2 #1 02/10/2010 19h00
- parisien
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Je précise d’emblée que je préfère généralement les trackers aux fonds gérés de manière active.
Car ces derniers ont des frais annuels 2 à 10 fois plus élevés (ce qui crée une ponction énorme au bout de plusieurs années) et ils arrivent rarement à battre leurs indices, alors que les trackers suivent en général assez bien leurs indices, avec un écart négatif dû gross modo aux frais de gestion.
Pour autant, les trackers commercialisés en France ont trois principaux défauts:
- leurs frais de gestion annuels, même généralement assez faibles, restent bien plus élevés que les trackers proposés aux Etats-Unis. Dans ce dernier pays, les trackers sur les indices parmi les plus courants (S&P 500, MSCI Europe, MSCI Monde, etc.) ont des frais de 0.08% à 0.18% par an, notamment chez Vanguard, alors qu’en France, les trackers équivalents, même en choisissant les prestataires les moins chers (généralement Amundi ex-Crédit agricole et dbx) on paie 0.20% à 0.45%. L’écart est encore plus grand pour les indices plus exotiques. En cause, le fait que le marché US est moins fragmenté et plus concurrentiel que le marché européen
- la faible transparence: la majorité des trackers (sauf ceux de iShare, qui ont d’autres défauts par ailleurs) répliquent synthétiquement l’indice, c’est-à-dire via un swap, et ne le répliquent pas physiquement, c’est-à-dire en détenant les actions figurant dans l’indice. Fort bien. Après tout, la réplication physique est plus coûteuse, et parfois moins efficace, notamment quand des actions entrent ou sortent de cet indice. Mais le problème de ce genre de swap est qu’on ne sait pas avec quelle banque exactement le swap est passé (et donc quel est le risque de contrepartie), quel est exactement le collateral censé baisser ce risque, et quelle rémunération directe ou indirecte verse le tracker (et donc en définitive vous, porteur de ce tracker) à la banque contrepartie. Cette rémunération peut d’ailleurs être en définitive plus élevée que les modestes frais de gestion que le tracker met en avant pour vous séduire, en vous trompant donc si le swap est coûteux et si la notice du tracker tait ce point
- le traitement fiscal des dividendes versés par les sociétés contenues dans l’indice: opacité totale. J’ai interrogé à plusieurs reprises par exemple des très hauts responsables d’Amundi et de Lyxor. Eux-mêmes ne savaient pas ou prétendaient ne pas savoir, ce qui n’est guère rassurant.
Prenons un exemple: Amundi ETF Real Estate REIT IEIF.
L’indice de ce tracker comprend les plus grandes foncières (SIIC) européennes, soit pour les deux tiers (en market cap) des françaises comme Unibail Rodamco ou des britanniques.
Si j’investis en direct dans ces foncières (possible, car il n’y a au total que 22 sociétés, de mémoire), je sais que je toucherai (sur mon PEA) 100% en net des dividendes des françaises et 90% en net des dividendes des britanniques, 10% étant dans ce dernier cas retenus à la source en UK.
Qu’en est-il pour le tracker? Touche-t-il en net via son swap, 100%, 90% ou beaucoup moins des dividendes brutes de ces foncières?
S’il ne touche que 65%, comme un responsable d’Amundi me l’a affirmé verbalement un peu vite, la déperdition serait de:
(95% - 65%) x 5.5%, soit 1,65% par an
(95% est le dividende net que j’aurais touché si je détenais les foncières en direct, moyenné entre 100% pour les françaises et 90% pour les britanniques, 5,5% étant le rendement moyen de ces foncières = ratio dividende brut sur cours)
1,65% par an de déperdition serait colossal, et je préfère croire que c’est faux. Mais même moité moins resterait prohibitif et détruirait la prétention d’Amundi de proposer un tracker à faible frais annuels.
Conclusion: ce point sur les dividendes est d’autant plus important que le rendement moyen des sociétés sous-jacentes de l’indice est élevé. Evitez donc les trackers "High Dividend" ou "Real estate" et investissez plutôt en direct, quand c’est possible.
Mots-clés : avantage, etf, inconvénient, physique, réplication synthétique, tracker
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