Newsletter #8 du 10/03/2012 a écrit :
Par contre, j’ai acheté l’électricien Enel Vendredi à 2,82 EUR, un cours historiquement bas :
Actuellement, je n’avais qu’un utility en portefeuille, à savoir l’anglais, producteur et distributeur de Gaz Centrica (newsletter #1).
Enel est beaucoup plus gros, avec un chiffre d’affaires de 75 MdEUR, mais capitalise seulement 27 MdEUR, du fait d’une dette importante (45 MdEUR pour 53 MdEUR de capitaux propres) et d’une faiblesse de la demande en Espagne et Italie.
Cette semaine, une baisse du programme d’investissement et du dividende a été annoncé, il passera de 60% du Résultat Net à 40% du Résultat Net dans les années à venir.
Cette baisse du dividende rappelle un peu celle annoncée par France Telecom, qui a des ordres de grandeurs similaires, mais sur un autre secteur. Jugez vous-même :
FTE capitalise 30 MdEUR, pour 14,7 MdEUR d’EBITDA 2012 (résultat opérationnel), 34 MdEUR de dettes et 30 MdEUR de capitaux propres.
Enel capitalise donc 27 MdEUR, pour 16,5 MdEUR d’EBITDA 2012, 45 MdEUR de dettes et 53 MdEUR de capitaux propres.
Nous avons deux groupes assez endettées, bien installés, avec un résultat opérationnel élevé, des rendements sur dividendes élevés mais sous pression.
La différence, c’est que le faiblesse d’Enel est a priori temporaire et que l’EBITDA est attendu à 17 MdEUR en 2014 et 19 MdEUR en 2016, tandis que le résultat opérationnel de France Telecom diminue chaque année.
La pépite d’Enel, c’est l’électricien Endesa, dont il controle 92% du capital et qui lui-même contrôle 61% d’Enersis, le premier électricien d’Amérique latine. Ainsi, 51% du résultat net d’Endesa provient d’Amérique Latine (notamment Chili), qui représente pourtant seulement 32% du CA.
Au final, si le CA d’Enel provient à 42% d’Italie, 38% d’Espagne et du reste de l’Europe, 14% d’Amérique Latine et 5% de Russie ; Endesa contribue à 45% du Résultat Net de l’ensemble.
Enel est aussi une des rares sociétés de services aux collectivités qui affiche un Free Cash Flow positif sur les 4 dernières années, comme vous pouvez le voir ici :
Nous pouvons voir aussi sur ce tableau de grosses émissions d’actions pour le rachat d’Endesa (initié en 2007, complété en 2009) et comment ce rachat a contribué à faire grossir le chiffre d’affaires.
Concrètement voici ma motivation pour cet achat : Enel est un utility "de croissance" grâce à l’Amérique Latine et qui est aussi dominant en Espagne et Italie. Il est aussi présent dans l’énergie verte avec sa filiale Enel Green Power (2 MdEUR de CA).
De 2003 à mi-2007, Enel transigeait à un PER entre 13 et 15. Ensuite, de mi-2007 à 2009 la monté au capital d’Endesa a été une bonne chose, mais il aurait fallu diminuer le dividende, plutôt que financer celle-ci par de la dette et des émissions de titres dilutives alors que le cours était attaqué (crise financière). Aujourd’hui, les prévisions en Europe déçoivent encore et la nouvelle la chute du cours amène le PER TTM à un petit 6,3.
Mais le groupe est toujours rentable et la baisse du dividende et des investissements au profit d’une diminution de la dette est une très bonne chose. Dommage pour les actionnaires historiques, mais à 2,82 EUR, j’estime le titre bon marché.
Points forts :
+ Présence en Amérique Latine
+ Free Cash Flow positif
+ Diversification : hydro-électrique, thermoélectrique, nucléaire, géothermique, éolien, photovoltaïque…
+ Dividende semestriel
Points faibles :
- Dette élevée
- l’Etat italien détient 30% du capital
- Sensible à la crise européenne (Italie et Espagne)
- Prélèvement italien de 27% sur le dividende, partiellement compensé par un crédit d’impôt de 17% si l’action est détenue sur un compte-titre
- Dividende annuel
En résumé, pour moi qui n’avait qu’un seul utility en portefeuille, et qui plus est en zone GBP-USD, Enel offre une diversification intéressante. Si vous êtes déjà positionné sur GDF-Suez ou d’autres utilities EUR, l’achat est un peu spéculatif.