11 #1 29/10/2015 07h33
- Bernard2K
- Membre (2015)
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Bonjour, étant encore débutant, j’essaie d’apprendre un maximum de choses sur l’immobilier locatif (d’habitation principale).
Ce que j’ai bien compris, c’est que les loyers impayés peuvent être le cauchemar des bailleurs et ruiner tous les beaux calculs de rentabilité (j’ai déjà entendu parler de revenus locatifs réels très bas, de quasi-nuls à moitié moindre que prévus, compte tenu des impayés, mais aussi des frais des procédures et des dégradations à réparer ; vous connaissez sûrement aussi de telles histoires qui font dresser les cheveux sur la nuque de l’apprenti-bailleur ! ).
J’essaie, avec ce fil, de faire un point sur les différentes solutions qui existent pour prévenir les impayés de loyer, en essayant de bien englober l’ensemble des aspects (pas seulement tel dispositif par rapport à tel dispositif).
Précautions préalables :
- vérifier que le locataire est solvable (ratio revenus/loyer, "qualité" de ce revenu, etc) ou que quelqu’un d’autre paie pour lui (CAF…)
- entretenir une bonne relation avec le locataire : déjà une relation "carrée", c’est à dire bail, état des lieux, etc bien rédigés et bien carrés. Ensuite une relation de bonne entente, qu’on pourrait résumer en "vous payez le loyer ; je m’occupe de fournir un logement de bonne qualité et de réagir rapidement en cas de réparation ou autre problème à régler". Souvent, les impayés de loyer viennent de locataires qui se font justice eux-mêmes car ils ont l’impression que le pacte moral avec le bailleur n’est pas respecté (logement dégradé, difficile à chauffer, trop humide, réparations nécessaires mais pas effectuées…). Donc : une relation saine et équilibrée ; une "main de fer dans un gant de velours".
- Quand on passe à l’impayé (au-delà du léger retard), ne surtout pas à tarder à envoyer les commandements de payer puis à sortir l’artillerie lourde (huissier). Trop de bailleurs laissent traîner et ne commencent à s’inquiéter que quand la dette est déjà à des montants considérables. Lorsque le bien est géré par une agence : certaines agences font cela sérieusement et dans les temps ; d’autres vont avoir le même défaut que beaucoup de bailleurs particuliers : trop traîner à réagir et laisser la dette s’empiler.
Les principales solutions :
1) la caution solidaire, personne physique.
C’est, sur le papier, une solution très solide, car cela fait deux personnes qui sont solidaires de la dette (le locataire + le cautionnaire, voir davantage de personnes s’il y a des colocataires solidaires ou si on demande un second cautionnaire). Ca "résiste" même à la procédure de surendettement du locataire (puisque la dette de loyer ne peut pas être effacée par la procédure de surendettement lorsqu’il y a une caution personne physique, et cela, même si toutes les autres dettes sont effacées). Néanmoins, il faut bien respecter la procédure : sur la forme de la caution (à écrire à la main, contenu obligatoire de l’acte d’engagement, bien préciser l’extension dans le temps etc.), mais aussi sur la gestion des impayés (adresser les commandements de payer à la caution aussi).
Par ailleurs, le candidat locataire qui a un revenu suffisant peut renâcler sur cette demande sur le mode : "c’est bon, je ne suis plus étudiant !". Cela dit, pourvu qu’il y ait suffisamment de candidats à la location, le bailleur peut l’imposer de facto ; le locataire réticent n’aura que le choix entre accepter cette demande ou aller voir ailleurs.
Bref, ce n’est pas simple, ce n’est pas magique (il ne suffit pas de dire "c’est bon il y a une caution" pour être protégé magiquement), mais c’est efficace. Vous avez de très bonnes chances de revoir votre argent un jour… à l’issue des procédures.
Pour résumer : c’est toujours long et compliqué, mais la caution peut faire la différence entre revoir enfin son argent ou subir une perte sèche.
2) le bail notarié.
Si ça semble rarement utilisé pour de l’habitation, l’existence de cet "acte authentique" permet de rendre les dettes immédiatement exigibles (copie exécutoire du bail), donc de s’adresser immédiatement à l’huissier (pour saisie). Bon, ça ne résoud pas tout pour autant. De plus, à cause du coût, j’imagine qu’on n’y recourt pas pour un studio à 200 € qui change fréquemment de locataire ; par contre, pour une maison louée 1500 €/mois à une famille qui semble vouloir s’installer durablement, je suppose que ça devient plus intéressant…
Pour le coût, j’ai trouvé des infos variables ; il semblerait que le coût TTC de l’acte soit de l’ordre de 2/3 du loyer mensuel, avec les formalités mais hors établissement de l’état des lieux ; ce coût est réparti 50/50 entre propriétaire et locataire.
3) assurance contre les loyers impayés, dite garantie loyers impayés (GLI)
C’est un contrat d’assurance proposé par des assureurs. Il y a des conditions, dont la principale est que le locataire doit avoir un revenu minimum de 2,7 à 3 fois le loyer. Globalement, l’assurance paie les loyers impayés, passé un délai de carence ; l’assurance prend aussi en charge les aspects juridiques (commandements de payer etc. jusqu’à l’expulsion si nécessaire) ; et peut (sur option selon les contrats) prendre en charge la remise en état suite aux dégradations du logement qui vont souvent avec les loyers impayés.
Coût : 2 à 4 % du loyer. (2,5 à 3 % pour la plupart des cas)
A noter : il semblerait qu’une partie des assureurs préfèrent que le bien soit géré par une agence ; il y en a même un qui est spécifique à Orpi. Du coup, l’alternative est souvent entre "tout gérer en direct" ou bien prendre le pack "gestion par agence + GLI" qui coûte alors 8 à 11 % des loyers.
PS : il y a un bon tableau comparatif de ces assurances dans le Que choisir argent d’octobre 2015. Il compare Pacifica (Crédit agricole), Sacapp, Solly Azar, UNIS (pour les adhérents de l’UNPI), et Orpi (réseau Orpi). (Par ailleurs : le reste de l’article est bien mais très basique ; on n’apprend pas grand chose si l’on s’est déjà bien renseigné sur l’immo locatif).
3) la garantie des risques locatifs (GRL)
Proposé par des assureurs privés, et réassuré par l’Etat. Pour les locataires ayant au moins 2x le loyer. Puisque la GLI semble préférable quand le locataire y est éligible, en pratique ça veut dire que la GRL concerne surtout les locataires dont les revenus sont compris entre 2 et 3 fois le loyer.
Coût : 2,5 à 4 % du loyer.
[url=Assurance loyers impayés : GLI, GRL et Garantie universelle des loyers ("Gul") | De Particulier à Particulier - PAP/la-garantie-des-risques-locatifs-grl]La Garantie des risques locatifs (GRL) : impayés, dégradations et procédure. | De Particulier à Particulier - PAP[/url]
Sur le sujet "GLI vs GRL", voir aussi :
Garantie des Risques Locatifs (GRL) vs Garantie Loyers Impayés (GLI) pour les banques ?
Assurance loyers impayés : GLI, GRL et Garantie universelle des loyers ("Gul") | De Particulier à Particulier - PAP
A noter : GLI ou GRL ne sont pas cumulables avec une caution solidaire (on ne peut pas avoir ceinture et bretelles), sauf pour les étudiants et les apprentis.
4) Quelqu’un d’autre paie pour le locataire !
J’étais très étonné de lire récemment un foreumeur qui envisageait sereinement d’acheter un immeuble dont les appartements étaient déjà loués à des gens "sociaux" (pour le dire simplement). Je me disais : et les risques d’impayés, de dégradations etc ?
En fait, il avait bien raison. Un vieux renard de l’immo locatif me disait récemment : "la majorité de mes biens sont loués à des personnes pauvres : chômeurs, RMIstes… la CAF me paie directement 90 à 100 % du loyer. La CAF m’écrit tous les 6 mois pour savoir si le locataire est à jour ; il est à jour" (j’ai cru comprendre que ça voulait dire : s’il y a retard de loyer, on s’arrange avec le locataire, mais on ne va pas prendre le risque que la CAF suspende les paiements). Il ajoutait : "on me dit que mes loyers sont sous les prix du marché ; mais en contrepartie, les locataires restent très longtemps, et je n’ai quasiment pas de vacance locative ; c’est même parfois le locataire sortant qui me trouve le remplaçant."
5) la dilution du risque.
Si on a 10 biens qui rapportent 200 €/mois chacun en moyenne, le risque est évidemment différent, par rapport à si on a tout misé sur un seul bien loué 2000 €/mois. Avec 10 petits biens, on a plus de probabilité d’avoir un impayé sur l’un d’entre eux ; mais ça ne concerne que 1/10e du revenu locatif à la fois. Alors que si, sur la maison à 2000 €/mois, on a 2 ans d’impayés (le temps d’arriver à l’expulsion effective) : 2 ans sans aucun revenu locatif du tout, avec au contraire des frais de procédure à supporter, on prend mal ! Si on dilue le risque sur 20 ou 30 petits biens (on a le droit de rêver ?), c’est encore mieux !
Dans cette stratégie, attention quand même à ne pas cumuler des biens "pourris", comme des places de parking dans des quartiers qui n’ont pas de problème de stationnement ; des appartements dégradés dans des quartiers "qui craignent" ; des locataires "sociaux" sans pour autant percevoir la CAF en direct… Dans un tel cas, on pourrait très bien finir par avoir des impayés sur 50 ou 60 % de son parc locatif et c’est donc contre-productif : on se retrouve avec plein de procédures et de conflits à gérer à la fois : personne n’a envie de ça. En résumé : diluer le risque, oui, multiplier les emmerdements, non !
Un autre vieux renard de l’immo locatif me disait : "j’ai fait mes calculs : sur 32 ans comme bailleur (avec un parc diversifié), je suis à 0,5 % d’impayés. Je ne vais pas payer 3 % d’assurance pour éviter une perte de 0,5%." Cela dit, j’imagine que pour être à seulement 0,5 % d’impayés sur une aussi longue période, il ne faut pas seulement diluer le risque, il faut être vraiment bon comme bailleur, c’est à dire être bon dans le style "main de fer dans un gant de velours".
6) : la garantie universelle des loyers (GUL)
Prévue dans la loi ALUR, elle doit s’appliquer aux contrats signés après le 1er janvier 2016. Elle est censée être gérée par l’Etat, éventuellement financée par une taxe sur les loyers. Le premier ministre l’avait enterrée pas longtemps après son annonce, provoquant la colère de Duflot. Disons que son application est "retardée"… probablement pour longtemps !
Je dois avouer que je ne pensais rien de bon sur les solutions 4 et 5) ; et ce ne sont pas des solutions qu’on lit dans les bouquins (en particulier la 4 qui n’est pas très politiquement correcte). Maintenant que j’ai des retours d’expérience, par forum interposé et en direct, qui confirment que ça fonctionne, je les regarde d’un autre oeil !
D’ailleurs, les bouquins type "l’immobilier c’est formidable" éludent complètement ou quasi-complètement ce sujet des impayés de loyer et de la façon de les prévenir et d’y faire face. C’est pourtant essentiel !
Qu’en pensez-vous ?
Message édité par l’équipe de modération (29/10/2015 08h56) :
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Dernière modification par Bernard2K (29/10/2015 11h18)
Mots-clés : caution solidaire assurance garantie loyers impayés caf allocations, loyers impayés, protection
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