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5 #1 04/05/2022 20h59
- Jbpv
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Jusqu’à présent je postais mon point de vue sur Beneteau sur le fil consacré à Catana.
Je pense maintenant que Beneteau mérite un fil à lui tout seul.
Ce chantier a presque 140 ans d’âge et est sans doute un des plus anciens chantiers navals au monde à majorité familiale.
A - Historique familial
Les générations de Beneteau qui se sont succédées à la tête de ce chantier sont les suivantes:
1 - De 1884 à 1928 : Benjamin Beneteau (1859 / 1928), le fondateur, bateaux de pêche en bois
2 - De 1928 à 1964: André Beneteau, (1907 / 1964), le fils unique du fondateur qui reprend à 21 ans les rênes du chantier avant de décéder en 1964
3 - Depuis 1964:
Annette Roux-Beneteau, André Beneteau (même prénom que son père, l’architecte des pêche-promenades en polyester et des voiliers jusqu’aux "Evasion" et les vedettes "Antares") et Yvon Beneteau soit trois des cinq enfants, jusqu’au décès d’André et à la sortie d’Yvon de la holding familiale en 09/2018.
La quatrième et la cinquième génération des Beneteau, depuis la création de chantier n’ont jamais assumé la Direction Opérationnelle du Groupe depuis le retrait d’Annette Roux surnommée "la reine mère".
Du point de vue patrimonial, la situation est la suivante: André Beneteau (père, né en 1907) a eu cinq enfants:
- André Beneteau (15/09/1934 / 1999), l’architecte des premiers voiliers de plaisance, jusqu’au First 30, marié à Marie Renaud (12/09/1935 / -).
Ils ont eu deux enfants Michèle Beneteau épouse Violleu (18/05/1957 / -) et André-Patrick Beneteau (07/04/1959 / -).
- Annette Beneteau (04/08/1942 / -), épouse de Louis-Claude Roux décédé en 1994.
Ils ont eu deux enfants: Anne-Claude Roux (1976 / -) contrôleur de gestion à la holding familiale BERI21 et Louis-Claude Roux (15/06/1982 / -) Président du Directoire de la holding BERI 21 et Vice Président du CS ou du CA (selon la structure) de Beneteau
- Ginette Beneteau épouse Gourlay, ( 15/08/1946 / ?), mariée à Lionel Gourlay
- Yvon Beneteau (20/06/1950 / -), marié à EliZabeth Thaillard (10/09/1953 / -), quatre enfants Benjamin Beneteau (24/04/1979 / -), Jonathan, Simon et Emmanuelle
- Maryse Beneteau épouse Dupé, (09/05/1955 / -), mariée à Luc Dupé, censeur au CA de BEN, ils ont eu deux enfants: Dupé Aurélien (02/1980 / -), Dupé Estève (01/1981 / -), tous deux membres du CS de BERI 21.
La holding familiale BERI 21 regroupe les parts des membres de la famille Beneteau (45 millions de titres, 54,36% du K de BEN).
A noter une autre holding BERI 210 possède 3,13 millions de titres soit 3,78% du K de BEN.
Après le décès de son mari, Madame Annette ROUX et ses deux enfants ont apporté l’héritage (une grosse quincaillerie industrielle) à la structure familiale, ce qui a permis à sa branche de commencer à prendre l’ascendant sur les autres.
BPI France a pris en 2008 2,51% du K de BEN et un pourcentage non révélé de BERI 21.
Deux branches sur cinq des héritiers sont sorties de la holding familiale BERI 21:
- la branche Ginette Beneteau-Gourlay en 2002
- la branche Yvon Beneteau en 09/2018 dont les parts dans BERI 21 ont été rachetées en partie par la branche Annette Roux-Beneteau et en partie par BPI France.
Une cession de 20% en 2018 (25/09/2018 communiqué BPI France) pour un montant de 47M€, voir page 13 du rapport annuel 2018 de BPI France a bien été présenté par Mme Annette ROUX comme la sortie "d’une branche minoritaire" rachetée par BPI ET la branche majoritaire. Elle s’est accompagnée en 2019 de la nomination d’un représentant de BPI (Sébastien Moynot) au Conseil de Surveillance de BEN.
20% de BERI 21 correspond à 11% environ de BEN, donc l’investissement de 47M€ de la BPI peut correspondre à environ la moitié des 20% cédés, selon la valorisation (faible) de BEN à l’époque.
Le site "www.pappers.fr" compile les différents actes de la vie de BERI 21 et aide à bien tout comprendre.
Le 02/08/21 Challenges indiquait que "la famille fondatrice possédait un peu plus d’un tiers du Groupe au 1,1 milliard de CA pour une valeur qui était passée de 210M€ en 2020 à 410M€ en 2021", mais la distinction entre la famille d’Annette Roux et la famille Beneteau est à géométrie variable selon les années ….
Un peu plus d’un tiers peut correspondre à une détention de 60 à 70% de (BERI 21 =54,36% + BERI 210 =3,78%) de BEN et 210 puis 410M€ à l’évolution de la valorisation de BEN entre 2020 et 2021.
BPI détiendrait au moins 10% de la holding familiale BERI 21, soit de 5 à 10% (?) au total de BEN, en ajoutant sa détention de 2,51% en direct.
Le dernier INPI du 01/05/2022 précise les dirigeants du CS et du Directoire de BERI21, on y retrouve:
- la branche Annette Beneteau,
- la branche André Bénéteau (les 2 enfants Michèle et André-Patrick),
- la branche Maryse Beneteau (famille Dupé, les deux enfants Aurélien et Estève).
Le capital de BERI 21 est détenu à 60,68% par la branche Annette Roux usufruitière et ses deux enfants nue propriétaires, ce pourcentage recoupe bien la valorisation de Challenges.
une minorité d’environ 30% est, par différence, détenue par les deux autres branches de la famille et environ 10% par BPI France.
Le futur patrimonial de BEN est totalement entre les mains de Madame Annette Roux, 80 ans le 4 août 2022.
B - Historique industriel
1 - Le décollage des chantiers Beneteau a été la conversion de la construction en bois vers celle en polyester en 1964. Beneteau avait d’ailleurs été précédé dans cette mutation par les américains, en Vendée par les chantiers Jeanneau et Kirié dès 1959 et par Jouët en 1962 avec le Golif.
Le second élément a été la bonne facture des pêche promenades puis de la série des voiliers "Evasion" et des vedettes de pêche "Antarès" dessinés par André Beneteau l’architecte maison et frère d’Annette Beneteau, bien qu’à la même époque Jeanneau commercialisait déjà la série des Love love, Sangria, Poker et Folie Douce, des voiliers plus "modernes".
La France surfait alors sur la fin des 30 glorieuses et la plaisance décollait à la suite des succès en course de Tabarly.
2 - En 1976, l’excellent bateau de course "L’Impensable" de l’architecte naval André Mauric est devenu le First 30, premier voilier "sportif" commercialisé pour les plaisanciers et le recours à des professionnels extérieurs aux chantiers navals est alors devenu la norme pour le dessin des coques des voiliers mais aussi pour le design général (Stark, Pininfarina, chez Beneteau, par exemple)
3 - les années 80 seront des années contrastées avec le développement de voiliers dédiés aux sociétés naissantes de location, dont la série des "Idylle" ancètre des "Océanis" actuels.
Mais la création aux US d’une usine en Caroline a pris plus de temps que prévu et en 1987 les coques sont victimes d’une osmose très précoce due à la mauvaise qualité des produits d’un fournisseur.
4 - En 1995, un coup de maître a été le rachat à la barre du Tribunal de Commerce de La Roche-sur-Yon de l’éternel concurrent Jeanneau, de même taille, au bord de la faillite, à la barbe de Dufour et de son PDG Poncin (l’actuel actionnaire principal de Catana, le monde est petit) et de Zodiac.
A cette occasion Bruno Cathelinais, le Directeur financier de Beneteau, futur DG puis Président du Directoire a joué un rôle clé au côté de la famille Beneteau.
Beneteau devient alors le leader mondial des voiliers de plaisance.
5 - L’expansion s’est ensuite faite en partie par de bonnes décisions de rachat d’autres chantiers mais certaines ont été plus douteuses, comme celle de Wauquiez en France ou même plus récemment Rec Boat aux US, sans parler de Monte Carlo Yachts dont sa pédégère a été démise brutalement de ses fonctions en 2018, après la découverte d’importantes pertes…
6 - Au total le parcours industriel De Beneteau a été loin d’être un long fleuve tranquille.
Il a été le cadre de plus de réussites que d’échecs dans un marché de la plaisance très cyclique, jalonné de nombreuses crises (1996, 2008, 2020) et de la disparition de la plupart de ses différents acteurs durant les 30 dernières années (qui se souvient des Chassiron, des Edel, des Jouët, des Kirié, etc.. pour ne parler que de chantiers français, d’autres ne survivant que dans des marchés de niche comme Alubat ou Amel, etc…).
C - Historique managérial
Jusqu’au milieu des années 90, Annette Roux, secondée par ses deux frères André et Yvon et conseillée par son mari a dirigé le chantier.
Mais son mari décède en 1994, André en 1999 et Yvon s’est éloigné pour finalement quitter la holding familiale en 2018.
Le tournant a été pris en 1996 quand le Directeur Financier Bruno Cathelinais est nommé DG puis Président du Directoire en 2005 … avant d’être viré en 2015.
D’aucuns on dit qu’il prétendait "Devenir Calife à la place du Calife".
A ce cadre Sup de Co Nantes, succède un Essec, Sciences Po et ENA, Hervé Gastinel qui avait occupé la Direction de Terreal, filiale de Saint Gobain avant d’être remercié par le groupe des nouveaux investisseurs de cette société.
Las, il est viré quatre ans plus tard, en juin 2019, les résultats médiocres qui se profilent et l’affaire Monte Carlo Yachts n’étant sans doute pas étrangers à ce départ.
Lui succède Jérôme de Metz, un financier pragmatique et ami de longue date de la famille qui est la cheville ouvrière du redressement de Beneteau en 2021 et des probables excellents résultats à venir en 2022.
A noter que peu de temps après son arrivée, de Metz a viré le DAF de l’époque Gastinel, Christophe Caudrelier.
Le reste (retraite de Jérôme de Metz en juin prochain, nouvelle structure, etc…) est connu.
D - Conclusion personnelle
Aucun des héritiers de la quatrième génération (dont les enfants de madame Annette Roux qui peut à elle seule décider du sort de l’entreprise, usufruitière de plus de 60% de BERI 21 qui est actionnaire à 54% de Beneteau) n’a été en mesure ou n’a eu envie de reprendre la Direction Générale opérationnelle de cette entreprise.
Le parcours industriel a été mouvementé et Beneteau qui a failli couler plusieurs fois, a toujours surnagé avant de devenir un des leaders mondiaux du marché, encore en mutation, de la Plaisance.
Je pense que le nouvel épisode faste des années 2021 et 2022 offre une opportunité de vente de l’entreprise dans de bonnes conditions.
Les récentes annonces d’évolution de la gouvernance et l’attribution d’actions gratuites conditionnelles vont également dans ce sens:
La société avait racheté environ 1.248.000 actions en 2019 et 2020 autour du plus bas, 6 à 10€, elle a attribué 1.241.400 actions gratuites en 03/2021 aux cadres et dirigeants avec des CONDITIONS liées aux résultats 2022 ET A L’EVOLUTION DU COURS DE BOURSE par rapport à un panel de 6 autres concurrents, ce qui n’a jamais été fait dans le passé, pour le dernier point. Le calcul donnant le nombre définitif attribué sera effectué après la clôture des comptes 2022, soit le 15/03/2023.
Il a été attribué 226.000 gratuites à de Metz (qui va prendre sa retraite), 100.000 à Chapeleau qui part également à la retraite et 170.000 à Girotti (DG délégué, mandataire social donc on en connait le nombre, voir page 162 du rapport annuel 2021).
On ne connait pas l’attribution au nouveau DG délégué Thivoyon (qui n’est pas (encore) mandataire social).
Et le reste, c’est à dire environ 600.000 à d’autres membres du personnel.
Le nombre attribué à de Metz est exceptionnel, mais Comme la famille ne possède que 54% du K, il est plus économique pour elle de lui accorder des actions de BEN plutôt que des actions de la holding familiale BERI 21 (dont de Metz est cependant un modeste actionnaire et censeur).
Il est curieux de constater que ces attributions pour de Metz et Chapeleau ne sont pas liées à des conditions de présence à fin 2022, mais partir en retraite n’est pas être viré !
A noter cependant que si l’âge légal est 62 ans, les cadres BEN peuvent rester jusqu’à 65 ans dans l’entreprise (Metz aura 63 ans en 06/2022 et Chapeleau 65).
A noter aussi que la nouvelle structure: poste de Président et Poste de DG dissociés est mentionnée dans le rapport annuel 2021 et le salaire de l’ex nouveau Président Lyon-Caen (72 ans, l’ami de 30 ans de la famille) est également prévu (350.000€ / an, voir page 164), le rapport annuel et le communiqué concernant la nouvelle gouvernance se complètent parfaitement.
E - Une vente donc une OPA, à qui et à quel prix ?
A qui ?
Vaste question: les concurrents français Fountaine Pajot et Catana me semblent trop petits et insuffisamment structurés pour prétendre reprendre une telle entreprise.
A l’étranger, le groupe américain Brunswick, beaucoup plus gros et profitable que Beneteau aurait les moyens d’un tel rachat.
C’est un fournisseur de BEN (moteurs entre autres) et il est plus spécialisé dans le marché des bateaux à moteur (ses marques connues en France sont Bayliner, Cresliner, Boston Whaler, moteurs Mercury, …).
En France, une société comme Trigano pourrait être au moins intéressée par la division "Habitat de loisirs" de BEN (15% de l’ensemble de l’activité)
A quel prix ?
Le marché de la Plaisance reste cyclique, donc le PER à un instant T ne me semble pas un très bon indicateur.
Historiquement, dans les cinq dernières années, le PH a été de plus de 23€ en 01/2018 et le PB autour de 6€ au début de la crise du covid en 03/2020.
Les chiffres des années 2016/2017 et 2017/2018 ont été voisins:
CA de 1200 à 1290M€
EBITDA de 153M€
RN de 61M€
La valorisation boursière maximum de 1900M€ en 01/2018, soit 12,5 fois l’EBITDA et 31 fois le RN est pour moi suspecte: elle correspond à la période de sortie du fonds américain Franklin qui vendait après avoir acheté jusqu’à 15% du K de BEN, soit plus de 30% du flottant.
Les chiffres de 2021 sont:
CA de 1227M€ (donc stabilité par rapport aux deux années ci-dessus)
EBITDA de 182M€
RN de 73M€
La valorisation actuelle de 1000M€ (cours de 12,5€) soit 5,5 fois l’EBITDA et 13 fois le RN, sans parler d’une trésorerie nette de 222M€ au 31/12/2021 est clairement très basse, compte tenu également des perspectives 2022 réitérées par l’entreprise.
=> Le dossier est attractif, on peut viser au moins 16€ sans OPA et au moins 20€ en cas d’OPA.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
Dernière modification par Jbpv (05/05/2022 10h45)
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3 #2 05/05/2022 13h11
- Jbpv
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Beaucoup de questions de la part de Kiwijuice je vais essayer d’y répondre, au moins partiellement
Tout d’abord une information personnelle:
Je pense bien connaître le marché de la plaisance en temps que plaisancier depuis 1975, six voiliers successivement achetés, les deux derniers de 14m et le dernier, acheté neuf au moment de la crise de 2008.
Quatre d’entre eux ont été des Jeanneau, un a été un bateau en bois (que je n’aurais jamais dû vendre, la petite série est devenue une collection !) et un a été un Dufour.
Par contre, même si j’ai visité deux chantiers en France, je ne suis pas un professionnel de ce secteur.
- "les bateaux s’arrachent, le DSO": oui et je pense qu’il ne faut pas s’inquiéter de l’augmentation du prix de revient des bateaux, les constructeurs ajustent leurs tarifs plusieurs fois par an.
L’attitude des consommateurs est la suivante:
- est-ce que j’achète un bateau ?
- si oui, neuf ou occasion (la durée de vie est de 30 à 40 ans et donc le CA de l’occasion par les professionnels est environ 3 fois celui du CA neuf, les prix de l’occasion suivent l’évolution du prix du neuf),
- si neuf, après une première sélection, l’acheteur va comparer les modèles équivalents dans les différentes marques de même qualité perçue, donc si toutes les marques "équivalentes" augmentent leurs prix de façon similaire (ce qui est le cas), les marges sont préservées.
- pour les frais généraux plus élevés que la concurrence: joker, quand à l’évolution générale du CA de BEN et la qualité de sa gestion je vous renvoie à mon post:
"Le parcours industriel a été mouvementé et Beneteau qui a failli couler plusieurs fois, a toujours surnagé avant de devenir un des leaders mondiaux du marché, encore en mutation, de la Plaisance.""
Je dirais que Beneteau s’est débrouillé moins mal que beaucoup de ses concurrents, ceux qui ont fait faillite ou été rachetés à vil prix (Jeanneau en France, les voiliers insubmersibles Etap en Belgique, … ou des chantiers à l’étranger comme Bavaria en Allemagne, Cantiere del Pardo en Italie, etc…).
- positionnement généraliste: je connais beaucoup mieux la concurrence dans le domaine des voiliers que dans celui des bateaux à moteur:
Il y a une différence de qualité entre des constructeurs généralistes (par exemple les voiliers Beneteau, Jeanneau, Dufour, Hanse, …) et leurs concurrents "haut de gamme" comme X-Yachts (voiliers sportifs et de course) ou Swan ou Amel (voiliers de luxe) par exemple, mais à taille équivalente ces derniers sont trois fois plus chers et je pense que les différences de qualité (perçue et réelle) ont beaucoup diminué en 20 ans.
Le positionnement "luxe" ne peut donc être qu’une niche en volume, mais Ferrari est très rentable …
Il est exact que ALFPC arrive à vendre ses catamarans de qualité beaucoup plus cher que les Lagoon de Beneteau et surtout les Bali de Catana, mais Fountaine a racheté le chantier Dufour dont les monocoques sont en concurrence (prix et qualité) avec ceux de Beneteau.
- réduction des coûts de production chez Beneteau: OUI et enfin!
Comme pour l’industrie automobile (plateformes et moteurs communs aux différentes marques d’un même groupe), Beneteau est enfin passé d’une construction par marques à une construction par tailles, les plus petites étant confiées à des usines à l’étranger à la main d’oeuvre moins cher ou abandonnées, etc …
- coques, pièces, équipements, finitions, etc…
Certains moules de coque sont communs: un bateau que se soit un voilier ou une vedette est construit de la même façon:
une coque vide, sortie du moule reçoit un contre moule structurel et de finition puis tout son équipement (moteur, menuiserie, …) et le pont lui aussi contre moulé à part vient ensuite fermer l’ensemble comme le couvercle "d’une boîte de sardines", quelques vis Parker, du joint silicone en abondance et des reprises de tissus de verre aux endroits critiques, c’est très propre et ça tient (dans 99% des cas !) (*).
Les moteurs et sail drives sont achetés à des fournisseurs (Volvo, Yanmar, Cummins, Man, Caterpillar, Evinrude, Mercury, Yamaha, Suzuki, etc …), beaucoup d’américains, des japonais, quelques italiens, aucun français (Renault Marine et Goïot ont arrêté leurs productions depuis longtemps).
A noter que le prix de la motorisation est une part très importante des bateaux à moteur, Beneteau est un gros client du leader mondial américain de la Plaisance Brunswick.
De même les mats et le haubanage (fournisseurs français en Vendée), les voiles, les winchs, les barres à roue, l’équipement électronique proviennent de fournisseurs spécialistes, les lests en fonte également (fonderies spécialisées), etc…
La menuiserie est fabriquée en interne ou sous traitée. Comme pour les tableaux de bord des voitures elles sont différentes d’un modèle à l’autre, mais on commence (enfin) à trouver depuis quelques années les mêmes poignées, boutons, … transversalement d’une marque à l’autre d’un même Groupe.
Je pense donc que si l’industrialisation a fait des progrès, il reste encore du gras … mais les plus gros défis sont sans doute ailleurs (croissance en part de marché du moteur par rapport à la voile, montée en puissance de la location, industrialisation ? du reconditionnement ? et de la déconstruction ?, etc…)
Concernant Beneteau, je pense que les planètes sont alignées et que l’on a commencé en 2021 un nouvel épisode faste qui se double (voir mon premier post) d’une possibilité d’évolution capitalistique.
Edit du 06/05
(*) les techniques de construction ont fait d’énormes progrès entre les années 70 à 90 et maintenant:
- On est passé d’une coque moulée avec varangues intégrées à une structure moule et contre moule collés l’un à l’autre donc d’une coque "simple" mais épaisse sur laquelle était collé un cache misère / tissu moussé de finition à une coque "double" plus légère et plus rigide, dessinée et calculée avec des outils de type Catia (Dassault), soit la même évolution que dans les années 30 dans l’automobile: passage d’un châssis plus carrosserie boulonnée dessus à une coque autoporteuse.
- Il en est de même pour les superstructures.
- quant aux moteurs, l’évolution est claire pour les vedettes: abandon des moteurs inboard essence (danger d’explosion), recul des diesels lourds et coûteux, montée en puissance des nouveaux hors bords 4 temps, légers, économiques et faciles à entretenir ou à remplacer.
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Dernière modification par Jbpv (06/05/2022 13h48)
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1 #3 11/05/2022 19h23
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Beneteau a publié son CA T1 2022 (317 ME), en hausse de 8.9% à taux de change constant par rapport à la même période un an plus tôt et de 10.6% en données publiées.
L’activité est portée aussi bien par le pôle Bateau (+5,3% à tcc, à 238.5 ME) que par l’Habitat (+21.4% à tcc, à 78.5 ME).
MAIS si l’habitat a retrouvé son niveau d’activité par rapport à 2020, ce n’est pas encore le cas pour les bateaux (297,5M€ au T1 2020). edit du 12/05 à 9h17: soit encore -20% par rapport au T1 2020, malgré un effet $ favorable.
Beneteau souligne que si l’année 2022 est marquée par ’la qualité des commandes et la réussite commerciale des produits’, est aussi celle des tensions sur les approvisionnements qui brident la croissance.
"La qualité des commandes" doit faire référence aux ventes aux particuliers dans de meilleures conditions de marge que celles aux loueurs qui ne progressent que de 2,9% et à la répercussion sur les ventes aux particuliers de l’évolution des prix de vente en fonction des hausses des prix de revient.
Un carnet de commandes plein jusqu’à fin 2023 permet d’imposer ces hausses !
Le groupe maintient ses perspectives 2022 de chiffres d’affaires et de résultat opérationnel courant, soit un CA attendu en croissance de 11 à 14% en données publiées et un ROC attendu entre 110 et 120 M€.
Je pense que la bonne nouvelle pourrait venir du ROC.
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Dernière modification par Jbpv (12/05/2022 09h18)
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1 #4 20/05/2022 16h04
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Nouvelles réflexions concernant Beneteau
A - Le journal Investir a cru intelligent de présenter de façon humoristique, mais à mon avis erroné, les derniers évènements concernant Beneteau:
1 - L’annonce que le PDG Jérôme de Metz allait prendre sa retraite devient:
Investir
Les précédents départs de PDG ou Président du Directoire ont toujours été clairs:
07/2015 Licenciement de Bruno Cathelinais qui "exigeait" de continuer à pouvoir exercer son mandat, bien qu’atteint par la limite d’âge et ne préparait pas sa succession. Il immédiatement été remplacé par Hervé Gastinel,
06/2019 Licenciement de Hervé Gastinel, immédiatement remplacé par Jérôme de Metz qui cumule alors les deux postes de Président et de DG,
Dans le cas présent, l’annonce de la prochaine retraite de de Metz s’est accompagnée de louanges de la part de la Société …. et de confortables attributions d’actions gratuites (226.000).
Par ailleurs la nouvelle structure prévue, le futur Président du Conseil de Surveillance Lyon-Caen 72 ans (le retour !) et la promotion des deux adjoints de de Metz, un financier récent dans l’entreprise Bruno Thiroyon et le Directeur de la stratégie marques Gianguido Girotti donne clairement l’impression d’une solution d’attente, d’autant qu’un autre pilier de l’entreprise Chapeleau, 65 ans prend également sa retraite en juin …. avec attribution de 100.000 actions gratuites.
Cette évolution de gouvernance n’est pas une "mutinerie" mais un processus qui pourrait s’expliquer (voir plus loin).
2 - Le même Investir écrit au sujet de la parution du T1 2022 (un peu léger à +10%, le référentiel T1 2021 était très bas du fait d’une cyberattaque ayant alors perturbée le T1 2021):
Investir
Le nombre de bateaux presque terminés est de l’ordre de 600 ce qui est considérable (problèmes récurrents de manques de composants) mais n’affecte pas le carnet de commande qui est plein jusqu’à fin 2023.
Rappelons que le mode de comptabilisation du CA a changé et le CA n’est maintenant enregistré qu’après la livraison et non au fur et à mesure des paiements par les clients et à la mise à disposition en usine du produit fini.
Rappelons aussi que le prix du bateau pour le client est celui du catalogue à la date de livraison et que des hausses de l’ordre de +15% en moins d’un an sont en cours …. les "retards" ont peut être une autre explication ?
3 - Le 14/05, toujours dans la même veine sur la forme, Investir modère son jugement avec un objectif de 15€:
Investir
=> Tout ça est un peu superficiel
B - Evolutions récentes du cours de l’action:
Depuis début 01/2022 et des PH autour de 16€, logique compte tenu des perspectives annoncées des résultats 2021 et au delà, le cours de l’action a perdu environ 30%, bien au delà de la baisse générale de la Bourse ou des autres actions (Fountaine et Catana) dans le même secteur.
On remarquera que l’annonce de la nouvelle gouvernance puis du CA T1 ont été de "bons prétextes" pour deux baisses exceptionnelles, trop importantes pour être honnêtes:
- nouvelle gouvernance: baisses de -3% puis -4% puis -7.3% les 25, 26 et 27 avril,
- CA T1: baisse de -12.6% le 12/05
=> Troublant
C - Avenir patrimonial de Beneteau:
J’ai retravaillé ce sujet en utilisant toutes les sources disponibles sur internet dont celles de pappers.fr qui donne beaucoup d’informations sur les holdings de la famille Beneteau:
- Holding familiale BERI 21
- Annette Roux Beneteau: SARL FPI, puis SA BERI puis BERI 21, BERI 210 et temporairement BERI 3000
- Deux enfants de André Beneteau fils, décédé: BERI 21
- Maryse Beneteau, son époux Luc Dupé et leurs deux enfants: BERI 21 et ELMA
- Yvon Beneteau, son épouse et leurs quatre enfants: BERI 21 (sorti en 2018), NOVY 6
- Ginette Beneteau: néant a vendu ses parts dans BERI 21 aux autres membres de la famille en 2002
On constate que:
- la quasi totalité des titres ont fait l’objet de donations de la nue propriété à la génération des petits enfants d’André Beneteau père, décédé en 1964,
- depuis le retrait d’Annette Roux Beneteau (80 ans), aucun de ses frères et soeurs, enfants ou neveux maintenant âgés de 45 ans en moyenne n’a un poste opérationnel dans la société et beaucoup semblent vivre de leurs rentes,
- si le retrait de Ginette Beneteau s’est fait en douceur en 2002, cela n’a pas été le cas pour celui d’Yvon Beneteau en 2018,
- les holdings ELMA et NOVY 6 sont principalement utilisées pour des placement immobiliers (aversion au risque),
- si Beneteau a traversé plusieurs crises de la plaisance (dont celles majeures de 2008 puis de 2019/2020) mieux que beaucoup de ses concurrents dont nombre a disparu ou a été racheté, la volatilité du cours de l’action ces dix dernières années (de 6€ à 21€) a créé des tensions internes et a dû donner des sueurs froides aux membres de la famille Beneteau qui doivent s’interroger sur la suite…
D - Titres de BEN auto détenus:
Depuis au moins 10 ans le K de BEN est invariant et un stock de titres auto détenus est périodiquement constitué pour être ensuite conditionnellement attribué aux managers sous la forme d’actions gratuites.
Le stock précédent de 1.241.000 titres ayant été attribué, un nouveau plan de rachat de 828.000 titres a été lancé le 28/04/2022 et au 13/05 219.000 titres avait déjà été rachetés, ce plan et sa vitesse de mise en oeuvre sont des indices de la confiance de la société sur ses futurs résultats, dont le cours actuel est anormalement bas.
E - Rapprochement industriel avec le leader mondial Brunswick
Après la Pologne où Beneteau et Brunswick ont implanté des usines, les deux sociétés se sont implantées au Portugal et au moins en partie dans le même endroit (Vila Nova Cerveira),
Pour les bateaux à moteur, il y a une évolution en cours de la motorisation vers des moteurs hors bord, même pour de grosses unités (14 m).
La motorisation peut représenter jusqu’à 50% du prix total d’un bateau à moteur.
Alors que jusqu’à 2020 Beneteau proposait plusieurs variantes de marques de moteurs hors bord, il met en avant depuis 2021 des offres promotionnelles Mercury (et Mercruiser en IB) filiale de Brunswick, ce qui accroit la dépendance de Beneteau à ce fournisseur très présent également dans l’équipement électronique.
=> en conclusion un changement patrimonial me semble de plus en plus probable, en profitant de la période faste de 2021 à au moins 2023.
Quand ? A mon avis entre demain matin et fin 2023.
L’acheteur ? Brunswick ? (le seul qui en a les moyens dans le nautisme)
Le prix ? Au moins 20€ à 25€ ?
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Dernière modification par Jbpv (23/05/2022 10h06)
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1 1 #5 29/06/2022 11h13
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Le 28/04/2022 un programme de rachats d’actions de 827.898 a été mis en place.
A partir du 29/04 et TOUS LES JOURS depuis cette date une moyenne journalière de plus de 18.0000 titres a été rachetée, le total actuel étant de 750.520.
En conséquence il est probable que le total prévu soit atteint à la fin de cette semaine.
Ce programme de rachats d’actions, effectué très rapidement si on le compare aux précédents, est destiné à l’attribution conditionnelle d’actions gratuites aux dirigeants et encadrement.
Il sera intéressant de voir si une extension de ce programme sera décidée par le CA (pour annulation de titres, par exemple) et/ou si les membres de la famille Beneteau profitent de la distribution des dividendes et du cours particulièrement bas pour acheter des titres.
On remarquera l’antinomie entre les résultats 2021 plus la distribution d’un dividende le plus élevé depuis celui de l’exercice 2007/2008 (0,43€), les perspectives récemment réitérées pour 2022 (CA à +10 à 14%, RO de l’ordre de 115M€ et donc un RN de l’ordre de 86M€ soit +17% par rapport à celui de 2021) et le cours de Bourse qui est de plus en plus bas.
Je m’en suis expliqué dans les deux derniers posts, dans un silence assourdissant de la part d’éventuels lecteurs !
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1 #6 26/08/2022 14h02
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Evolution possible du marché de la plaisance en 2023 et au delà.
Je poste dans le fil de Beneteau le leader de ce marché, mais ce post peut également éclairer les perspectives de Catana Group et Fountaine Pajot.
Comme déjà dit ce marché est très cyclique et la période covid de 2020 et ses confinements a créé des "anomalies" de marché dans de nombreux secteurs:
- besoins d’évasion qui ont boosté la demande dans la plaisance mais aussi dans les campings cars (voir fil de Trigano), les acteurs de ces marchés n’arrivant pas à fournir la demande (assèchement des stocks d’occasions, pénuries de pièces, en particulier celles comprenant des composants électroniques),
- explosions temporaires des ventes d’ameublement, de petite décoration, de bricolages, mais le contre coup se fait maintenant sentir (voir évolution des ventes et du cours de l’action Maisons du Monde par exemple),
- évidemment quasi arrêt des déplacements touristiques en avions mais le niveau avant covid est maintenant déjà retrouvé,
- etc ….
Les trois chantiers français mettent en avant soit des retards de livraison (Beneteau principalement), soit des carnets de commandes déjà complets pour 2023, voire 2024 (Catana principalement) pour justifier leur optimisme commun.
MAIS:
- leurs cours en Bourse ne sont pas conformes à cet optimisme:
- Beneteau à certes progressé de plus de 10% par rapport à un PB à fin juin, mais son cours reste historiquement bas par rapport aux très bons résultats 2021 et aux excellentes perspectives 2022 réitérées par la Société,
- l’annonce d’une hausse de 45% du CA pour les 9 premiers mois de l’exercice décalé de Catana n’a pas fait bondir le cours de l’action qui se traine autour de 6,50€, très loin de ses PH de 9€ en mars / avril dernier.
- enfin Fountaine ne bénéficie pas de la réorganisation du chantier Dufour qu’il a repris et son action, autour de 100€ est au 2/3 de ses PH du début de l’année 2022.
Trois évènements sont évidemment à prendre en compte: l’inflation, l’Ukraine et les perspectives économiques.
- L’inflation est bien gérée par ces industriels qui changent leurs tarifs plusieurs fois dans l’année et dont le prix des produits livrés est celui du tarif au moment de la livraison (tout au moins pour les particuliers, pas pour les flottes des loueurs, lorsqu’ils achètent en direct).
- On peut penser que l’Ukraine et les perspectives économiques sont des éléments négatifs dont je suis incapable d’évaluer les conséquences à terme sur le marché de la Plaisance, sauf pour un point, l’évolution de la parité €/$ qui est un élément positif pour cette industrie fortement exportatrice, dont aux US.
Un élément de réflexion concernant le marché américain dont l’évolution a toujours été décalée, en avance, par rapport aux autres marchés:
Boat Industrie
On notera cependant que si une baisse globale de 20% au T1 2022 / 2021 est constatée, le T1 2022 est encore supérieur de 20% par rapport au T1 2019, pré covid.
Un élément de réponse sera apporté par les résultats des salons d’Automne où sont présentés les nouveautés 2023 et engrangés une bonne partie des commandes annuelles.
Pour le mois de septembre, les plus importants sont:
- du 6 au 11/09 Salon de Cannes, plus de 600 bateaux exposés,
- du 16 au 25/09 Southampton Boat Show, environ 500 bateaux,
- du 22 au 27/09 Salone Nautico di Genoa, environ 1000 unités,
- du 27/09 au 02/10 Grand Pavois de La Rochelle, environ 750 unités.
En ce qui me concerne je reste plutôt globalement optimiste pour 2022 et 2023, ma préférence de valeur dans ce secteur restant Beneteau pour les raisons suivantes:
- nettoyage des erreurs du passé effectuées en 2020,
- pourcentage des ventes aux US avec un $ revalorisé de 10%,
- seul des trois constructeurs nationaux à proposer une gamme complète de bateaux à moteur, le marché qui progresse mondialement aux dépens des voiliers monocoques,
- diversification maintenant solide, très rentable et en forte progression dans l’habitat de loisirs.
Au delà de 2023, … joker.
Prochaines publications:
28/09 après Bourse Beneteau résultats S1
17/10 après Bourse Catana CA 2022
mi octobre Fountaine CA 2022
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Dernière modification par Jbpv (26/08/2022 15h01)
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1 #7 19/09/2022 18h22
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Courte mise à jour concernant l’industrie nautique en général:
Salon nautique de cannes a écrit :
Méfions nous des présentations un peu trompeuses des communiqués dithyrambiques, les chiffres de fréquentation de Cannes ont été les suivants:
2018 = 51000 visiteurs uniques,
2019 = 54000
2020 = pas de salon (covid)
2021 = 54400
2022 = 54000
Le résultat 2022 est donc bon, on reste globalement sur un plateau autour de 54000, le point clé étant qu’il n’y a pas de baisse.
Concernant l’activité fin 2022 et 2023, on notera que Beneteau est encore en phase de recrutement (500 postes ouvriers, CDI si déjà expérimentés, CDD pour des débutants) ainsi que Fountaine.
On peut donc rester assez optimiste pour l’avenir malgré les nuages noirs (menace de récession économique, etc …) qui s’amoncellent à l’horizon.
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1 #8 20/12/2022 11h15
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kiwijuice a écrit :
- Depuis l’an 2000, pas de création de valeur pour l’actionnaire : secteur très cyclique.
Secteur très cyclique, OUI. Pas de création de valeur pour l’actionnaire: OUI et NON.
NON si l’on suit la valorisation de l’entreprise sur le long terme, son CA et sa profitabilité.
NON en temps que petit actionnaire si l’on achète et l’on vend aux mauvais moments une action très volatile.
OUI en temps que petit actionnaire si l’on achète et l’on vend aux bons moments (ou à peu près, ne rêvons pas).
Un petit historique:
PB fin 03/2003 4,8€
PH 07/2007 >20€
PB 03/2009 6€
PH 01/2011 >16€
PB 01/12 à 06/13 8€
PH 07/2015 16€
PB 07/2016 9€
PH 01/2018 >22€
PB 04 à 09/20 6€
PH 06/21à 04/22 14€
PB 07 à 11/22 10€
actuel 13,50 à 14€
Je suis cette action depuis environ 20 ans, à la fois parce que je pense bien connaître la plaisance (premier voilier un Sangria de chez Jeanneau en 1975, le dernier et actuel un Dufour 455 en stock, acheté en 12/2008 au Salon Nautique de Paris) et parce que l’hyper volatilité de son cours permet d’en profiter ……… à condition d’anticiper les yoyos, ce qui nécessite du travail.
Un conseil: allez sur le site de Brunswick Corporation, le leader mondial de la Plaisance.
Vous y trouverez tous les rapports trimestriels et comme les tendances à la hausse et à la baisse du marché commencent toujours aux US avec 6 mois à un an de décalage par rapport à l’Europe, cela aide.
Par exemple, on lit dans le T1 2008 de Brunswick publié le 01/05/2008:
- Marine T1: Net Sales: -4,5%
- dont Boats: Net sales: -8,8%
- Marine T1: Operating Earnings: $16,2M / $54,2M
- dont Boats: Operating Earnings: -$14,7M / $19,5M donc déjà en perte
A fin 03/2008, la société déclare que "l’accroissement des ventes des divisions "Fitness" et "Billards" n’ont pas compensé les diminutions des divisions "Boats" et "Engine"".
"Cette évolution est due à la récession de l’économie américaine, à la détérioration du marché de l’immobilier dens les Etats clés pour la plaisance et aux augmentations de prix de l’alimentation et des carburants.
Cependant cette baisse aux US a été partiellement compensée par de bonnes performances sur les marchés non US."
A cettte époque, Brunswick avait quatre divisons: "Boats" (petits bateaux à moteur), "Marine Engine" (inbord Mercruiser et hors bord Mercury) et les deux divisions "Fitness" et "Billards" qui vont être vendues.
Les premiers craquements concernant la plaisance aux US sont donc visibles mais n’ont pas encore gagné le reste du Monde.
Ensuite T2 puis T3 2008 publié le 03/11/2008:
Les pertes deviennent catastrophiques:
- Boats T3: Net sales: -36,1%
- Engine T3: Net Sales: -20,8%
- Boats T3: Operating Earnings: -$537,4M / -$90,3M (perte de $537.4M pour un CA de $392.5M !)
- Engine T3: Operating Earnings: -$8,6M / $47,5M
En France Beneteau a publié un mois avant le 30/09/2008 son CA 2007/2008, où l’on peut lire:
Le chiffre d’affaires réalisé par le groupe Beneteau au cours de l’exercice 2007/2008 s’élève à 1094,6M€ en croissance de 8% (8,3% à périmètre comparable).
Cette performance, supérieure aux prévisions initiales, a été réalisée dans un environnement économique et financier déjà perturbé.
2009: un début de saison nautique atypique
L’ouverture de la saison 2009 est marquée par une bonne fréquentation des salons et un accueil très favorable des nouveautés présentées par le groupe. Ces éléments positifs sont atténués par l’impact de la crise bancaire et financière qui génère momentanément un attentisme chez certains clients. Le rythme de commandes de la saison 2008-2009 sera ainsi très différents de celui connu les années passées, avec selon les pays des prises de commandes plus tardives.
Le groupe met donc en place une plus grande flexibilité industrielle afin de pouvoir s’adapter à la demande de sa clientèle et, par cette réactivité accrue, renforcer sa position sur le marché.
résultat opérationnel attendu de plus de 150M€
=> On peut donc lire entre les lignes cinq mois après la première alerte donnée par Brunswick un
timide premier message d’alerte de la part de la Direction de BEN.
Mais il est déjà bien trop tard pour vendre et après les PH de l’été 2007 (19 à 20€), le cours de l’action avait commencé à baisser sérieusement en 06/2008 (14€)
Cours fin 08/2008: 11,50€
Cours fin 09/2008: 7,25€
et on n’est pas encore au PB de 6€.
La confirmation du krach par Beneteau ne viendra qu’après le Salon Nautique de Paris de 2008 le 23/12/2008:
Le RO de 158,6M€ intègre un profit de 6,8M€ intégrant les cessions de "Microcar" et "Wauquiez".
Le RO courant de 151,8M€ est donc en ligne avec les prévisions.
"VI - PERSPECTIVES
La crise financière et bancaire, qui a coïncidé avec le début de la saison nautique 2008-2009, impacte le secteur de la plaisance et ne permettra pas au groupe de compenser le retard subi sur des mois traditionnellement très fort. Le niveau de cette baisse dépendra du rythme de retour de la confiance que les salons d’hiver permettront de mesurer de façon plus précise".
Cours fin 12/2008: 6,60€
Cours fin 01/2009: 5,60€ et les plus bas en-dessous de 5€ sont atteints.
CQFD
--------------------------------------------------------------------------
Pour la tendance actuelle de la plaisance aux US et dans le monde pour les années 2023 à 2025 on peut écouter les ’Investor Day" de Brunswick de 2021 et 2022.
Suite de ma réponse un peu plus tard.
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Dernière modification par Jbpv (20/12/2022 12h11)
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1 #9 23/03/2023 09h55
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Beneteau vient de publier ses résultats 2022 qui dépassent ses dernières prévisions et l’attente des "analystes":
Beneteau résultats 2022
Dans le post précédent, j’écrivais:
jbpv a écrit :
En conséquences, le management annonce:
- Un ROC 2022 "sensiblement supérieur à la dernière estimation de 125 millions d’euros".
J’ai retenu prudemment 131M€ mais les pourcentages ROC / CA du S1, tout au moins pour la division Bateaux devraient conduire à des chiffres encore supérieurs et un RN supérieur à 100M€,
- des perspectives 2023 de CA au delà de 1660M€ (au moins +10% / 2022), se décomposant en au moins +10% pour les bateaux et au moins +15% pour l’Habitat.
Toujours prudent (par rapport aux analystes de tous poils), je pense qu’un objectif de cours de 18€ est réaliste, sous peu (PER 2022 de l’ordre de 14).
Les 125M€ puis 131M€ de ROC que j’avais estimés se traduisent par 154.7M€ et "un RN un peu supérieur à 100M€" est finalement de 103,1M€.
Le dividende sera de 0,42€ et les perspectives 2023 à 2025 sont réitérées par le management.
Avec ces chiffres, Beneteau revient au niveau de rentabilité des très belles années 1999/2000 à 2007/2008:
- bénéfice net par action de 1,25€ en 2022 contre un plafond de 1,36€ en 2007/2008, juste avant l’écroulement en 2008/2009 (voir posts précédents),
- dividende à venir de 0,42€, contre un plafond de 0,59€ en 2000/2001.
- on notera enfin les excellents résultats de la division Habitat, les perspectives encourageantes des activités Charter et Boat Club et la validation du virage vers "le moteur" et les plus grosses unités bien plus rentables que les unités d’entrée de gamme (voir posts précédents et commentaires du management).
Ce matin le cours est en forte baisse, la magie des algorithmes de gestion du carnet d’ordres !
PS:
Après m’être un peu allégé un peu au dessus de 17€, je viens de me racheter et de me renforcer autour de 15€.
Beneteau est maintenant, de loin, la plus grosse ligne de mon portefeuille
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1 #10 23/03/2023 11h49
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A 11h00 et un cours à 15,10€ encore en baisse de plus de 5% vous vous posez la question.
A 11h30 et un cours à 15.60€ vous avez déjà une partie de la réponse: manipulation pour acheter.
Peut être ce soir et certainement dans les tous prochains jours le cours de l’action sera au moins de retour entre 16 et 17€, bien qu’il sera freiné à la hausse pour acheter.
Les victimes:
Depuis la hausse à partir de 10€ (cours de 11/2022) beaucoup d’investisseurs qui ont acheté à cette époque sont en forte PV et la hausse jusqu’à 17,44€ le 06/03 a été trop rapide (en fin de hausse le cours a été poussé à la hausse pour vendre).
Les résultats qui viennent d’être publiés sont excellents mais ne sont pas totalement une surprise.
Les manipulateurs ont donc eu le temps de préparer leur coup.
Il devient habituel qu’à la suite de bons résultats le cours de l’action plonge.
Certains actionnaires réagissent de manière simpliste sans lire les résultats: résultats + baisse du cours = il y a un loup !
Ce matin ils ont cédé à la panique …. et vendu en PV, mais bêtement….
Conclusion:
N’investir que dans des sociétés dont on connait parfaitement le secteur et pour lesquelles on a fait un tour exhaustif de toutes les informations disponibles.
Cela limitera autour de 25% ? le pourcentage de boulettes commises.
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2 #11 26/03/2023 10h38
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Pour compléter l’information sur l’évolution des résultats et du cours de l’action de Beneteau, vous trouverez ci dessous un fichier Excel qui reprend, semestre par semestre et annuellement, sur plus de 20 ans:
- CA (bateaux, autres ou habitat),
- ROC (bateaux, autres ou habitat),
- RN,
- RN par action (corrigé des divisions de l’action),
- dividende,
- cours de bourse (corrigé des divisions), PH, PB, moyenne,
- PER / moyen,
- PER / PH de l’année.
J’y ai ajouté des extrapolations prudentes pour les années 2023 à 2025 (valeurs en italique, basées sur les déclarations du management), ainsi que des hypothèses de prix d’OPA avec un PER de 16, cette hypothèse de cession ne me paraissant pas farfelue (voir posts précédents).
En jaune, j’ai mis en évidence les trois périodes fastes de Beneteau, soit de 1999/2000 à 2007/2008, puis les deux années en demi teinte 2016/2017 et 2017/2018 (2017/2018 ayant permis à Franklin de s’éclipser dans de très (trop ?) belles conditions, voir #26), puis la période en cours depuis 2021, que j’ai supposé se poursuivre au moins jusqu’à 2025.
beneteau_evolution.xls
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1 #12 05/05/2023 10h05
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Il y a un an, le 04/05/2022 dans le premier post de ce fil j’écrivais, concernant une éventuelle future cession de l’entreprise par la famille Beneteau:
jbpv a écrit :
En France, une société comme Trigano pourrait être au moins intéressée par la division "Habitat de loisirs" de BEN (15% de l’ensemble de l’activité
Ce matin, l’entreprise vient d’annoncer être entrée en négociation exclusive pour la vente de la division Habitat à Trigano …
Boursorama
Je rappelle qu’après avoir peiné pendant de nombreuses années pour arriver à développer cette activité (abandon de la partie résidentielle, focalisation sur les mobil homes), Beneteau était arrivé à en faire progressivement depuis 2017/2018 une activité très rentable et en forte progression de CA.
CA 2022 = 257.2M€ en progression de 41% sur 2021 et 17% du CA total de 2022.
ROC = 22,8M€ soit 8,9% du CA, soit un peu plus du double de celui de 2021 (11,1M€) et 15% du ROC total de 2022.
Le CA 2023 devrait être de l’ordre de 296M€ et le ROC d’environ 28M€, soit 9,5% du CA.
Edit à 15h30: je complète mon post:
Un petit historique des acquisitions suivies de cessions de Beneteau:
- fin décembre 1995, à la barre du Tribunal de Commerce de La Roche-sur-Yon, Beneteau rachetait Jeanneau en redressement judiciaire depuis deux mois, l’emportant sur Zodiac et Dufour dont le PDG était à l’époque Poncin (l’actionnaire principal de Catana, le monde du nautisme est petit).
Ce rachat, un formidable coup de fusil permettait à Beneteau de mettre la main sur son plus gros concurrent et de quasi doubler son CA, du jour au lendemain.
De plus, outre des monocoques, Jeanneau était en avance sur Beneteau et avait déjà commencé à construire des catamarans de croisière sous le nom de marque de Lagoon.
Restait à redresser la situation financière de Jeanneau, ce qui fut fait en deux ans.
Dans la "corbeille de mariée" se trouvait également la diversification des voitures Microcar, que Beneteau a conservé:
le CA de cette activité est passé progressivement de 40 à 60M€ en 2006/2007 mais la profitabilité est restée médiocre.
En avril 2008 Beneteau a cédé cette activité à Ligier, dans de bonnes conditions (PV de 16,9M€).
=>les voitures sans permis ont certes une carrosserie en fibre de verre et résine mais ce n’est qu’une partie de leur fabrication et le réseau de commercialisation n’a rien de commun avec celui de la Plaisance.
- dans son secteur d’activité, Beneteau a racheté en 1997, le chantier Wauquiez en liquidation judiciaire.
Ce petit chantier (moins de 100 personnes et 40M€ de CA) avait eu son heure de gloire avec les séries des Centurion, Gladiateur, Prétorien, … des magnifiques voiliers plus luxueux, mieux finis mais nettement plus chers que les productions de Beneteau et Jeanneau.
Mais la rentabilité restait faible et ce petit chantier, de l’époque pré industrialisation de la Plaisance a connu ensuite des difficultés avant de sombrer comme beaucoup d’autres.
De plus sa localisation près de Tourcoing, loin de la mer, des fournisseurs sous traitants et du bassin d’emploi de la Vendée, le fief de cette industrie était un gros handicap.
=> Beneteau a jeté l’éponge en 2008, la même année que celle de la vente de Microcar, mais en enregistrant une MV de 7,1M€.
- toujours dans son secteur d’activité Beneteau rachète en 1992 le chantier CNB (Construction Navale de Bordeaux) qui fabriquait et commercialisait de grands monocoques.
Progressivement, le chantier est devenu principalement un sous traitant pour la construction des catamarans de Beneteau et la crise de 2020 avait nécessité un plan social.
Finalement, en 2021 la MARQUE CNB est cédée au petit chantier italien Solaris où la production des voiliers CNB66 et 76 se poursuivra.
=> La commercialisation d’unités (voiles ou moteurs) de plus de 18 à 20m reste artisanale et nécessite de la souplesse qui ne peut être offerte que par un petit chantier spécialisé (cf. échec de Beneteau avec les gros bateaux à moteur Monte Carlo Yachts). En Europe, cette activité se concentre de plus en plus en Italie.
- la diversification de Beneteau dans l’habitat de loisirs date de 1995.
Cette activité n’a réellement décollé qu’en 2006/2007 (154M€ et un ROC de 9,6%).
Depuis 2021 et surtout 2022 la croissance, tant en CA qu’en ROC est remarquable:
2021: CA = 182,4M€, ROC = 11,1M€ (6,1%)
2022: CA = 257,2M€, ROC = 22,8M€ (8,9%)
Mon extrapolation 2023 est:
CA = 296M€, ROC = 28M€ (9,5%)
=> On notera que cette cession est la première qui ne soit pas justifiée par un échec.
Quoi qu’en dise le management, je continue de penser … ce que j’ai écrit depuis un an.
Prix de vente de cette activité à Trigano ?
La rentabilité de la Plaisance et de l’Habitat sont voisines (prévisions respectives de ROC de 10,5% et 9,5%).
On peut donc, en première approximation, appliquer le même ratio valorisation / ROC aux deux activités.
Avec un cours cible réaliste de 18€ pour BEN, soit une valorisation totale de 1460M€ j’obtiens un prix de vente de l’activité habitat de 235M€.
Mais les synergies avec Trigano (réseau de distribution en particulier) sont évidentes …
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Dernière modification par Jbpv (05/05/2023 15h33)
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1 #13 25/07/2023 13h26
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Beneteau vientde publier son CA S1, sans grande surprise et un peu supérieur aux dernières prévisions déjà publiées.
Ce qui est intéressant c’est d’en déduire les perspectives pour le S2 2023, voir tableau excel:
beneteau_evolution_2.xls
Pour la division Bateaux nous pourrions avoir un CA S2 2023 en baisse de 9%, mais faisant suite à un CA S2 2021 en hausse de 18,2% et surtout à un S2 2022 en hausse de 37,4% et dans la mesure où la prévision actuelle d’un CA 2023 de 1450M€ ne serait pas dépassée.
=> après une année 2022 perturbée par des problèmes d’approvisionnement, ce qui a décalé le CA du premier semestre vers le second, on reviendrait à un équilibre plus traditionnel des CA des deux semestres de l’année.
Pour la division habitat en passe d’être cédée à Trigano, nous pourrions avoir un CA S2 2023 stable, mais faisant suite à un CA S2 2022 en hausse de 58,5%.
Le résultat opérationnel attendu de 200M€ serait le plus élevé de l’histoire de BEN, à rapprocher des RO de 135,3M€ en 2006/2007 et 151,7M€ en 2007/2008, juste avant la grande dégringolade en 2008/2009 à la suite de l’affaire des subprimes.
Le RN 2023 pourrait atteindre 150M€. Il serait aussi le plus élevé de l’histoire de BEN, à rapprocher de 93,6M€ en 2006/2007 et 113,4M€ en 2007/2008.
A l’époque le cours de BEN était monté jusqu’à 21€ (mais Franklin vendait son importante participation au K de BEN…).
=> Au cours actuel de 15€, l’action est clairement sous évaluée, elle remontera quand les professionnels l’auront décidé …
Nota:
Avant le récent doublement de valeur de ma ligne ESI, BEN était la première ligne de mon portefeuille. Elle reste très importante et en forte PV, je garde.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
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1 #14 30/07/2023 12h48
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Ma sentinelle avancée sur l’évolution mondiale de la Plaisance, le groupe américain Brunswick vient de publier ses résultats du T2 2023.
Brunwick T2
Globalement le CA T2 2023 est en légère baisse par rapport au trimestre équivalent de 2022 (-7%) et selon le management cette diminution est due à un incident de sécurité informatique le 13 juin qui a perturbé la production et dont les conséquences n’étaient pas encore totalement comblés à la fin du trimestre.
Le CA se maintient en partie grâce aux augmentations de prix et aux nouveaux produits.
L’augmentation des taux d’intérêt impacte davantage les clients des petites unités que des grosses ce qui est logique.
Au total le management prévoit une année 2023 en petit retrait par rapport à l’année exceptionnelle 2022, à la fois en terme de ventes (-2%) qu’en profitabilité (marge nette de 14,4% contre 16,1¨%) mais largement supérieure à 2019, la dernière année pré covid.
Pour le segment des bateaux, la prévision 2023 des ventes qui était une fourchette de -3% à +3% devient "Mid single digit percent" soit autour de -5% et la marge nette de 10% est révisée à la baisse à 9% (voir page 27).
=> On note donc un certain essoufflement des ventes qui est sensible sur les marchés non US alors que le marché domestique résiste bien (voir ventes par régions du S1 2023 page 31).
=> le management insiste sur le développement des boats clubs qui, avec la location, se substitue progressivement à la détention en propre.
Concernant Beneteau:
- on peut donc penser que la prévision du CA S2 2023 de la division bateaux (prévision annuelle du management moins réalisation S1) actuellement à -9,3% est suffisamment prudente (voir beneteau_evolution_2.xls post précédent) et pourrait réserver une bonne surprise.
- un accord a été signé avec Trigano concernant la vente de la division Habitat, sous réserve de l’obtention des approbations des autorités de concurrence.
- la stratégie d’augmentation des prix et d’évolution vers les grosses unités est une fois de plus validée,
- le développement des boats clubs semble bien "dans l’air du temps".
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1 #15 31/07/2023 19h41
- patriard
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Bénéteau a réalisé l’essentiel de sa croissance depuis 2006 en Amérique du Nord.
La croissance moyenne annuelle des ventes de bateaux de Bénéteau entre 2006 et 2022 a été de :
3,4 % dans le monde ;
10,2 % en Amérique du Nord ;
5,5 % dans le monde hors Europe et Amérique du Nord (grâce essentiellement à la vitalité du marché australien) ;
1,2 % en Europe hors France ;
0,6 % en France.
C’est notamment le succès rencontré par les modèles de bateaux à moteur de moins de 40 pieds de Bénéteau qui a permis cette forte croissance sur le marché nord-américain du nautisme de plaisance.
Ce marché pesait 23,5 milliards de USD en 2019 contre 14,5 milliards de USD pour le marché européen. Bénéteau n’y réalise que 32 % de son activité, contre 51 % en Europe.
Grâce à la cession de sa branche habitat, Bénéteau va disposer des moyens financiers lui permettant d’y accélérer substantiellement son développement.
Sources :
rapports annuels financiers de Bénéteau
Europe Recreational Boating Market Size & Share | Statistics Report 2026
North America Recreational Boating Market Size Forecasts 2026
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2 #16 18/08/2023 16h43
- Jbpv
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Dans le post #43 du 25/07, je disais:
""Le cours de Beneteau remontera lorsque les professionnels l’auront décidé""
C’est pire car le cours n’arrête pas de baisser: un plus bas depuis le début de l’année, à 13,20€ a été enregistré ce vendredi 18/08.
A ce cours, le PER est de 7,3 (ROC de 200M€ revu à la hausse par le management lors de la parution du CA S1, d’où l’on peut extrapoler un RN part du Groupe de 150MF environ et donc un RN par action de 1,81€).
Ce PER est historiquement très bas, est-il justifié par des perspectives à moyen terme (2024 et 2025) médiocres, voire un retournement du marché cyclique de la Plaisance ?
La division Habitat étant virtuellement vendue à Trigano, on se focalisera sur la seule activité Bateaux.
A - Les points négatifs
1 - Diminution de la croissance du CA en pourcentage pour les deux premiers trimestres de l’année 2023:
Si la croissance du CA bateaux a été de +57,2% au T1 2023, celle du T2 n’a été "que" de 41,4%
2 - Perspectives pour le S2 2023
A partir des chiffres donnés par le management, on en déduit que le CA du S2 2023 bateaux devrait être en DECROISSANCE d’environ 9% par rapport au CA du S2 2022 bateaux.
Si cette évolution est parfaitement explicable (voir points positifs) elle pourrait être mise en avant, sortie de son contexte, etc …
Il n’est pas impossible que le CA T3 qui sera publié le 08/11 (et déjà largement connu à la publication des résultats du S1 2023 le 27/09 soit en progression nulle ou négative par rapport à son homologue de 2022.
3 - Dépendance accrue par rapport au marché américain de la plaisance
Voir post précédent et rappelons que c’est des USA qu’est partie la crise des subprimes fin 2008 qui s’est propagée en quelques mois en Europe et a très fortement impacté (entre autres) le marché de la Plaisance (nombreuses faillites de chantiers en 2009, résultats en perte pour Beneteau en 2008/2009 et très médiocres jusqu’en 2015/2016).
Le marché américain est plus sensible que les autres à l’évolution économique en général et au taux du crédit.
4 - Marché de la Plaisance historiquement cyclique
Malgré la confiance du management pour les années 2024 et 2025, l’historique de Beneteau reste marqué par les conséquences de la crise des subprimes et par la nécessaire reprise en main du chantier par Jérome de Metz en 2019 (licenciement du DG Gastinel, de son adjoint au finances Caudrelier et de la pédégère de Monte Carlo yachts dont les pertes récurrentes de "sa filiale" ont été considérables, voir posts précédents).
Cela a évidemment conduit de Metz a charger la barque de l’exercice 2019/2020 de 16 mois (81M€ de perte presque entièrement en exceptionnel !), ce qui génère maintenant a contrario quelques exceptionnels positifs.
B - Les points positifs
1 - Evolution très favorable de tous les indicateurs depuis 2021
Un décalage de CA vers le S2 2022 et S1 2023 dû à un manque de composants en 2021 et S1 2022 est responsable de l’irrégularité constatée ci dessus.
Néanmoins les chiffres globaux de 2021, 2022 et attendus en 2023 sont les suivants:
- progression du CA bateaux de 10,7% en 2021, 19,7% en 2022, attendu de 15,9% en 2023, puis d’environ 10% en 2024 et 2025 selon le management,
- EBITDA bateaux évoluant en pourcentage de 15,6% en 2021 à 15,9% en 2022 et attendu à 16% en 2023,
- ROC bateaux évoluant en pourcentage de 8,1% en 2021 à 10,5% en 2022 et attendu à 11,5% en 2023,
- RN part du Groupe (Habitat inclus) évoluant en pourcentage de 6% en 2021 à 6,8% en 2022 et attendu à 8,5% en 2023 (prévision personnelle),
- enfin RN part du Groupe (Habitat inclus) de 150M€ en 2023 soit 50% de plus que les meilleures années 2006/2007 et 2007/2088 pour un nombre égal d’actions et un cours à l’époque ayant oscillé entre 16€ et 21€ !
2 - Politique produits plus réaliste que par le passé
Déjà évoquée, cette politique s’affranchit d’une probable "guerre interne de chapelles"
- pourcentage en hausse des ventes "moteurs" versus "voiles",
- évolution vers de plus grosses unités, plus rentables,
- catamarans à voiles ET à moteurs,
- "nouvelle plaisance" (locations, boats clubs".).
C - Les points non évoqués par les "analystes" et qui me laissent perplexes
1 - Le fossé entre les objectifs de cours de Bourse et la situation actuelle: aucun commentaire !
Le consensus des objectifs est supérieur à 20€.
A 13,XX€ nous sommes au moins 35% en dessous, …. ce qui est beaucoup.
Il n’est pas impossible que Portzamparc sorte la valeur de sa liste d’août 2023, quelles conséquences négatives potentielles ?
2 - La vente de l’activité Habitat à Trigano
Cette diversification avait été justifiée en 2005/2006 pour deux raisons:
- s’affranchir en partie de la volatilité de la Plaisance, ce qui s’est avéré exact (voir évolution de cette activité),
- profiter d’une synergie dans le domaine de la fabrication (menuiserie et polyester).
L’échec de la diversification "Microcar", voitures sans permis, carrosseries en polyester, a montré que ce second argument n’était pas fondamental.
Par contre le manque total de synergies entre les réseaux de distributions et la clientèle bateaux versus mobil homes avait été oublié !
Beneteau a mis plus de 15 ans pour arriver enfin … à de très bons résultats et à une position de leader sur ce marché.
La vente à Trigano va faire bénéficier à ce dernier des synergies réseaux et clientèle. C’est l’acheteur naturel de cette activité (voir mon premier post de ce fil).
Cette vente est censée être effectué afin de faire bénéficier l’activité bateaux d’une trésorerie supplémentaire afin d’accélérer son développement.
Qu’en est-il de la trésorerie nette de Beneteau ?
De 93M€ à fin 2020 elle est passée à 222M€ à fin 2021 puis 211M€ à fin 2022,la stabilité entre 2021 et 2022 s’expliquant par la reconstitution des stocks de composants et d’encours (voir DEU).
On peut donc considérer la trésorerie à fin 2022 comme normative et anticiper une trésorerie nette de dettes à fin 2023 de l’ordre de 300M€, avant la vente de l’Habitat.
A-t-on réellement besoin en plus du produit de la vente de l’activité Habitat, non encore révélé (250M€ ?).
Pour racheter un concurrent ?
- Beneteau est leader mondial en voile monocoque et de nouveau en multicoques, devant Fountaine et Catana.
- Beneteau est bien placé en petits bateaux à moteurs, mais largement derrière le leader mondial Brunswick qui profite de la synergie avec sa division des moteurs Mercury et Mercruiser (leader mondial), donc concurrent inattaquable.
- Après l’expérience douloureuse Monte Carlo Yachts, Beneteau ne s’aventurera plus sur le marché "custom" des yachts de plus de 20m.
Pour se développer dans les nouveaux métiers de la Plaisance (locations, clubs, ….) ?
- la trésorerie disponible me semble pléthorique et sans commune mesure avec les investissement récemment faits par Beneteau dans ce domaine.
=> je peux me tromper mais j’en reste sur mes conclusions des posts précédents:
- la vente de l’Habitat est la première étape d’une évolution patrimoniale majeure qui pourrait avoir lieu entre demain matin … et plus tard,
- la baisse actuelle du cours gérée par des algorithmes est le fait d’acheteurs professionnels, maintenant aidés par des actionnaires apeurés et un marché boursier en baisse: au vu de la dégringolade actuelle du cours, des ventes sans précaution (au meilleur cours offert dans le CO achats) entretiennent la spirale à la baisse.
Nota: à titre personnel, je me renforce.
Edit du 19/08:
1 - Madame Annette Roux Beneteau qui a fait donation il y a de nombreuses années de la nue propriété de la totalité de ses actions logées dans BERI21 à ses deux enfants, vient d’avoir 81 ans le 4 août dernier.
En conséquence la valorisation de son usufruit est passée de 30% à 20%.
2 - Le "burn rate" (*) de la société n’a jamais été aussi élevé.
Cette distribution potentielle laisse à réfléchir …
(*) ratio du nombre d’options et d’actions attribuées au personnel au cours d’une année rapporté au nombre total d’actions en circulation.
Pour mémoire ce type d’information avait été cité dans le post #44 du 08/06/2023 du fil ESI Group
3 - il n’y a eu aucune vente significative d’insiders malgré des niveaux de cours (16 à 17€) attractifs, il y a quelques mois.
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Dernière modification par Jbpv (19/08/2023 10h58)
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2 #17 21/08/2023 13h42
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Encore un post sur Beneteau, un complément du précédent.
Beneteau utilise avec ses concessionnaires et des organismes bancaire de financement le système du "floor plan".
Ce nom fait référence aux planchers des salles d’exposition (ou "show rooms") des biens d’équipement coûteux des ménages, à commencer par les voitures.
Beneteau vend ses bateaux à ses concessionnaires (qui sont tenus d’avoir un certain niveau de stock en rapport avec leurs ventes annuelles).
Ceux ci se financent auprès d’un des organismes bancaires choisis par Beneteau:
- Beneteau reçoit immédiatement le produit de la vente,
- La banque prend les bateaux vendus par Beneteau en garantie des prêts contractés par les concessionnaires,
- L’opération est dénouée entre le concessionnaire et la banque au moment de la vente au particulier.
De plus, en cas de défaillance d’un concessionnaire, Beneteau s’engage à reprendre les bateaux nantis par la banque à leur prix initial.
Sur certains forums de discussion, des intervenants mentionnent que les stocks des concessionnaires Beneteau, Jeanneau, etc .. sont pléthoriques et que l’on est déjà entré dans une période de contraction des ventes.
Qu’en est-il réellement ?
Dans les DEU Beneteau des années 2017/2018 à 2022 on trouve le niveau du floor plan, au bilan, pour un même montant, à la fois en "Dettes financières auprès des organismes de financement liées aux floor plans" et en "Créances concessionnaires liées aux floor plans" (du fait d’éventuelles provisions en cas de défaillances prévisibles de concessionnaires, ce qui n’a pas été le cas pour les cinq exercices ci-après).
J’ai supposé que les floor plans ne s’appliquaient qu"aux ventes de bateaux:
Au 31/08/2018 211,0M€ soit 19,3% du CA bateaux de l’année fiscale
Au 31/08/2019 228,1M€ soit 19,9% du CA bateaux de l’année fiscale
Au 31/12/2020 130,4M€ soit 13,8% du CA bateaux pro forma 12 mois de l’année fiscale de 16 mois
Au 31/12/2021 139,9M€ soit 13,4% du CA bateaux de l’année
Au 31/12/2022 267,2M€ soit 21,4% du CA bateaux de l’année
Le changement de la date de fin d’année fiscale (du 31/08 au 31/12) peut avoir une incidence sur le pourcentage du floor plans en fin d’exercice / CA annuel.
=> on voit clairement le déficit de stock des concessionnaires à fin 2020 et 2021.
=> à fin 2022, le niveau du stock des concessionnaires est revenu à la normale. Il n’y a pas de "stock pléthorique" chez ces derniers.
=> le CA bateaux 2022 de Beneteau a bénéficié de cette reconstitution des stocks à hauteur de 125M€ environ soit 10% du CA bateaux de 2022 qui a été de +19,7% / 2021.
=> le niveau des floor plans peut donc avoir un impact non négligeable sur le CA annuel.
=> l’évolution prévue de +15,9% du CA bateaux en 2023/2022 serait donc, si elle a bien lieu, une évolution favorable en pourcentage par rapport à l’évolution 2022/2021, qui serait plutôt de +10%, hors reconstitution des stocks des concessionnaires.
Brunswick donne des informations sur l’évolution des stocks des concessionnaires lors des points trimestriels (le "pipeline"), mais en nombre d’unités et en WOH (weeks on hand), voir par exemple page 11 du pdf de la présentation des résultats du T2 2023: le "pipeline" qui était descendu au 1/3 de la normale au T2 2021 est maintenant quasiment reconstitué au niveau normatif pré covid de 2019.
Beneteau ne devrait pas passer sous silence les effets sur ses résultats de la variation des stocks des concessionnaires quand celles ci sont significatives.
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1 #18 23/09/2023 10h32
- Jbpv
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Encore 3 séances de Bourse avant la publication des résultats du S1 2023, le 27/09 au soir.
Perspectives d’évolution du cours de Beneteau en fonction des publications à venir
1 - Rétrospective: anciennes publications (toutes après Bourse)
A) 28/07/2022 CA S1 2022: CA S1=+8,6%, retards de livraison non encore résorbés, excellentes perspectives 2022
=> hausse de 7,5% depuis un cours à 10,4€, suivie d’une érosion qui ramène le cours à son point de départ
B) 29/09/2022 Résultats S1 2022: ROC=+30%, relèvement des perspectives 2022
=> hausse de 6,60% depuis un cours à 9,9€ conduisant progressivement à des cours vers 11,9€
C) 09/11/2022 CA T3 2022: CA T3=+19,5%
=> baisse de 7% depuis un cours à 11,9€ conduisant à des cours vers 10,5€
D) 05/12/2022 Excellentes perspectives générales annoncées lors de l’ouverture du Salon Nautique de Paris
=> hausse de 16,4% depuis un cours à 11€, puis 6,9% le lendemain, conduisant à des cours vers 14€ puis 15€
E) 13/02/2023 CA 2022: CA T4=+55% (boosté par la reconstitution des stocks des concessionnaires, voir post précédent)
=> hausse de 5% depuis un cours à 15.7€ conduisant vers des PH supérieurs à 17€
F) 22/03/2023 Résultats 2022: EBITDA=+26%, ROC=+61%, RN=+40%, excellentes perspectives pour 2023
=> baisse de 10% sur quatre jours depuis un cours à 16€ conduisant à des cours vers 14,5€
Après "la bataille" certains analystes ont cherché à expliquer la baisse du cours en pointant (a) le faible Free Cash Flow généré par l’exercice (28M€), mais qui s’explique par la reconstitution des stocks en produits finis (+83M€) et en matières premières (+27M€), en investissements nets d’amortissements (+9M€) et/ou (b) la trésorerie nette de l’entreprise "seulement" au même niveau que l’an passé, à la même époque.
G) 10/05/2023 CA T1 2023: CA T1=+50%
=> hausse de 8,4% depuis un cours à 15,2€ conduisant de nouveau vers un PH supérieur à 17€, avant une lente érosion
H) 25/07/2023 CA S1 2023: CA T2=+38%, CA S1=+43%
=> baisse de 4% les deux premiers jours depuis un cours à 15€ conduisant aux cours actuels de 13,5€ à 14€
Conclusions
a - Les résultats publiés étaient assez prévisibles et on constate une alternance de hausses et de baisses qui sont plus fonction d’un yoyo à entretenir que des résultats publiés !
=> Les résultats futurs sont également prévisibles. On devrait en déduire des évolutions probables du cours de l’action (voir ci-après).
b - Si l’évolution du cours de BEN est globalement positive depuis 18 mois, on constate que les hausses qui suivent des parutions de résultats s’effritent ensuite et que le cours actuel est loin des prévisions des analystes (plus de 20€ …).
2 - Prochaines publications (toutes après Bourse)
27/09/2023 Résultats S1 2023
Ils seront excellents, EBITDA de l’ordre de 176M€ ? (+52%), ROC de l’ordre de 123M€ ? (+54%), RN de l’ordre de 90M€ ? (+70%)
=> une forte hausse est probable (de plus, depuis les cours actuels il y a peu de place pour une nouvelle baisse… artificielle).
08/11/2023 CA T3 2023 ET vers le 15/02/2024 CA 2023
=> ATTENTION: en fonction des prévisions du management, le CA S2 2023 devrait être inférieur de 9% environ / 2022, ce qui ouvre la possibilité d’une forte baisse du cours, soit à la suite de la publication du CA T3 et/ou à celle du CA 2023.
D’après mes calculs:
- le CA T3 devrait être très voisin de celui de 2022 (317,1M€, en hausse de 20% / 2021),
- le CA T4 devrait être en baisse de 15% par rapport à celui de 2022 (475,8M€, en hausse de 57% / 2021, artificiellement boosté par la reconstitution des stocks des concessionnaires, voir post précédent)
Enfin BEN devrait publier le montant de la vente de la division Habitat à Trigano.
Nota:
Après ESI Group qui a doublé de valeur entre mai et fin juin dernier, Beneteau est ma seconde ligne d’un portefeuille très resserré, SQLI (qui vient également de publier son S1 2023 très quelconque, voir post récent sur le fil qui lui est consacré) étant la troisième ligne.
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1 #19 28/09/2023 10h22
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Les résultats sont encore meilleurs que prévu et la guidance 2023 est revue à la hausse, téléchargez le résultat du S1 2023 à partir de cette page web:
BEN résultats S1 2023
On remarque cependant page 18:
"Un marché plus attentiste
Poursuite de la hausse des taux d’intérêt
Poursuite de la baisse des volumes retail sur le marché américain du Dayboating
Volume de stock au niveau Pré-Covid chez les concessionnaires: déstockage attendu en 2024"
Dans le post #42 je disais:
jbpv a écrit :
Beneteau ne devrait pas passer sous silence les effets sur ses résultats de la variation des stocks des concessionnaires quand celles ci sont significatives.
Pour la première fois, depuis de nombreuses années Beneteau donne des informations sur l’effet "pipeline" de la variation des stocks des concessionnaires qui amplifie la volatilité du CA et donc des résultats de Beneteau et du secteur de la Plaisance en général.
On notera cependant que les stocks des concessionnaires portent surtout sur de petites unités, les grosses unités aux options innombrables n’étant pas stockées mais commandées par les clients après visites aux salons ou au chantier et avant leurs fabrications.
J’attendais ce matin une forte hausse du cours de l’action (voir post précédent) … et le cours baisse de 10% à 11% …
Bien sûr, les analystes (les mêmes qui donnaient il y a peu des objectifs de cours supérieurs à 20€) vont bientôt débarquer et justifier cette baisse.
Au risque d’être iconoclaste, je persiste et signe:
- cette baisse dans d’énormes volumes pour une première heure de cotation n’est absolument pas justifiée, même au regard des perspectives 2024 et 2025, sauf à penser que le management ne tiendra pas ses objectifs,
- elle est le fait d’algorithmes qui font baisser le cours (allers et retours sans réel volume acheté ou vendu) pour repartir sur un niveau le plus bas possible … pour acheter.
Nota:
Je renforce ma très grosse ligne Beneteau.
Edit 10h52: orthographe
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Dernière modification par Jbpv (28/09/2023 10h53)
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2 #20 06/11/2023 12h15
- Jbpv
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Le 08/11, dans moins de 3 jours de Bourse, Beneteau publiera son CA T3.
Si l’on calcule le reste à faire en terme de CA pour le T3 plus le T4 par rapport à la dernière annonce réitérée par le management pour la division Bateaux (CA annuel de 1450M€) on tombe sur un chiffre de 637,1M€ soit -9,3% par rapport à l’an passé.
On se réfèrera aux posts #48, 49 et 50 pour les explications concernant le CA S2 2022, artificiellement boosté par la reconstitution du stock des concessionnaires, après que les clients qui attendaient la livraison de leurs bateaux commandés aient enfin été livrés.
Il est regrettable que la communication du management n’ait pas fait, en son temps, mention de cette explication, ce qui a induit en erreur les analystes de base.
=> il y a donc un risque en ce qui concerne la comparaison des CA T3 et T4 2023 par rapport à ceux de l’an passé et sans doute davantage sur le T4 que sur le T3.
Ma prévision est un T3 2023 très voisin du T3 2022 et un T4 à -16% dont l’annonce pourra éventuellement être noyée en 02/2024 dans l’annonce du CA annuel, d’excellents résultats financiers à paraître, des conditions financières de la cession de l’Habitat à Trigano, etc…
Plan de rachat en cours de 0,5% du K
Ce plan est identique en montant et en date (lancement après la parution des résultats du S1) à celui de l’an passé.
L’objectif est également le même: attribution conditionnelle d’actions gratuites aux salariés.
L’an passé, les rachats quotidiens s’étaient effectués à un rythme journalier régulier de manière à terminer les rachats le jour de la publication du CA T3 effectué après Bourse.
On peut penser qu’il était alors prévu une hausse significative du cours de Bourse après la parution de ce T3 2022 (+19,9%).
Hélas (!), il s’en est suivi dès le lendemain, une baisse du cours de 7% …
Cette année, à partir du 03/10 le plan a commencé à se dérouler à un rythme journalier moyen (15000 à 18000 rachats quotidiens) permettant de terminer les rachats au même rythme juste avant la publication du CA T3 2023, comme l’an passé.
MAIS les derniers rachats ont été effectués le lundi 23/10.
Beneteau à l’habitude de publier en début de semaine le détail des rachats effectués la semaine précédente.
Bizarrement la dernière publication du lundi 23/10 couvre la période de la semaine précédente PLUS le lundi 23/10 et il n’y a pas eu de publication ultérieure.
Beneteau dernière publication de rachats d’actions
On remarquera que les rachats au plus bas prix moyen de ces 6 derniers jours sont ceux du dernier jour, le 23/10 (11,22€ de moyenne) et que les jours suivants il aurait été très probablement possible de continuer à effectuer des rachats à un cours moyen encore inférieur.
=> Il a donc été décidé le 23/10 au soir de suspendre ce plan, soit pour le reprendre de façon massive juste avant la publication du T3 pour faire monter le cours, ce qui constituerait une manipulation flagrante du cours de Bourse ce qui est à exclure ou après la publication du T3 qui pourrait, comme les publications précédentes, être suivi d’une baisse du cours et donc continuer ces rachats dans des conditions plus favorables.
PS: le pourcentage des rachats journaliers par la société rapporté au volume des transactions Euronext a été de 16,7% en moyenne, un chiffre usuel permettant de racheter sans avoir d’influence significative sur le cours de Bourse.
=> Prudence donc avant la publication de ce T3, mais le comportement du cours de Bourse durant la journée du 8 novembre pourrait être intéressant …
Le non évènement de "La réduction des ressources du contrat de liquidité"
Le 20/10 Beneteau a mentionné qu’il réduisait les ressources consacrées à son contrat de liquidité à 2M€ (détention en actions + liquidités).
Beneteau Ressources contrat de liquidité
Cette publication a été reprise en coeur par des journalistes financiers, sans doute en mal de copie, sans en expliquer le pourquoi.
Beneteau a été classé par l’AMF dans le groupe des actions à liquidité réduite dont le contrat de liquidités ne doit pas dépasser 2M€:
l’AMF essaye de faire en sorte que les contrats de liquidité puissent remplir leurs rôles de fluidification du cours de Bourse et de frein aux excès à la hausse ou à la baisse à très court terme sans être en mesure d’influencer le cours du titre à une échelle de temps plus longue, d’où des maximums de ressources différents en fonction des groupes d’actions voir ci-après ainsi que les textes de l’UE qui s’est saisie de ce dossier …
AMF
=> Cette réduction des ressources par Beneteau est donc sans aucune conséquence et sans intérêt.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
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1 #21 07/11/2023 13h28
- Jbpv
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Bonjour,
A côté de ma très grosse ligne Beneteau, j’ai deux petites lignes Fountaine et Catana.
Concernant Fountaine je partage votre point de vue à quelques nuances près:
- Fountaine a acheté Dufour spécialisé dans les voiliers monocoques (de beaux voiliers j’en ai un), mais la boîte était fort mal gérée avant la cession à Fountaine et le créneau des voiliers monocoques est saturé, tout au moins dans les petites (8m) à moyennes tailles (13 à 14m), le marché actuel étant celui des catamarans et des bateaux à moteur.
Je ne suis donc pas sûr que cette acquisition ait été judicieuse et que Dufour ne soit pas encore un boulet à trainer..
- Les dirigeants de Fountaine, après avoir profité de l’introduction en Bourse n’ont strictement rien à faire de leurs minoritaires. Il suffit d’aller sur leur site, section investisseurs: pas de mise à jour depuis 2021 (!) du calendrier des publications dont les dates de sorties ne sont pas communiquées à l’avance et le contenu minimaliste, ça m’énerve !
Pour le PEA PME vous avez raison sur les éligibilités, mais la meilleure solution actuelle pour ceux qui n’ont pas encore atteint les plafonds de versements de 150000€ et 75000€ est de privilégier des versements complémentaires sur le PEA et de ne surtout pas dépasser le plafond de versements de 75000€ sur le PME au dépend du PEA.
Edit 19h20 orthographe, la honte !
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Dernière modification par Jbpv (07/11/2023 19h20)
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1 #22 15/02/2024 15h41
- Jbpv
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Ne pas se fier aux apparences, suite
Le 12/02 après Bourse, Beneteau vient de publier son CA 2023, sans grande surprise, un peu supérieur aux dernières prévisions grâce à un T4 Bateaux à -11,9% contre -16% prévu et un T4 Habitat excellent à +19,7%.
Le management a encore remonté la prévision de ROC 2023 de 210M€ à à "dépasser sensiblement" 210M€.
Dans le précédent post j’écrivais:
jbpv a écrit :
MAIS l’annonce du CA 2023 le 12/02 comportant un CA T4 en baisse significative mais attendue pourrait constituer un nouveau prétexte pour une nouvelle baisse du cours.
D’un autre côté, les conditions de vente de la division Habitat à Trigano n’ont pas encore été dévoilées et pourraient faire partie, avec un chiffre précis de la profitabilité de 2023 du "package" de la communication du 12/02.
=> Balle au centre, hausse ?, baisse ?
Cette fois ci, la publication s’est accompagnée d’une hausse de 7,5% (qui faisait suite à une hausse de 2,5% juste avant cette publication des résultats).
Le "marché" était-il donc content et saluait-il la publication ?
Que nenni, car hier, 14/02, Marshall publiait à l’AMF une position en vade à 0,50%, résultat de ventes le jour de la hausse (et sans doute un peu dès la veille) d’environ 410.000 titres en poussant intelligemment le cours à la hausse, aux dépens des acheteurs ….
Ce brave vadeur compte donc se racheter plus bas (10,5 à 11,5€ ?) et je pense qu’il y arrivera.
En effet, dans le communiqué de Beneteau il est mentionné plus ou moins clairement que l’année 2024 ne sera pas terrible:
- le CA 2023 a bénéficié de la fin de la reconstitution du stock des concessionnaires, "le même en NOMBRE D’UNITES à ce qu’il était avant Covid, contribuant à hauteur de près de 240M€ au CA de l’exercice, soit 150M€ de croissance par rapport à 2022".
=> compte tenu de l’inflation du prix des bateaux depuis cette période et de l’évolution de l’offre vers de plus grosses unités, je pense qu’en terme de VALEUR on doit doit être dans les eaux de +15 à +20% du stock des concessionnaires.
=> l’évolution du "floor plan" dans le DEU 2023 sera un bon indicateur de cette évolution.
- le CA 2024 sera impacté, selon le management, par une diminution de 100 à 150M€ du stock des concessionnaires.
Aucune prévision de CA 2024 Bateaux n’est donnée…
Je l’estime à CA 2023 +0% (année de transition) - 125M€ = 1340M€ soit -8,5% / 2023.
Le management annonçant une fourchette de ROC bateaux 2024 entre 7 et 10% (contre au moins 12% en 2023), je retiens 8,5% soit 114M€ à comparer à un ROC bateaux probable de 179M€ en 2023 (-36%) ou un ROC total 2023 probable (incluant l’Habitat) de 216M€.
Après une publication sans surprise le 19/03 de l’excellent résultat 2023, on aura autour du 10/05 celui du CA T1.
En 2023 le CA T1 bateaux avait été en hausse de 57,3% (!) par rapport à 2022, boosté par la fin de la reconstitution des stocks des concessionnaires.
On peut parier que le CA T1 2024 sera très inférieur….
Sur le net, on peut consulter le CA T4 de Brunswick (baisse, voir Brunswick.com) et accéder (maitredata.com) à l’avenant à l’"Accord activité partielle longue durée société SPBI du 09/12/2020".
Cet avenant concernant cette filiale a été signé le 04/10/2023 et est valide jusqu’au 31/12/2024.
Le même accord a été étendu à Beneteau SA.
On y lit:
Accord a écrit :
Prévision commerciales 2024
Nous prévoyons une baisse de la demande pour l’année 2024 avec un retour au niveau de 2023 à partir de 2025.
La direction de SPBI a négocié sur le mois de septembre 2023, un accord de modulation du temps de travail afin de réduire de 16 jours l’activité en 2024, dans le but de conserver ses effectifs. Cet accord permettra de mieux s’adapter aux cycles et de réduire de manière importante l’activité partielle pour 2024.
L’entreprise continue à croire en un avenir porteur sur le marché du nautisme c’est pourquoi nous avons investi plus de 10 M€ en 2023 pour augmenter nos capacités de production en Pays de Loire et que nous nous engageons à continuer à créer des emplois (remplacement des départs en 2024 à minima).
C’est dans ce contexte de diminution durable de notre activité, que nous sollicitons ce nouvel avenant.
Nota: Après être lourdement renforcé en 01/2024 vers 11 à 11.20€ (si Marshall n’a pas fait descendre le cours plus bas, c’est que l’on ne pouvait pas espérer mieux, voir post précédent), je viens donc de revendre autour de 12.20 à 12.30€.
Je reste très positif sur l’évolution à moyen terme (2025) du cours de Bourse pour les raisons déjà largement évoquées.
J’attends les conséquences de la finalisation de la vente de l’Habitat à Trigano.
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1 #23 19/03/2024 15h55
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Ce soir, 19/03, publication des résultats 2023 de Beneteau.
Ils seront excellents mais sans surprise.
Par contre quatre indices me feront penser que le cours pourrait fortement baisser:
1 - l’année 2024 sera médiocre, cela a déjà été dit, mais sera sans doute confirmé.
2 - Marshall pour la seconde fois en quelques mois a pris une position en vade de 0,50% soit un peu plus de 410.000 titres.
Cette position a été initiée lors de la publication du CA 2023 le 13/02.
=> Il est rare que ces vadeurs perdent de l’argent, donc …
3 - fin décembre, Beneteau a annoncé la mise en oeuvre d’un plan de rachat de 400.000 actions pour attribution aux dirigeants et au personnel.
Après avoir racheté 144.000 titres du 03/01 au 12/01 au rythme de 18.000 titres par jour, il n’y a plus eu d’achats pendant un mois, malgré un cours en baisse.
18.000 titres ont été racheté le 13/02 (journée de hausse de 7,50% faisant suite à la publication du CA 2023)
2910 titres (seulement) ont été racheté le lendemain et plus aucun depuis cette date.
=> soit les résultats 2024 seront tellement mauvais qu’il n’y aura aucune attribution d’actions gratuites et donc pas de raison de continuer les rachats de titres soit la société pense qu’il sera possible de racheter le reliquat de 235.000 titres dans de meilleurs conditions financières.
4 - sans doute le plus important: le rachat par Trigano de la division Habitat n’est pas encore finalisé alors qu’il devait l’être pour la fin 2023.
Sur le site de la Commission de la Concurrence on lit qu’un dossier a été remis par Trigano le 09/01/2024.
Il est évident qu’un premier dossier remis en mai 2023 (date de l’accord pour la vente entre Beneteau et Trigano) a été retoqué et qu’un second dossier a dû être déposé.
=> incertitude donc …
Nota: je me suis allégé de la moitié de ma très grosse ligne BEN
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1 #24 20/03/2024 18h41
- Jbpv
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@yumeria
Je vais essayer de répondre à vos questions:
Dividende
Sa hausse est très significative. Sur les cours actuels, le rendement est de 5,5% ce qui est très élevé et donc très intéressant pour les très gros actionnaires par nature stables comme BERI 21, BERI 210, CDC qui détiennent ensemble 50 millions de titres et 60,7% du K.
Le cours étant volatil, pour un PP ou une sicav, le dividende a beaucoup moins d’importance (mais j’espère bien avoir eu l’opportunité de racheter ma ligne dans de bonnes conditions avant la distribution en juin prochain).
Baisse des taux
Pour Beneteau, aucune importance, voir plus loin
Pour les clients, sans doute un peu tôt, la baisse est répercutée avec retard par les organismes de crédit, surtout pour des achats "non immobiliers".
Cession de l’Habitat
Beneteau aura le cash mais n’aura plus le profit généré par cette activité qui est devenue très rentable.
Le ROC 2023 de l’Habitat a été de 39,3M€ soit 13 à 16% d’un PV dans la fourchette de 250 à 300M€, donc est-ce vraiment une bonne affaire ?
Relisez le paragraphe "Solidité financière : 10,2% de résultat net, 247M€ de trésorerie nette"
Beneteau, avant la vente de l’Habitat, a déjà une situation financière "trop" solide.
Dans le premier post de ce fil, du 04/05/2022, j’écrivais:
jbpv a écrit :
"En France, une société comme Trigano pourrait être au moins intéressée par la division "Habitat de loisirs" de BEN (15% de l’ensemble de l’activité)"
Nous y sommes et j’attends la suite …
Cours futur de l’action
Volume du jour:
Euronext: 496.522
Equiduct (Euronext inclus): 767.020
=> un volume très exceptionnel et une grosse différence entre les deux chiffres, signe d’un volume important d’échanges par les PP qui, d’après mes calculs (fragiles) détiennent un pourcentage significatif du K.
=> la hausse du cours: stop ou encore ?
C’est Marshall et les autres vadeurs qui vont en décider: s’ils arrivent à vendre des titres tout en faisant monter le cours la hausse peut encore continuer, mais il y aura ensuite une baisse (voir mon post précédent).
A mon avis, le cours actuel est encore bas par rapport aux résultats 2023 mais déjà haut par rapport aux perspectives 2024.
Il est encore bas par rapport aux perspectives à plus long terme.
Nota:
Il me reste environ 25% de mes cartouches si le cours continuait à monter significativement.
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3 #25 24/10/2024 14h57
- Jbpv
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En attendant la publication du T3 le 6 novembre prochain, après bourse, je vous propose une analyse des abandons de créance au profit de GBI Holding en ITalie
Périodiquement Beneteau diffuse un communiqué "Convention réglementée avec GBI S.P.A." annonçant un abandon de créance de X millions d’euros au profit de sa filiale à 100% GBI, la dernière en date étant du 30/09/2024 (5 millions d’euros).
Le motif invoqué est toujours le même:
Beneteau a écrit :
"Cette opération a pour objectif de soutenir les activités du Groupe en Italie et de permettre à la société GBI S.P.A. de respecter les dispositions du Code civil italien quant aux capitaux propres minimum requis, nécessitant de prendre toutes dispositions nécessaires à la bonne tenue des comptes annuels de la filiale italienne, ainsi qu’au plus bas de sa saisonnalité."
La même explication minimaliste est reprise dans les rapports annuels.
Au 31/12/2023 le reliquat des créances GBI était de 18,9M€.
Il sera donc de 13,9M€ au 31/12/2024, sauf si un nouvel abandon était effectué d’ici à la fin de l’année.
Ces abandons successifs de créance concernent la plus grande catastrophe commerciale de Beneteau, l’affaire Monte Carlo Yachts.
A - Genèse du projet Monte Carlo
Comme pour d’autres pays, au moins depuis 2002, une très petite équipe de commercialisation de bateaux en Italie avait été créée (Beneteau Italia à Parme), la majorité des facturations aux clients se faisant depuis la France.
GBI Holding est créé au cours de l’année 2008/2009, créance BEN=3460K€, abandon de créance par Beneteau de 710K€) ainsi que sa filiale Monte Carlo Yachts (MCY spa) dont Carla Demaria, qui prend 10% du K de Monte Carlo yachts, en est nommée Présidente (11/2008).
Carla Demaria est une ancienne d’Azimut Benelli (20 ans d’expérience à son comité de et vice-présidente d’Ucina, la fédération italienne du nautisme.
Le projet annoncé le 30/10/2008 est un développement d’une nouvelle gamme de bateaux Open et Flyer de plus de 15 mètres ainsi que de yachts de 20 mètres dans un chantier installé à Monfalcone, près de Venise.
GBI et MCY sont mentionnés pour la première fois dans les comptes annuels 2008/2009 de Beneteau.
Au 31/08/2009 BEN a une créance sur GBI de 3460K€ et a abandonné 710K€ de créance.
Les premières ventes sont prévues pour 2010.
=> La construction de grands yachts est une spécialite de l’Italie avec entre autres Azimut Benetti (CA 2023/2024 de 1,3MM€, très rentable), Ferretti (CA 2023 de 1,1MM€, RN de 84M€) et San Lorenzo (CA 2023 de 840M€, RN de 93M€).
=> démarrer ce projet dans le nord de l’Italie et recruter sur place du personnel expérimenté est logique.
Mais Beneteau se met directement en concurrence avec les ténors de ce secteur ….
B - Le développement
2009/2010
CA = 2,4M€, RN = 0.3M€ (après abandon de 3,5M€ de créance).
Créances BEN sur GBI portées à 5,233M€.
BEN abandonne à GBI de 3,65M€ de créance qui abandonne à son tour 3,5M€ à Monte Carlo Yachts.
Effectif moyen = 18
2010/2011
CA = 11,4M€, RN = 0.8M€ (après abandon de 4,7M€ de créance).
Créances BEN sur GBI portées à 26,566M€.
BEN abandonne à GBI de 4,775M€ de créance qui abandonne à son tour 4,7M€ à Monte Carlo Yachts.
Effectif moyen = 57
Le 31/08/2011 Carla Demaria est nommée membre du Directoire de Beneteau et sera renouvelée jusqu’à sa révocation.
2011/2012
CA = 27,5M€, RN = 0,5M€ (après abandon de 3,5M€ de créance).
Créances BEN sur GBI portées à 41.546M€.
BEN abandonne à GBI de 4,81M€ de créance qui abandonne à son tour 3.5M€ à Monte Carlo Yachts.
Effectif moyen = 107
2012/2013
CA = 37,2M€, RN = -1,1M€.
Créances BEN sur GBI portées à 49,459M€.
BEN abandonne à GBI 0,17M€ de créance et provisionne un futur abandon de créance GBI de 4,85M€.
Effectif moyen = 170
2013/2014
CA = 48,9M€, RN = 2,2M€ (après abandon de 3,5M€ de créance)
Créances BEN sur GBI portées à 62,672M€.
BEN abandonne à GBI 4,85M€ de créance qui abandonne à son tour 3,5M€ à Monte Carlo Yachts.
BEN provisionne un futur abandon de créance GBI de 2,5M€.
10% du K de Monte Carlo Yachts est cédé par BEN à Carla Demaria.
Effectif moyen = 196
La valeur comptable des titres détenus par GBI (ceux de Monte Carlo Yachts) passe de 108K€ à 1108K€.
2014/2015
CA = 58,1M€, RN = 4,1M€ (après abandon de 2M€ de créance)
Créances BEN sur GBI de 54,974M€.
BEN abandonne à GBI 2,5M€ de créance qui abandonne à son tour 2M€ à Monte Carlo Yachts.
Effectif moyen = 220
2015/2016
CA = 70,6M€, RN = 3,6M€
Créances BEN sur GBI diminuent à 53,994M€.
Effectif moyen = 261
=> Monte Carlo Yachts devient rentable.
Le magazine "MotorBoat & Yachting" décerne à Carla Demaria son "Lifetime Achievement Award" lors du London Boat Show. Elle est considérée comme une des meilleures managers du nautisme (cf. La Stampa).
Elle est, après le Président du Directoire de Beneteau, le cadre le mieux payé. Les actions gratuites pleuvent !
2016/2017
CA = 69,1M€, RN = 3,1M€
Créances BEN sur GBI diminuent à 50,646M€.
Effectif moyen = 344
=> Monte Carlo Yachts est rentable, mais le CA et la profitabilité stagnent et l’effectif augmente.
C - Le clash avec Carla Demaria et la reprise en mains
2017/2018
CA = 47,4M€, RN = -8,1M€
Créances BEN sur GBI portées à 59,62M€.
BEN provisionne un futur abandon de créance GBI de 4,8M€.
Effectif moyen = 295
=> Le CA baisse, les pertes se creusent, près de 60M€ de créances après les abandons de créances des années précédentes.
2018/2019
CA = 29,5M€, RN = -11,4M€
Créances BEN sur GBI portées à 65,874M€.
GBI souscrit à une AK du K de Monte Carlo Yachts: Demaria est diluée de 10% à 1,82%.
BEN abandonne à GBI 8M€ de créance et provisionne un futur abandon de créances GBI de 4M€.
Effectif moyen = 263
=> Beneteau a "changé de chat" et nommé Jérôme de Metz PDG de BEN:
- Carla Demaria est démise de toutes ses fonctions dans Monte Carlo Yachts et Beneteau le 10/11/2018, confirmé en AG extraordinaires les 21 et 22/11/2018,
- le DG de BEN, Hervé Gastinel sera ensuite viré le 14/06/2019 ainsi qu’un peu plus tard le DAF Christophe Caudrelier.
A la suite de son éviction, Carla Demaria diffuse dans la presse (notamment La Stampa, the Medi Telegraph) des allégations selon lesquelles la maison mère de Monte Carlo Yachts aurait procédé à des abus de majorité, irrégularités ou actions déloyales envers sa filiale italienne, dans le but de lui nuire.
BEN réplique:
"Depuis la création en 2008 de cette filiale, le Groupe Beneteau a investi plus de 80 millions d’euros dans le développement de Monte Carlo Yachts à Monfalcone en Italie. L’investissement financier s’est doublé d’un soutien sans faille du Groupe Beneteau aux équipes italiennes, leur permettant de bénéficier du savoir-faire industriel et des réseaux de distribution mondiaux du groupe."
Carla Demaria rebondit chez San Lorenzo où elle prend la direction du chantier Bluegame qui vient d’être racheté.
D - La fin et l’abandon progressif des créances sur GBI
D1 - La reconversion
Evidemment BEN déclare que la production des yachts sous la marque Monte Carlo continuera.
Aucune solution de continuité ou de vente de la marque ne sera trouvée.
Les unités en cours de production seront terminées et avec celles en stock seront progressivement écoulées sur le marché.
On trouve encore en 2024 quelques yachts Monte Carlo NEUFS de 2021 à vendre chez des brokers (voir en fin de ce papier).
Rebaptisé Groupe Beneteau Italia le 01/03/2022, le chantier de Monfalcone et son personnel ont été reconvertis dans la production des "grosses" unités à voile et à moteur de l’offre Beneteau:
- en 2019, la production des grands voiliers monocoques (20 à 23 mètres) du chantier CNB à Bordeaux, racheté par Beneteau au début des années 2000 est transférée à Monfalcone,
=> ce transfert est la première étape de l’abandon par Beneteau de la construction et commercialisation de grands voiliers "custom".
- en 2022, dans le cadre de la vente de la marque CNB yachts à Solaris, petit chantier italien proche de Monfalcone, la production de l’ensemble de la gamme des voiliers CNB est transférée à Solaris.
=> Monfalcone devient une simple unité de production du Groupe.
D2 Le bilan économique
Dans son communiqué du 21/11/2018 BEN évoque le chiffre de 80M€ d’investissements depuis 2008.
En totalisant les abandons de créances à GBI on trouve:
De la création de Monte Carlo Yachts à l’année 2018/2019:
2008/2009 = 0,71M€
2009/2010 = 3,65M€
2010/2011 = 4,775M€
2011/2012 = 4,81M€
30/08/2013 = 0,17M€
07/11/2013 = 4,85M€
2014/2015 = 2,5M€
31/08/2019 = 8M€
Sous total = 29,5M€ de créances abandonnées (et 65,874M€ de créances BEN restantes sur GBI, K et AK de Monte Carlo Yachts soit un total investit d’au moins 95M€)
De 2019/2020 à 2024:
2019/2020 = 40,548M€ (16/04/2020 = 9,0475M€, 31/08/2020 = 5M€, 01/12/2020 = 26,5M€ (créance devient réserve de couverture de pertes))
2021 = 14,231M€
- dont créances abandonnées: 28/04/2021 = 8,5M€, 22/10/2021 = 1,5M€, 31/12/2021 = 3,5M€
- dont dépréciations Monte Carlo (31/12/2021 = 0,731M€)
2022 = 0,753M€ de dépréciation de la marque Monte Carlo
A noter une reprise de dépréciation de stock de pièces détachées pour 3,067M€ sur une dépréciation inconnue antérieure.
2023 = 3,5M€ le 20/12/2023, le solde des créances BEN sur GBI étant au 31/12/2023 de 18,923M€
2024 = 5M€ le 30/09/2024
Sous total = 64M€ de créances abandonnées et dépréciations et un reliquat d’environ 14M€ de créances BEN sur GBI.
Coût total probable de l’aventure Monte Carlo Yachts: 29,5M€ + 64M€ + 14M€ ? soit de 100 à 120M€ (!).
E - Conclusion
Carla Demaria n’était probablement pas la personne la plus qualifiée pour ce projet industriel mais elle a reçu l’appui technique des équipes de Beneteau et les dirigeants de l’époque (Gastinel et Caudrelier) ont laissé le projet déraper.
Ce qu’il faut retenir concernant le marché de la plaisance, c’est que depuis les années 1990 environ, il se restructure et se spécialise peu à peu:
- de moins en moins de chantiers (disparitions ou rachats),
- de moins en moins de constructeurs "généralistes", les meilleurs grossissant par croissance interne et externe (rachats),
- une segmentation du marché par typologie de produits (voiliers: monocoques / multicoques, bateaux à moteurs: day boats, habitables)
- une segmentation du marché par clientèle ("mass production" versus "custom", niches, …)
Dans ce contexte, en 2008, Beneteau n’a pas l’image, la structure, la mentalité pour pénétrer avec succès le marché de niche des grands yachts. On remarquera aussi qu’il a dû se défaire de celui des grands voiliers de CNB.
Ce qu’il faut retenir concernant la structure financière de BEN, c’est qu’elle a été capable "d’encaisser" un tel fiasco et qu’il est probable que l’on est proche de la fin des abandons de créances GBI:
Explication
Pour ceux qui envisageraient d’acheter un yacht Monte Carlo NEUF, j’en ai identifié 9, tous de 2021, de 20 mètres à 32 mètres de long, soit un modèle 66 (pieds), 2 modèles 70, 2 modèles 76, 1 de 80, 1 de 86, 1 de 96 et 1 de 105.
Cela correspond à une unité de présentation de chaque modèle de la gamme (2 versions pour les 70 et 76).
Il est évident que les brokers qui proposent ces unités ne les ont pas acheté et que GBI en est encore propriétaire.
La valeur de ce stock est d’environ 45M€ en prix de vente, donc peut être de 30 à 40M€ en valeur stock, mais plus le temps passe et plus les ventes de ces unités neuves de 2021 devront se faire avec une forte décote (50% ? donc en dessous du prix de revient). ce qui génèrera encore des pertes au niveau de GBI et quelques abandons de créances que le management lisse depuis 2022 à un niveau raisonnable chaque année….
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
Dernière modification par Jbpv (25/10/2024 09h27)
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