Pour les besoins des entreprises et le matériel informatiques, quelques remarques:
Les "entreprises" ne sont pas un bloc homogène. Si on prend les très gros donneurs d’ordre, les appels d’offre se gagnent certes sur les besoins techniques minimum définis par la DSI, mais , surtout maintenant, sur le prix car ce sont souvent les achats qui choisissent au final.
Un des gros problèmes rencontrés est que l’entreprise est divisée en silo avec chacun ses intérêts: les achats ont leurs objectifs de réduction de l’enveloppe d’investissement. Les problèmes potentiels pouvant éventuellement affecter la rentabilité totale de l’opération ne leurs sont pas imputés.
Même si l’entreprise dans son ensemble perd de l’argent( en terme de TCO: Total Cost of Ownership), les décisionnaires ne sont pas directement impactés ou mesurés sur ce TCO.
Et en ce moment, on sent que les grosses entreprises achètent plus un prix qu’une qualité…
Même sur le créneau des PC (pourtant banalisés) il demeure des différences: qualité des matériaux employés, capacité à gérer des contrats internationaux, qualité du support/maintenance, taux de panne, gestion des aspects sécurité des données, capacité à gérer de grands parcs de maniére automatisée, etc…
HP est plutôt bon sur ces aspects, avec Dell. Mais si Lenovo progresse, c’est aussi que d’une part ils comblent leur retard, et que d’autre part, ces éléments pour la plupart intangibles ne sont pas valorisés.
Mais ils ont un coût.
Et quand vous voulez garder ou acquérir une base installée, vous devez aujourd’hui faire les efforts nécessaires pour s’aligner ou presque sur le moins-disant: les marges s’érodent ( quand elles ne disparaissent pas!).
Les achats de PC se décident de moins en moins au niveau de l’informatique mais surtout passent au niveau des achats dans les achats dit "commodities" ( avec les voyages, les fournitures de bureau, etc…), plus habitués à négocier un prix qu’à prendre en compte la valeur complète.
Coté serveurs c: ce qui était vrai il y a quelques années (serveurs nécessitant une forte disponibilité, excellente maintenance avec garantie de réparation, et se monnayait assez cher -je me souviens de Sun…) est aujourd’hui de moins en moins vrai: plus de la moitié des applications sont maintenant virtualisées, ce qui signifie que vous pouvez assez simplement les faire passer d’un serveur sur un autre sans arrêter la production.
D’ou la multiplication des fermes de serveurs "standards" (pour ne pas dire "jetables") dans les datacenters. Et par conséquent la baisse importante des prix et des marges.
Je ne nie évidement pas l’importance de la "qualité" des serveurs ( consommation électrique, performance, etc…), mais simplement je constate que nous sommes dans un mouvement vers la banalisation et par conséquent la baisse importante des prix et des marges, comme sur les PC.
Les constructeurs comme HP et Dell subissent ce double effet sur les PC et les serveurs. La bataille coté matériel passe maintenant sur le réseau et le stockage (en competition avec les acteurs specialisés: Cisco, EMC,…)
Et bien sur , la marge continue de se faire sur les services et le logiciel.
HP comme Dell a fait et continue des acquisitions sur ces secteurs , mais il faut en attendant compenser les pertes déjà actées ou à venir sur les PC et serveurs…
Je ne suis pas analyste, mais en plus des perspectives assez sombres sur 2013, peut être sont-ce ces éléments qui sont déjà intégrés dans la faible valorisation des actions?
En tout cas, pour baser un investissement sur ces sociétés, compte tenu des changements rapides dans cette industrie, mon critère serait plutôt la capacité à s’adapter rapidement (changement strategique ET capacité à executer).
Comme disait un de mes patrons: dans l’IT, ce ne sont pas les gros qui mangent les petits, ce sont les rapides qui mangent les lents… (OK, les gros mangent aussi les petits ;-) !).
L'Investisseur Individuel, mon blog orienté "Dividendes Pérennes":
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