Les résultats du Q2 sont presque "normaux" ($5Mds de profits, 1% de ROA et 8,8% de ROE) compte tenu de la baisse significative des dépenses opérationnelles. BAC peut raisonnablement avoir en ligne de mire le même niveau d’efficiency ratio que Wells-Fargo, le bon élève de la classe.
Un peu moins de $800M d’actions ont été rachetées ce trimestre.
Si BAC réalise quatre trimestres consécutifs à ce niveau les profits sur une année seront bien supérieurs à $20Mds.
Si on regarde dans les rétroviseur…Depuis 3 ans la banque s’est focalisée sur trois points.
(1) Solidifier son bilan. C’est chose faite puisque tous les ratios réglementaires sont d’ores et déjà supérieurs aux normes prudentielles et que les dettes long terme ont été massivement rachetées et/ou refinancées.
De plus, la taille de BAC lui permet d’attirer un grand nombre de dépôts dans sa banque de détail à un coût modique, ce qui limite son besoin en capitaux ayant un coût supérieur.
(2) Résoudre tous les procès et litiges…et payer. BAC est l’institution financière qui aura payé le plus d’amendes : pas loin de $100 milliards. Au final, BAC aura dû sortir finalement plus de cash que ce qui était provisionné mais est toujours en vie et gagne de l’argent. Quelle meilleure preuve d’un avantage concurrentiel solide ?
(3) Se recentrer sur con cœur de métier, privilégier la rentabilité et l’efficience au détriment de la croissance. Ainsi, BAC a diminué son empreinte physique en fermant 7% de ses distributeurs et 15% de ses centres financiers. Le nombre d’employé a chuté de plus de 20% et les transactions en ligne croissent de manière importante. Les dépenses opérationnelles ont été divisées par plus deux.
Parallèlement, les activités de Meryll Lynch (gestion de fortune, banque d’affaires) atteignent des niveaux de profitabilité records. A posteriori, et après un important travail de redressement, l’acquisition aura été une bonne chose.
Sur le dernier trimestre écoulé, BAC présente un profil de rentabilité plus en adéquation avec la qualité de sa franchise et de son bilan. En continuant de diminuer les coûts, ces métriques devraient s’améliorer sensiblement. La banque est en fait plus profitable qu’auparavant car le levier est lui, bien inférieur.
En termes de retour de capital aux actionnaires, BAC a été assez contraint dans ses demandes par le régulateur.
Les rachats d’actions ont tout juste servi à couvrir à la dilution et le dividende a été très légèrement augmenté à 5 cents par trimestre, soit un rendement légèrement supérieur à 1%. Vu les niveaux de valorisation et la faiblesse du dividende, il eût été préférable que BAC se concentre sur les rachats d’actions.
---
Aparté sur les warrants TARP :
Le dividende trimestriel de 5 cents a déclenché l’ajustement à la baisse du strike du TARP warrant A : il est désormais de $13,171 vs $13,30 initialement et il continuera de baisser dans les trimestres à venir.
Concernant le B, il faut que le dividende trimestriel dépasse les $0.32 par trimestre pour que le strike de $30,79 s’abaisse.
Les informations sont disponibles directement sur le site de BAC, ici pour le warrant A et ici pour le B.
---
Et maintenant ?
Bien que les litiges et les actifs toxiques aient fortement reflués, ceux-ci grèvent encore les performances de BAC car ils entraînent des coûts de gestion supplémentaires, inutiles en temps normal. La tendance est baissière et BAC pourra très certainement atteindre les performances des meilleures élèves du secteur sur ce point.
En outre, les taux bas prolongés nuisent à sa performance financière en comprimant sa marge d’intérêt. Bruce Berkowitz estimait récemment qu’une hausse de 1% des taux se traduirait par un profit supplémentaire de $3,7B pour BAC.
Ainsi, la valeur comptable tangible n’aura progressé que de 15% en trois ans du fait d’une capacité bénéficiaire encore sous pression et d’un nombre d’actions stable.
BAC est extrêmement bien capitalisée aujourd’hui et on peut s’attendre, sous réserve du feu vert du régulateur, à ce que tout ce surplus de capital soit rendu aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions.
Tous les développements auront pris plus de temps que prévu initialement, BAC est plus que jamais en bonne santé financière et à définitivement tourné la page de son douloureux passé.