Dire que la BCE ne fait rien, c’est exagéré.
Le Quantitative Easing s’est achevé. Le TLTRO aussi (les prêts à taux bonifiés aux banques). Et la hausse de 25bp la semaine prochaine et 50 (ou 75)bp en septembre est acquise. Le Quantitative Tightening arrive.
l’économie américaine est en surchauffe sur le plan salarial, loin s’en faut en Europe. On verra ce que Ig Metall obtient à sa demande de 8%, et revaloriser les retraites et les fonctionnaires n’est pas une hirondelle qui annonce un printemps pour le secteur privé.
Il est donc normal que la Fed agisse plus vite plus fort. Surtout si la récession (technique ou durable) frappe avant tout l’Europe.
L’élargissement des spreads d’Etats resserre la politique monétaire quand l’italie passe de 100 à 200bp au dessus de l’Allemagne en 6 mois, et la France de 35 à 60bp.
Mais c’est largement contrebalancé par la chute de l’Euro qui importe de l’inflation.
la banque américaine JPM a publié ses anticipations d’inflation. Si le pic, surtout pour l’Europe n’est pas atteint (on y arrive pour les USA) un horizon d’un an suffit pour faire baisser fortement le taux (surtout aux USA): 2%. C’est bien dans cette perspective que j’ai commencé à acheter de l’obligataire ( la fameuse Rabobank, chouchou du forum) et reste en embuscade sur faiblesse. Le niveau des spreads actuels ( 600bp sur l’indice Xover high yield) traduit un scénario apocalyptique de 30% de défauts cumulés sur 5 ans. On est payé pour le risque, et l’inflation sur les 5 à 10 ans à venir, même en admettant qu’elle fût sous-estimée, restera très en deçà des rendements que cette classe d’actifs commence à offrir. Je vais faire travailler du cash à ce niveau.
Pour la gestion de devises (comme pour le reste) les opinions politiques (quelles qu’elles soient) sont mauvaises conseillères. Je ne vais pas vendre massivement de l’euro contre dollar à la parité. J’ai accumulé des USD au dessus de 1,20, il me semble raisonnable de commencer à m’alléger. Je me suis donné 4 ou 5 paliers de vente entre la parité (premier ticket hier) et 0,82 , le point bas de l’EuroDollar depuis qu’il existe. Acheter de l’Euro pour un français, c’est limiter son risque de change, en vendre c’est spéculer.
Les actions me semblent encore trop chères pour se repositionner, dans un contexte de taux bien plus hauts, de récession à venir et de suppression du fantastique stimulus quantitatif monétaire. Tout ce qui est au dessus de 25 fois les bénéfices est à risque.