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2    #1 19/07/2019 22h21

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Bonsoir,

Je place ce post ici par défaut mais il aurait sa place dans de nombreuses files traitant de la grande distribution ou bien fabricants de PGC voir même dans la file situation économique tant ces 2 secteurs réunis pèsent fortement dans l’économie française.

Tout ceux qui s’intéressent donc un tant soit peu au sujet des PGC dans son ensemble devrait prendre sur leur temps pour consulter ce qui suit.

Donc rien de bien nouveau mais il y a actuellement une commission d’enquête à l’Assemblée Nationale sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de leurs groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs.

Les députés créent une commission d’enquête sur la grande distribution | LCP Assemblée nationale

Juste que là rien de bien croustillant mais les auditions qui sont en cours depuis maintenant plus d’un mois sont très instructives pour ceux qui souhaitent en savoir un peu plus. La sagacité des députés en est même assez étonnante en espérant qu’il en ressortira réellement quelque chose car aujourd’hui la guerre des prix qui s’est engagée depuis près de 5 ans est complètement destructrice pour tout un partie du tissu économique français.

Commissions - Grande distribution (CE) - Vidéos de l’Assemblée nationale

C’est assez long à chaque fois je vous l’accorde mais en écouter au moins une côté industriel et une côté distributeur permet déjà d’appréhender les problématiques soulevées même si les meilleures parties sont à huis-clos.

Je vous conseille particulièrement les interventions de l’Ilec/Ania, la FCD, Envergure, Horizon, Intermarché, CWT, Galec, Carrefour avec Bompard, Eurelec et la semaine à venir il y aura celle de Michel-Edouard Leclerc et Amazon.

Mots-clés : fournisseur, grande distribution, relation


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1    #2 20/07/2019 01h03

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Ledep a écrit :

aujourd’hui la guerre des prix qui s’est engagée depuis près de 5 ans est complètement destructrice pour tout un partie du tissu économique français.

En 2007, il n’arrêtait pas d’être répété qu’il fallait encourager la concurrence afin de faire baisser les prix pour les consommateurs. Je m’en souviens parfaitement, et c’était en boucle: L’objectif CLAIR était la baisse des prix. Et la concurrence, acharnée si possible, était le moyen d’y arriver. C’était tout le contexte de la réforme de la loi Galland à l’époque.

Une rapide recherche de ce qui se disait à ce moment là me fait par exemple tomber sur ceci:

[url=http://www.journaldunet.com/management/marketing-commercial/actualite/07/reforme-loi-galland/3.shtml a écrit :

JDN / Reforme loi Galland[/url]]Le 31 octobre 2007 a été présenté au conseil des ministres le nouveau projet de loi pour le développement de la concurrence au service des consommateurs. Son but : relancer la consommation et développer le pouvoir d’achat.
[..]
Les prix moins élevés devraient alors dynamiser la consommation, donc accroître le chiffre d’affaires des distributeurs qui vont acheter davantage aux fournisseurs et, par effet d’échelle, faire encore baisser les prix d’achat donc les prix de revente au consommateur

C’était également la bonne vieille époque où il fallait faire baisser le prix des carburants. Pas en baissant les taxes appliquées dessus, pensez-vous ! mais en augmentant la concurrence entre les stations service en affichant les prix sur un site internet créé par le gouvernement lui-même. C’est sûr que continuer de taxer au maximum, mais chercher à compresser autant que faire se peut la marge des distributeurs, parait totalement sensé. Et que ce soit le gouvernement qui s’en charge, avec vos impôts (et ceux des stations services wink ), l’est sans doute encore davantage.

[url=https://www.prix-carburants.gouv.fr/rubrique/faq/ a écrit :

https://www.prix-carburants.gouv.fr/rubrique/faq/[/url]]Un arrêté ministériel en date du 12 décembre 2006 (voir le texte sur Légifrance) modifié par un arrêté en date du 7 avril 2009 (voir le texte sur Légifrance) rend obligatoire la déclaration des prix pratiqués pour tout gérant de point de vente de carburants

Tout ca, c’est comme les banques centrales et d’autres choses (ca bouclera éventuellement aussi la boucle sur la file au sujet d’Amazon), il faut payer des gens pour "faire quelque chose" qui vont manipuler ou influencer dans un sens, jusqu’à que ca ne se mette à poser encore bien plus de problèmes que si rien n’avait été fait, et à ce moment là, ces "sauveurs" pourront faire quelque chose pour causer encore davantage de problèmes dans l’autre sens, et ainsi de suite. Au bout du compte, ils pourront se féliciter de tous les problèmes qu’ils résolvent (en passant sous silence, voire en ne réalisant pas que ce sont à chaque fois eux-même qui les ont créés), et expliquer à quel point ils sont nécessaires et heureusement qu’ils sont là. Mon dieu, mais qu’est-ce que ca aurait été sans eux (ce qui est d’ailleurs généralement une extrêmement bonne blague, en fait wink ).

Pour rappel, le contexte de 2007 était que la loi Galland avait fait monter indûment les prix…

Disclosure: Ca reste une vision, qui s’avère être la mienne, ca ne veut pas dire qu’elle est forcément correcte ou toujours correcte. Mais j’ai effectivement tendance à penser que le libéralisme fonctionne mieux.

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#3 21/07/2019 19h19

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ESTJ

La loi Galland a permis un âge d’or des distributeurs que j’illustrerai d’un exemple qui saute aux yeux :

Souvenez vous a quoi ressemblait le supermarché type Leclerc avant cette loi : un hangar dans la plupart des cas sauf ceux construits dans les 5 ans précédents qui avaient eu déjà droit à quelques fioritures.

Retournez voir les mêmes magasins 10 ans après : un mall center americain avec une deco soignee, une galerie marchande, un sol premium remplaçant un vieux carrelage standard, des étiquettes radio fréquence aussi ont remplacé les bonnes vieilles cimaises.

Sur la même période, les ratios de valorisation à la revente d’un super hyper ont explosé : avant on achetait un hyper environ 3 mois de CA…cela laisse rêveur désormais …

Chez Carrefour, on payait des cadres dès le poste de chef de rayon, sauf erreur il me semble qu’un chef de département actuel est moins valorisé : il est vrai que les achats se sont beaucoup centralisés et que la négociation locale en magasin s’est réduite à peu de chagrin. Bien sur personne ni acheteur ni commercial ne discute prix de revente, les prix sont libres de toute façon depuis toujours. 😇


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#4 21/07/2019 22h23

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Bonsoir,

S’il fallait un démarrage en voici à nouveau un.

Leclerc. Une amende record de 117 millions d?euros demandée par Bercy

les prix sont libres

Ils le sont et c’est presque ça le problème si on peut dire, les distributeurs se livrant une guerre des prix acharnée vont bien en-dessous du seuil de revente à perte à de nombreuses reprises (pouvant intégrer tout les avantages financiers qui leurs sont accordés) et ensuite vont "demander" compensation aux fournisseurs ou voir se servent directement. Les mécanismes qui sont en présence sont totalement destructeurs, baisse des marges des 2 côtés à quasi néant (avec déflation à l’appui depuis plus de 5 ans) et consommation à l’arrêt. La France est le pire pays au monde en ce qui concerne le niveau de collaboration entre les fournisseurs et les distributeurs.

Loi alimentation : la grande distribution impose toujours ses prix | Les Echos

@Mevo, bien-sûr que vous avez raison, c’est par pur populisme et enjeu politique (avec comme pretexte de maintenir le pouvoir d’achat des français et protéger le petit commerce !). Ne rêvons pas chaque version de loi encadrant les négos a été contournée (la 1ère datant de 1960 !), que ce soit Royer, Sapin, Galland, Raffarin, NRE, Dutreil, Sarkozy, Dutreil 2, Chatel, LME, Hamon, Sapin 2, Macron et EGALIM


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#5 22/07/2019 01h05

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Ledep a écrit :

les prix sont libres

Ils le sont et c’est presque ça le problème si on peut dire, les distributeurs se livrant une guerre des prix acharnée [..]

Je veux bien comprendre le problème (je le comprends, même). Mais en quoi est-ce réellement différent d’un tas de secteurs d’activité où il y a une concurrence acharnée sur les prix et une forte compression des marges ? Parce qu’il y en a beaucoup, à mon sens. On peut totalement arguer l’existence d’un potentiel effet néfaste de la concurrence de ce coté (il est presque dommage que Stokes ne soit plus là pour réagir sur la question). Internet accentuant encore possiblement le problème pour beaucoup de monde (avant, il y avait tout de même une moindre information sur les prix, et une sorte de "protection géographique" en fonction de la zone de chalandise).

Et c’est un phénomène que j’ai l’impression de souvent avoir constaté: "On" entend parler de certains secteurs d’activité, et la sphère publique semble s’en préoccuper, alors qu à coté de ca, des gens chez qui c’est pire se demandent "ouais, et moi, alors ?"

Qu’est-ce qui pourrait bien être fait qui ne va pas totalement distordre la concurrence, et entraîner d’autres problèmes derrière ? (encore plus importants, si ca se trouve).

Je veux bien comprendre également l’argument des "mastodontes" que sont devenus les acteurs de grande distribution, mais là encore, la loi Royer (ce à quoi Serenitis faisait peut-être allusion, plutôt qu’à la loi Galland) et les limitations d’implantation n’y sont peut-être pas étrangers. On en revient donc toujours au même schéma.

Comme dit, la concurrence et ses conséquences, c’est le "système" dans lequel nous vivons qui veut ca (et il n’est certainement pas idéal en tout point. L’histoire étant vraisemblablement que c’est le "moins pire" qu’on ait réussi à faire). Quand je vois sur le net certaines offres internet et/ou de téléphonie en France ces derniers temps, on peut par exemple avoir une pensée émue pour les opérateurs de téléphonie. Eux aussi avaient besoin d’un "4e opérateur" pour faire baisser les prix pour les consommateurs… Ces sociétés peuvent de plus mettre en avant les investissements qu’ils doivent faire, l’importance de leur rôle, etc. Enfin, c’est toujours pareil, chacun voit midi à sa porte et prêche pour sa paroisse.

Bref, j’aurais tendance à penser que c’est aussi aux fournisseurs de dire NON à ce qui n’est pas acceptable pour eux. On a peut-être un problème d’éducation (voulu) là-dessus. Tout cela me rappelle un peu la discussion sur les douaniers Canadiens de l’an dernier ( Le rentier à la douane (police aux frontières) canadienne ). La théorie veut qu’un vendeur ne devrait pas accepter de vendre à un prix où il ne gagne plus suffisamment. Et la réaction qu’on a souvent en retour est que s’ils ne le font pas, d’autres le feront. Ben, normalement non (si tout le monde est logique et rationnel), ou alors c’est le premier vendeur qui n’est pas compétitif par rapport à ses concurrents.

Je ne veux certainement balayer le problème du coté des fournisseurs d’un revers de main, et encore une fois, je le comprends, mais il me parait aussi y avoir quelque chose d’assez malsain dans le fait d’accepter de vendre à certains prix et de pleurnicher ensuite derrière. Maintenant, peut-être que je ne saisis pas tout. Par exemple, je serais très intéressé par avoir des détails sur les "mesures de rétorsion fortes" qu’emploierait Leclerc d’après "Bercy" dans l’article de Ouest France.

Ledep a écrit :

"demander" compensation aux fournisseurs ou voir se servent directement

"Demander" (j’ai certes noté les guillemets), ils peuvent bien demander tout ce qu’ils veulent, c’est pas pour cela qu’il faut accepter. Quant à se servir, à moins que ca n’ait été prévu (et donc que ca n’aurait pas dû être accepté en amont, même si c’est sans doute plus facile à dire qu’à faire), ca s’appelle du vol.

Il existe aussi une autre grille de lecture, ici: Que pour l’instant, ceux qui "demandent" (et qui vont d’ailleurs, eux,  potentiellement se servir), c’est l’administration ! Que Leclerc cherche a négocier les meilleurs prix d’achat, c’est leur rôle. J’aimerais bien aussi leur version des faits (j’ai jeté un oeil sur le blog de M.E.L, il n’en parle pas, je suppose qu’il ne parlera pas publiquement d’une affaire en cours devant la justice), et des détails sur ce qu’ils auraient fait qui est contraire aux règles (mettre un pistolet sur la tempe des vendeurs, au sens littéral, ca le serait par exemple).

PS: Et si les agriculteurs veulent effectivement "équilibrer le rapport de force", ils ne peuvent pas s’entendre sur les prix, ce serait illégal (et ca ne résoudrait pas totalement leurs soucis). Mais, sauf erreur de ma part, ils doivent pouvoir créer une société commune qui leur achète leur production et qui va négocier et la revendre à la grande distri. Dans la pratique, ca reviendra au même. Le reste sera de la "subtilité". Mais il faut qu’ils arrivent alors à s’entendre, peut-être qu’il y ait un certain partage sur les quantités vendues, etc. Si leur problème est les centrales d’achat trop puissantes, ils peuvent répondre par une centrale de vente tout aussi puissante. Ou alors chacun veut tenter de vendre TOUTE sa production, au prix que lui est libre de fixer, etc… Meme avec une telle centrale de vente, rien n’empêche qu’ils restent avec tout sur les bras, si la grande distri trouve quelqu’un d’autre à un meilleur prix.

Ou pire, peut-être qu’ils vendront  à des prix supérieurs pendant une période  et que de nouveaux acteurs entreront sur le créneau parce qu’ils considèrent les marges comme confortables. C’est ca le "jeu" du libre marché (No offence pour eux; mais c’est sûr que pleurnicher et vouloir que quelqu’un fasse quelque chose, c’est toujours plus simple. Pour certains, les règles en place, c’est bien tant que ca les arrange).

Disclosure: Ca ne reste toujours qu’UNE certaine vision…

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1    #6 22/07/2019 09h55

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Bonjour,

En fait le problème en tant que tel n’est pas la concurrence mais le fait que les distributeurs ne respectent pas la loi en vendant sous le seuil de revente à perte (ex frappant du Nutella à -70% chez Intermarché) et ensuite c’est la course à l’échalote puis l’escalade vers les fournisseurs. Vous avez raison, internet à largement accentué cela et surtout grâce (à cause) aux drives des magasins. L’effet néfaste n’est pas la concurrence mais bien la violation des lois et le cercle vicieux qui en découle. Et en l’occurrence quand on se parle de concurrence on parle aujourd’hui d’un marché à 4 acteurs dans la distribution.

A cela il faut rajouter des pratiques douteuses, une disproportion entre les avantages acquis et les services réellement rendus (+ les centrales internationales), des pénalités logistiques également disproportionnées faisant dorénavant ce qu’on appelle le 6 net, il faut savoir qu’aujourd’hui la marge des distributeurs se fait quasiment sur ce seul poste.

Un fournisseur aujourd’hui ne peut pas dire non, certains ont osé comme Coca avec Leclerc l’année dernière mais leur retour a dû se faire à prix d’or. Dire non c’est s’exposer à une perte de plus de 20% et voir même plus avec les centrales internationales. L’année dernière avec Agecore c’est tous ou rien, si un pays n’avait pas signé, les autres pays étaient bloqués.

"Demander" (j’ai certes noté les guillemets), ils peuvent bien demander tout ce qu’ils veulent, c’est pas pour cela qu’il faut accepter. Quant à se servir, à moins que ca n’ait été prévu (et donc que ca n’aurait pas dû être accepté en amont, même si c’est sans doute plus facile à dire qu’à faire), ca s’appelle du vol.

C’est bien cela, les distributeurs se servent via des déductions.

Pour le cas présent de Leclerc, il s’agit de l’obligation de négocier à Bruxelles auprès de la centrale internationale et pas que. L’histoire se répète pour Leclerc, avec une autre procédure intentée l’année dernière, qui avait imposé une "taxe Lidl" de 10% auprès des fournisseurs pour avoir accepter de vendre à Lidl…

Encore une fois je vous engage à écouter ces auditions notamment celles de l’ILEC-ANIA et celle d’un distributeur, c’est éclairant pour ceux qui ne connaissent pas.

ils ne peuvent pas s’entendre sur les prix, ce serait illégal

Et pourtant c’est bien ce qui se passe sur les produits agricoles avec les contrats tripartites signés notamment dans le lait ou le porc.
un exemple parmi tant d’autres Contrats tripartites : une bonne idée… au…

Si leur problème est les centrales d’achat trop puissantes, ils peuvent répondre par une centrale de vente tout aussi puissante.

Et bien non, on appellerait cela entente verticale, cartel etc, ce que les distributeurs ont le droit de faire, les fournisseurs n’ont pas le droit. Les distributeurs en 5 ans se sont tous mariés et démariés les uns avec les autres.


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#7 22/07/2019 10h26

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Ledep, je ne comprends pas votre dernière phrase. L’entente verticale est interdite mais l’entente horizontale aussi (cf. cas Orange/Sfr/Bouygues). Les distributeurs n’ont pas le droit de le faire aussi.
Le fait qu’un alignement de prix est possible via scrutage de la concurrence mais ne résulte pas forcément d’une entente.

Après, je vous rejoins, la grande distribution a eu des passe-droits / protection au plus haut versus d’autres secteurs.

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#8 22/07/2019 12h13

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L’entente verticale n’est plus complètement interdite puisque il y a eu des accords tripartites producteurs/industriels/distributeurs (mais encadrés et restrictives par la loi EGALIM).

Pour l’entente horizontal, il n’y a pas besoin de parler de prix mais de "pratique concertée entre entreprises opérant au même niveau du marché, c’est-à-dire généralement une coopération entre concurrents". Cf wikipédia

Les distributeurs ont eu "le droit" d’acheter en commun en appelant cela alliance à l’achat et surtout ils n’ont pas arrêtés de se mélanger depuis des années.
Je remets un extrait de ce que j’avais pu poster dans ma présentation dans un post.

Nous avions :
- Carrefour/Provera
- Intermarché/Casino
- Auchan/Système U/Metro
- Leclerc
- Le soft/hard discount (Aldi et Lidl indépendant mais avec négociations européennes)

Dorénavant nous aurons :
- Carrefour (s’alliant aussi à Tesco et Google)/Provera/Système U
- Auchan (s’alliant à Alibaba)-Schiever/Casino (s’alliant à Amazon)/Metro (qui va vendre son retail Real)
- Leclerc (avec Eurelec l’alliance avec Rewe)
- Intermarché/Francap
- Le soft/hard discount (Aldi et Lidl indépendant mais avec négociations européennes)

A tout cela s’ajoute déjà d’autres alliances Européenne existantes type Agecore avec Intermarché, Conad, Colryut, Edeka et Eroski


Et à ceci s’ajoute depuis d’autres alliances, accords, partenariats etc avec Amazon, Ocado etc et d’autres alliances avant les 1ères avec Lucie (Leclerc et Système U), Opéra (Casino et Provera).

Donc à la fin des fin tout un chacun connaît les prix d’achats des autres, les personnes étant souvent les mêmes, n’y a t’il pas un biais dans le jeu de la concurrence ?

Lorsque j’aurais le temps et si cela intéresse certains (même si ça sort du cadre du forum), je pourrais expliquer les différents schémas et impacts que cela amènent à la spirale vicieuse, qui Mevo je vous l’accorde bien, dont les fournisseurs ont très partiellement des mauvais apports aussi.


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#9 22/07/2019 14h19

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Je ne comprends pas que ces centrales d’achats soient autorisées, puisqu’au final elles ont une position oligopolistiques. Ma seule explication c’est qu’on applique la même règle en France qu’en Europe : tout ce qui fait diminuer le prix final aux consommateurs est bon, peu importe les dégâts collatéraux (sur les fournisseurs, la qualité des produits et l’environnement).

Et le pire, c’est que même comme ça, le "pouvoir d’achat" est toujours au centre des préoccupations.

Vraiment une logique perdant/perdant.

Ledep a écrit :

Vous avez raison, internet à largement accentué cela et surtout grâce (à cause) aux drives des magasins. L’effet néfaste n’est pas la concurrence mais bien la violation des lois et le cercle vicieux qui en découle.

Je ne suis pas sûr de comprendre l’impact du drive.

Vous voulez dire que la "transparence" des prix sur internet accroît la concurrence entre les distributeurs et tire encore un peu plus les prix vers le bas ?

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#10 22/07/2019 14h38

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Ledep a écrit :

Les distributeurs ont eu "le droit" d’acheter en commun en appelant cela alliance à l’achat et surtout ils n’ont pas arrêtés de se mélanger depuis des années.

Les groupements d’intérêt économiques sont légaux et ne résultent pas d’une entente horizontal car c’est une mutualisation des achats. Même si certains (pas tous) ont des prix d’achat commun. Définir une politique de prix de vente ne peut pas être une action commune entre entreprise et d’ailleurs les groupements que vous définissez ne s’entendent pas sur les prix de vente. Ils permettent "juste" d’optimiser la marge en proposant des volumes intéressants aux fournisseurs.

D’ailleurs les groupements existent dans des multitudes de secteur sans que cela ne "pose" de problème.

Le vrai problème c’est que le gouvernement demande du prix, les consommateurs veulent du prix (et accessoirement ne pourrait pas payer des produits à leur réel valeur puisque les salaires n’augmentent pas assez pour cela). Donc les distributeurs sont obligés de maintenir les prix bas et paradoxalement veulent aussi augmenter leur marge. Donc on pressurise les fournisseurs d’où les mouvements de groupement. Les fournisseurs dégradent leur produit donc on paie le même prix soit un produit dégradé soit un moindre volume.
Si on refuse, on est purement et simplement déréférencé parfois immédiatement avec des affichages expliquant pourquoi le méchant fournisseur ne veut pas baisser sa marge.
Cela tue des entreprises mais c’est pas grave car on finira par trouver quelqu’un d’autres. A la sortie les distributeurs gagnent bien leur vie, le conso est content de payer de la m**** pas cher.

J’ai travaillé en lien avec la grande distribution dans un ancien boulot. J’ai été écœuré par les pratiques de ces distributeurs. J’ai également pu échanger avec des personnes qui indiquait qu’on leur demandait de "tourner" les yeux sur ces pratiques (je parle d’il y a 5-10 ans) car les grossistes étaient protégés.

PS : Ledep le sujet m’intéresse

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1    #11 22/07/2019 14h43

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@ Mevo : n’étant pas né avant la loi Royer, même s’il est sûr que restreignant les créations de surface de vente elle a donc valorisé les fonds, je parlai bien de la loi Galland qui en bloquant le prix au seuil de revente à perte a donc fait gonflé artificiellement les marges finales des distributeurs de façon conséquente, ce qui leur a donné l’idée (et les fonds) de travailler leur immo commercial qui était totalement secondaire avant.

@Ledep : de mes souvenirs certes anciens sur les "fonctions entrepôt", je me rappelle de barèmes d’écarts faisant que seul Carrefour avait alors la capacité logistique d’avaler un tel volume, qui ne correspondait à pas grand chose en réalité, du moins en dehors de justifier d’une remise particulière sans réelle valeur ajoutée en contrepartie pour l’industriel.

@IH : pour justifier d’un accord commercial donnant une marge arrière, il faut une prestation préétablie par un contrat : autrefois on parlait animation de gamme, stop rayon, tête de gondole, allée centrale… un champ lexical qui a du être bien revu et nul doute, même si j’ai quitté ce milieu depuis longtemps, que ce nouveau magasin virtuel a du donné lieu à de nouvelles contreparties en vue d’un référencement. L’occasion peut être aussi de placer au drive de nouvelles références conditionnées différemment (autre grammage par exemple qu’en rayon)  pour rendre la comparaison moins transparente et évidente au consommateur.

Je confirme l’idée développée par Ledep que le mot "entente" n’a pas le même sens ni les mêmes conséquences juridiques selon  le côté fournisseur ou distributeur duquel on se trouve. Ayant déjà été auditionné sur un de mes  anciens métiers par l’autorité de la concurrence, j’avais été surpris de mesurer leur parfaite connaissance des schémas de relation et de la zone grise qui l’entoure.


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#12 22/07/2019 14h57

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@IH

Et pourtant cela à toujours été le cas, dans le cadre de la loi, même si c’est très border line et sans parler de celles qui sont parties à l’étranger comme Leclerc avec EURELEC à Bruxelles, Carrefour avec CWT en Suisse, Intermarché avec AgeCore en Suisse, Auchan et Casino avec Horizon International en Suisse.

Si vous ne voulez passer qu’un peu de temps je vous conseille l’écoute de cette partie d’audition GALEC (Leclerc) à partir de 2H15 pour environ 30 minutes.
Quasiment toutes les thématiques sont soulevées en peu de temps. Il y a notamment le président de la commission Thierry Benoit qui revient sur la complaisance des pouvoirs politiques toutes sensibilités et des administrations en charge des politiques et contrôles en tout genre.

Le rapporteur (Grégory Besson-Moreau) qui n’a pas non plus la langue dans sa poche intervenait ce jour pour parler de prix juste et au bout du bout c’est de ça dont il est question, tant bien même que le prix au consommateur augmente, les prix trop bas ont forcément des conséquences sur un maillon de la chaîne de valeur et qui ne sont pas que les producteurs de matières premières.

?On va enfin découvrir ce qu’est un prix juste«  se réjouit Grégory Besson-Moreau, député LREM, après l?amende de 117 millions d’euros infligée à Leclerc par Bercy

Après encore une fois, on verra ce qu’il en sera fait de tout cela, ça peut accoucher d’une souris…

La France n’est pas suiveuse en la matière, elle est précurseure, les distributeurs français ont crée les centrales et alliances internationales.

Pour l’impact des drives c’est bien cela, par rapport à l’immédiateté de la vision en temps réel des prix partout juste avec un Bot alors qu’avant il fallait des centaines de releveurs avec des publications hebdomadaires voir mensuelles sans avoir de détail au magasin.
Dorénavant sans bouger d’un siège, les prix peuvent être adaptés aussitôt, cela a clairement été un accélérant, mais ça c’est le monde 2.0 smile

EDIT: Désolé la réponse a été longue et Kabal et Serenitis ont répondu entre temps


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#13 22/07/2019 15h07

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La mise en place de bot de relever de prix est juste une avancée majeure pour toutes les entreprises. Chaque matin, on arrive, les prix sont relevés, on peut noter les écarts par rapport à la période voulue. C’est extrêmement puissant et sans effort versus le relevé de prix à l’ancienne!

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#14 22/07/2019 16h21

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Je suis bien d’accord qu’une transparence accrue sur les prix de vente (pour les distributeurs, comme pour les consommateurs) est arrivée avec les drives, que la connaissance des prix d’achat (des concurrents, pour la grande distribution) a (encore) du augmenter avec les centrales d’achats, qu’il existe doit sans doute un certain nombre de pratiques très "limites" (voire bien pire) dans les rélations entre la grande distribution et ses fournisseurs, mais il reste quelques points sur lesquels j’ai du mal à comprendre, en particulier :

    [1] la grande distribution arrive-t-elle à "cacher" une partie de ses bénéfices ? Il est facile de constater que le niveau de bénéfice des entreprise de la grande distribution avoisinent 1% (du chiffre d’affaire), quand il avoisinne plutôt 20% chez les gros industriels (Coca, Nestlé, L’Oréal, Procter, Pernod Ricard, etc.).

    [2] comment les gros industriels peuvent-ils se présenter "en position de faiblesse" dans les négociations (alors que ce n’est pas 1% de rabais sur tout leur chiffre d’affaire qui les mettra en déficit)

    [3] la situation des plus petits industriels (ceux dont les comptes sont moins facilement accessibles) est-elle vraiment différente ?

    [4] dans quelle proportion les difficultés des producteurs ultimes (les agriculteurs, et autres fournisseurs des industriels) résultent-elles des négiociations qu’ils ont avec la grande distribution pour écouler leur prduction, et avec les industriels (sachant que ces 2 types d’acteurs ne semblent pas travailler avec le même niveau de marge) ?

    [5] quand on analyse dans le détail les causes des difficultés de certains producteurs ultimes, ou de leurs coopératives, ou des petits industriels, qu’est ce qui explique les difficultés des plus mauvais élèves de la classe par rapport à la situation de ceux qui s’en sortent bien ?  Est-ce la dureté du marché qui explique que de petites différences fassent passer un producteur de rentable à "en déficit" ?

    [6] quels moyens peuvent permettre de préserver durablement le niveau des prix de vente des producteurs ultimes ? J’identifie par exemple :
      - une hausse de leur productivité (ce qui peut impliquer des regroupements -par ex ferme à 1000 vaches-, avec économies d’échelles, ce que certains refusent pour des raisons valables et d’autres moins valables)  (mais parmi les industriels de taille moyenne qui semblent en difficulté, il y a pas mal de … coopératives agricoles);
      - une montée en gamme (par ex. l’agriculteur qui fait du bio produira moins, mais vendra plus cher) et une commercialisation en direct (certains producteurs s’y essayent, mais ils découvrent souvent aussi que cette part de l’activité ne génèrent pas une marge énorme);
      - l’interdiction de certaines pratiques commerciales de ceux qui achètent et commercialisent  (mais ceci semble avoir du mal à fonctionner depuis pas mal d’années…);
      - la disparition de ceux qui n’arrivent pas à produire à prix suffisamment bas (sélection "naturelle"… mais avec des impacts négatifs, autant sociaux que sur la gestion des terres);
      - le subventionnement des producteurs ultimes (c’est aussi ce qui est fait depuis des années, la difficulté étant dans le détail des process pour répartir les subventions, comme sur l’impact budgétaire de l’ensemble des subventions);
      - l’ajustement de taxes sur les produits importés en provenance de pays où les normes (sociales en particulier, fiscales aussi) sont différentes  (ce n’est pas simple, cf les ventes sans TVA -et sans IS- réalisées par beaucoup de sites www, l’impact sur les pays exportateurs pour qui le seul moyen de converger vers nos pays riches est d’exporter grace à leur niveau de compétitivité, et même au sein de l’UE il y a de grosses disparités sociales et fiscales -IS comme TVA-);
     - autre chose (yaka, fokon) ?


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#15 22/07/2019 16h57

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Ledep a écrit :

Un fournisseur aujourd’hui ne peut pas dire non, certains ont osé comme Coca avec Leclerc l’année dernière mais leur retour a dû se faire à prix d’or.

Tiens, cet exemple est intéressant: Est-on sûr que c’est Coca qui a "perdu" au final ? (j’avoue que je n’en sais rien, mais ca pourrait aussi être coca qui a imposé un prix plus élevé à la fin). Les clients qui voulaient du coca (je sais que j’en ai moi-même fait parti lors de mon passage en France à cette période) sont allés l’acheter ailleurs, s’ils ne se sont mis à carrément faire leurs courses ailleurs (où du coca était disponible) [avec un retour au problème des limitations d’implantation dans ce cas]

Je ne suis pas à 100% convaincu que ce soit forcément le "distributeur tout puissant" contre le "fournisseur démuni". En tout cas avec des sociétés aux "reins solides" et qui ont un produit qui est demandé, comme Coca (en se basant surtout sur leur produit phare). Leclerc va aussi sérieusement se mettre à perdre des clients (et avoir des clients insatisfaits) s’ils n’ont pas les produits, alors que ces derniers sont disponibles auprès de la concurrence.

Les clients, s’ils veulent, ils iront acheter là où ca se trouve. Donc l’idée en théorie serait que Coca continue de vendre, alors que celui qui est coincé, c’est Leclerc. Je suppose que c’est là la base du point que vous soulevez: Que toutes les problématiques d’entente et restrictions contre ces ententes se situent du coté de l’offre, et non de la demande.

L’idée (je suppose) est qu’un fournisseur peut toujours vendre, y compris en direct s’il le souhaite. Au contraire, un distributeur qui n’arrive pas à avoir de produits, ou qui se ferait imposer des prix gonflés, que peut-il bien faire ?

On est donc arrivé  à ce monde "marrant" où les capacités de production modernes et la surabondance d’offre fait maintenant que ce sont les distributeurs qui sont vu comme ayant les cartes en main (c’était la même idée au niveau de la file sur Amazon).

Leclerc peut à mon sens demander 10% de moins à ceux qui vendent à Lidl (sans doute pas "officiellement" ou "ouvertement", c’est certain. On en revient là à un problème de "subtilité"). Comme ces fournisseurs peuvent leur répondre d’aller se faire voir.

La question qui se pose tout de même est: Comment se fait-il que la grande distri arrive encore à avoir des produits et des fournisseurs avec des comportements pareils ? Je suppose que la surabondance d’offre y est pour beaucoup. S’il y avait davantage de limite à la quantité de produits disponibles, il deviendrait intelligent pour une centrale d’achat de proposer des prix plus élevés pour que elle puisse avoir, mais pas ses concurrents (Note: Je raisonne juste en théorie, je ne dis pas qu’il faille forcément faire quelque chose en ce sens. Cette "surabondance" est aussi quelque part le résultat voulu du "système" en place. On peut aussi voir tous ses bons cotés).

Et accessoirement, il y a un peu une possible maladie moderne du "tout accepter" et de ne jamais avoir supposément de choix, mais de subir, tout en se plaignant certes derrière, mais en n’adaptant pas son comportement de manière logique et rationnelle.

PS: J’écouterais l’ensemble des liens fournis prochainement.

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#16 22/07/2019 17h08

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Pour le point [3], la situation peut vite être dramatique.
La grande distribution n’augmente pas ces prix et cumule les volumes. Donc déjà on vous demande un meilleur prix sur un volume donc vous acceptez de baisser votre prix avec une marge plus faible mais plus de volume. Bon ok, normal mais on s’y retrouve.
Puis d’un autre côté ça fait déjà 5 ans que vous ne pouvez pas augmenter votre prix voire qu’en plus de la remise volume, on vous demande un effort sur le prix et/ou sur des actions marketing à votre charge voire carrément une enveloppe pour être dans l’appel d’offre…
Donc tout ça réduit déjà fortement votre marge. L’absence d’augmentation de prix a un effet pervers c’est que du coup, vous vous mangez les augmentations de vos fournisseurs que vous comme petit acteur vous ne pouvez pas refuser. Je ne parle pas du fait que déjà à la base comme petit, vous avez des prix plus cher car vous avez des volumes faibles. Donc boum, votre marge se réduit.
Si vous avez une ou deux situations exceptionnelles par exemple comme actuellement beurre ou vitamine qui augmente de prix de manière drastique, votre marge baisse encore. Voire une augmentation de TVA que la distribution vous demande de reprendre à votre charge pour ne pas augmenter le prix TTC du consommateur.
Si vous ne faites pas ce qu’il faut, sortie immédiate des linéaires donc plus de CA versus une marge vraiment basse.

Les grands groupes ont du mal également à négocier avec la distribution (cf. Coca vs Leclerc) mais peuvent eux aussi peser sur leur fournisseurs pour suivre ou avoir des actions d’optimisation qui rapporte car gros volumes d’achat.

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#17 22/07/2019 17h33

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ESTJ

je suis toujours étonné que ces relations perdurent tant les deux parties devraient avoir compris qu’un vrai partenariat leur serait tous plus prolifiques :

un exemple sur un secteur proche qui date d’une dizaine d’années : Dyson annonce sa garantie constructeur via son propre SAV de 5 ans … Déréférencement immédiat de la gamme chez darty (ce qui correspond au code 9 chez Galec si ma mémoire est bonne )

deux ans après environ et constructeur et distributeur ont compris avoir besoin l’un de l’autre : je ne connais pas leur relation actuelle, mais j’avais trouvé l’exemple instructif et aurais bien voulu savoir combien chacun avait estimé avoir perdu réellement dans cette guerre ?

je me rappelle peu après la loi Galland en café de refus d’augmentation qui donnait lieu soit à un stockage gigantesque, soit un déréférencement avec import depuis l’étranger du même produit (sympa la collaboration entre les filiales à l’époque..) .

Autre exemple, une enseigne demandait en négo nationale 3 points à mon employeur contre la dispense de visite de l’ensemble de leurs points de vente en garantissant une collaboration d’une qualité inégalée (TG, plan merch favorable, référencement obligatoires chez des adhérents pourtant alors totalement indépendants..) : le projet n’avait jamais abouti, mais nul doute qu’il faisait réfléchir.

A cette même époque, côté industriel où j’oeuvrais, le plan de marche était simple : croitre par acquisition tous les deux ans, faire un plan social marketing et commercial afin de tomber les couts de 30 % en annonçant bien moins et en redonnant un petit peu de cette économie à la distribution avec iun max de contreparties pour étouffer la concurrence : compliqué de motiver des équipes sur la durée avec ce plan de marche incluant une succession perpétuelle de PSE !

surprenant de ne pas être sortis de cette relation peu constructive après tant d’années.


Profiter de ne rien foutre….

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#18 22/07/2019 17h59

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La Grande Distribution repose traditionnellement sur une promesse très simple : le prix le plus bas possible. Et ça marche parce que ça répond à une demande, à une valeur dominante : consommer toujours plus, ce qu’on veut quand on veut, toujours moins cher. Dans cette société de jouissance sans entraves, individualiste, tout ce qui tire les prix vers le bas est jugé être bon.

De là et pour une enseigne de GD, comment fournir ce prix le plus bas? Je vois 3 leviers :
- Gains de productivité (plus de CA et de marges p/m2, dont MDD)
- Rogner sur les marges de distribution
- Serrer le kiki des fournisseurs

Sur les gains de productivité, j’imagine que les enseignes savent faire et qu’elles font le maximum (c’est leur job, quasiment une religion pour elles).

Sur les marges, GBL notait qu’elles ne sont pas très élevées. Dans l’alimentation (produits frais), c’est criant. Marges nettes (après impôts) par rayon en 2017 : -0,4 % pour la boulangerie-patisserie-viennoiserie, 2,5 % pour les produits carnés, 3,7% pour les fruits et légumes, 0,9% pour les produits laitiers et -5,2% pour le rayon marée (source : observatoire des marges, FRAM, 2019, page 21).

Il y a des différences entre les produits mais le fait est que la GD ne se ’gave’ pas non plus…difficile de baisser davantage leurs marges, en tout cas en moyenne.

Reste…serrer le kiki des fournisseurs.

On peut passer toutes les lois qu’on veut, déplorer la façon dont les enseignes se comportent parfois, essayer de grappiller quelques iotas de marge avec des produits un peu plus haut de gamme ou qui se différencient (mais qui impliquent des coûts de production/distribution plus élevés) ou au contraire produire des trucs qui n’ont plus aucun goût pourvu qu’il y ai du volume….
…Mais in fine, une seule chose peut faire bouger durablement et significativement les lignes : la demande. Tant qu’on aura des consommateurs qui se rendent en masse en GD pour y trouver des prix bas (et sans trop regarder ce qu’ils achètent en dehors de ce facteur), les enseignes continueront de fournir des prix bas. Et pour ça, pas de secrets : les fournisseurs passent à la caisse.

En résumé et à mon sens, on est plus dans un problème de demande que d’offre. Les pratiques des enseignes de GD sont parfois limites mais ne sont que le reflet de leur clientèle.

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1    #19 22/07/2019 18h39

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ISTJ

Bonsoir,

Tout d’abord, merci beaucoup pour ces échanges très intéressants.

J’ai travaillé chez un fournisseur des grands distributeurs au tout début de ma carrière. Non pas dans la fourniture de produits commerciaux, mais dans la fourniture d’équipement pour les magasin (sécurité). C’est diffèrent, je le conçois, mais si le produit est unique, qu’il permet de se différencier de la concurrence, donc d’être plus productif pour pour faire baisser son prix de vente des produits commerciaux, alors le reste importe peu.
Dans la même veine, chez la maison mère de Castorama, King Fisher, milieu des années 2000 (un peu plus tard dans ma carrière). Si le "business case" avait un ROI de plus de 3 mois, alors, aucune chance de signer un deal ! j’imagine alors comment cela devait se passer avec les fournisseurs de produits commerciaux …..

Ensuite, la centrale d’achat a une arme terrible. Elle paie à 30 jours, 60 jours, 90 jours (ce n’est peut être plus possible, je ne sais pas, à vérifier). Et ensuite, les virements se perdent, la centrale invente des pénalités de tout ordre. Un paiement peut prendre 12 mois, 18 mois etc … si la centrale veut vous mettre au pas. Et pendant ce temps, si le fournisseur ne livre pas, il est déférencé ou bien il met la clef sous la porte faute de trésorerie. Le rapport de force est évident, sauf pour les marques premium comme l’Oreal, Pernod-Ricard, Coca et quelques autres.

Pour terminer, on parle de marge à 1% dans la grande distribution. Je ne suis pas spécialiste, mais on parle de la marge du magasin (l’entité qui porte tous les risques, les coûts de personnel etc …), la marge de la centrale d’achat (ASSET light, peu de personnel) ou de l’ensemble de la chaine ?
Il ne me semble pas que Carrefour et les autres travaillent pour 1%. J’imagine donc qu’il y a de la marge de camouflée quelque part dans la structure. Me trompe je ?

A+
Zeb


Tout ce qui peut merder, va inévitablement merder.

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2    #20 22/07/2019 18h57

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@GBL
[1] Non et oui elle ne cache pas puisqu’ils vendent à perte à de nombreuses reprises et qu’ils font face à un certain désamour du modèle français et peut-être que oui car il n’y a pas de transparence sur les centrales internationales. Pour l’argument des 1% et 20% c’est un argument classique des distributeurs sauf qu’on ne peut comparer un distributeur qui ne fait « que mettre » en place des produits en linéaires quand les fournisseurs vendent avant tout une marque et supportent les coûts de transformation. Le rapport est vraiment important, un magasin peut très vite peser une centaine de millions € ce qui est déjà la taille d’une très grosse PME ou petit industriel.
Ensuite la répartition des marges est faite ainsi et la base de chiffre d’affaires n’est pas la même.
La marge de la distribution se fait sur la masse et c’est bien là son rôle qui est de massifier.
Également il ne faut pas confondre les chiffres monde des industriels qui ne sont aucunement les chiffres France.
En extrapolant on a tout de même la question de la répartition de la chaine de valeur, ce que chacun essaye d’avoir.

[2] Là aussi argument classique des distributeurs, d’ailleurs je vous encourage à écouter l’audition de Bompard qui s’est fait tailler en pièces sur cet argument. On ne se parle pas de 1% on se parle de plus de15% de déflation depuis quelques années. La position de faiblesse se fait par le fait que le point de négociation en France représente autour de 20% du CA quand le CA du fournisseur représente pour les gros à peine 0.5% du CA du distributeur.

[3] Tout dépend ce que vous appelez petits industriels, quand on pense que près de 100 entreprises sont obligées d’être dans CWT (Carrefour internationale). Par nature le rapport de force est encore plus fort. Kabal a fort bien complété et explique en partie l’effet vicieux.

[4] C’est le bout de chaîne ou le début, c’est comme on veut, ils se font pressuriser et au risque de se faire « externaliser ».

[5] Ce sont sans doute les optimisations ou la moindre chasse au coûts, entre autres choses.

[6] C’est là qu’est le dilemme, on pourrait fixer des minimas mais encore une fois, l’externalisation se ferait avec le marché libre et surtout à l’étranger, on trouvera toujours moins cher avec potentiellement un niveau de qualité équivalent. Vos propositions sont toutes justes dans un sens.

@Mevo, je vous assure que c’est Coca qui a bien cédé, bien qu’aucune des 2 parties n’est fait part de cela. La cause en était le downsizing de ses produits sans changement de tarif, j’y reviendrai plus tard dans la spirale vicieuse. Ce n’était pas la 1ère fois que cela arrivait entre eux et les produits tout puissants cela n’existe plus (le seul produit qui fait encore le panier c’est à peine le babyfood dont principalement le lait), Coca et les sodas ont un profond désamour en ce moment et les consos ont dorénavant 5 lieux d’achat Vs 1.5 il y a moins de 10 ans. Savez-vous ce que Leclerc a fait ? Ils ont fait jouer le marché gris en faisant venir du Coca depuis le Viet Nam ! Donc non-seulement ils n’ont pas perdu mais ont pu également jouer sur leur communication de défense du consommateur et un peu de pub gratos.
Il y a eu Ricard aussi qui a été pris en otage de la sorte cette année.

Pour votre question Comment se fait-il que la grande distri arrive encore à avoir des produits et des fournisseurs avec des comportements pareils ? la réponse est simple, nous sommes en France et c’est le seul circuit de distribution remportant plus de 80% des ventes. Pour prendre un autre exemple, Carrefour est le leader du bio en France, ce ne sont pas les distributeurs spécialisés.
Pour le côté gestion de la pénurie c’est illégal, tout n’est pas limité comme du vin de tel ou tel étiquette. C’est de l’industriel les quantités sont « illimitées », même Ferrero qui a voulu joué de la pénurie mondiale de noisettes s’est pris les pieds dans le tapis. Et les exemples sont nombreux autour du chocolat, du café etc.
La maladie de tout accepter, c’est comme vous dire de faire un autre choix que de respirer. smile

@Serenitis, rien n’a changé et vous décrivez aussi fort bien le cercle vicieux

@carignan99
« Sur les gains de productivité » et bien non en fait pas complètement, les distributeurs ne savent pas vraiment bien faire, c’est pour cela qu’elles ont peur de CostCo, d’Amazon ou même d’Action. Il n’y a guère que Leclerc qui sait un peu faire, mais souvent au détriment de ses propres employés.
Pour la partie des rayons dit traditionnels, c’est une volonté des enseignes en plus d’avoir le coûts du personnel le plus important, une sorte de produits d’appel (c’est comme ça qu’ils ont vidés les commerces tradi), ensuite intervient la péréquation des marges avec les autres produits. Ce qui d’ailleurs pose un problème à l’agriculture française car il y a une recherche constante de produits à bas prix qui amène à répondre avec des produits de moindre qualité. Les rayons fruits et légumes d’aujourd’hui n’ont jamais été aussi cher mais avec de nombreux produits venant de Belgique, des Pays-bas et d’Espagne bien-sûr, plus d’autres contrées Sud-Américaine pour les pommes etc.
Vous avez également raison, la demande est en baisse et ce du fait de plusieurs facteurs donc la déconsommation.


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#21 22/07/2019 19h45

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@Ledep : J’ai écouté l’audition de Bompard (pas les autres, il y en a pour des heures…). Mais je l’ai trouvé bien plus convaincant que les députés de la commission. Sans doute parce que je connais trop peu le contexte, et qu’il a été meilleur que les autres à l’oral. J’ai d’ailleurs eu un peu de mal à comprendre quel était l’enjeux de cette audition, et le rôle que les parlementaires entendaient tenir (hormis essayer de comprendre comment ça fonctionne, mais je suppose que les agents de la DGCCRF et de Bercy -par exemple- sont de toute manière bien plus pointus, sans avoir à auditionner…).
Ca m’a un peu rappelé (même si la comparaison peut sembler étrange) un Conseil de Surveillance de SCPI (j’ai pu assister à quelques uns…), avec les députés dans le rôle des membres du CS, assez impuissants à faire changer l’ordre des choses, même si certains semblent essayer (quand d’autres semblent dormir)…

Pour la petite histoire, l’opérateur telecom (assez petit) pour lequel je travaillait a commercialisé des produits via Carrefour (il y a 20ans), et j’ai alors vu la dureté des négociations (mais ce canal de vente n’était pas vital pour nous, juste une opportunité de plus, ce qui aide bien à encaisser la pression, et devenir dépendant de ce canal aurait été une erreur stratégique majeure, mais d’autres n’ont semble-t-il pas trop le choix).

zeb a écrit :

Pour terminer, on parle de marge à 1% dans la grande distribution. Je ne suis pas spécialiste, mais on parle de la marge du magasin (l’entité qui porte tous les risques, les coûts de personnel etc …), la marge de la centrale d’achat (ASSET light, peu de personnel) ou de l’ensemble de la chaine ?
Il ne me semble pas que Carrefour et les autres travaillent pour 1%. J’imagine donc qu’il y a de la marge de camouflée quelque part dans la structure. Me trompe je ?

Regardez le chiffre d’affaire de Carrefour (le Groupe Carrefour, l’ensemble) et son résultat (c’est page 168 du doc de référence 2018). Si le résultat net du groupe faisait demain 1%, c’est qu’il aurait bien augmenté (en 2018 : CA= 76 000M€, Résultat Net = -561M€, en 2017 c’était 78315 et -531)…

Au niveau des magasins, les plus gros hyper sont en effet a plus de 100M€/an de CA (270 M€/an en 2016 pour Auchan V2, le plus gros selon cette source).

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.


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#22 22/07/2019 20h27

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carignan99 a écrit :

En résumé et à mon sens, on est plus dans un problème de demande que d’offre. Les pratiques des enseignes de GD sont parfois limites mais ne sont que le reflet de leur clientèle.

Après, on peut éventuellement se pencher sur une autre problématique, qui ressort un peu du lien fourni par Kabal, je trouve: Celle de l’inflation, du système monétaire et plus globalement de tout le "système" tel qu’il existe actuellement.

Dans l’article, Leclerc avance que Coca veut faire passer des augmentations de prix inacceptables (que ce soit par le prix ou par du downsizing comme le mentionne Ledep). Encore plus alors que le sucre aurait baissé de 30% (ce qui est un argument peut-être un peu fallacieux, parce que le marché du sucre est très spécial, tout de même. Il existe une "International Sugar Organization", que vous pouvez regarder, dont l’un des role a longtemps été de … promouvoir la consommation de sucre. Oui, le même qui est maintenant taxé parce qu’il est mauvais pour vous. Drôle. Vous pouvez aussi faire une recherche sur "sugar subsidies", c’est sacrément compliqué).

On en revient un peu aux problèmes mentionnés dans ce post: (19/19) Or physique : comment acheter de l’or physique ?

Si on y réfléchit. L’inflation est mesurée par les prix à la consommation. Et elle sert de base à l’augmentation des salaires. On a également là un cercle vicieux au niveau des consommateurs. Le tout alors que la quantité de monnaie augmente, et qu’il y a vraisemblablement bien une inflation qui existe à certains niveaux mais qui serait peu ou mal mesurée. Les industriels voient potentiellement bien une augmentation de leur prix de revient sur certains éléments, mais n’arrivent donc au final pas à les répercuter à des consommateurs qui ne voient pas leur salaires progresser … parce qu’il n’y a officiellement pas d’inflation … et que ces derniers demandent eux-même des prix bas et qui ne progressent pas. Mais tout ca, c’est bel et bien du "voulu", visiblement.

De plus, allez mesurer si Coca devrait légitimement augmenter ses prix ou non et de combien, alors que l’inflation est mesurée sur les prix de vente, avec tout ce qui est dit dans cette discussion (et la grande distri qui demande possiblement carrément des prix … plus bas). C’est un peu un joyeux bordel, et peut-être même le monde à l’envers.

@Ledep: La revente à perte que vous mentionnez en début de message est, je suppose, aussi beaucoup pour créer des produits d’appel. Il est vrai que la grande distribution (chaque acteur, d’ailleurs) cherche également tout le temps à imposer psychologiquement l’idée qu’ils sont les moins chers par le biais de ces produits d’appel. Et j’ai l’impression qu’ils ont fait un très bon job de ce coté, d’ailleurs.

Ledep a écrit :

Pour votre question Comment se fait-il que la grande distri arrive encore à avoir des produits et des fournisseurs avec des comportements pareils ? la réponse est simple, nous sommes en France et c’est le seul circuit de distribution remportant plus de 80% des ventes.

Oui, OK. Mais le véritable problème (loin d’être limité  à ce sujet) est que plus vous continuez, et pire ca devient. Si les fournisseurs sont dans cette situation et la GD à 80%, c’est déjà parce que ca dure depuis trop longtemps.

Ok, vous pourrez aussi me dire que plus vous respirez et plus il faut que vous continuiez à respirer (blague). Il n’y a pas de choix quant à la respiration, et vous mettez donc quelque chose où il y a un choix, sur le même plan. Ce qui confirme exactement ce que je disais plus haut (également loin d’être limité à ce sujet) : La rationalisation parce qu’il n’y aurait supposément aucun choix possible.

Note: Je n’encourageais aucunement à la "gestion de la pénurie". je l’ai édité par après pour le préciser, peut-être ne l’avez vous pas vu. Les quantités "illimitées" comme vous le dites (jusqu’à qu’on se prenne peut-être un jour les pieds dans le tapis à vivre de la sorte), c’est le monde dans le lequel nous vivons actuellement.

Sur toutes les histoires de l’étranger, il y a tout de même un prix de transport qui se rajoute (et après sur des differences d’importants niveaux de vie, ce serait un argument en faveur des droits de douane. La volonté à été l’inverse depuis quelques temps. On pourra voir que c’est bon pour le Vietnam …)

Perso, les deux moralités que je tire de toute cette discussion, c’est:
1) Que, comme pour "L’euro plus bas qui favorise les exportations" (mais aussi renchérit les importations !), il n’y a sans doute jamais de solution miracle. Les consommateurs bénéficient tout de même de tout cela en bout de chaine (sauf le potentiel cercle vicieux qui se créé). La "déconsommation", c’est pareil, en terme d’écologie, c’est bien (il y a toujours ce paradoxe entre l’écologie sans cesse mentionnée et le "toujours plus" sur lequel un peu tout est basé).

2) On vit dans un monde de m***, mais on en est potentiellement un peu tous collectivement responsable. Joyeux wink

PS: Avant que ca ne démange IH, je n’impliquais pas que la consommation de sucre était une bonne chose en début de message, que ce soit clair.

Dernière modification par Mevo (22/07/2019 22h44)

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#23 22/07/2019 23h13

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Alexandre Bompard est effectivement un communiquant bien plus à l’aise et parmi toutes les auditions que j’ai écouté/vu, c’est l’intervenant le plus "agressif" dirons-nous, en coupant la parole etc et en attaquant bien plus que d’expliquer… En même temps ce n’est pas quelqu’un du sérail, il ne sait pas ce qui se passe dans un box de négociations et ne connaît pas encore suffisamment l’entreprise malgré 2 années. Il défends le bifteck, c’est normal. Sans doute que MEL voudra faire mieux, nous entendrons cela mercredi.
Si vous n’avez pas perçu les enjeux c’est qu’il a réussi sa communication, rien n’a été vraiment dit pendant tout le temps de l’audition (ce que regrettent à un moment les parlementaires), ce qui n’est pas vraiment le cas pour les autres auditions. Pour contrebalancer regardez celle de l’ILEC/ANIA vous verrez que Girardot est très bon.
Les auditions ont effectivement plus ou moins la même trame avec des thèmes redondant afin de croiser les auditions. Honnêtement, ces parlementaires ne sont vraiment pas mauvais et n’ont rien à envier aux agents de la DDPP/DIRECCTE bien que ces derniers se soient largement améliorés dans le temps, tout en étant moins nombreux.

Sur l’exemple de Carrefour, la notion de marge dont il est question est plutôt la marge opérationnelle qui dans cette même page 168 apparait à 17 067 soit 22.5%, là aussi on fait croire qu’en magasin seul 1% reste. Ensuite camouflée ou pas, on ne pourra pas reprocher aux distributeurs d’utiliser les méthodes des grandes entreprises avec un montage type Double Irish / Sandwich Hollandais.
Mais il est clair qu’une fois au bout de tout, c’est la dèche. L’une des raisons non complètement avouée de la loi EGALIM était de restaurer les marges de la distribution en imposant le SRP +10% (Seuil de Revente à Perte), l’administration a été obligée de légiférer pour que la distribution fasse de la marge, ce qu’elle n’accepte pas notamment Leclerc ! Qui peut-être content de revendre avec 0 de marge y compris arrière puisque tout peut-être remis dans le prix, quel business censé le ferait ?

Pour revenir sur les petites/moyennes entreprises, la loi EGALIM a des effets pervers sur le capage des promotions qui ne leurs permettent plus d’émerger au milieu des grands.
Le Sénat pointe les « effets pervers » de la loi Alimentation

@Mevo

La notion d’inflation dirige notre monde puisqu’il faut de la croissance, et une fois qu’on est arrivé au taux de démographie pour aller au delà, il faut monter les prix, soit pour un même produit soit pour un produit plus premium, soit faire consommer plus par exemple donner plus de pouvoir d’achat à ceux qui en ont moins.

Les matières premières ne sont en fait qu’une faible composante du tarif d’un produit (15-20%), le reste étant la valeur de la marque, c’est bien pour cela que les MDD ont bien plus de mal à absorber les hausses des matières. Ceci amenait avant la dernière loi une aberration telle que la marque était parfois moins chère que les MDD y compris sans promo, le cas du jambon était flagrant.
En France le 1er poste de dépenses pour une entreprise traitant avec la distribution et bien ce sont les trade allowances puis les COGS et en 3ème les overheads.

On ne connait pas la part de l’alimentation/PGC dans le fameux "panier de la ménagère" qui sert à mesurer l’inflation/Indice des Prix à la consommation mais elle doit se réduire au fur et à mesure des nouveaux "besoins" des consommateurs, certains pays y intégrant même la drogue !

Pour info la classification mais sans les proportions.

En extrapolant on pourrait se dire que c’est le reflet de ce qu’est l’alimentation dans la part du budget des français soit 20% donc un "gros" mouvement de 5% n’amènerait que 1% d’inflation si le reste restait stable.
EGALIM aurait fait selon les instituts monter les prix d’à peine 4.8% sur les grandes marques mais qui ont été quasiment aussitôt compensés par des baisses équivalentes pour les MDD et surtout le DPH (il est dorénavant commun de voir -70% sur une lessive).
Produits de grande consommation : des prix en yoyo

Mevo a écrit :

Oui, OK. Mais le véritable problème (loin d’être limité  à ce sujet) est que plus vous continuez, et pire ca devient. Si les fournisseurs sont dans cette situation et la GD à 80%, c’est déjà parce que ca dure depuis trop longtemps.

La France a inventé l’hypermarché et des leaders mondiaux (en légère déconfiture) et tout le macrocosme autour est là pour servir ce modèle. Ce n’est pas pour rien qu’aucun distributeur étranger n’a réussi à s’implanter en France y compris WalMart qui s’y est cassé les dents plus d’une fois.
Mais ne croyez pas que les fournisseurs ne cherchent pas à s’en départir, l’omni-canalité est de plus en plus présente ainsi que les autres canaux.
Ne rêvons également pas Amazon & Co font peur mais ils prendront leur part tout comme cela a été le cas pour le hard discount (dorénavant nommé SDMP ou EDMP) en son temps qu’on voyait déjà prendre 25% du marché français et qui finalement plafonne depuis près de 10 ans à 10.5%
Qui plus est nos distributeurs savent dissuader avec la taxe Lidl, les bâtons dans les roues pour l’implantation de CostCo et l’hyper-réaction de Carrefour sur le sujet et demain cela sera au sujet d’Action ou de Normal (vous aviez parlé de concurrence smile)
Costco en France: pourquoi les groupes de distribution étrangers ont tant de mal à s’implanter dans l’Hexagone

Pour notre histoire de respiration smile, je vais prendre l’inverse, on vous dit voilà 100% du marché mais vous ne devez pas toucher au 80% qui n’est pas bon et vous contentez des 20%, c’est tout bonnement impensable.
Sur le marché gris (parfois la plus grosse concurrence vient de là !), croyez moi aussi sur parole, on marche sur la tête et les frais de transport ne sont nullement un problème. Pour exemple un prospect s’y retrouvait largement à acheter ses produits aux US plutôt qu’en France et on se parle d’un produit de grande marque tout ce qu’il y a de plus basique et on ne se parle même pas du UK avec la Livre.
Les consos en bénéficient mais forcément au détriment d’un autre (l’employé qui va perdre son emploi suite à un PSE ou une délocalisation pour payer cette promo), tout cela ramène à des discussions bien plus profondes d’égoïsme primaire pour un gain immédiat sans voir (connaître) la portée de ses actes.

A nouveau un article expliquant un peu mieux la raison de l’assignation de Leclerc.
117,3 millions d’euros d’amende requise : «Leclerc force les marques à raboter leurs prix» - Le Parisien

Ouch désolé pour la tartine !


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#24 22/07/2019 23h51

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Il serait bon d’arrêter 2 secondes le conspirationnisme à 2 balles sur l’inflation : toutes les données servant au calcul de l’indice harmonisé des prix à la consommation sont évidemment accessibles au public, de même que la méthodologie commune utilisée par tous les pays de l’UE : ici.

On peut y voir, par exemple, qu’en France au mois de juin 2019, les prix des pizzas et quiches ont augmenté de 1,6% en glissement annuel, ceux des abats comestibles de 1,3%, ceux du fromage et lait caillé de 3,2%, ceux des sucrettes de 0,7%, ceux des tapis et moquettes de 0,4%, ceux des grille-pain de 1,9%, alors que ceux des aides auditives ont baissé de 4,2% etc, etc. J’ai du mal à comprendre que ce degré de détail dans les données publiées soit jugé insuffisant par certains…

Evidemment les pondérations (actuelles et historiques) de tous les postes de dépenses dans le calcul de l’indice sont disponibles, pays par pays, ainsi qu’au niveau de l’UE et de la zone euro.

La méthodologie de calcul de l’indice harmonisé des prix à la consommation ainsi que la qualité de l’ensemble données statistiques sont des enjeux majeurs pour les politiques politiques, puisque cet indice est un input majeur pour la conduite de la politique monétaire de la BCE. Les préférences parfois divergentes des banques centrales nationales et des Etats membres de la zone euro s’agissant de la politique monétaire de la BCE (la Bundesbank, par exemple, étant typiquement plus sensible au risque inflationniste) contribue (par un mécanisme de peer review) à la rigueur du calcul et à la qualité de l’indice, dans l’ensemble des pays, donc pour la zone euro dans son ensemble.

Par ailleurs, en raison de leur volatilité et de leur importance politique, les prix des denrées alimentaires font l’objet d’une surveillance renforcée par la Commission (ici), via un instrument statistique spécifique d’Eurostat ().

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#25 23/07/2019 00h13

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Ledep a écrit :

A nouveau un article expliquant un peu mieux la raison de l’assignation de Leclerc.

Honnêtement (bon, c’est possiblement moi), je ne vois pas bien ce qui peut justifier le racket (parce qu’il y a de ca) de Leclerc par rapport à ce qui est écrit. Perso, avec les infos (très incomplètes et totalement extérieures) que j’ai, j’aurais tendance à rejoindre et à être d’accord avec Leclerc lorsqu’ils parlent d’acharnement dont ils font l’objet. On peut aussi se mettre à leur place un instant.

Il m’apparaît assez clair (depuis longtemps) que Leclerc est un peu la bête noire des distributeurs. Dont pour les autres distributeurs a priori.

Sur le reste, ce fut intéressant, et j’en resterai là.

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