Par rapport à la tentative de définition du "besoin" immobilier des messages 890 à 894, il est à noter que l’Insee en a sa définition via une norme de peuplement des logements :
- une pièce de séjour pour le ménage ;
- une pièce pour chaque personne de référence d’une famille ;
- une pièce pour les personnes hors famille non célibataires ou les célibataires de 19 ans et plus ;
- et, pour les célibataires de moins de 19 ans :
- une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou ont moins de 7 ans ;
- sinon, une pièce par enfant.
"En 2013, en France, selon l’enquête nationale sur le logement, 22,7 % des ménages non étudiants vivent dans un logement en situation de peuplement normal, 67,6 % occupent des logements disposant d’au moins une pièce de plus par rapport à la situation de référence, tandis que 9,7 % vivent en situation de sur-peuplement. Pour ces derniers, le sur-peuplement est modéré pour les neuf dixièmes d’entre eux (il manque une pièce) et accentué pour les autres (il manque au moins deux pièces).
Le sur-peuplement concerne particulièrement les ménages habitant les grandes unités urbaines où le coût du logement est élevé. Dans l’unité urbaine de Paris, 17,9 % des ménages sont ainsi confrontés à un sur-peuplement modéré et 2,9 % à un sur-peuplement accentué. En lien, le sur-peuplement touche davantage l’habitat collectif que l’habitat individuel, les locataires que les propriétaires.
À l’inverse, le sous-peuplement est fréquent dans les petites unités urbaines où 80 % des ménages sont dans cette situation. La sous-occupation du logement est la norme chez les propriétaires (86 % des cas), tandis qu’elle ne concerne que 44 % des locataires. La sous-occupation très accentuée (au moins trois pièces de plus par rapport à la situation de référence) est aussi liée à la propriété : parmi les 23,3 % de ménages dans cette situation, plus de 9 sur 10 sont propriétaires."
Sur- et sous-peuplement des logements | Chiffres clés du logement 2022
86 % des propriétaires vivent donc dans un logement "trop grand".
La surface par personne dans les résidences principales tourne autour de 30 m² pour tous les âges de la personne de référence jusqu’à 50 ans, puis explose à 45 entre 50 et 64 ans et 60 au-delà. Y a-t-il davantage de besoins par personne ? Non, juste la flemme de déménager alors que les enfants ont quitté le foyer, et puis "ça ne mange pas de pain d’avoir trop grand, c’est un investissement, ça prend de la valeur que je pourrai transmettre".
https://www.insee.fr/fr/statistiques/fi … 2_F6.2.pdf
Tous âges confondus la moyenne est de 40 m² par personne, mais il ne s’agit que des résidences principales. En faisant une règle proportionnelle avec les résidences secondaires, occasionnelles et les logements vacants (non couverts par l’enquête logement), on arrive à 50 m² disponibles par personne. Il est donc parfaitement injustifié de dire que le besoin en logements n’est pas couvert dans ce pays : la répartition est seulement inégale, mais on pourrait en dire tout autant pour l’argent, le savoir ou n’importe quoi d’autre.
Même dans les métropoles je ne vois pas de pénurie de logements : 31 m² par tête dans l’agglo parisienne. En gros le Parisien moyen a autant de place que le Français de moins de 50 ans : il n’y a que peu de retraités habitant des maisons surdimensionnées dans l’agglo parisienne, cela fait l’essentiel de la différence.
Le "besoin de logements neufs" est une idéologie plus qu’une réalité concrète. Sans la drogue des taux bas et des aides publiques, je ne vois pas comment la demande peut tenir. La démographie ne sera pas d’un grand secours non plus, avec la fécondité qui baisse, et le papy-boom qui nécessite plutôt de petites surfaces bien aménagées que les grandes maisons des jeunes retraités.
Je ne vois pas l’Etat intervenir. L’effort va dans des dispositifs de type MaPrimeRenov, et cela me semble une bonne chose. C’est tout aussi profitable aux artisans que de soutenir la construction neuve. Ce l’est moins pour les promoteurs endettés et les agents immobiliers, mais le Français médian ne versera pas une larme pour autant. Quant aux ressources fiscales pour lesquels certains s’inquiètent, rassurez-vous : l’Etat a l’embarras du choix pour en trouver de nouvelles à chaque loi de finance. On peut encore multiplier par 3 ou 4 la taxation des résidences secondaires (lits froids qui n’apportent pas grand-chose à l’économie) ; on peut aligner la fiscalité des SCPI européennes sur les françaises ; supprimer l’avantage successoral de l’assurance-vie lorsque le décès survient au-delà de l’âge moyen ; taxer les dividendes des entreprises les plus carbonées ; etc, l’imagination ne manquera pas.
p.s. HS : MisterVix le communisme ce n’est pas que Staline et Mao. La France de 1946-49, qui est un modèle de consommation à peu près soutenable, était à dominante communiste : banques, assurances, transports, énergies et nombreuses industries nationalisés ; parti communiste en 1re position ; rationnement de la nourriture ; prix et salaires administrés… le tout sans massacre. Le 1er article de la constitution actuelle dispose toujours que "La France est une république sociale".
Dans un monde où tout est en surabondance, les inégalités sont acceptables, car même 1000 fois moins riche que d’autres, chacun a de quoi vivre correctement (je parle des pays occidentaux). Dans un monde à ressources rares, seul le partage est acceptable, sauf si vous arrivez à en rendre certains suffisamment stupides pour accepter un état de dénuement total pour que d’autres puissent se goinfrer. Une telle chose était possible au Moyen-âge grâce à la religion et à l’absence d’éducation. Le problème c’est que la plupart des vivants de 2050 sont déjà nés et qu’ils ne sont ni analphabètes ni impressionnés par la puissance divine.
Il faut donc vous attendre a davantage d’égalitarisme : ce n’est ni un souhait ni une idéologie, mais la réalité physique, biologique, climatique, énergétique, hydrique, agricole, etc, et la réalité psychique d’une espèce humaine incapable d’anticiper un problème à moyen terme qui devra gérer une pénurie chaotique plutôt que bien préparée en amont. Croire dans la sauvegarde de vos petites libertés de consommateur (à supposer que l’on puisse appeler "liberté" ce qui résulte d’injonctions sociales et de formatage marketing), c’est croire au père Noël. "Profitez" tant que vous le pouvez, car la fête est bientôt terminée, si tant est que l’on puisse considérer ce délire consumériste comme une fête.