Je suis dans la génération intermédiaire à celles qui s’écharpent sur cette file, j’ai vu passer sous mon nez les patrimoines faciles à bâtir avec l’immobilier, la bourse, les salaires qui montaient en même temps que l’inflation, puis j’ai vu ça disparaître avec le temps, peu à peu, tandis que j’arrivais sur le marché de l’emploi. Je m’en suis bien tiré, j’ai certes bossé pour ça, mais je sais aussi que j’ai eu la chance d’être au bon endroit au bon moment et que, si j’arrivais sur le marché actuellement, ce ne serait pas aussi simple.
Être bosseur / acharné / motivé, c’est une condition nécessaire à la réussite, mais ce n’est pas une condition suffisante. Il faut aussi avoir la chance de bien naître.
Cela dit, là où mafo a raison, c’est qu’il ne faut pas perdre sa vie à chercher à devenir rentier, et j’aurais tendance à remettre en cause la notion de "phases" présentées dans le premier message. Il ne faut pas raisonner "on/off", "rentier/pas rentier", à mon avis, mais "à quel point je suis libre". Si on est dans l’optique "je vais en chier 20 ans, mais dans 20 ans, fini la galère", on est sur une bien mauvaise voie.
La rente, même en cours de constitution, doit être vue comme une amélioration progressive de la vie, comme une acquisition progressive d’indépendance. Mon job me gave ? J’ai envie d’en changer mais j’ai à peine une épargne de précaution ? Eh bien je n’ai pas le choix. Et trois ans après, j’ai une épargne de 6 mois de dépenses et une "rente" de 300 € par mois ? Je ne vais pas quitter le monde du travail avec ça, mais ça va être bien plus facile de laisser tomber ce job aliénant, et en prendre un autre, passionnant même si mal payé, dans ma région d’origine. Ou de me mettre à temps partiel, de vivre en partie de ma rente actuelle, et de réfléchir à d’autres opportunités de carrière.
Je ne cherche personnellement pas spécialement à "devenir rentier" sinon rien, je cherche à acquérir du "fuck you money", avoir de plus en plus d’argent me permettant de plus en plus d’être libre. Quand mon patrimoine me rapportera 1/2 salaire, peut-être que j’interromprai ma route et que je me mettrai à mi-temps. Peut-être pas. J’aurai le choix, comme là j’ai le choix de me mettre à 90% ou pas (ce que je ne pouvais pas faire il y a 3 ans, par exemple).
Pour finir, enfin, et en revenir à l’aspect générationnel de la "haine" du travail, je vois autour de moi beaucoup de jeunes retraités (moins de 65 ans) qui sont tout à fait en état de travailler mais qui sont devenus de facto rentiers (via leur pension de retraite), qui ne semblent pas malheureux le moins du monde. Comme quoi, ce n’est pas qu’un truc de jeune et qui ne reprendraient pour rien au monde une carrière professionnelle.