Les résultats du premier semestre 2023 sont sortis. Ils sont très solides mais comportent aussi des motifs de vigilance.
Communiqué
Le chiffre d’affaires progresse de +17% en organique à 42,2 milliards d’euros, le résultat opérationnel ressort à 11,6 milliards en progression de +13%, aboutissant à un résultat net de 8,5 milliards d’euros, en hausse de +30%.
Point particulièrement positif la marge opérationnelle reprend sa progression pour atteindre 27,4% contre 26,6% en 2022.
Les performances par secteur sont contrastées.
La Mode-maroquinerie reste dans sa stratosphère habituelle (croissance organique de +20%, marge opérationnelle de 40,5%).
Par contre les Vins et spiritueux subissent des vents contraires : recul de -3% du CA et de -9% du résultat opérationnel. Alors que le champagne progresse, le cognac est en fort recul, notamment aux Etats-Unis, en raison de la hausse des stocks des distributeurs et d’une base de comparaison post-covid exceptionnelle (comprendre là-bas ils avaient quelque peu abusé du Hennessy pour fêter le retour à la normale en 2021-22). Le même impact a été constaté par Rémy Cointreau lors de la publication de son CA trimestriel.
Les points de satisfaction sont le retour à la rentabilité de DFS, accompagnant l’accélération de la performance de Séphora, qui donne pour la branche Distribution sélective une progression du CA organique de +26% et de +100% pour le résultat opérationnel.
Le secteur Montres et joaillerie performe très bien, en progression de +13% pour le CA et +10% pour le rop.
La Parfumerie réalise d’excellentes performances avec une croissance des ventes de +13% et de +15% du rop, le tout avec des produits un peu prestige mais surtout mass market (sorry Guerlain). No need for Creed…
Le point de vigilance, voire d’inquiétude, vient des Etats-Unis. Les ventes là-bas ont été en croissance modeste à +3%, mais la séquence trimestrielle est inquiétante : progression de +8% au premier trimestre mais recul de -1% au second. LVMH n’échappe pas au ralentissement de la consommation US déjà constaté par Richemont et Burberry.
On note une réduction significative du free cash flow en raison de menues dépenses d’investissement sur la période telles que le rachat du 101 Champs, flagship mondial de Vuitton, pour 770 millions d’euros à Gécina ou encore la refonte totale du mythique magasin Tiffany de la 57e, pour un montant non précisé mais certainement "really obscene". Et c’est tout le réseau des boutiques Tiffany qu’il est prévu de remettre progressivement aux standards du groupe.
Au total, la question est de savoir si en 2023 LVMH va absorber tranquillement la baisse de la consommation aux US de même qu’elle a avalé comme si de rien n’était le confinement chinois en 2022, en maintenant quasi à l’identique sa croissance et sa rentabilité exceptionnelles. Ou bien si le secteur du luxe, malgré des trends séculaires favorables, va subir une certaine normalisation de sa croissance après l’épisode mondial de consommation frénétique célébrant la fin des restrictions liées au covid en 2021 et 2022.
PS : annonce d’un acompte sur dividende de 5,50€ versé le 6 décembre.
Dernière modification par vidame (25/07/2023 23h39)