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3 #201 20/07/2018 00h17
- Fructif
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Scipion8 a écrit :
’il est plus compliqué d’évaluer un risque systémique qu’un risque idiosyncratique
Je sais pas trop, sauf qu’à mon avis une action c’est un risque systémique plus un risque idiosyncratique. Je pense qu’il est moins risqué de subir un risque systémique, qu’un risque systémique plus idiosyncratique. Il est aussi sûrement plus dur d’analyser 1 risque systémique et de lutter contre lui, plutôt que 1 risque systémique et (nb de lignes) * risques idiosyncratiques.
A titre personnel, je suis à peu près certain que les investisseurs en actions en direct vont réellement plus être dans la panique que les investisseurs en ETF. Notamment à cause d’un biais d’ "overconfidence", qui les incitera à faire des grosses erreurs en pensant être meilleur que le marché.
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#202 20/07/2018 08h35
- Yonz
- Membre (2017)
- Réputation : 63
Scipion8 a écrit :
Le point important pour moi, c’est qu’il est plus compliqué d’évaluer un risque systémique qu’un risque idiosyncratique.
Il est pourtant communément admis que la détention d’un panier d’actions est moins risqué que la détention d’une seule action de ce panier. Et si un risque est plus faible qu’un autre, on peut supposer qu’il est plus facile à évaluer.
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1 #203 20/07/2018 09h31
- Scipion8
- Membre (2017)
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@Yonz : oui et non :
- Oui, la diversification permet bien de réduire le risque d’un portefeuille (et en la matière je suis un extrémiste, cf. ma file de portefeuille…)
- Non, le risque d’un portefeuille diversifié (par exemple via l’utilisation d’ETF) n’est pas nécessairement plus facile à évaluer que le risque d’un portefeuille concentré. Un exemple extrême pour illustrer cela : imaginons un cadre dirigeant d’une entreprise cotée, avec une connaissance fine de son entreprise (étant insider), qui a 2 portefeuilles : un portefeuille entièrement constitué d’ETF Monde et un portefeuille entièrement constitué d’actions de sa boîte. Le premier portefeuille est moins risqué que le second en raison de l’effet de diversification ; mais l’investisseur a une bien meilleure compréhension / visibilité sur le second portefeuille.
C’est un point crucial de l’investissement : il ne suffit pas de faire des backtests, il faut prendre en compte le point de vue de l’investisseur ! Son degré de compréhension, sa maîtrise du flux d’informations et des biais psychologiques ! C’est bien l’investisseur, qui n’est pas une machine mais un être sensible avec des biais psychologiques, qui prend les décisions - notamment les décisions de renforcement et de retrait en phase de krach, qui ont un impact majeur sur la performance du portefeuille sur le cycle dans son ensemble.
Je pourrais prendre des exemples moins extrêmes que le cas d’un insider : par exemple, le cas d’un stock-picker fondamental ou deep value, qui a fait un gros travail d’analyse avant de choisir une action. Pour moi il ne fait aucun doute qu’il aura un comportement différent, et probablement plus rationnel, que M. Duchmol et Mme Michu avec leur portefeuille 100% ETF en cas de choc systémique… (même si l’investisseur fondamental doit aussi se méfier de certains biais, ancrage etc.)
Je pense que l’investissement régulier sur un ETF Monde est une très bonne stratégie, mais qui demande une très grande discipline, en particulier en phase de krach. Pendant un krach, l’investisseur en titres vifs peut au moins "se raccrocher" aux résultats publiés par les entreprises, tandis que l’investisseur de long-terme 100% ETF peut avoir le sentiment de se retrouver face à une "boîte noire" dont le prix s’écroule et dont la valeur est impossible à apprécier. Pas facile à gérer psychologiquement.
Sur ce forum, on voit une forte corrélation entre l’intérêt pour les ETF et les stratégies momentum (et perso je suis convaincu que le succès des stratégies momentum ces derniers temps est en partie dû à la montée en puissance des ETF). ça m’intéresse de savoir comment ces investisseurs se comporteront en phase de krach… Mon pari : beaucoup vendront tout et enregistreront des pertes.
Enfin, sur l’évaluation du risque systémique : je souhaite rassurer tout le monde sur le fait que PERSONNE n’a la moindre certitude sur le véritable niveau du risque systémique. Pour apprécier le risque systémique, il faut avoir une compréhension fine et des informations privilégiées, entre autres, sur (1) les bilans des banques systémiques, (2) les risques géopolitiques, (3) la continuité ou non de la zone euro, (4) les bulles possibles en Chine, (5) les limites des mandats des grandes banques centrales etc. etc. Des esprits brillants (économistes renommés, banquiers d’élite) ont des vues diamétralement opposées sur le sujet.
Quant aux professionnels des marchés… Je me souviendrai toujours des appels téléphoniques désespérés que j’ai reçus (comme banquier central chargé de suivre les marchés et d’en faire rapport à mes chefs) de vétérans endurcis de la banque (trésoriers de grandes banques avec des salaires probablement >1M€), en pleurs (littéralement), en septembre 2008… Je peux vous rassurer sur le fait que ni eux, ni nous, n’avions alors une bonne compréhension du risque systémique. Et ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui. Donc je me permets d’émettre un doute sur la compréhension de M. Duchmol et Mme Michu, avec leur beau portefeuille 100% ETF, et sur la qualité de leurs décisions le jour du krach, où tous les médias expliqueront en long, en large, et en travers qu’il faut tout vendre, à tout prix.
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2 #204 20/07/2018 11h11
- Mevo
- Membre (2013)
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Fructif a écrit :
Les statistiques sur les ménages américains détenant des ETF montrent qu’ils ont un niveau d’éducation et de patrimoine supérieurs aux ménages détenant des actions en direct.
Mon Dieu. Ma réaction première à la lecture de ce tableau a été:
Pour être riche, grand, beau, fort, et en bonne santé, faire du sport et manger plus de fruits et légumes ou autre, c’est bien, mais ce qu’il faut surtout, c’est détenir des ETFs !
Chacun pourra y voir mon coté sceptique, mais j’ai quelques doutes sur ces stats quand même. J’ai recherché, et sur les années plus récentes c’est encore "pire"
Je ferais des captures d’écran et je les détaillerai éventuellement plus dans un prochain message. Ce qui me désole un peu, c’est que je n’ai pas réussi à trouver de méthodologie les concernant. Ce qui est impressionnant par contre, c’est qu’on peut très difficilement accuser l’organisme d’où sortent ces stats d’être biaisé en faveur des ETFs (ce à quoi je m’attendais un peu, pour être totalement honnête).
Au passage, la ligne qui me surprend le plus est celle qui dit qu’il y a moins de veufs parmi les détenteurs d’ETFs. Que les gens qui détiennent des ETFs soient plus riches ou intelligents que les autres, je peux le comprendre (d’autant plus que je n’en détiens pas moi-même, lol ). Pas que les ETFs rendent intelligent (à moins que ?), mais que les gens intelligents s’orientent dans cette voie. Mais le plus faible taux de veufs ? Les gens liquident leurs ETFs au décès de leur partenaire ? Les partenaires des détenteurs d’ETFs vivent plus longtemps ? Disons que ça n’est pas statistiquement significatif, la différence étant faible.
Je vais quand même penser à acheter des ETFs, tiens
Autre élément intéressant: On peut donc déduire de ces stats qu’il y a aussi moins de rentiers parmi les détenteurs d’ETF ? Et là où ça devient un peu tordu, c’est que dans les stats 2018, il est dit que 91% des détenteurs d’ETFs détiennent également des FCP ("Mutual Funds"), dont 89% des FCP ACTION ! 75% détiendraient également des titres vifs en direct !
Scipion8 a écrit :
Perso je trouve plus facile de donner une fourchette de valorisation, à un horizon de 2 ans, sur une action (sur la base de prévisions grossières de résultats et de multiples de valorisation historiques) que sur un indice.
L’indice reflète non seulement une multitude de facteurs économiques et politiques, mais aussi la psychologie de la foule, par essence difficilement prévisible.
Frère Scipion (héhé), j’ose supposer qu’il ne vous étonnera guère que je prenne (gentiment) la contre-partie de certains éléments.
Le fond du raisonnement a tendance à me surprendre un peu. Ce que reflète surtout un indice (ou un ETF d’ailleurs), c’est ses constituants. Un indice action (ou ETF) n’est au final qu’une agrégation des différentes actions avec la bonne pondération. Si vous allez par exemple sur le site d’iShares, ils publient directement sur la page d’accueil de tout ETF action le P/E et le P/B du produit. La liste des constituants d’un indice ou ETF action est en général facile à trouver (ou devrait l’être en tout cas). S’il est facile de donner une fourchette de valorisation à chaque action, prenez la moyenne de cette fourchette, additionnez, et vous obtiendrez la moyenne de la fourchette pour l’indice ou l’ETF. Vous pouvez bosser sur les données agrégées pour un indice ou un ETF (prévisions de résultats, valorisations historiques, etc.), même si c’est de l’information qui se trouve peut-être un peu moins facilement. Au pire, elle se reconstitue sans trop de difficultés si on a accès à l’information pour les constituants individuellement. On peut même travailler sur des données par secteurs au sein d’un ETF ou un indice.
Je peux comprendre que ça n’est peut-être pas ce que font les investisseurs en ETFs.
Scipion8 a écrit :
Oui, la diversification permet bien de réduire le risque d’un portefeuille
Oui, la diversification réduit sans doute d’autant le risque de baisse qu’elle réduit le risque de hausse. On pourra toujours considérer le risque de hausse comme "moins important" (tant dans le sens de la "gravité" que de la "proportion").
Scipion8 a écrit :
Pendant un krach, l’investisseur en titres vifs peut au moins "se raccrocher" aux résultats publiés par les entreprises, tandis que l’investisseur de long-terme 100% ETF peut avoir le sentiment de se retrouver face à une "boîte noire" dont le prix s’écroule et dont la valeur est impossible à apprécier.
Peut-être que ce sera la psychologie de nombreux investisseurs en ETF, mais ça ne serait pas rationnel. Il paraîtrait que les investisseurs en ETFs sont plus intelligents que les investisseurs en titres vifs, donc ça n’aurait a priori aucun sens
Dernière modification par Mevo (20/07/2018 11h33)
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2 #205 20/07/2018 12h07
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Mevo :
1) Je suis convaincu que l’écrasante majorité des investisseurs ETF ne regardent pas les actions sous-jacentes avant d’acheter.
2) Il est envisageable pour un investisseur en titres vifs un peu expérimenté de donner une fourchette de valorisation pour une action qu’il a analysée, sur un horizon de 1-2 ans. Mais là vous lui demandez de faire ce travail sur l’ensemble des actions de l’indice, donc y compris :
- des actions cycliques
- des banques (bilans très complexes et opaques)
- des actions nouvellement cotées sans historique fiable pour des multiples de valorisation
- et surtout, des actions qui ne l’intéressent pas, parce qu’il n’aime pas le secteur d’activité, il les trouve trop risquées ou toute autre raison plus ou moins justifiée
C’est pour cela qu’en pratique il est plus facile de donner une fourchette de valorisation sur un titre vif (qu’on a analysé) que sur un indice - a fortiori s’il s’agit d’un "Indice Monde" = ajoutons les risques géopolitiques et les risques sur les taux de change (dont la facilité de prévision est bien connue).
3) Donc dans la pratique, l’achat d’un ETF Monde se fait "à l’aveugle", sur la base (bien réelle) de backtests démontrant la performance de cette stratégie sur le long-terme.
Encore une fois : je ne nie pas du tout la pertinence de cette stratégie, bien au contraire, mais je m’interroge sur la capacité d’un investisseur amateur moyen à la maintenir tout au long du cycle (donc aussi pendant le krach).
4) Je pense qu’empiriquement, on doit observer une certaine symétrie d’achat et de vente des investisseurs amateurs : quand on achète à l’aveugle, on a plus de chances de vendre aussi à l’aveugle ; quand on achète sur la base d’une approche (plus ou moins) rationnelle (analyse fondamentale, par exemple), on a plus de chances de vendre sur la base d’arguments (plus ou moins) rationnels.
C’est pour cela que je m’interroge sur le comportement d’un investisseur 100% ETF pendant un krach.
5) Je vais devoir recourir à la parabole du saucisson :
Imaginons un monde où la population ne se nourrit que de 2 aliments : des saucissons (plus ou moins savoureux et composé de viandes diverses) et des patates sans saveur :
- M. Scipion, en bon Aveyronnais qui aime l’artisanal et l’authentique, aime préparer ses propres saucissons : il va visiter les fermes, discuter avec les éleveurs, tâter ici la fesse d’une vache, là l’oreille d’un cochon. Il se fournit auprès des éleveurs qu’il connaît. Tout ça prend un peu de temps, évidemment. A tort (probablement) ou à raison, M. Scipion croit bien connaître la qualité des viandes qu’il achète. En tout cas, même si tout ça prend du temps, c’est ce qui correspond à sa préférence.
- Mme Michu, femme active et très occupée, n’a pas de temps à perdre et pas d’intérêt à caresser l’échine des vaches. Elle se fournit en saucissons directement au supermarché. La grande distribution a bien compris que les consommateurs veulent de la qualité, et fournit des saucissons de belle qualité, avec une bonne traçabilité sur les ingrédients.
Dr. Fructif, spécialiste ès saucissons, démontre, tests biologiques à l’appui, que la qualité des saucissons proposés par les supermarchés est similaire, voire meilleure, que celle des saucissons "artisanaux" préparés par M. Scipion et la plupart des autres amateurs d’authentique. Et il a raison - malheureusement, et même si Scipion a l’ambition de devenir un jour un maître du saucisson naturel et savoureux.
Un beau jour, Jean-Pierre Pernaut annonce, au 13 heures, un risque que les saucissons soient empoisonnés (dans ce monde, TF1 est le seul média). (En fait, on apprendra plus tard qu’il a tort - pas de problème avec les saucissons.) Evidemment, la demande pour les saucissons s’effondre et leurs prix avec :
- Mme Michu, évidemment, arrête tout achat de saucisson. Elle va attendre patiemment que JP. Pernaut annonce avec soulagement que la crise du saucisson est passée. En attendant, elle va se contenter des patates sans saveur.
- M. Scipion, lui aussi inquiet, va se renseigner auprès de ses contacts habituels parmi les éleveurs. Il va dans les fermes regarder vaches et cochons dans les yeux. Il va tâter échines et croupions. Jugement fait, il va continuer à acheter des ingrédients pour faire ses saucissons, en restreignant ses achats sur les fournisseurs qu’il pense être les plus fiables, et, en bon Aveyronnais, en tirant opportunité de prix plus bas.
Au final, sur l’ensemble du cycle (période normale + crise du saucisson), il est probable que le bonheur de M. Scipion (strictement proportionnel, dans ce monde, à la consommation de saucissons de qualité) dépasse celui de Mme Michu - même si ça n’a peut-être pas été le cas pendant la phase normale du cycle.
Regarder la qualité des saucissons sans réfléchir à la psychologie de M. Scipion et de Mme Michu conduit à une erreur d’analyse, à mon avis.
Je traduis en termes financiers au cas où la parabole n’était pas assez claire :
- saucisson = portefeuille diversifié
- viandes (ingrédients du saucisson) = actions
- éleveurs = entreprises cotées
- patates sans saveur = produits financiers quasi sans risque et sans rendement (obligations d’Etat, livret A etc.)
- saucisson maison = portefeuille diversifié de titres vifs
- saucisson du supermarché = ETF
- crise du saucisson = krach
- tests biologiques = backtests
- traçabilité des saucissons = transparence dans la composition des ETF
- Jean-Pierre Pernaut = les médias dans leur ensemble
- tâter croupions et échines = analyser des entreprises
Dernière modification par Scipion8 (20/07/2018 12h41)
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#206 20/07/2018 13h10
- Mevo
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@Scipion: Oh que c’est merveilleux comme histoire Merveilleusement bien écrit et sympa tout plein à lire, en tout cas.
Nous ne serons sans doute pas réellement d’accord au final (pour changer, lol), et c’est très bien comme ça. Nous sommes de toute façon dans l’opinion de ce que feront les Mme Michu dans une situation donnée, sachant que nous ne sommes pas une Mme Michu, ni vous, ni moi, et de plus, qu’il existe quand même une certaine diversité de Mmes Michu.
Dans votre excellente "parabole du saucisson", je me dis que JP Pernaut annonce que le problème est au niveau de la viande, et non au niveau des saucissons… Et encore, en 2008, il était réellement question d’une catastrophe nucléaire et d’un nuage radioactif qui allait contaminer toute la nourriture.
Au passage, si on vous annonce que tout le système bancaire va s’écrouler, vendre ses actions (hormis s’il s’agit de banques) pour obtenir du cash … dans une banque, ne parait pas le truc le plus rationnel à faire. A la lecture de vos messages un peu plus tôt, j’avais justement envie de vérifier (mais je ne l’ai pas encore fait): Est-ce qu’un gros broker comme IB a un compte directement auprès de la FED, ou est-ce qu’ils se reposent sur des banques commerciales ? Je présuppose qu’ils n’ont pas le statut pour avoir un compte directement auprès de la banque centrale, et qu’au final, en 2008, vous étiez sans doute encore mieux logé avec vos actions (ou vos ETFs) qu’avec du cash chez votre broker ou dans une banque. A moins d’aller acheter du métal précieux avec la vente de vos actions (ce que certains ont pu faire), autant garder les actions à la rigueur (éventuellement du cash papier, des billets en main, et encore). On pourra toujours me dire que c’est simple par après.
Dans la suite de votre analogie, si vous avez accès à un producteur de saucisson qui utilise de façon sûre la même viande que celle qu’utilise Scipion, tant que vous avez un minimum confiance en ce producteur, qui n’a pas de raison particulière de contaminer la viande à son niveau, vous pouvez raisonnablement vous dire que vous êtes bon, et dans la même situation que Scipion (le travail en moins, des frais en plus, et avec du saucisson moins personnalisé au final). Le producteur en question est l’émetteur de l’ETF, la viande de Scipion et celle utilisée par le producteur, à savoir les actions, étant effectivement la même ! Quant au risque que ce producteur fasse faillite (=pépin avec l’émetteur de l’ETF), s’il a un prix des saucissons garanti au niveau du prix de la viande avec une marge fixe au milieu, le risque est quasi nul (et il n’a pas réellement de problématique de chiffre d’affaire à son niveau. Au pire, il fermera ses portes s’il n’y a plus assez de business, mais tous les acheteurs de saucissons s’en sortiront normalement bien).
Je comprends le point de vue (je l’avais bien compris dès le départ). Mme Michu prendra possiblement peur devant sa télé, ce que Faith avait déjà soulevé. Ca n’est pas rationnel, ni logique qu’elle prenne plus peur que le Pépé (=investisseur en titres vifs). Peut-être est-elle moins rationnelle. Ca n’est néanmoins pas ce que disent les études mentionnées par Dr Fructis …
La (ma ?) conclusion de toute cette histoire est que si on a peur d’une éventuelle contamination de la viande, on devient végétarien Ici, ce serait d’aller sur d’autres actifs que les actions, ou alors adopter des stratégies qui ne reposent pas strictement sur la valorisation de ces dernières, qu’on les détienne directement ou indirectement. Par exemple des stratégies long/short, ou autres stratégies majoritairement "non directionnelles". Et là, on peut éventuellement trouver un point positif pour les hedge funds qui font ça et auprès de qui on peut déléguer si on ne sait pas ou ne veut pas faire soi-même. Ca changera un peu du "quand ça ne fait que monter, mon dieu qu’il faut etre *** pour ne pas simplement acheter des ETFs"
PS: Pourquoi est-ce que j’ai l’impression de défendre les ETFs, là ? Ca n’est vraiment pas mon but en plus, que me faites-vous encore faire ?
EDIT: Je comprends bien que les points défendus ne sont pas exactement les mêmes. Il y a des points valides dans le choix des viandes et donc qu’on sache mieux ce qu’il y a dans son saucisson. Ainsi qu’il est plus facile d’avoir une appréciation sur ce qu’on a soi-même CHOISI, certes.
EDIT2: Je note juste une partie éventuellement un peu fallacieuse (sans doute pas fait exprès): S’il y a quelques viandes effectivement contaminées dans le saucisson de supermarché de Mme Michu, ça ne va pas la tuer pour autant = Même si quelques banques détenues dans l’ETF font faillite et que tout le reste tient, son ETF n’ira pas à zéro pour autant. D’un autre coté, les viandes que Scipion aura choisi de laisser de coté par suspicion pourront se révéler comme relevant bien le goût du saucisson, et faisant passer les quelques désagréments des viandes contaminées présentes.
Dernière modification par Mevo (20/07/2018 13h44)
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#207 20/07/2018 15h32
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Mevo :
1) L’important n’est pas tant le risque que la perception du risque, car ce sont ces perceptions qui guident les décisions d’acheter ou de vendre. Donc peu importe au final que le saucisson soit empoisonné ou non (si je puis dire) : dans ma parabole, il ne l’est pas, parce qu’historiquement un portefeuille boursier (très) diversifié performe bien à long terme (qu’il soit en ETF ou en titres vifs, évidemment). Mais c’est la gestion du risque perçu qui peut faire une grande différence dans la performance à long terme d’un portefeuille.
2) Evidemment, plein accord avec votre 1er EDIT : je pense que le processus de choix a un impact crucial sur la gestion de portefeuille et la psychologie de l’investisseur. Des biais négatifs (ancrage) mais aussi (et c’est sur ce point que j’insiste ici) une approche rationnelle du processus d’achat et de vente :plus facile de se raccrocher à des fondamentaux "simples" comme des comptes publiés par une entreprise qu’on connaît, qu’on a choisie, que sur le niveau d’un indice. C’est surtout ça qui différencie le Pépé avec ses Air Liquide (qui, en plus, a connu plus d’un krach) de Mme Michu avec ses ETF Monde.
3) Pour l’instant difficile de dire à mon avis comment les investisseurs amateurs 100% ETF se comporteront pendant un krach : lors du dernier krach, le niveau de démocratisation des ETF n’avait rien à voir avec aujourd’hui.
Mon intuition perso (à vérifier), c’est qu’avec la démocratisation des ETF (donc des achats à l’aveugle par des investisseurs qui n’ont pas fait de travail d’analyse autre que la foi dans la performance sur le long terme d’un ETF Monde), on risque de voir une amplification du momentum sur les marchés boursiers, à la hausse ou à la baisse. (Toutefois, l’effet à la baisse risque d’être atténué par les effets d’hystérèse (effet "stock") des QE.)
4) On peut imaginer 2 types de crises du saucisson (si je puis dire) :
- une crise sur la viande, les ingrédients du saucisson = les actions (un krach classique)
- une crise sur le saucisson industriel (le processus de fabrication) = les ETF. Le produit semble plain vanilla, mais dès qu’il y a un rôle de la liquidité bancaire, il faut se méfier à mon avis. Donc jusqu’à la démonstration par une crise bancaire carabinée (type 2008) que les ETF synthétiques n’ont pas de souci, je reste méfiant. (S’il y a une chose que j’ai apprise dans mon job, c’est qu’en finance la loi de Murphy s’applique strictement.)
5) Le statut de contrepartie éligible d’une banque centrale est généralement réservé aux établissements de crédit soumis aux réserves obligatoires = les banques. C’est bien normal : si une banque centrale permettait à d’autres institutions financières (courtiers, assureurs, fonds de pension…) d’accéder à la liquidité banque centrale, elle se substituerait de fait aux banques, dont le métier est de faire circuler la liquidité dans l’économie. Par ailleurs, une banque centrale, par principe, ne prête qu’à des institutions régulées (souvent, qu’elle supervise elle-même).
Il y a 2 exceptions à cette limitation de l’éligibilité des opérations de banque centrale aux banques :
a) Dans le cas des opérations de politique monétaire non-conventionnelle, la banque centrale peut décider d’élargir le spectre de ses contreparties à d’autres institutions financières : c’est le cas du QE, notamment, pour des raisons d’efficacité opérationnelle.
b) Dans le cas de l’Apport de Liquidité d’Urgence (Emergency Liquidity Assistance, ELA = fonction de prêteur en dernier ressort), une banque centrale vise au maintien de la stabilité financière et non à la transmission de la politique monétaire, donc elle peut décider de fournir de l’ELA à des institutions non bancaires si la stabilité du système est en jeu (sauvetage d’AIG par la Fed en 2008, par exemple).
[Je vous présente la doctrine orthodoxe, qui n’est pas universelle, mais qu’on me paie pour imposer un peu partout dans le monde ;-) ]
Donc non, IB n’a certainement pas de compte chez la Fed. De façon générale, il ne faut pas penser que les banques centrales (en règle générale) interviennent directement sur les marchés actions, les courtiers etc. : franchement, l’enjeu pour la politique monétaire et la stabilité financière est faible (les portefeuilles boursiers étant très concentrés sur la partie aisée de la population, qui va continuer à consommer quoi qu’il arrive). Et puis, si une banque centrale veut soutenir les marchés actions, il suffit de faire du QE = acheter des Treasuries massivement, et par effet d’éviction les marchés actions seront soutenus. Pas besoin de se salir les mains en achetant des actions ou en venant au secours des brokers.
Du point de vue de l’investisseur :
- le risque sur un dépôt bancaire est celui d’un défaut de la banque par problème de liquidité et/ou solvabilité, ou de bail-in forcé pour recapitaliser la banque + risque sur la garantie d’Etat sur les dépôts pour les Etats faibles (combo crise souveraine / crise bancaire)
- le risque sur un broker est surtout lié à un gros problème opérationnel : incident informatique majeur ou fraude ("disparition" des titres ou utilisation non autorisée comme collatéral pour maintenir la liquidité du broker). Ce genre d’incidents est rare, heureusement - mais sans doute plus fréquent en période de krach.
Perso, je suis un adepte de la diversification aussi pour mes banques et mes brokers. Pour l’instant je ne m’autorise pas plus de 200k€ sur un seul broker (j’ai 3 CTO, j’en créerai plus si besoin).
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#208 20/07/2018 16h52
- Mevo
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@Scipion: 1), 2) et 3). Vous semblez avoir l’impression qu’un acheteur d’ETF (ici, s’entend ETF action "large" style ETF monde ou au moins indice large d’une zone en particulier) voit ça comme une "boite noire", pour "gagner de l’argent" parce que c’est ce que ça a fait dans le passé, mais sans voir les actions derrière.
Quand vous dites "historiquement un portefeuille boursier (très) diversifié performe bien à long terme", je pense pour ma part que bon nombre de détenteurs d’ETFs ne sont pas aussi "idiots" que vous voulez bien le croire et qu’ils savent pertinemment ca, et surtout que c’est ce qu’ils ont acheté (un portefeuille d’actions diversifié, aka un "saucisson") en achetant un ETF.
Vous supposez, je suppose, au final, ils feront ce qu’ils feront.
On peut même apporter l’argument contraire: Des investisseurs en titres vifs qui ne voient pas ce que représente une action, et qui ne voient pas réellement l’entreprise derrière, il y en a quelques uns aussi. Pour eux, c’est aussi un truc qui monte et qui descend, et ils ne perçoivent pas fondamentalement ce que c’est, aussi bizarre que ça puisse (nous) paraître. Et même parmi ceux qui "savent’, la compréhension de l’ensemble des tenants et des aboutissants est diverse.
Autre argument contraire: En 2008, pas mal de boites ont publié des résultats franchement mauvais. Le fait de les voir pourrait au contraire faire plus peur aux investisseurs en titres vifs qu’aux détenteurs d’ETF qui resteraient seulement sur la vague idée que "la bourse monte généralement dans la durée", et que lorsqu’on est bien diversifié (ce qu’ils savent être avec leur ETF), sur le long terme, normalement, ça marche. Ils pourraient être plus confiants qu’en voyant les détails, sur cette période.
Vous savez comment c’est. Il suffit de regarder le pétrole récemment par exemple, il allait à (insérer chiffre proche de zéro) et c’était fini, il ne remonterait "plus jamais" au-delà de $50 ou $60 (certains parlaient quand même de $100). J’en ai lu un certains nombre, des messages en ce sens. Quand un chiffre est mauvais (par exemple les résultats sur une période), la panique est rapide chez un certain nombre de gens, et l’extrapolation de cette supposée "nouvelle réalité" où c’est terminé, ça n’ira plus jamais mieux à l’avenir, l’est également. Autant sauver les meubles et récupérer ce qui peut encore l’être (dans leur idée).
4) ETF synthétiques: J’en ai parlé récemment, et vous avez sans doute lu. Plus un épouvantail qu’autre chose à mon sens. Oui, la contrepartie des swaps peut faire faillite et ne pas être capable d’honorer ses engagements. A priori, le risque réel derrière est extrêmement limité, à moins d’imaginer des mouvements quotidiens stratosphériques au moment où la contrepartie mord la poussière.
5) Je n’ai jamais imaginé qu’un gros broker pourrait emprunter auprès de la banque centrale, cela me paraissait clair. Juste un compte de dépôt. Mais il est vrai que ça retirerait de la liquidité du système bancaire, donc sans doute que non. Et peut-être qu’il n’existe aucune possibilité "deposit only" auprès d’une banque centrale ? (j’avoue que je ne sais pas ça, et je n’ai pas regardé. Vous devez vraisemblablement savoir)
Le point était que l’excès de cash (des clients) d’un broker se retrouve alors dans une banque commerciale. Et donc, en ayant peur de l’effondrement du système bancaire en 2008, en vendant vos actions, vous les échangez contre du cash qui se retrouverait dans ce qui est possiblement au bord de l’écroulement. A voir encore dans quelle proportion votre compte est couvert par une garantie des dépôts. Par exemple chez IB, il y a différentes parties de comptes, traitées différemment de ce coté, mais ça n’est pas la question ici.
Donc comme dit, à moins de le sortir ensuite en billets de banque ou de faire un achat avec, ou au minimum de le transférer vers une zone monétaire différente (dont on la saura ne pas être affectée, ce qui n’était pas évident en 2008), vendre ses actions en 2008 hors financières, uniquement par peur de l’écroulement du système bancaire n’était pas quelque chose de rationnel. Soit le système bancaire dans son ensemble s’écroulait, et vous étiez sans doute encore mieux avec vos actions plutôt que du cash dans ce même système, soit ça passait, et donc vendre à cause de cette crainte n’avait pas de sens, hormis la peur.
Vous séparez les "risque sur un dépôt bancaire" et "risque sur un broker" en fin de message, et c’est très exactement le point: En vendant vos actions ou ETFs en 2008, vous passez du second au premier, parce que le cash, même s’il reste "chez votre broker" est vraisemblablement dans une banque commerciale derrière (peut-être qu’une bonne partie est en train de financer le levier d’autres clients, éventuellement).
[Note: Il n’a jamais été question de rapport entre la banque centrale et "les actions" dans mon/mes précédent(s) messages(s)]
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#209 20/07/2018 19h10
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Mevo :
1) Ce n’est pas une question d’être idiot ou intelligent : dans un contexte où la peur domine (le krach), l’instinct de survie guide les investisseurs, et cet instinct pousse très fortement à la fuite (si je puis me permettre, pour vous moins que pour d’autres, c’est sûr : Steinhoff, Banco Popular… no offence, au contraire : vous êtes un contrarian assumé, je le respecte et même je l’admire - même si dans cette vie, je vais rester lâchement avec mes LVMH et Air Liquide😉)
Face à cet instinct de préservation qui pousse tous les investisseurs (ETF et titres vifs) à la fuite :
a) l’investisseur en titres vifs peut "se raccrocher" aux fondamentaux des entreprises, particulièrement celles qu’il a analysées et qu’il connaît ; je ne vois pas trop comment un investisseur 100% ETF Monde peut faire ça ;
b) l’investisseur en titres vifs peut facilement exclure les actions ou secteurs perçus comme "à risque" (par exemple les financières, en cas de crise bancaire) ; plus compliqué pour un investisseur 100% ETF Monde (certes, il peut vendre son ETF Monde et acheter des ETF sectoriels excluant les financières)
En termes de probabilité, à cause de (a) et (b) il me semble que l’investisseur en titres vifs "moyen" a plus de chances de s’en sortir que l’investisseur en ETF "moyen", pendant un krach.
2) Je suis désolé, mais pour moi entre une action et un ETF Monde, la difficulté d’évaluation n’est absolument pas comparable. Des milliers de facteurs jouent sur le niveau d’un ETF Monde. D’ailleurs, si quelqu’un arrive à me donner une fair value d’un ETF Monde, ça m’intéresse…
Et quand on a aucune idée de la valeur d’un actif, on augmente les chances de prendre de mauvaises décisions.
3) Entendons-nous bien, sauf pour un investisseur génial et omniscient, je pense que tout portefeuille boursier un peu important doit comprendre des ETF, un instrument parfait pour avoir une diversification très efficace. Le principe de base à mon avis, c’est d’ajuster le degré de diversification à son degré d’ignorance.
Mon approche :
- Je ne connais pas du tout un secteur / un marché = j’utilise des ETF (par exemple j’ai des ETF pour l’Asie et la Russie)
- Je connais mal un secteur / un marché mais je souhaite apprendre = je diversifie au maximum en titres vifs, donc initialement j’achète quasiment toutes les boîtes, en pondérant selon leur capitalisation boursière (c’est en gros ce que je fais avec les foncières françaises)
- Je commence à comprendre un peu un secteur / un marché = je diversifie en titres vifs, mais en ajustant la taille de mes positions à mes convictions naissantes (c’est ce que je fais pour la plupart des secteurs industriels français)
- Je suis un expert du secteur / du marché = je suis très sélectif et concentré (c’est ce que je fais pour le secteur bancaire)
Perso, ça me semble (i) rationnel et (ii) beaucoup plus facile avec un mix ETF / titres vifs que 100% ETF.
4) Sur les risques systémiques liés aux ETF synthétiques, mes lectures sur le sujet vont dans votre sens. Mais vous savez, début 2007, j’ai dû lire bien une centaine d’analyses expliquant de façon convaincante que le marché des subprimes US n’était pas systémique, car très petit en comparaison du marché immobilier US dans son ensemble et des bilans bancaires (et bien sûr j’ai fidèlement remonté le message à mes chefs☹). Donc maintenant je préfère raisonner en termes de worst-case scenario, loi de Murphy, et j’attends de voir en situation de crise réelle = le seul test fiable.
5) OK, j’avais mal compris votre point sur IB. Non, pas de compte de dépôt non plus pour IB à la Fed car (i) comme vous le dites, ça détournerait de la liquidité des banques et (ii) ça compliquerait beaucoup la prévision de la liquidité par la banque centrale (donc la calibration de ses opérations d’injection ou d’absorption de liquidité du système bancaire).
En gros, pour moi :
- Krach boursier sans crise bancaire (pas inhabituel) = il vaut mieux avoir des dépôts bancaires que des actions/ETF
- Crise bancaire sans krach (rare) = il vaut mieux avoir des actions/ETF que des dépôts bancaires (risque de bail-in)
- Crise bancaire & krach, sans crise politique = il faut diversifier dépôts bancaires (en Europe, pas plus de 100k€ par banque = montant de la garantie de l’Etat) et, éventuellement, entre brokers (garantie de 70k€ par broker en cas de fraude)
- Crise bancaire & krach, avec crise politique = il faut évaluer les risques relatifs de bail-in des dépôts et d’expropriation des actionnaires (nationalisation, taxation etc.), répartir les risques en conséquence, et/ou sortir l’argent du pays - évidemment, si la crise est mondiale, c’est assez compliqué😉
Donc il faut identifier les raisons de la crise et ses développements possibles, et utiliser la diversification au maximum pour tirer parti des mécanismes de garantie (pour le coup, ETF vs titres vifs, pas de grosse différence à mon sens).
En cas de crise majeure dans une démocratie, il faut aussi réfléchir en termes politiques, donc évaluer le poids démographique et politique :
- des déposants couverts par l’Etat (< 100k€)
- des déposants non couverts (> 100k€)
- des actionnaires
Par exemple, à Chypre, on a pu "facilement" faire un bail-in des dépôts non-couverts car ils étaient en bonne partie étrangers, hors UE. En France, le risque d’expropriation des actionnaires par nationalisation ou taxation abusive n’est pas anecdotique, en cas de crise majeure, car démographiquement les actionnaires sont peu nombreux et ont mauvaise presse (les méchants rentiers qui accumulent honteusement les dividendes - cf. Oxfam etc.). Une bonne gestion des risques à long-terme doit prendre en compte tout ça.
PS : Désolé, le point sur les banques centrales et les marchés actions ne vous était pas adressé - je disais ça en passant, car beaucoup de gens (peu sur ce forum, toutefois) ont cette idée absolument fausse que les banques centrales sont obsédées par les fluctuations de la bourse et y interviendraient secrètement = fake news (hors cas exceptionnels et publiquement expliqués comme le QE de la Banque du Japon).
Dernière modification par Scipion8 (20/07/2018 19h29)
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#210 20/07/2018 20h35
- Mevo
- Membre (2013)
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@Scipion: Nous pouvons faire ça toute la journée, tous les jours, pendant longtemps Je n’ai pas d’ailleurs pas grand doute qu’il suffit de prendre un sujet, quasiment n’importe quel sujet S’il est possible d’avoir deux visions à peu près opposées, en général vous en aurez une, j’aurais l’autre, même si on est d’habitude d’accord sur le fond. Essayons de boucler sur celui-là.
Juste une note: Steinhoff et Banco Popular sont quand même possiblement les deux pire que je n’ai jamais fait, surtout le second. Il y a tout de même une certaine liste de dossiers où le résultat est bien meilleur 😉, parfois même excellent (je n’ai pas une grande attente de Steinhoff, même si ça reste mieux que Banco Popular, enfin ce sera certainement difficile de faire pire, même si j’essayais de faire exprès )
Vous avez une vision, je la comprends, je la respecte, je suis d’accord avec beaucoup de vos arguments, mais je ne suis (toujours) pas convaincu qu’une proportion plus importante d’investisseurs en ETF (et encore moins une proportion VRAIMENT plus importante) par rapport aux investisseurs en titres vifs:
1) Prenne plus peur en cas de Krach et liquide à cause de cette peur
2) N’ait pas le courage de "renforcer à vil prix"
Ce qui était le sujet de départ. A la rigueur, et après ? C’est pas très important et on a sans doute fait le tour de la question.
Admettons que je sois majoritairement d’accord avec les différents points de votre dernier message, y compris le 1), mais pas les conclusions a) et b) que vous en tirez, mais peu importe. Concernant le 2), la détermination d’une fair value d’un ETF: OK, fair enough, mais je ne suis pas sûr que ça ait un impact déterminant dans le sujet de départ, même si ça vous parait sans doute totalement logique à VOUS (et pas mal à MOI aussi d’ailleurs, mais ça ne sera pas forcément déterminant pour "Mme Michu"). Même lorsqu’on connait la "valeur" de quelque chose sur les marchés, ça ne nous aide pas beaucoup pour savoir jusqu’où le prix peut éventuellement descendre (sans même parler de l’évolution de cette valeur dans le futur).
Ce que l’expérience m’a apprise, c’est que la réponse à cette question est généralement: Sans doute plus bas qu’on ne l’imagine possible.
Il y a par contre UN point avec lequel je coince sérieusement, comme je l’avais déjà mentionné dans les messages précédents. C’est celui-ci:
Scipion8 a écrit :
Des milliers de facteurs jouent sur le niveau d’un ETF Monde
Non, il n’y en a qu’un seul ! Enfin deux pour un ETF de ce type, le second étant le(s) taux de change. Ce qui fait varier le "niveau" d’un ETF Monde est le "niveau" de ses constituants. Si j’essaye de comprendre ce que vous avez en tête en disant ça, je peux supposer que vous voulez éventuellement dire qu’il y a un nombre important de constituants qui influent sur le niveau de l’ETF. Mais c’est à comparer avec l’ensemble du portefeuille diversifié de titres vifs (la saucisse !), pas juste avec UN titre vif (EDIT: De plus, plus le portefeuille est diversifié, plus le suivi pour vraiment bien connaitre chaque dossier est difficile, remettant éventuellement un peu en cause une partie de votre argumentaire)
Au contraire (à nouveau !), on peut considérer qu’il y a un nombre important de facteurs qui influence les résultats futur d’une entreprise, et ceux-là ne sont pas évidents à jauger, surtout pas dans une période spéciale. On peut certes se baser sur le passé, mais en gardant en tête l’adage souvent répété en protection légale "les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs". Mais bref, ça fait parti des arguments précédents pour lesquels, rester en position, voire renforcer "plus bas" son ETF "large" n’est pas forcément plus compliqué psychologiquement, et même éventuellement plus simple.
La phrase citée au-dessus me donne l’impression (peut-être à tort) que c’est surtout VOUS qui voyez les ETFs comme des "boites noires", et vous projetez ensuite en partie votre vision des choses et ce que vous feriez, sur les investisseurs en ETFs. S’il fallait le rappeler, les gens ne réagissent pas forcément comme vous (ça perso, c’est un truc que je sais, que les gens ne font en général pas comme moi. Selon eux, c’est moi qui fait différemment, moi j’ai l’impression que c’est tout le monde qui fait différemment par rapport à moi, question de point de vue )
La fin me donne donc bien l’impression de départ mentionné en introduction du message #181:
Mevo a écrit :
Scipion, nous somme là dans l’opinion. J’entends qu’il n’y a sans doute moins de "vrai" et de "faux" que d’avis personnels. Une partie de ce que vous écrivez sent bon la vision à travers le prisme de sa propre façon de voir les choses (vous ne vous en cachez pas trop, à la rigueur).
Je vous laisse répondre si vous le souhaitez, et je crois qu’on a fait le tour de ce sujet, haut combien important (joke !). Je ne dis pas que ça n’était pas intéressant, mais hormis point le nécessitant, j’essayerais que ce soit mon dernier message là-dessus. Cordialement.
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#211 21/07/2018 09h42
- Yonz
- Membre (2017)
- Réputation : 63
Scipion8 a écrit :
@Yonz : oui et non :
- Non, le risque d’un portefeuille diversifié (par exemple via l’utilisation d’ETF) n’est pas nécessairement plus facile à évaluer que le risque d’un portefeuille concentré. Un exemple extrême pour illustrer cela : imaginons un cadre dirigeant d’une entreprise cotée, avec une connaissance fine de son entreprise (étant insider), qui a 2 portefeuilles : un portefeuille entièrement constitué d’ETF Monde et un portefeuille entièrement constitué d’actions de sa boîte. Le premier portefeuille est moins risqué que le second en raison de l’effet de diversification ; mais l’investisseur a une bien meilleure compréhension / visibilité sur le second portefeuille.
Affirmer qu’une propension à varier est supérieure à une autre, et dans le même temps qu’elle est plus facile à estimer est, selon moi, contradictoire.
Dans l’exemple que vous donnez, vous changez (subrepticement ?) de sujet, ne parlez plus de risque mais de compréhension du business, ce qui est assez différent, et prenez l’exemple d’un dirigeant, ce qui est encore un cas très spécifique.
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#212 21/07/2018 10h38
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
Yonz, depuis le début je parle d’évaluation, de perception, de compréhension du risque. Y compris dans la phrase que vous avez citée vous même :
Scipion8 a écrit :
Le point important pour moi, c’est qu’il est plus compliqué d’évaluer un risque systémique qu’un risque idiosyncratique.
Parler de l’évaluation, perception, compréhension du risque par l’investisseur c’est important parce que c’est cela qui guide les décisions de renforcement et de retrait, qui ont un impact majeur (en particulier en phase de krach) sur la performance à long-terme d’un portefeuille. Ne regarder que le sous-jacent, c’est voir la moitié du sujet. (Donc les considérations sur les bienfaits de la diversification ne me semblent pas pertinentes dans ce contexte - et par ailleurs, please : j’ai 250 lignes dans mon portefeuille et je fais la promotion de la diversification dans un message sur 2…)
Les exemples que j’ai cités sont clairs (insider, investisseur value, saucisson), je suis à court de parabole. Mais je reconnais tout à fait, comme dit Mevo, que comme on parle de perceptions et de pyschologie de l’investisseur, il est probable que les perceptions et réactions varient d’un investisseur à l’autre.
Vous pouvez faire cet exercice intellectuel (ou même en réel) : achetez (pour des montants significatifs de votre patrimoine) (1) un titre vif d’une entreprise de qualité que vous connaissez bien, que vous avez analysée, qui a un business assez prévisible et relativement peu exposé aux chocs mondiaux, et (2) un ETF Monde. Un krach majeur (disons une crise bancaire du type 2008) survient : que faites-vous ? Vous vendez tout, vous ne vendez que le titre vif ? Que l’ETF Monde ? Vous renforcez un des 2 ? Les 2 ?
Perso, en toute probabilité :
- si j’arrive à maîtriser ma peur, je renforcerai probablement en priorité le titre vif de qualité que je connais bien dans un premier temps ; j’attendrai la fin du krach (plus facile à dire qu’à faire), et lorsque la fin de la crise sera confirmée, j’achèterai l’ETF Monde.
- si je n’arrive pas trop à maîtriser ma peur, je vendrai en priorité l’ETF Monde, parce qu’il me semblerait impossible d’en évaluer le potentiel de chute.
Si votre réponse, c’est que vous continuez à renforcer imperturbablement l’ETF Monde :
- bravo, il faut de la force mentale et de la discipline pour être imperturbable dans la tempête
- si vous arrivez à anticiper les mouvements de l’ETF Monde, donc à comprendre le risque systémique, il faut songer à postuler à la succession de Draghi, c’est une compétence rare ;-)
Comme dit par Mevo et Fructif, comme on parle de psychologie, on peut avoir des points de vue très différents et le risque est que la discussion tourne en rond. Le prochain krach sera le seul bon test : ce sera intéressant de suivre les réactions des 100% ETF, des 100% titres vifs et des autres sur ce forum, sur les files de portefeuille (même si ce forum, même populaire, n’est probablement pas représentatif du marché).
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4 #213 21/07/2018 11h14
Je trouve que vous avez écrit un bien gros volume de texte par rapport à la richesse effective de votre propos.
Vous nous indiquez que la psychologie est un élément important dans l’investissement en ETFs. Soit. Vous ne justifiez pas en fait pourquoi c’est différent pour les titres vifs, et la volatilité sur les titres vifs peut très bien être supérieure à celle d’un indice monde.
Ensuite, vous construisez un tas d’explications pour nous dire que l’investisseur en titres vifs va moins souffrir psychologiquement en cas de baisse. Vous semblez justifier cela par une meilleure expertise de l’investisseur en titres vifs, ce qui d’abord est à prouver et ensuite représente un biais d’excès de confiance assez flagrant.
Tout cela défendu par une narration parfaitement crédible mais qui a le problème de toutes les fictions : on peut dire tout et son contraire de manière crédible. La parabole du saucisson est crédible, sur le papier, mais également ridicule en ce qu’elle ne prouve rien. C’est juste une belle histoire.
En résumé, vous nous faites plusieurs pavés pour expliquer que l’investissement actif est supérieur à l’investissement passif alors que les études montrent qu’en moyenne c’est faux. Le seul moyen pour vous d’avoir raison est de prétendre être meilleur que la moyenne, ce dont je ne doute pas dans votre cas, mais cela ne peut pas être généralisé.
L’autre moyen est de défendre votre généralité en prenant un cas particulier (le comportement de l’investisseur en cas de crash). Sauf que cela n’a rien à voir avec actif vs. passif ou ETF vs. OPCVM vs. titres vifs, c’est une fonction de la psychologie de l’investisseur et de sa situation économique.
Je ne souhaite pas spécialement rentrer dans ce débat qui me semble sans grand intérêt pour les raisons expliquées. Par contre, je voulais souligner l’erreur courante liée à votre parabole du saucisson : celle de construire une fiction crédible pour appuyer un propos. Le problème est qu’il n’y a rien de plus simple que de construire une fiction crédible qui dit l’exact inverse, au final ce n’est plus un débat mais un club de littérature, et personne n’en sort plus intelligent ou mieux informé.
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#214 21/07/2018 11h19
- Mevo
- Membre (2013)
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Scipion8 a écrit :
Vous pouvez faire cet exercice intellectuel (ou même en réel) : achetez (pour des montants significatifs de votre patrimoine) (1) un titre vif d’une entreprise de qualité que vous connaissez bien, que vous avez analysée, qui a un business assez prévisible et relativement peu exposé aux chocs mondiaux, et (2) un ETF Monde. Un krach majeur (disons une crise bancaire du type 2008) survient : que faites-vous ? Vous vendez tout, vous ne vendez que le titre vif ? Que l’ETF Monde ? Vous renforcez un des 2 ? Les 2 ?
Scipion, comme bien souvent, ce genre d’énoncé laisse totalement la composante PRIX de coté. L’exercice est un peu plus subtil.
Déjà, une "crise" vient généralement progressivement, et son reflet dans le prix des actifs également. Donc il y a déjà un paramètre qui est: Quand réagissez-vous éventuellement ? (si vous réagissez). De ce coté, c’est très différent en fonction des intervenants (tout type d’intervenants confondu). Dont certains qui adoptent éventuellement une "politique de l’autruche", qui peut dans ces situations au final marcher à merveille.
Et même si c’est quelque chose qui arrive d’un jour à l’autre, il reste cette composante "prix": Vous achetez les 2 actifs que vous mentionnez, à 100 pour chacun d’entre eux. Le lendemain matin, patatra, l’entreprise de qualité avec son business prévisible et peu exposé aux chocs mondiaux va ouvrir à… disons environ 80 ou 85, l’ETF Monde à disons 25 ou 30. L’impact des événements perçu par "le marché" n’étant pas le même, l’impact sur le prix de l’actif est en conséquence
Maintenant, que faites-vous ? Ca change quand même pas mal la donne. Et ça boucle sur les histoires précédentes de sociétés "growth" ou "value", d’investir sur de la "qualité" ou de la "cochonnerie", etc … J’ai l’impression que les gens laissent beaucoup le paramètre PRIX de coté dans leurs raisonnements.
Faire un x5 en pas très longtemps sur de la "cochonnerie", ça se fait (relativement) facilement (enfin, un certain "type" de cochonnerie, on s’entend. Un Banco Popular acheté au prix ras les pâquerettes s’il s’était avéré que les problèmes n’avaient pas été aussi graves, par exemple). Oui, sans doute presque aussi facilement qu’une perte totale (le besoin de diversification intervient possiblement même encore bien plus dans ce genre de dossiers !) x5 sur Hermes à CT, ça va être un peu plus difficile (ainsi que le sera une perte totale).
EDIT:
sven337 a écrit :
Le problème est qu’il n’y a rien de plus simple que de construire une fiction crédible qui dit l’exact inverse, au final ce n’est plus un débat mais un club de littérature, et personne n’en sort plus intelligent ou mieux informé.
M’ouais Ca reste un débat, qui a lieu sur un forum (et il n’était pas question de "fiction", mais d’ANALOGIE pour la compréhension). Si vous êtes de l’opinion inverse à celle défendue, Sven, libre à vous de "prendre la contre-partie"; comme sur le marché, d’ailleurs. Chaque lecteur sera ensuite libre de se faire sa propre opinion en fonction des arguments avancés de part et d’autre.
Sans vouloir être aucunement méchant, Sven, c’est votre message qui est d’une richesse limitée, même s’il n’est pas totalement inutile.
Dernière modification par Mevo (21/07/2018 11h39)
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#215 21/07/2018 11h41
- Scipion8
- Membre (2017)
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sven337 a écrit :
je voulais souligner l’erreur courante liée à votre parabole du saucisson : celle de construire une fiction crédible pour appuyer un propos.
Exactement, je ne saurais mieux dire ! Les fameux backtests qui démontrent qu’un ETF Monde, sur la durée, bat la plupart des gestionnaires sont effectivement une fiction : ils comparent des portefeuilles réels (ceux des gestionnaires) avec un portefeuille fictif, qui n’existe pas : un ETF Monde qui est renforcé régulièrement, qu’il pleuve ou qu’il vente - sans tenir aucun compte du sentiment de marché et de la psychologie de l’investisseur. Perso, ces "études" me font rire.
Quant aux avantages de la gestion passive, j’en suis le premier convaincu. Mais aucun besoin d’ETF pour ça.
@Mevo : OK sur l’importance du prix. Disons que je parle du moment précis du krach = le moment où la peur devient le sentiment dominant sur le marché, où il apparaît "irrationnel" à la plupart des investisseurs de ne pas vendre. Je m’arrête là, il faut que j’évite les pavés désormais ;-)
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#216 21/07/2018 11h45
- lopazz
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Scipion8 a écrit :
sven337 a écrit :
je voulais souligner l’erreur courante liée à votre parabole du saucisson : celle de construire une fiction crédible pour appuyer un propos.
Exactement, je ne saurais mieux dire ! Les fameux backtests qui démontrent qu’un ETF Monde, sur la durée, battent la plupart des gestionnaires sont effectivement une fiction : ils comparent des portefeuilles réels (ceux des gestionnaires) avec un portefeuille fictif, qui n’existe pas : un ETF Monde qui est renforcé régulièrement, qu’il pleuve ou qu’il vente - sans tenir aucun compte du sentiment de marché et de la psychologie de l’investisseur. Perso, ces "études" me font rire.
Ben non. Ils comparent la performance des portefeuilles activement gérés à celle d’un indice, réplicable à bas coût (0,20% ou moins) et de manière fiscalement efficiente (revenus capitalisés). Il n’est pas question de renforcement ni de psychologie dans ces démonstrations académiques.
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#217 21/07/2018 11h57
- Scipion8
- Membre (2017)
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@Lopazz : Techniquement c’est réplicable, psychologiquement ça l’est moins (vous savez, dans la vraie vie). C’est tout ce que je dis. Faites l’expérience : placez tout votre argent sur un ETF Monde, attendez le prochain Lehman (le moment où même les banquiers centraux craignent un effondrement du système), et voyez si vous continuez à renforcer chaque mois. Si oui, bravo, mais sachez que vous pariez sur l’absence de désastre systémique comme il peut en survenir tous les 50 ans. Moi, je prends le pari que vous prendrez votre argent sous le bras et que vous partirez à toute allure, un peu comme l’image sous votre pseudo ;-)
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#218 21/07/2018 12h03
- lopazz
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C’est pour cette raison même que personne ne doit "mettre tout son argent" sur des actions, et que la composante actions d’un patrimoine s’inscrit dans une logique de diversification globale au même titre que les autres catégories d’actifs.
Personne ne conseille de mettre 100% de son patrimoine en actions, mais de définir une allocation d’actifs en rapport avec son horizon d’investissement, ses objectifs, son profil de risque, et de rebalancer périodiquement.
Crédit illustration : Meb Faber
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#219 21/07/2018 12h17
Scipion8 a écrit :
@Lopazz : Techniquement c’est réplicable, psychologiquement ça l’est moins (vous savez, dans la vraie vie). C’est tout ce que je dis. Faites l’expérience : placez tout votre argent sur un ETF Monde, attendez le prochain Lehman (le moment où même les banquiers centraux craignent un effondrement du système), et voyez si vous continuez à renforcer chaque mois. Si oui, bravo, mais sachez que vous pariez sur l’absence de désastre systémique comme il peut en survenir tous les 50 ans. Moi, je prends le pari que vous prendrez votre argent sous le bras et que vous partirez à toute allure, un peu comme l’image sous votre pseudo ;-)
C’est un biais d’excès de confiance flagrant. En quoi les choses seraient-elles différentes pour un investisseur en titres vifs, a fortiori s’il a fait des choix plus volatils qu’un ETF monde ? Les titres vifs sont également sujets au risque systémique, potentiellement plus qu’un ETF monde selon ceux qui ont été choisis !
Et je veux bien vous suivre pour le pari. 10k€ qu’à la prochaine baisse de 30% ou plus du MSCI World, je vends 0 ETF, ça vous semble raisonnable ?
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4 #220 21/07/2018 12h19
- Fructif
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Scipion8 a écrit :
Les fameux backtests qui démontrent qu’un ETF Monde, sur la durée, bat la plupart des gestionnaires sont effectivement une fiction : ils comparent des portefeuilles réels (ceux des gestionnaires) avec un portefeuille fictif, qui n’existe pas : un ETF Monde qui est renforcé régulièrement, qu’il pleuve ou qu’il vente - sans tenir aucun compte du sentiment de marché et de la psychologie de l’investisseur. Perso, ces "études" me font rire.
Je ne comprends pas votre point, ou vous n’avez pas bien compris ces études.
- Il existe des études qui comparent les fonds actifs réels avec des indices théoriques, c’est vrai ! C’est notamment le cas de SPIVA. On peut dire que c’est complètement débile, mais uniquement à première vue. Un bon fonds passif va être vraiment extrêmement proche de l’indice de référence. Allez regarder VOO, l’ETF S&P500 de Vanguard, par exemple. Il existe même des cas où les ETF dépassent l’indice de référence, par exemple car ils optimisent mieux la fiscalité que l’indice …
- Il existe des études qui comparent des fonds actifs réels et des fonds passifs réels, c’est le cas de Morningstar Actif versus Passif. A titre d’exemple, sur 20 ans sur le large blend, 13,4% des fonds actifs ont battu les fonds passifs !
- Si vous ne croyez pas à ces études, recherchez sur Quantalys ou Morningstar le classement de l’ETF world de Lyxor depuis 10 ans. L’ETF est 14e sur 253, alors que le taux de mortalité des fonds internationaux est de 50%, il est donc en réalité dans le 3e meilleur décile. Ça c’est la vraie vie ! On a l’habitude de dire que le passif fait mieux que 80% des fonds actifs, mais c’est en réalité bien plus !
- Il existe des étude qui calculent le retour pour l’investisseur sur lesquels le fonds investis. C’est ça que vous avez voulu dire ? Il y a en particulier "Morningstar Mind the Gap". Et … oh surprise, les investisseurs en fonds passifs font certes moins bien que le fonds sur lequel ils investissent, mais l’écart est moins important que pour les investisseurs sur fonds actifs. Par exemple, sur 10 ans les investisseurs sur fonds diversifiés actif, on fait -3,4% par rapport au fonds; ceux qui ont investi sur fonds passif ont fait -0,8% …
Il suffit de faire une recherche sur les mots clés des différentes études pour les trouver et vérifier.
C’est bon de rigoler, j’aime ça aussi, mais en l’occurrence je ne suis pas sûr qu’il y ait matière.
Je n’ai pas d’étude sous la main, mais comme le disait Sven plus haut, les investisseurs en actions en direct sont particulièrement mauvais, notamment en market timing.
Après, si vous voulez écrire "les bons investisseurs en actions en direct" sont "bons" (en sélection de valeur et en market timing), je veux bien vous l’accorder.
En revanche, vous insinuez que les détenteurs d’actions en direct sont en moyenne meilleurs que les détenteurs d’ETF ; je ne le crois absolument pas, et si les chiffres que j’ai avancés sont loin d’être parfaits, ils ne vont pas dans ce sens.
Mais ce qui est intéressant je trouve, c’est que, encore une fois, les investisseurs actifs sont purement dans le story telling, et les investisseur passif purement dans les faits. Les pro "actions en direct", n’ont avancé absolument aucun chiffre, mais que des avis …
Je trouve ça réellement intéressant sur la psychologie des gens. D’ailleurs, il a été prouvé de nombreuses fois qu’il est beaucoup plus efficace de convaincre avec des belles histoires qu’avec des faits/chiffres. Donc, je comprends tout à fait que l’on utilise cette technique lorsque l’on cherche à convaincre. Mais c’est intéressant.
Dernière modification par Fructif (21/07/2018 12h45)
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#221 21/07/2018 12h20
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“INTJ”
Si on parle de vrais chiffres, et pour vous donner un exemple concret, j’ai balancé une somme à 6 chiffres sur un ETF Europe dans les jours qui ont suivi le Brexit. Avec les résultats que l’on connaît.
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#222 21/07/2018 12h36
- Mevo
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Scipion8 a écrit :
placez tout votre argent sur un ETF Monde, attendez le prochain Lehman (le moment où même les banquiers centraux craignent un effondrement du système), et voyez si vous continuez à renforcer chaque mois.
De ce que j’ai compris, c’est ce qu’il a fait (en tout cas pour sa portion "action"). Vivement un nouveau Lehman pour la réponse, donc
Scipion: Perso, je dirais en conclusion que votre raisonnement est valide et à un certain mérite (ainsi éventuellement que certaines lacunes, mais c’est une autre histoire).
EDIT:
sven337 a écrit :
En quoi les choses seraient-elles différentes pour un investisseur en titres vifs
Je crois qu’il s’en est suffisamment expliqué, quand même.
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#223 21/07/2018 12h48
- Dooffy
- Membre (2014)
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Fructif a écrit :
Je trouve ça réellement intéressant sur la psychologie des gens. D’ailleurs, il a été prouvé de nombreuses fois qu’il est beaucoup plus efficace de convaincre avec des belles histoires qu’avec des faits/chiffres. Donc, je comprends tout à fait que l’on utilise cette technique lorsque l’on cherche à convaincre. Mais c’est intéressant.
D’aucuns en ont même fait un véritable art, au premier rang desquels les start upper et entrepreneurs 2.0
C’est aussi ce que viennent chercher certains investisseurs (trop?), une histoire qui fait réver et qui peut-même s’avérer outrageusement enrichissante.
Il n’a jamais été aussi facile d’être milliardaire mais dans le même temps aussi difficile d’être millionnaire dirait Scott Galloway.
Par ailleurs, il est généralement admis que personne n’a jamais fait fortune en investissant sagement tous les mois (ETF, actions ou autre). En revanche cette approche permet effectivement de devenir financièrement indépendant ou à tout le moins plus libre (nous prendrons pour preuve les rentiers en mobilier de ce forum).
Bien à vous, Dooffy
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1 #224 21/07/2018 13h03
- Yonz
- Membre (2017)
- Réputation : 63
Scipion8 a écrit :
Vous pouvez faire cet exercice intellectuel (ou même en réel) : achetez (pour des montants significatifs de votre patrimoine) (1) un titre vif d’une entreprise de qualité que vous connaissez bien, que vous avez analysée, qui a un business assez prévisible et relativement peu exposé aux chocs mondiaux, et (2) un ETF Monde. Un krach majeur (disons une crise bancaire du type 2008) survient : que faites-vous ? Vous vendez tout, vous ne vendez que le titre vif ? Que l’ETF Monde ? Vous renforcez un des 2 ? Les 2 ?
Je suis un relativement jeune rentier investi à environ 100% en actions, voire un peu plus du fait de quelques produits dérivés. En cas de krach, je n’aurai donc pas la possibilité de renforcer quoi que ce soit.
Pour compléter cette réponse: j’envisage d’évoluer vers une gestion 100% passive, convaincu de sa plus grande efficacité après lecture des uns et des autres sur ce forum. Et aussi parce que je me sentirai plus à l’aise en étant "parfaitement" diversifié qu’en l’étant "à peu près".
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#225 21/07/2018 13h05
- delta
- Membre (2015)
Top 20 SIIC/REIT - Réputation : 163
Scipion8 a écrit :
En France, le risque d’expropriation des actionnaires par nationalisation ou taxation abusive n’est pas anecdotique, en cas de crise majeure, car démographiquement les actionnaires sont peu nombreux et ont mauvaise presse (les méchants rentiers qui accumulent honteusement les dividendes - cf. Oxfam etc.). Une bonne gestion des risques à long-terme doit prendre en compte tout ça.
Je suis hors sujet mais je me pose régulièrement la question (à chaque fois que le sujet réapparaît dans les médias). Est ce que des membres du forum auraient des détails / souvenirs de la vague de nationalisation de 1982 initiée par le gouvernement de P. Mauroy au début du septennat de F. Mitterrand ? Je n’étais pas né…
Une nationalisation implique en principe le dédommagement des actionnaires. On entend chaque année, lorsque les tarifs des péages sont révisés, quelques députés qui demandent, avec force, la nationalisation des différentes sociétés d’autoroute. Avec quel argent ? Je doute que les finances actuelles de la France permette d’entreprendre une quelconque initiative dans cette voie. Sinon, il reste la solution de l’expropriation mais je ne crois pas qu’un gouvernement puisse un jour utiliser de tellles méthodes. Les conséquences seraient catastrophiques pour l’image de la France en Europe et dans le Monde. Je ne pense pas non plus que les instances européennes autorisent ce type d’intervention. Le vrai risque dans ce genre de situation réside dans une hausse de la fiscalité : un prélèvement forfaitaire à des taux confiscatoires. Il ne restera plus qu’à partir à l’étranger et dire adieu à la France.
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