Betcour a écrit :
C’est que vous ne comprenez pas la logique alors. Le problème ce n’est pas que le "fondateur" (en fait il ne l’est pas) de Tesla est associé à l’extrême droite et à l’antisémitisme. Le problème c’est que, en 2025, chaque Tesla vendue le rend un peu plus riche et l’aide à financer l’AfD, Trump et Reform UK. Et c’est ça qui pose problème à beaucoup d’acheteurs. Henry Ford lui est mort il y a 80 ans, vous pouvez acheter toutes les Ford que vous voulez, il ne va pas aller donner le bénéfice de la vente à Hitler.
Je pense que ce genre de commentaire, qui met sur le même plan Trump et "extrême droite à l’européenne", est symptomatique de la perte complète de repères des observateurs politiques de notre continent sur ce qui se joue actuellement aux USA.
Donald Trump était le candidat officiel du parti républicain officiel, qui concurrence contre le parti démocrate officiel aux USA depuis des décennies, et avec lequel l’alternance s’organise, président après président.
Les hommes (vous savez, ceux qui achètent des voitures -> 67% des acheteurs de Tesla sont des hommes) qui se sont déplacés aux urnes ont voté à 54% pour Trump (quant aux "blancs", ils ont voté Trump à 55%)-> pensez-vous que 54% des américains de sexe masculin et 55% des blancs soient d’extrême droite ? Qui aux USA (et en dehors de quelques vieilles métropoles européennes) pour être choqué que Musk finance la campagne du président élu qui a le bouton de l’arme nucléaire à portée de mains et commande la plus grande armée du monde ?
source : Présidentielle américaine : âge, genre, groupe ethnique? qui a voté pour Donald Trump ou Kamala Harris ? - Le Parisien
Même des médias de grande diffusion et qualifiés de legacy media tels que le Wall Street Journal (que je lis) ont été en capacité de produire ces analyses dans les jours qui ont suivi les résultats de l’élection.
Rien à voir avec l’AfD, donc.
Idem pour ceux qui pensent que les Tesla s’adressent encore aux hauts diplômés californiens américains : la Model Y est la voiture la plus vendue du monde en 2024 : elle est moins chère à acheter et à faire rouler que les modèles premiums équivalents thermiques depuis des lustres…
Le problème chez Tesla est que Musk semble s’entêter à vouloir prouver qu’il a raison en tout point : cela le conduit à tenir des postures iconoclastes qu’il est possible de tenir lorsqu’il s’agit de performance technologique pure (SpaceX), de produits de niche (Model S), ou de certaines impostures intellectuelles grossières des wokistes les plus extrêmes, mais qui posent maintenant des problèmes d’ordre stratégiques lorsque l’on pilote une entreprise qui prétend avoir l’ambition de servir le grand public (car c’est le public qui décide s’il achète).
A titre d’exemples, et pour Tesla, je citerai :
- le choix de se focaliser à court terme sur le Cybertruck, "danseuse" de Musk, iconoclaste au possible, mais ne répondant à aucun besoin du client
- à l’inverse, ne pas avoir enfoncé le clou du succès des Model 3 et Model Y en embrayant rapidement sur un Model 2
- le choix de miser sur une solution de conduite autonome 100% pilotée par des caméras et de l’IA, qui a créé des accidents mortels qu’un capteur Lidar aurait pu facilement éviter
- le choix de supprimer les comodos de clignotant pour les remplacer par des boutons, et de remplacer le sélecteur de marche avant / marche arrière par une commande tactile -> énormes barrières à l’adoption du véhicule, avec un ré-apprentissage des mouvements allant à l’encontre de dizaines d’années de mémoire musculaire bien ancrée chez tous les conducteurs
Au plan industriel, c’est cet enchaînement de décisions qui me semblent être avant tout des caprices du chef qui veut absolument faire différement et prouver au monde qu’il a raison, qui m’a fait vendre mes actions quelques jours après l’annonce de la victoire de Trump