Attercap a écrit :
Ares a écrit :
Si on part sur une hypothèse que la FED baisse ses taux puisque l’économie ralentie, et qu’il va s’en suivre une baisse des actions, on en a peut-être pour 1 an de hausse et de baisse, mais avec plus de baisse que de hausse.
Pardonnez mon manque de culture économique, mais je pensais que cela fonctionnait plutôt ainsi :
- baisse des taux d’intérêt ;
- baisse liée des taux obligataires et de la rémunération des devises ;
- report des fonds sur le marché actions, pour chercher du rendement.
- l’amélioration progressive (= le retour à la croissance) des comptes des entreprises pourrait ensuite prendre le relais de cette bascule économique "mécanique".
Ces étapes sont globalement les bonnes, sauf qu’elle ne sont pas instantanées.
Les banques centrales, en remontant les taux, ont rendu caducs des projets potentiellement générateurs de croissance future : le rendement de ces projets n’était plus assuré ou suffisant pour les déclencher (et en demander le financement) -> ils sont reportés / annulés -> cela réduit la croissance ainsi que le volume de production du crédit (et donc la quantité de monnaie en circulation).
Maintenant, si les banques centrales baissent leurs taux et que le marché du crédit s’y ajuste, tous ces projets ne seront pas déclenchés dans la minute. Il est même très probable que très peu soient déclenchés dans l’immédiat, puisque la banque centrale baisse ses taux du fait que l’économie et l’emploi faiblissent (pas un super environnement pour lancer des projets).
Les acteurs de marché, qui sont rationnels, préfèrent alors dans un premier temps sortir des actions (la préservation du capital prime sur le rendement potentiel dans de tels moments) et revenir plus tard (aidés par le fait que le rendement des actions aura remonté du fait de la baisse, tandis que celui des nouvelles émissions d’obligations aura baissé du fait du nouvel environnement de taux).
D’ailleurs la réciproque est vraie : l’environnement de taux elevé pour les obligations a surtout vu un bullrun se produire au niveau des actions.
Pour résumer, une baisse des taux, même si elle rend immédiatement le crédit moins cher, n’est absolument pas synonyme de redémarrage de l’activité de crédit (donc de la croissance). C’est plutôt la mise à disposition d’une pompe de ré-amorçage, dont on ne sait pas dans quelles proportions et à quel horizon les acteurs économiques vont s’en saisir
C’est un mauvais signe sur l’état actuel de l’économie et les acteurs de marché en prennent acte (on revient dans un environnement finalement logique de « bad news is bad news »).
A ce titre, l’indicateur avancé de récession par excellence est l’emploi : le chômage remonte aux usa (mais pas en flèche) : les récessions ont toujours été précédées de très fortes remontées du chômage. Et les vrais gros crash de marchés (importants et longs) interviennent en période de récession.
Pour l’heure, difficile de dire si la baisse d’hier est un nouveau petit craquement (comme celui d’août) capable de s’auto-combler ou davantage. Mais quand on voit se succéder ce genre de craquements dans un environnement où l’on chasse les all time high, ce n’est pas un signe d’extrême sérénité.
À titre personnel, je pense que la croissance de l’IA et des techs (réelle ET démultipliée dans les cours de bourse des sociétés) masque un ralentissement déjà enclenché dans l’économie globale (on le voit bien dans les secteurs auto ou luxe, où des boîtes aussi différentes que Stellantis ou LVMH voient leurs ventes baisser, licencient à certains endroits, et ont vu leur cours de bourse revenir à 2/3 de l’ATH récent).
Dernière modification par R3dSqu4re (04/09/2024 10h49)