Fans des produits BIC (sauf le rasoir à une lame où on se coupe à chaque fois avec !), donnez votre avis sur cette estimation de valorisation !
BIC en quelques chiffres
BIC est un groupe français avec une présence mondiale dans 5 secteurs :
- Stylos/Papeterie (32% du CA, n°2 mondial)
- Briquets (28% du CA, n°1 mondial sur les briquets de marque)
- Rasoirs (18% du CA, n°2 mondial sur les rasoirs jetables)
- Produits publicitaires et promotionnels (17% du CA)
- Autres (5%)
Le CA est autour d’1,9 Md€ et hors produits publicitaires et promotionnels est réalisé à 37% en Amérique du Nord, 29% en Europe et 34% dans les pays émergents.
La capitalisation boursière est de 4 Md€, avec un rendement sur dividende de 3%. Le groupe est familial et donc contrôlé par la famille… BICH (bravo à ceux qui suivent !).
La vache à lait du groupe est l’activité briquets, avec un phénoménal 37% de marge opérationnelle (un chiffre digne des cigarettiers).
Les marges des autres activités sont plus faibles mais correctes : 16% pour les stylos/papeterie, 16% pour les rasoirs et 8% pour les produits publicitaires (vente de stylos, sac, etc avec le nom de sociétés tiers).
Source : Résultat T2-2013
L’action est éligible au PEA et peut être enregistrée au nominatif pur.
BIC possède 23 usines dans le monde dont 5 en France (cocorico).
Moat = Avantages concurrentiels
xlsValorisation estime à 16-17% le ROIC de BIC sur les 3 derniers exercices, laissant entendre de la présence d’un avantage concurrentiel (on suppose particulièrement sur l’activité briquets, un peu moins sur l’activité rasoirs et stylos/papeteries, aucune sur les produits promotionnels) :
Valorisation
Valorisation par les multiples historiques
Ceux-ci nous sont donnés par MorningStar.com :
Je les reporte dans xlsValorisation :
La fourchette sur le PER étant plus serrée, xlsValorisation propose une pondération à 52% contre 23 et 25% pour le prix/capitaux propres et prix/CA.
Valorisation par les multiples comparables
Cette valorisation est rendue difficile par l’absence de comparable direct.
Il faudrait comparer segment par segment, mais là encore cela n’est même pas évident :
Si nous prenons l’activité rasoirs, un comparable pourrait être Gillette. Mais Gillette est possédé par Procter & Gamble et n’est pas coté. D’autre part, est-il vraiment pertinent de comparer un business model basé sur les rasoirs jetables plutôt que rasoirs à recharge ?
Valorisation par l’actualisation des flux de trésorerie
Normalisation des données
- l’estimation du bénéfice par action de l’exercice en cours vient du consensus Bloomberg
- pour le CA, je prends celui de l’année dernière avec une croissance de 3%
Prévision 2013 des dirigeants a écrit :
Grand Public - Sur l’ensemble de l’année, le chiffre d’affaires devrait croître de +2% à +4% à base comparable, en ligne avec nos objectifs à moyen terme. La marge d’exploitation normalisée devrait se situer dans le haut de la fourchette de nos objectifs moyen terme (15% à 20%).
Produits publicitaires et promotionnels - La baisse du chiffre d’affaires 2013 de BIC APP pourrait se situer entre -1% et -5% (« low-to-mid-single digit »). En raison de la moindre absorption des coûts fixes liée à la diminution des ventes, la marge d’exploitation normalisée pourrait décroître à un niveau proche de 5% ou légèrement inférieur (« mid-to-low single digit level) ».
- pour la marge opérationnelle, je prends la moyenne des deux derniers trimestres
- pour la trésorerie et les dettes, je prends les chiffres du dernier trimestre donnés par MorningStar.com
- dans les impôts différés, j’ai casé : le passif d’impôt différé + le passif lié aux pensions des salariés - l’actif d’impôt différé
D’où :
Taux d’actualisation
- taux sans risque du bon à dix ans américain (le bon à dix ans français est kifkif)
- prime de risque sur le S&P500 en Octobre 2013, estimée par le professeur Damodaran
- pour le beta, j’utilise un beta sectoriel façon Damodaran en séparant les activités rasoirs/briquets des activités stylos/papèteries/etc :
D’où :
L’estimation du coût de la dette à 43% est certainement farfelue mais sans grande incidence, puisque BIC n’a quasiment pas de dette.
De fait le cout du capital équivaut au cout des capitaux propres, soit 8,5%.
Compte-tenu de la stabilité de ses activités, BIC bénéficierait à s’endetter pour diminuer son cout du capital.
Taux de croissance
Si nous regardons l’historique sur dix ans, nous voyons un CA relativement stable (2006 à 2008 et 2010 à 2012), en dehors des opérations de croissance externe (acquisition en 2008 d’Atchison ; en 2009 d’Antalis et Norwood) :
Intuitivement, nous pouvons imaginer que les perspectives à long terme sur les briquets ou stylos sont plutôt moroses : baisse de la consommation de cigarettes et nous écrivons de moins en moins.
Mais restons factuel et regardons les chiffres du T2-2013, qui sont plutôt bons, avec +4,1% de CA par rapport au T2-2013 en base comparable.
BIC semble gagner des parts de marché sur les marchés matures et augmenter ses volumes dans les marchés émergents (sur lesquels elle vient de se renforcer, via une augmentation de sa participation dans sa filiale Cello Pens en Inde).
Considérons un CA en croissance de 4%, une marge opérationnelle (déjà élevée) stable et donc un résultat opérationnel croissant à 4% :
Valorisation finale
Je pondère à 50% l’estimation via les multiples historiques et 50% via l’actualisation des flux de trésorerie.
D’où :
Source : xlsValorisation
Conclusion
A 85 €, l’action parait donc surcotée.
Toutefois, en prenant un PER moyen à 15,1 et l’estimé de Résultat Net 2014 de 5,63 € / action au lieu de l’estimé 2013 à 5,22 ; nous arrivons à ces 85 €.
Mais même là, BIC ne semble pas une aubaine au cours actuel.