jouer : si nous découvrons demain d’énormes réserves de pétrole, cela va jouer sur les prix du pétrole, donc, a priori, sur l’inflation anticipée, donc sur l’inflation).

Posez-vous la question : Pourquoi attachez-vous un prix, une valeur, aux bouts de papier dans votre portefeuille ? Par quel prodige pensez-vous que ces bouts de papier ont la moindre valeur ? Qu’est-ce qui fait qu’à votre niveau personnel vous pensez que ces bouts de papier signés par Mme Lagarde garderont une certaine valeur dans un an, ou dans 10 ans ? Vous voyez bien qu’à votre échelle personnelle, la perception de la "valeur" de la monnaie fiduciaire est bien une affaire de perceptions (vous attachez sans doute, comme moi et la majorité des gens, une valeur aux billets signés par Mme Lagarde, mais d’autres personnes y voient de la fausse monnaie et préfèrent l’or, supposé être la seule "vraie monnaie"), d’anticipations (notamment sur la capacité de la BCE à faire correctement son travail à l’avenir), de psychologie.

Posez-vous une autre question : Quel rythme annuel de dépréciation, en termes réels (c’est-à-dire en termes de pouvoir d’achat de "choses"), anticipez-vous pour les billets € dans votre portefeuille ? Là encore, ce sont bien vos perceptions, vos anticipations, votre psychologie qui vont déterminer votre réponse : peut-être allez-vous répondre 2% (c’est la réponse "idéale" que souhaite ancrer la BCE), peut-être 5% (si vous vous alarmez de la hausse actuelle des prix sur votre panier hebdomadaire), peut-être 10% (si vous doutez de la compétence de Mme Lagarde). Au Japon une large partie de la population répond 0%, et il est bien difficile pour la BoJ de lui faire changer d’avis (car ces perceptions sont très enracinées après des années de déflation). En Argentine une large partie de la population répond 50%, et c’est difficile aussi de changer ces perceptions pour la banque centrale.

Généralisez maintenant ces questions à l’ensemble de la population. Vous voyez que ce sont les perceptions et les anticipations de l’ensemble du corps social qui vont déterminer l’acceptabilité de la monnaie fiduciaire (à nouveau, ce ne sont que des bouts de papier) comme réserve de valeur, unité de compte, moyen d’échange et moyen de paiement différé - donc comme monnaie. Ces perceptions sont "contagieuses" : si votre employeur, tous vos collègues, tous vos amis, pensent que l’inflation va rester (à peu près) stable autour de la cible de la BCE (2% par an), cela va influencer vos propres perceptions.

Non seulement par effet de conformité sociale, mais aussi parce que l’inflation est le résultat d’anticipations auto-réalisatrices. Si vous pensez que l’inflation va durablement rester autour de la cible de la BCE (2% par an) alors vous allez vous attendre à une progression régulière (hors progression de carrière, promotions etc.) de 2% par an pour votre salaire : c’est ce que votre employeur considèrera comme normal, et vous n’oserez peut-être pas demander une revalorisation excédant largement 2% (à nouveau, hors progression de carrière). De même, les fournisseurs de votre entreprise vont prétendre à une revalorisation de 2% des produits qu’ils lui vendent (s’ils demandaient davantage ils craindraient de perdre un client). Si les anticipations des agents économiques (employeurs, employés, fournisseurs, clients etc.) sont solidement ancrées à un niveau proche de la cible de la banque centrale, alors ce rythme d’inflation anticipée se propage de proche en proche dans toute l’économie, et l’inflation se concrétise à ce rythme.

Bien sûr les facteurs exogènes - comme actuellement les disruptions temporaires des chaînes d’approvisionnement causées par la pandémie et les mesures mises en place pour y répondre - peuvent occasionner une volatilité transitoire de l’inflation autour de la cible de la banque centrale. Mais si les anticipations d’inflation de long-terme des agents économiques restent ancrées près de la cible, alors ces déviations ne seront en effet que transitoires.

C’est pour cela que les banques centrales comme la Fed et la BCE ne guident pas leur politique monétaire sur l’inflation courante - qui peut être très volatile et "bruyante" : une politique monétaire qui suivrait à la trace ce chien fou serait illisible, imprévisible et très sous-optimale pour l’économie : mettez-vous à la place de l’entrepreneur qui doit emprunter auprès de la banque pour un projet, et celle du banquier qui doit financer ce projet : si le taux de la banque centrale ne cessait de bouger dans tous les sens, le banquier devrait appliquer une prime de risque de taux importante, qui conduirait à l’exclusion de projets pourtant viables et utiles à l’économie.

Au contraire, les banques centrales sont focalisées sur l’ancrage des anticipations de long-terme d’inflation des agents économiques à un niveau proche de leur cible. Par exemple, la Fed se focalise sur les anticipations d’inflation (pricées par le marché des swaps d’inflation et des obligations indexées sur l’inflation) "à 5 ans dans 5 ans" (c’est-à-dire actuellement sur la période 2027-2032) : vous voyez qu’elles sont très stables à un niveau proche de la cible de la Fed.

L’objectif de la politique monétaire, c’est donc de maintenir les anticipations d’inflation ancrées près de la cible d’inflation de la banque centrale. Car ce sont bien ces anticipations d’inflation qui vont déterminer les choix de consommation, d’épargne et d’investissement des agents économiques - donc qui vont déterminer le cours de l’inflation (hors facteurs exogènes essentiellement imprévisibles ou en tout cas peu maîtrisables).

Dans ce contexte, quel est l’objectif des prises de parole publiques des banquiers centraux ? Il s’agit évidemment d’influencer les anticipations des agents économiques - non pas de jouer les Monsieur météo ou les astrologues !

La parole du banquier central est le premier outil de politique monétaire - avant même les taux d’intérêt. Car la parole du banquier central va influencer les anticipations des agents économiques sur le cours futur des taux directeurs de la banque centrale - donc les taux d’intérêt de long-terme, plus importants pour la marche de l’économie que les taux de court-terme.

Quand vous faites un emprunt immobilier sur 20 ans, votre banquier doit réfléchir au coût de la ressource (l’argent) pour sa banque sur 20 ans. Dans cette équation, un paramètre crucial est le taux sans risque, c’est-à-dire la trajectoire futur du taux directeur de la banque centrale. Par ses prises de parole, le banquier central vise à "piloter" les anticipations des agents économiques sur la trajectoire future du taux directeur.

Quand M. Powell dit que l’inflation va être "transitoire", il vise à maintenir bien ancrées autour de la cible de la Fed les anticipations d’inflation des agents économiques - cet objectif a été bien atteint.

Quand M. Powell supprime ce terme "transitoire", il vise à transmettre aux participants de marché le "message" que la Fed va augmenter son taux directeur cette année (et sans doute les années futures) - toujours avec le même objectif de maintenir l’ancrage des anticipations d’inflation de long-terme.

C’est le pilotage des anticipations d’inflation et de politique monétaire, donc le pilotage de la courbe des taux d’intérêt, qui guide principalement la communication des banques centrales. C’est ainsi que la banque centrale peut influencer toute la courbe de taux (notamment les taux longs), alors que la politique monétaire conventionnelle (monter ou baisser le taux directeur) n’a qu’un impact modeste sur les taux longs.

Donc le banquier central ne peut évidemment mettre en doute, dans ses prises de parole, l’ancrage des anticipations d’inflation près de sa cible - car c’est précisément sa mission de maintenir cet ancrage. Et s’il est suffisamment convaincant, alors ces anticipations seront essentiellement auto-réalisatrices, et une inflation d’environ 2% par an se matérialisera - c’est-à-dire le rythme optimal pour l’activité économique et l’emploi.

Sur l’impact de la transition écologique sur l’inflation, il y a des débats. En Europe, je note que ceux qui s’en alarment le plus sont aussi ceux qui militent pour une fin rapide du QE… (c’est-à-dire que l’argument climatique est instrumentalisé par les "faucons"… ce qui est de bonne guerre).

Perso je pense que l’intensité énergétique de l’activité économique ne va cesser de décroître, alors que le poids de l’intelligence et de la technologie ne va cesser d’augmenter. Par ailleurs je pense que l’environnement économique mondial reste fondamentalement déflationniste (pour des raisons démographiques, technologiques, sociales, politiques). Je ne crois pas que cela change avec la pandémie (au contraire), ni avec le changement climatique (mais c’est certes plus difficile à dire). Par ailleurs les grandes banques centrales ont leurs taux directeurs à zéro et des portefeuilles de QE énormes à l’issue de cette pandémie, c’est-à-dire qu’elles ont une marge de manœuvre sans précédent pour répondre à toute poussée, transitoire ou non, de l’inflation. Je partage donc l’avis majoritaire du marché, qui croit en l’ancrage durable des anticipations d’inflation.

Dernière modification par Scipion8 (17/01/2022 00h53)

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1    #127 20/01/2022 23h23

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Scipion8, le 16/01/2022 a écrit :

Perso je pense que l’intensité énergétique de l’activité économique ne va cesser de décroître, alors que le poids de l’intelligence et de la technologie ne va cesser d’augmenter.

C’est une question très débattue.
Personnellement, j’émets de sérieux doutes car je pense que cette assertion repose sur plusieurs prémisses que j’estime fausses.
Dire que le poids de l’intelligence et de la technologie ne va cesser d’augmenter que donc l’intensité énergétique va diminuer, c’est oublier qu’il a fallu de l’intelligence et de la technologie pour construire tout notre système de consommation d’hydrocarbures. Et notre technologie actuelle est elle-même consommatrice d’énergie. Cela fait 40 ans que les ordinateurs personnels ont émergé, on n’a toujours pas vu la moindre baisse de l’intensité énergétique, bien au contraire, regarder des vidéos en 1080p ça consomme beaucoup d’énergie ! (La courbe GDP/Energie use avec une légère inflexion depuis quelques années n’est ni une preuve ni un indice).
Cela fait 20 ans que l’on nous parle de l’économie de la connaissance. On est surtout rentré dans l’économie de la surconsommation, la consommation de contenus s’accélère mais tout comme la consommation d’objets et services inutiles et chargés en carbone. Les gens économisent une ramette de papier par an mais ont 2 smartphones et font 2 Paris-New York en avion. Super économie !
Au fur et à mesure que la technologie s’améliore, nous inventons de nouveaux besoins, il n’y a pas de baisse de l’intensité énergétique. Voir postulat de Khazoom-Brookes ou paradoxe de Jevons… Le renforcement des mobilités crée le quick commerce, une banale maladie crée des vaccins et des tests, la 4G crée la 1080p etc.
Et puis bon, des gens qui nous racontent qu’on entre dans l’ère de l’intelligence, des technologies avancées, que tout a été découvert, il y a en a depuis l’Antiquité, ils ont tous eu faux, les gens ne vont pas se contenter de leurs vidéos en 4K, maintenant ils veulent le métavers…
Et même si effectivement, les hommes, contrairement à tous leurs penchants depuis la nuit des temps, arrêtaient de vouloir toujours plus consommer, il ne faut pas oublier que l’occident développé ne représente qu’une faible partie de la population qui pour la plupart vit dans un habitat précaire en Afrique ou en Asie, et qui elle aussi voudrait bien la clim, l’iPhone 13 et visiter l’ile de Pâques !

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1    #128 09/02/2022 00h19

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Je réponds ici à une question posée dans une autre file (où cette réponse est HS).

kihv, le 04/02/2022 a écrit :

Scipion8, le 20/01/2022 a écrit :

liquider immédiatement ces actifs (en les vendant à d’autres banques, voire à des fonds vautours), ou bien les garder, en en confiant la gestion (par exemple à une banque, contre rémunération). Quand les actifs sont très illiquides et que la faillite de la banque a un impact négatif sur leur valorisation, je conseille généralement la 2e option, car une vente immédiate (fire sale) peut entraîner de lourdes pertes pour la banque centrale

Hors sujet de la file, mais puisqu’une banque centrale ne peut pas faire faillite, est-ce qu’elle n’a pas systématiquement intérêt à suivre la 2e option dans la mesure où la décote par vente immédiate est presque toujours perdante ?

@Kihv : Certes une banque centrale peut indéfiniment continuer à fonctionner avec des fonds propres négatifs (cela a été longtemps le cas des banques centrales de République Tchèque et de Finlande, ou encore actuellement de celle du Chili, depuis plus de 30 ans). Mais :

1) Il est possible que des pertes financières essuyées par la banque centrale et/ou une position de capital négative aient un impact négatif sur la crédibilité de la banque centrale à conduire efficacement ses mandats, en particulier la politique monétaire et la préservation de la stabilité financière. C’est une question de psychologie des agents économiques, et la réponse à cette question peut varier d’un pays à l’autre.

C’est un débat sans fin entre praticiens, mais selon la doxa dominante, il est préférable pour une banque centrale d’être correctement capitalisée afin (a) d’avoir une autonomie financière réelle par rapport à l’Etat (par exemple, des moyens financiers suffisants pour recruter du personnel de qualité, payer des systèmes d’information performants etc.) et (b) de ne pas avoir de problème de crédibilité aux yeux des agents économiques ricardiens.

Les agents économiques ricardiens anticipent rationnellement qu’une dette publique importante signifie des impôts élevés pour eux à l’avenir, donc ils épargnent suffisamment en prévision de ces impôts futurs. Un agent économique ricardien peut éventuellement considérer qu’une banque centrale à capitaux négatifs devra être recapitalisée tôt ou tard par l’Etat, et donc il pourrait épargner davantage en prévision de cette recapitalisation de la banque centrale financée par des impôts futurs. La part des ménages ricardiens varie selon les pays (par exemple les Français sont sans doute en moyenne moins ricardiens que les Allemands ou les Scandinaves).

Mais ce point fait l’objet d’un débat incessant entre praticiens : par exemple, perso je considère que la diffusion de cette doxa (selon laquelle il "faudrait" que la banque centrale soit bien capitalisée - ce qui n’est pas strictement correct économiquement) renforce les anticipations ricardiennes des agents économiques, qui deviendraient dès lors plus craintifs à l’annonce de pertes de la banque centrale - avec un impact négatif sur l’activité économique.

Etant opérationnel, je préfère que la banque centrale ait les coudées franches ("whatever it takes") et puisse être efficace dans toutes les configurations possibles, y compris celles où elle doit prendre des risques importants et éventuellement essuyer de lourdes pertes (un exemple : les achats de dette souveraine grecque par la BCE lors de la crise de la dette souveraine de la zone euro en 2011-2012). Mais c’est un point de vue assez non-conventionnel dans le milieu.

On préfère encourager les banques centrales à être bien capitalisées, par exemple via des dispositifs légaux de recapitalisation automatique par l’Etat lorsque le capital tombe en-dessous d’un certain seuil - la priorité étant d’assurer l’indépendance (y compris financière) de la banque centrale vis-à-vis de l’Etat.

2) Des pertes financières par la banque centrale amenuisent la rente du seigneuriage monétaire pour l’Etat. La banque centrale verse annuellement des dividendes à l’Etat (son actionnaire unique dans la plupart des pays - même si d’autres structures capitalistiques existent). L’émission par la banque centrale d’une dette quasi-gratuite (hors coûts de fabrication) - les billets - et l’investissement de ces fonds dans des actifs réels ou financiers (par exemple les réserves de change) assure un revenu régulier à la banque centrale, donc à l’Etat actionnaire.

Typiquement le législateur définit une règle de distribution des dividendes de la banque centrale à l’Etat - en assurant le maintien d’une capitalisation adéquate de la banque centrale et le provisionnement des risques divers (par exemple le risque de change sur les réserves). [D’ailleurs, toujours selon la doxa dominante, il convient que la banque centrale ne soit pas trop sur-capitalisée, car dès lors elle pourrait être une proie tentante pour un pouvoir politique opportuniste, via la distribution d’un dividende exceptionnel. On préfère donc des dividendes réguliers.]

Dès lors, si la banque centrale fait des pertes financières sur une opération donnée, ces pertes viendront amoindrir cette manne financière pour l’Etat. Protéger le bilan de la banque centrale revient donc à protéger les deniers publics et le contribuable. Par exemple, tout refinancement accordé par la banque centrale à une banque commerciale doit être strictement collatéralisé par des actifs de qualité suffisante, auxquels la banque centrale applique des décotes prudentes et d’autres mesures de contrôle des risques.

Comme Buffett en bourse, la règle implicite que je conseille à mes collègues banquiers centraux de suivre est de "ne jamais faire de pertes" (par exemple sur une opération de refinancement) - ce qui requiert des mesures strictes de collatéralisation et de supervision des contreparties. La seule exception à ce principe étant les opérations d’absorption de liquidité en cas de surplus de liquidité bancaire - ces opérations sont structurellement coûteuses pour la banque centrale mais ce n’est pas grave, car il s’agit de transmettre la politique monétaire via ces opérations. Comme dit plus haut, certaines circonstances exceptionnelles peuvent justifier une prise de risque importante par la banque centrale, mais il s’agit toujours de sortir gagnant en fin de compte - une perte financière signalant généralement un échec de la mesure de la banque centrale.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------
Je me rends compte que j’ai lu trop vite votre question et que j’ai répondu à côté (mais ce n’est pas grave) : oui, en général, l’option de garder les actifs saisis lors de la faillite de la contrepartie est préférable, pour éviter une fire sale qui risquerait à la fois d’être perdante pour la banque et dangereuse pour la stabilité financière.

Ainsi, lors de la faillite de Lehman Brothers en 2008, la Bundesbank avait gardé plusieurs années le collatéral (des ABS et MBS exposés aux subprimes) et avait finalement réussi à le liquider sans perte (et même avec profit, mais les profits excédentaires vont aux autres créditeurs dans le processus de liquidation).

Cela dit, garder le collatéral suppose que la banque centrale ait une capacité opérationnelle et une flexibilité juridique suffisantes, ce qui est le cas pour la Bundesbank mais (malheureusement) pas pour beaucoup d’autres banques centrales moins sophistiquées et/ou opérant dans un environnement juridique et politique moins stable. Certaines banques centrales se retrouvent ainsi parfois forcées à liquider le collatéral en urgence, souvent avec des répercussions négatives pour elles-mêmes et pour le marché.

Dernière modification par Scipion8 (09/02/2022 00h41)

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2    #129 16/03/2022 21h24

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Et c’est parti pour le cycle de hausse des taux, avec la FED qui ouvre le bal !

Première hausse du taux directeur depuis 3 ans de 25 bps, qui passe donc à 0.25% - 0.50%.

En 2022 sont pour l’instant anticipées par les marchés 6 autres hausses.

Taux directeur prévu fin 2022 : 1.9%
Taux directeur prévu fin 2023 : 2.8%
Taux directeur prévu fin 2022 : 2.8%

La réduction du bilan de la FED pourrait débuter à partir du mois de mai d’après J. Powell.

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#130 15/06/2022 15h45

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Une semaine après avoir annoncé qu’elle monterait ses taux en juillet et arrêterait le programme d’achats nets classique d’obligations souveraines (APP), la BCE :
- Tenait un meeting exceptionnel aujourd’hui notamment en raison du risque de "fragmentation" de la zone euro
- Indique qu’elle sera flexible dans le réinvestissement des remboursements d’obligations arrivant à échéance (c’est plutôt une confirmation puisqu’elle avait déjà indiqué ces éléments à l’issu de son dernier meeting)
- Etudie la mise en place d’un nouvel "instrument anti-fragmentation"

Pour contexte, le taux obligataire à 10 ans de l’Italie est actuellement autour de 4% (2% pour la France).

Elle est bien partie cette remontée des taux roll !

Communiqué de presse BCE 09 juin

Communiqué de presse BCE 15 juin

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#131 20/06/2022 23h37

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Pour reprendre l’expression utilisée dans la newsletter de Juin de Lyn Alden, dont je recommande vivement la lecture, la BCE est en échec et mat pour lutter contre l’inflation.
C’est mission impossible de remonter les taux "fortement" comme le fait la FED compte tenu des niveaux de dettes (notamment pays du Sud).
Donc à part continuer à maintenir relativement bas les taux des pays cigales tout en laissant filer celui des pays fourmis, elle ne peut pas faire grand chose…
Et a voir combien de temps les fourmis vont accepter cela smile


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1    #132 21/06/2022 06h40

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Vous répétez un refrain déjà maintes fois entendu ("combien de temps les pays fourmis vont accepter cela ?", "les banques centrales sont en échec", … il manque encore "l’euro est mort" ou "l’empire US est fini" pour compléter le tableau), mais faites de toute évidence une erreur en considérant que les banques centrales, en particulier la BCE, seraient maintenant "échec et mat" : la partie n’est (de loin) pas terminée, et les banques centrales, FED et BCE incluses, sont bien vivantes (dont très loin du "mat"), ont encore beaucoup d’atouts dans leurs mains, et ceux qui prendraient position contre elles n’ont pas fini de prendre des risques et d’en subir les conséquences.

Je rappelle que, si tous les équilibres au niveau de la monnaie et des taux se maintenaient toujours tout seuls, on n’aurait pas besoin de banques centrales. C’est précisément parce que des déséquilibres se forment (naturellement), ont des impacts potentiellement délétères, et ne se résolvent pas tout seul sans conséquences parfois très graves, que, pour revenir (à terme et au plus vite) à une situation équilibrée, où la confiance dans la monnaie est suffisante pour que les acteurs économiques puissent prospérer, les banques centrales existent. Parfois le contexte rend leur tache aisée, et personne ne remarque même qu’elles sont là. Parfois c’est plus difficile, elles ont du travail, ça prend plus de temps pour se rééquilibrer, et certains croient (ou font croire) pendant un temps qu’elles n’y arriveront pas.

Quand aux "pays fourmis", au niveau de la zone euro, je pense qu’ils ont actuellement tout intérêt au maintien de l’euro, qui est un des facteurs qui leur assure une certaine prospérité (il me semble même plus de prospérité que les pays "cigales"…). Tant que ce sera le cas, l’euro aura un bel avenir. Les derniers "stress" sur la zone euro (le brexit, la pandémie, ou la guerre en Ukraine, et leurs conséquences comme le rebond d’inflation et le risque sur l’approvisionnement en énergies) ne me semblent pas avoir montré une désunion grandissante entre les pays qui décident en fait du devenir de la BCE, bien au contraire… Au niveau mondial, les pays "fourmis" (ou les pays "puissants" qui peuvent imposer des choses aux autres, car je dirais pas que les USA sont un pays "fourmi") ont aussi intérêts à une certaine stabilité monétaire. Et ça n’empêchera pas des prophètes de mauvaise augure d’annoncer le contraire (et ils finiront peut-être un jour par avoir raison -même dans le Sahara il pourrait y avoir un jour un déluge, ou des OVNI pourraient n’attaquer que les pays fourmis-, mais à mon avis pas de sitôt).


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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#133 21/06/2022 10h59

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Détrompez vous GL l’attaque des OVNI est pour bientôt

China Says It May Have Detected Signals From Alien Civilizations

PS: Blague à part, il faut être sacrément sûr de soit pour aller contre sens de professionnels qui ont plusieurs années d’expériences et sûrement un meilleur background financier et éco que vous.

Mais globalement, j’attends le même discours de n’importe quel investisseur qui détient une grosse partie d’immobilier.
Ils se rassurent comme ils le peuvent en dénigrant tout leur détracteurs.

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1    #134 21/06/2022 11h16

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Si le UK est sorti sans trop de dommages de l’UE, je pense que cela n’annonce pas une fragmentation de l’UE.
Je vois  3 raisons qui me laissent penser le contraire.

1)Le retour de la guerre froide fragmente le monde, casse la mondialisation et le multilatéralisme mais renforce les zones d’influences. L’UE sort ressoudée de la guerre en Ukraine. Les dissentions politiques entre la commission et le pacte de Visegrad,  les tensions au niveau de la BCE entre les "frugal four" et les pays latins, sont surmontées. Même la question de la taxonomie de la transition énergétique devrait accoucher d’un accord aux forceps.

2) L’Euro attire toujours: la Croatie va l’adopter. Cela reste, demandez aux italiens et aux espagnols de plus de 30 ans, le meilleur moyen d’éviter les dévaluations, l’inflation,  et  des taux d’emprunts prohibitifs.

3) Les pays qui vocifèrent régulièrement contre l’UE aboient mais ne mordent pas. Quand, comme la Hongrie, on reçoit un chèque de l’UE d’un montant égal à 6% du PIB du pays, on ne part pas. Même cas pour l’Italie, ou l’Espagne. Les gros contributeurs nets, comme l’Allemagne, l’Autriche ou les Pays-Bas sont aussi ceux dont la balance commerciale intra-européenne est très en leur faveur. On ne tue pas la poule aux œufs d’or.

Certes la BCE ne va pas monter les taux avec la même brutalité que la Fed. La surchauffe salariale n’existe que de l’autre côté de l’Atlantique, et c’est celle-là qui, premièrement est génératrice d’inflation durable (les salaires ne rebaissant pas) et deuxièmement peut être combattue efficacement par une politique monétaire plus restrictive.

La question de la fragmentation des papiers d’Etats libellés en Euro restent, toutefois, un sujet, dont la BCE s’est emparée sans le résoudre. L’Italie qui emprunte environ 1Md d’euros par jour entre 3,5 et 4%, va devoir trouver des prêteurs autres que la BCE; cette dernière finançait l’an dernier environ 50% des émissions italiennes via le Quantitative Easing.

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1    #135 21/06/2022 11h48

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Jaylis a écrit :

Détrompez vous GL l’attaque des OVNI est pour bientôt

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#136 21/06/2022 11h55

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Flavius a écrit :

les tensions au niveau de la BCE entre les "frugal four" et les pays latins, sont surmontées.

Est-ce que les tensions se sont réellement et structurellement apaisées ou est-ce que la BCE a anesthésié ces tensions grâce au QE depuis 2014 ? Tensions qui repartiraient une fois le QE terminé, par exemple sur la question du fameux mécanisme anti-fragmentation qu’elle veut mettre en place ?

Flavius a écrit :

2) L’Euro attire toujours: la Croatie va l’adopter. Cela reste, demandez aux italiens et aux espagnols de plus de 30 ans, le meilleur moyen d’éviter les dévaluations, l’inflation,  et  des taux d’emprunts prohibitifs.

Il faudrait demander aux allemands ce qu’ils pensent aujourd’hui. Peut-être est-ce anecdotique mais vous vous rappelez sans doute de C. Lagarde appelée "Madame inflation" par le journal Bild (source).

Je serai curieux de voir s’il existe des sondages quantifiant un peu ce sentiment que nous discutons ici autour de l’euro vu par les citoyens européens (et notamment en Allemagne).

Flavius a écrit :

Certes la BCE ne va pas monter les taux avec la même brutalité que la Fed. La surchauffe salariale n’existe que de l’autre côté de l’Atlantique, et c’est celle-là qui, premièrement est génératrice d’inflation durable (les salaires ne rebaissant pas) et deuxièmement peut être combattue efficacement par une politique monétaire plus restrictive.

Il n’y a pas encore eu de hausses de salaires significatives dans la zone euro mais est-ce que cela n’arrivera pas ? La thèse de Patrick Artus par exemple est que cela arrivera aussi en zone euro (source).

Illustration peut-être de la pertinence de cette thèse avec l’actualité du jour :
IG Metall exige des hausses de salaire de 7% à 8% cette annee

Flavius a écrit :

La question de la fragmentation des papiers d’Etats libellés en Euro restent, toutefois, un sujet, dont la BCE s’est emparée sans le résoudre. L’Italie qui emprunte environ 1Md d’euros par jour entre 3,5 et 4%, va devoir trouver des prêteurs autres que la BCE; cette dernière finançait l’an dernier environ 50% des émissions italiennes via le Quantitative Easing.

Sauf erreur de ma part, c’est plutôt presque 100% de la dette italienne qui a été achetée par la BCE ces dernières années ! Et la question du mécanisme anti-fragmentation est à mon avis un gros sujet…

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#137 21/06/2022 13h16

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@ Concerto

Sur l’antagonisme entre les "frugal four" et les pays favorables à un plan de relance européen, c’est le choix de la croissance verte qui a été retenu. Il est vrai que la mutualisation des dettes reste une ligne rouge pour les pays les plus vertueux, comme l’a rappelé récemment le nouvel argentier de l’Allemagne (qui n’est pas un "frugal" pourtant). Mais le fait est, l’UE va emprunter de plus en plus pour des projets communs, ce qui pourrait soulager un peu la situation préoccupante de l’Italie. Je ne cherche pas à nier l’impasse actuelle de ce pays.

Les allemands, vous avez raison, ont toujours préféré l’or et le franc suisse à l’euro. Ils n’ont d’ailleurs pas vraiment confiance dans leurs banques, moins bien gérées que de l’autre côté du Rhin. De là à renoncer à leur manne d’exportations, il y a un pas que je ne franchirai pas (même si les suisses parviennent à exporter avec une devise très forte: MAIS avec des taux encore plus bas qu’en zone euro). Quant à "Mme inflation", elle avait dit qu’elle n’est ni colombe, ni faucon, mais "chouette". Elle vient de tourner la tête cette année du côté des faucons, à la lumière des dernières conférences.

Pour une fois, je ne suis pas de l’avis de Patrick Artus. Les hausses de salaires ne se décrètent pas (contrairement à l’indexation des retraites). Et ma conviction est que les forces récessives qui se profilent très vite vont préempter des hausses de salaire qui engagent sur des années. La guerre est à un jet de pierre de Paris et Berlin  pas de Los Angeles. IG Metall a toujours fait preuve, contrairement à nos syndicats ultra-politisés, de raison (cf les années 90). Un compromis acceptable est probable.

Je partage vos inquiétudes sur la fragmentation de la dette européenne (à noter que la hausse très rapide des taux italiens est une forme de resserrement monétaire, pour ceux qui ne regardent que l’Allemagne). Je note que la réunion extraordinaire de la semaine dernière a mécaniquement fait baisser les taux de 4% à 3.60% aujourd’hui. Que peuvent-ils faire? Intervenir directement sur un niveau de spread? La réunion a été provoquée quand l’écart de taux Allemagne-Italie a touché 240bp. Formuler le sujet comme priorité l’a ramené aujourd’hui à 186bp. Une position d’attente. Clairement, le marché attend  des réponses concrètes après cette déclaration d’intention. Sinon les tensions reviendront vite.

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#138 21/06/2022 13h27

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INTP

GoodbyLenine a écrit :

Vous répétez un refrain déjà maintes fois entendu ("combien de temps les pays fourmis vont accepter cela ?", "les banques centrales sont en échec", … il manque encore "l’euro est mort" ou "l’empire US est fini" pour compléter le tableau), mais faites de toute évidence une erreur en considérant que les banques centrales, en particulier la BCE, seraient maintenant "échec et mat" : la partie n’est (de loin) pas terminée, et les banques centrales, FED et BCE incluses, sont bien vivantes (dont très loin du "mat"), ont encore beaucoup d’atouts dans leurs mains, et ceux qui prendraient position contre elles n’ont pas fini de prendre des risques et d’en subir les conséquences.

Je n’ai jamais dit que les banques centrales étaient en échec, je voulais dire que la BCE était en échec et mat pour remonter ses taux et lutter contre l’inflation smile
La FED (et BoE, BOC par exemple) ont encore quelques marges de manœuvre, preuve en est le frein à main activé ces derniers temps via remontée des taux/QT.

La BCE, elle n’a même pas commencé à remonter ses taux que c’est déjà la panique sur les spreads et qu’elle annonce en urgence devoir in fine continuer le QE sur les dettes italiennes, grecques etc.

Je n’ai pas dit non plus qu’elle ne faisait rien, je pense au contraire qu’elles ont énormément de travail pour mener une politique monétaire qui doit fonctionner pour des pays aussi disparates et avec des niveaux records de dettes (Debt to GDP 193% en Grèce, 151% en Italie, plus de 100% pour 6 autres pays dont la France).

Mais pour lutter contre l’inflation (qui est un de ses mandats), elle me semble prise au piège et relativement impuissante (à part financer des chèques ceci et cela = monétiser toujours plus de dettes). En attendant, l’euro s’affaiblit toujours plus, l’inflation importée n’est pas contenue, et la BCE réduit ses marges de manœuvres pour lutter contre une future récession.


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1    #139 21/06/2022 13h55

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Flavius a écrit :

Les hausses de salaires ne se décrètent pas (contrairement à l’indexation des retraites). Et ma conviction est que les forces récessives qui se profilent très vite vont préempter des hausses de salaire qui engagent sur des années.

Les hausses de salaires ne se décrètent pas mais :
1. Le SMIC a augmenté de 3,5% sur le premier semestre 2022 et il concerne malgré tout 12% de l’emploi salarié (source)
2. Il y a de très fortes tensions dans de nombreux secteurs et l’une des variable d’ajustement pourrait être le salaire si le rapport de force est du côté des salariés (source)

Je suis d’accord que c’est contrebalancé par les perspectives de récession à venir.

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#140 22/06/2022 08h16

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Voici l’analyse intéressante de Robin Brooks (économiste en chef de l’IIF, ancien économiste au FMI et ancien stratégiste FX chez Goldman Sachs) sur le potentiel mécanisme anti-fragmentation, dont on ne sait il est vrai pas grand chose aujourd’hui.

Robin Brooks a écrit :

Let’s say the ECB’s new anti-fragmentation tool is used to cap periphery yields. Such a cap means periphery yields stay below where markets think they must be, so the ECB stays the only buyer of new issuance, as has been the case in recent years. A yield cap means QE infinity…

In the extreme, if the ECB were to announce a hard cap on periphery spreads, this could mean potentially unlimited QE of periphery debt. That would (a) violate the prohibition of monetary financing; (b) equate to a synthetic Eurobond, which is well beyond the ECB’s mandate…

This is why the new anti-fragmentation tool cannot be used to permanently cap spreads. It can only be used temporarily during market stress. This is why the current debate over "fragmentation" is so important. This question determines how "permanent" the new tool will be…

The wider you cast the net on what is "fragmentation," the higher the risk that the new anti-fragmentation tool looks like a permanent spreads cap, making it vulnerable to legal challenges in northern Europe. So a loose definition of "fragmentation" comes with lots of risks…

Une série de questions similaires a été posée par un euro-député espagnol.

Luis Garicano a écrit :

1) What framework will ECB use to differentiate true credit risk from "fragmentation"?
2) A past generation of europeans failed at keeping EU currencies fluctuating in bands, why will ECB succeed at doing same with asset prices?
3) If the ECB disagrees with the market view on the right price, wont the ECB end up being the only agent willing to buy peripheral debt?

Source 1

Source 2

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#141 22/06/2022 08h47

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Une remarque, qui est en fait une question!
En comparant les notes des pays de l’UE et les notes des états composant les USA, je n’ai pas l’impression que les notes américaines soient plus homogènes que les notes européennes. Pourquoi l’hétérogénéité inquiète en Europe et pas aux USA?

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2    #142 22/06/2022 10h29

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Bonjour,

Je ne suis pas expert dans le domaine mais il me semble que l’explication est la suivante: les US ont une mutualisation / des transferts des états prospères vers les moins prospères via le budget fédéral et les impôts associés, ce que l’Europe n’a pas (ou de façon bien plus alambiquée via les contributions au budget de l’UE et les subventions).

On voit difficilement la Californie ou le Texas faire sécession ou un Etat en défaut "sortir" des US (le Gvt fédéral interviendrait), alors qu’en cas de gros problèmes sur un membre de la zone Euro, le soutien des autres est plus difficile à obtenir (rappelez vous la Grèce), et le spectre de la sortie désordonnée d’un membre (cancre ou vertueux) et du retour aux monnaies nationales, plane à chaque épisode de tension.  Cela continuera je pense jusqu’à ce que l’Europe / la zone Euro devienne un état fédéral, mais on en est encore loin (si tant est que cela advienne un jour cf montée du populisme/extrèmes anti UE). Le fait que la carte de l’UE et de l’Euro ne se superposent pas, complique un peu les choses également.

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#143 22/06/2022 10h43

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Je ne suis pas expert dans le domaine non plus mais je partage cette analyse. Elle rejoint celle de Lyn Alden sur la situation européenne et justement la différence avec les USA.

Lyn Alden a écrit :

Well, the difference is that the US mostly has a shared fiscal union in addition to a shared monetary union, whereas Europe mostly does not have a shared fiscal union.

US states share most of the same retirement, entitlement, and defense systems. Residents of all states pay into Medicare and Social Security, as well as the US Armed Forces, which collectively constitute the vast majority of federal government spending. Citizens of the US are not citizens of any specific state; they can move freely around the country under what is mostly the same entitlement system. In contrast, these entitlement systems very much differ between European countries.

At the end of the day, it’s the debt difference due to this lack of fiscal union that matters. European countries had higher debt levels when they became a monetary union, and they’ve only gone up since then.

Here are the top five US states by GDP, in terms of their state debt as a percentage of state GDP.
- California: 5%
- Texas: 3%
- New York: 8%
- Florida: 3%
- Illinois: 7%

[…]

There’s a gaping difference in debt levels of US states and debt levels of European countries. In the US, public debt is mainly at the federal level rather than the state level, whereas in Europe, public debt is mainly held at the individual country level, and they don’t have individual central banks with unilateral base money creation ability.

In addition, commercial banks in Europe hold individual sovereign debt as a key part of their collateral. Meanwhile, commercial banks in New York, for example, don’t hold New York state debt as a key part of their collateral. They use Treasuries as their key collateral.

This shows how the situation is hardly comparable on this point. Most US states do not need debt monetization by the Fed to remain solvent.

The ECB is trapped. Here’s why

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2    #144 22/06/2022 12h59

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Nemesis a écrit :

extrèmes anti UE

Pourquoi associer le terme extrême et anti-UE ?
Il y a mille raisons tout à fait valables d’être anti-UE. Les suisses, les norvégiens sont-ils par essence des extrémistes ?
On pourrait tout aussi bien qualifier, et avec bien plus de raison, les pro-européens d’ extrémistes pro-Européens.
Les mots ne sont pas neutres et ressasser des formules toutes faites ad nauseam permet juste d’éviter  de faire l’effort de réfléchir.

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1    #145 22/06/2022 13h40

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Quelques nouvelles de la BOJ et de son contrôle de la courbe des taux :
- Le yen a perdu près de 25% par rapport au dollar en un an et atteint un plus bas de 24 ans (source)
- La BOJ détient désormais près de 50% de la dette japonaise, plus que toute autre banque centrale ; la BCE et la BOE sont autour de 37% tandis que la FED est autour de 30% (source)
- Elle a repris la tête des banques centrales (à la BNS) en ce qui concerne le ratio entre taille de bilan et PIB
- Elle a malgré tout du mal à garder le contrôle de sa courbe des taux sur les maturités au-delà de 10 ans (sur laquelle s’applique le cap à 0,25%)

Cela illustre le dilemme entre conserver une courbe des taux stable ou conserver une monnaie stable (dans un monde où les autres banques centrales, et la FED en premier lieu, ne sont plus dans une politique de QE et de contrôle des taux).

Il y a évidemment des différences entre le Japon et la zone euro mais est-ce que cela pourrait en partie préfigurer ce qu’il pourrait se passer avec le mécanisme anti-fragmentation de la BCE (qui consisterait à acheter la dette grecque, italienne & cie) ?

Zero hedge a écrit :

In fact, it will get so bad, that at some point not even the BOJ will be able to "control" yield curves, at which point it will face a dire choice: either unleash an unprecedented liquidity flood, or let the curve catch up to reality, both of which would be dire outcomes for Japan, and will set the scene for the MMT endgame as the country where unorthodox central bank policy was incubated over the past 40 years - Japan was the first country to do ZIRP, NIRP, QE and central bank equity buying - comes to a jarring, catastrophic end.



Dernière modification par Concerto (22/06/2022 17h29)

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#146 22/06/2022 13h53

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@Toufou:

Alors celle là je ne l’avais pas vue venir :-D

Il me semble - mais il est vrai que je n’ai aucune étude sociologique à portée de main à vous mettre en lien, c’est donc plutôt du ressenti / intuition / bon sens qu’autre chose - que les personnes plutôt "centristes" sont généralement favorables au statu quo (donc à l’UE), ou du moins s’en accomodent, là où les membres proches des extrêmes semblent plus insatisfaits de la situation actuelle, et accusent parfois l’UE, ses directives et sa politique (perte de souveraineté etc). Dans ce contexte il m’est difficile de les imaginer appeler à plus d’intégration européenne…

Mais j’admets que c’est un raccourci et peux concevoir qu’il vous dérange. Je suis désolé si votre sensibilité s’en trouve heurtée.

Le fait est que cela n’était pas du tout le "point" du post, et que vous relevez un détail.

Sans préjuger du fait que d’avantage d’intégration européenne soit une bonne ou une mauvaise chose, désirable ou non, le fait est que le chemin m’apparaît long et cahotique dans le contexte actuel, et plus délicat que dans "l’euphorie" des années 2000.

Il n’y avait pas de jugement de valeur de ma part, d’ailleurs je n’ai pas d’opinion très arrêtée sur le sujet, et ne souhaite pas en débattre sur un forum d’investisseurs par clavier interposé.

Parenthèse close en ce qui me concerne, afin de ne pas dérailler la file vers une discussion politique.

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#147 22/06/2022 14h04

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ENTP

Ca coute cher de shorter les bonds du gouvernement Japonnais ?

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#148 22/06/2022 15h25

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Aucune idée sûrement pas si simple mais vous pouvez vous mettre en négatif JPY sur IB et le coût de la marge est de 1.5% .

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#149 22/06/2022 15h25

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Concerto a écrit :

Une série de questions similaires a été posée par un euro-député espagnol.

Luis Garicano a écrit :

1) What framework will ECB use to differentiate true credit risk from "fragmentation"?
2) A past generation of europeans failed at keeping EU currencies fluctuating in bands, why will ECB succeed at doing same with asset prices?
3) If the ECB disagrees with the market view on the right price, wont the ECB end up being the only agent willing to buy peripheral debt?

Source 2

Je conseille à tous ceux qui sont intéressés par ces questions de regarder la vidéo en lien, c’est à dire l’échange entre le député et C. Lagarde. Elle me semble assez édifiante entre les questions techniques précises posées par ce député et les réponses politiques évasives de C. Lagarde. Au fond, la position de la BCE est à mon sens résumée par la déclaration suivante.

Christine Lagarde a écrit :

Anybody who doubts about this determination will be making a big mistake.

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#150 22/06/2022 16h10

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ENTP

Quand on les entend parler, tout est toujours free-meal , aucune conséquence, suffit d’être bien déterminé !

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