Este59014 : pour la compréhension d’une langue, c’est sûr que l’âge compte, mais comme vous ne pouvez pas rajeunir… il va falloir faire avec.
Quelques facteurs qui jouent sur la compréhension :
- présence d’une langue régionale. Si, une fois sur deux, les gens vous parlent en valancien, ce n’est pas étonnant que vous ayez du mal à comprendre ! L’espagnol, ça n’existe pas, c’est le castillan, et tout le monde ne le parle pas, ou en tout cas pas tout le temps !
Les français ne comprennent pas bien ce phénomène de langue régionale car en France il n’y a quasiment pas de langue régionale que les gens parlent spontanément. Certes, en France, vous pouvez vous retrouver face à quelques mots de patois mais il est très rare que vous vous retrouviez devant une conversation que vous ne comprenez pas parce que les gens font toute la conversation en patois. Or, dans d’autres pays, la langue régionale est vraiment la langue maternelle, parlée tout le temps sauf quand on fait l’effort de parler la langue officielle. Dans votre cas, le catalan est très différent du castillan. De même, si vous avez appris l’allemand à l’école et que vous êtes en échec de compréhension en Bavière, ce n’est pas un problème avec l’allemand, c’est parce que vous êtes face à une langue locale qui est le bavarois, et qui est bien différente du "haut allemand" !
- le niveau d’éducation de votre interlocuteur. Les gens qui sont allés longtemps à l’école et/ou qui ont l’habitude de converser avec des étrangers font souvent plus attention à s’exprimer bien clairement, en particulier quand ils ont identifié que vous êtes étranger.
- la perte d’audition ! Dans la langue maternelle, on compense, mais dans une langue étrangère, la moindre perte d’audition peut fortement gêner la compréhension. Vous devriez aller faire un audiogramme si ce n’est déjà fait.
Après, la meilleure façon que je connais de progresser dans une langue, c’est de pratiquer dans le pays, de préférence de visu (avoir les expressions du visage, les gestes des mains etc ça aide beaucoup, alors qu’on est privé de ces indications lorsqu’on est au téléphone par exemple), et de préférence sur des choses très concrètes (du travail, une activité sportive ou culturelle…). Or, si les contacts avec les locaux se limitent à quelques mots échangés avec les commerçants, comme c’est souvent le cas quand on est touristes, ça ne suffit pas. Il vous faut donc pratiquer des activités communes avec les locaux, pour échanger longuement. (je n’ose pas dire que la toute meilleure façon d’apprendre, c’est de sortir avec une locutrice de cette langue ; votre femme ne serait sans doute pas d’accord. Et pourtant c’est vrai, j’ai testé. Ca marche dans presque toutes les langues, sauf le japonais, car les hommes et les femmes ne parlent pas exactement la même langue ; un homme qui apprend le japonais avec une femme va donc parler "comme une femme", et réciproquement une femme qui apprendrait le japonais en se calquant sur la façon de parler d’un homme japonais apprendrait à parler "comme un homme").
Après, il n’y a pas de miracle : quand on rencontre en France un immigré arrivé à l’âge adulte, il n’est pas rare qu’il ait du mal à maîtriser la langue française, et il garde souvent un fort accent. Vous êtes dans la même situation, inversée !
Sinon, je recopie ici (et complète) ma réponse à la question : comment faire pour qu’une langue étrangère n’en remplace pas une autre dans le cerveau (c’est à dire, par exemple, quand on parle davantage allemand, on n’arrive plus à trouver les mots en anglais, ils viennent en allemand) :
D’expérience, il y a une solution à votre problème : s’entraîner à switcher entre les langues. Si vous passez suffisamment de temps dans une ambiance où vous switchez constamment entre anglais, français et espagnol, (ou bien anglais, français, allemand), au bout d’un moment, votre cerveau saura passer de l’une à l’autre. Encore faut-il avoir l’occasion de cet entraînement bien sûr. Ca arrive si on participe à un congrès international, ou plus modestement qu’on se retrouve dans un endroit où résident des gens qui pratiquent ces trois langues et qu’on se retrouve donc à parler à l’un puis à l’autre en changeant de langue. Ca peut être aussi travailler dans une boîte où l’on parle allemand mais où les réunions, visio et appels téléphoniques se font en anglais. D’après mon expérience, au bout de 1 à 2 semaines de ce traitement-là, chaque langue se retrouve dans une case bien définie, et les confusions entre une langue et l’autre sont alors beaucoup moins nombreuses. On peut se créer cette situation artificiellement. Par exemple, si on décide de faire 20 minutes de langue tous les jours, faire 5 minutes d’anglais puis 5 minutes d’allemand puis 5 minutes d’anglais puis 5 minutes d’allemand vous apprendra à switcher. Alors que si vous faites 20 minutes d’anglais le lundi et 20 minutes d’allemand le mardi, ça n’aura pas le même effet.
Mon interprétation de ce phénomène est la suivante : si on ne parle qu’une langue étrangère à la fois, le cerveau se dit "je suis face à des étrangers, donc je dois parler étranger". Si on a l’habitude de parler allemand par exemple, c’est l’allemand qui viendra spontanément. L’anglais sera très rouillé, et les mots allemands viendront à la place.
Si on switche plusieurs fois par jour, le cerveau apprend à se dire "je suis face à des allemands, je dois parler allemand" puis "je suis face à des anglais, je dois parler anglais". Au lieu d’avoir une case "langue étrangère" où l’allemand et l’anglais ont tendance à se mélanger, on développe deux cases bien différentes, qui peuvent se déclencher de façon indépendante.
Dernière modification par Bernard2K (17/03/2023 19h36)