Oui, situation inédite et incertaine. Et en l’occurrence, il ne me semble pas que ce soit la maxime "qui ne tente rien n’a rien" qui doive s’appliquer, mais plus précisément, "qui ne tente rien, au risque de perdre des acquis, n’aura rien de plus que l’existant".
Ainsi, la démarche contestataire était compréhensible car beaucoup de choses semblaient biaisées dans l’offre. Par ailleurs, comme souligné, c’est une victoire contre la désignation d’experts dits indépendants, mais en réalité complaisants (Cependant, tant qu’ils seront payé par l’initiateur, le problème subsistera). Donc, de ce coté là, on peut se rejouir. Et de ce point de vue, l’initiative était louable. Mais du coté de l’offre, il est trop tot pour savoir si cela est une bonne ou une mauvaise chose. Et le risque que ce soit une mauvaise chose est important. Pourquoi ?
On dit que c’est un camouflet pour le groupe Bolloré. La derniere fois que des minoritaires (enfin, principalement un, et qui est encore associé aux débats puisque principal actionnaire des entités Rivaud avec des paquets d’actions representant plusieurs dizaines de millions d’euros) ont fait ce genre de contrariété, il est clair que Vincent Bolloré a été piqué au vif. Et il a fallu attendre 25 ans pour revoir une offre sur Moncey, Artois, Cambodge. Et, si en AG de Bolloré vous osiez reparler de simplification, le même nous expliquait "oh vous savez, quand on a fait quelque chose, les minoritaires se sont rebellés et nous ont assigné en justice". Je pense que cette histoire avait piqué Vincent Bolloré et il avait du se dire, bon hé bien maintenant vous attendrez un peu… Finalement, pour les minoritaires, ce ne fut pas si mauvais car les affaires du groupe ont prospéré, et avec, leurs actions. Cependant:
1/ Beaucoup de minoritaires sont décédés entre temps. Je pense à une personne de Boulogne, un gros minoritaire lui aussi, qui venait chaque année à l’AG d’Artois, et qui me disait "ils m’auront à l’usure". Il est décédé il y a deux ans.
2/ Certaines choses pas très sympathiques pour nous se sont passées lors des opérations sur Havas. Souvenez vous des actions Havas troquées contre des actions Bolloré dont ont savait qu’elles avaient une plus grande valeur. Mais les opérations ont été validées par les experts. Résultat: Artois et Cambodge ont été appauvries. Nous, minoritaires, aussi.
A titiller le groupe comme cela, le risque est précisément de retomber dans ce scénario. Un scénario de scotchage où l’évaluation donnée par le nouvel expert amene le groupe à ce dédire. Dans ce cas, pourrait-on le lui repprocher ? Je ne pense pas: il aura beau jeu de dire qu’ayant consulté Accuracy pour savoir à combien lancer une offre, il était d’accord sur cette base, mais qu’une offre supérieure ne lui semble pas économiquement intéressante. Et là, nous pouvons aussi voir les choses ainsi: pour faire une bonne affaire, il est souvent utile que l’autre partie fasse une bonne affaire. Ce qui est le cas avec la première offre. Comprenez, je ne cherche pas à défendre le groupe, mais j’essaie d’etre un peu lucide dans une situation qui est fondamentalement différente. In fine, ce sera peut etre une victoire contre les abus liés à la designation d’un expert de complaisance ET un relèvement de l’offre, mais ce peut etre pire. Est ce que tout le monde en a conscience ? Quand je vois les messages, j’en doute. L’histoire nous dira si la démarche était bénéfique ou pas. Mais nous ne pouvons pas critiquer ceux qui la font: 1/ ils en ont le droit 2/ elle s’appuie sur des irrégularités qu’il est louable de dénoncer. Mais, ne l’oublions pas, c’est risqué.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.