Coûts
@GBL : Pour les coûts, mon propos est effectivement imprécis : je voulais comparer deux investissements de l’état, pas de l’énergie.
Comparer les coûts est vraiment complexe : les coûts de l’historique et de l’existant varient énormément, les coûts du pilotable hors nucélaire varient avec les marchés et le non-pilotable est incomparable avec le pilotable (Il faut comparer au coût marginal de production du pilotable qui va de pas cher du tout et non-carboné (nucléaire) et très variable et parfois cher et carboné (Thermique)
Sur du futur, il faut regarder au Levelized Cost of Energy. Ceux de Lazardsont intéressants mais le dernier date malheureusement de fin 2021. Les plus récents sont de BNEF mais je ne pourrais pas les poster ici (Paywall Pro). Le nucléaire est cher avec tous les soucis de l’ENR, l’évolution de coûts me semblent bien imprévisibles (massification des EPR, SMR ?). Avec les cours actuel le gaz est redevenu moins cher (mais carboné et avec les risques d’approvisionnement actuels). L’éolien et le solaire sont actuellement moins cher que le coût marginal des centrales à Gaz. Ne pas oublier pour le coût pour l’état que l’électricité éolienne (Et à moindre échelle solaire) se vend en Spot "moins cher" que les autres -> c’est le moment où toutes les énergies peuvent produire.
Pour de l’existant : le nucléaire historique français est évalué à 48€/MWH. l’ARENH est même fixé plus bas (42€ MWH, longuement évoqué ici) pour permettre à tous les fournisseurs / gros industriels de bénéficier de cette électricité pas cher. Très compliqué d’avoir un vrai coût sur le long terme mais en pratique c’est ce qui a permis à l’électricité française d’être moins chère que ses voisins pendant très longtemps et fortement porté notre industrie. Pour l’éolien : l’engagement de l’état porte sur 20 ans, les AO de 2021 sont autour de 60€ / MWH. Les vieux AO sont nettement plus chers (+ de 100€ / MWH) Pour l’éolien en mer, les premiers parcs vont de 131€ / MWH (Fécamp) à 155€ (Saint Brieuc). Les prochains (Dunkerque) à 44€.
C02
Pour le C02 FR vs Allemagne :
Allemagne : 471 g de C02 / Kwh en 2019, 494 en 2022
France : 68g en 2019, 83 en 2022
Source Electricity Map. Je n’arrive pas à remettre la main sur les datas IEA.
En vision macro : leurs investissements colossaux dans les ENR ont bien permis de baisser leurs émissions de C02 mais de façon largement insuffisante (à date 6x supérieurs à la France)
Quand le vent souffle / le soleil est présent les autres énergies pilotables s’effacent (priorité donnée aux ENR). A ce moment-là c’est effectivement plus généralement du thermique qui s’efface (Coût Marginal plus élevé, je laisse de côte l’arbitrage qui joue aussi), mais comme il y en a peu en France et doit parfois nécessairement fonctionner (Cogénération notamment) c’est aussi (et souvent) le nucléaire qui module à la baisse. Vous n’allez pas aimer mais bien qu’agence étatique je ne fais pas confiance à l’ADEME. Je n’ai jamais trouvé de calculs que je trouvais satisfaisants, dire que 100% de l’électricité des ENR a évité du Gaz / Charbon est faux, dire qu’il n’en évite jamais l’est tout autant !
Intermittence
Pour Landivisau effectivement il y avait surtout l’isolement de la Bretagne à la genèse (Faute de Nucleaire justement !) mais le besoin en pilotable en fait entièrement partie et est très utilisable aujourd’hui. La non fermeture des dernières centrales à charbon françaises promise depuis 2017 au moins et plus pertinent comme exemple et répond précisément à cet enjeu.
Pour l’intermittence, le plus accessible est RTE.. Pour le solaire, une journée landa est parlante. Pour l’éolien comparez ce mardi (550 MW dans la nuit, facteur de charge de 2,6% (RTE page 12) à deux jours plus tôt (Dimanche, 6972 MW).
Du fait de cette intermittence (Faute de stockage à date) de l’énergie pilotable est une nécessité. C’est ce qui explique pourquoi l’Allemagne finit par plafonner dans sa réduction d’émissions de C02.
Ma conclusion d’ensemble sur les ENR: nous avons investi beaucoup d’argent pour décarboner un secteur qui l’était déjà très majoritairement alors qu’il y avait tant à faire dans d’autres secteurs (Chauffage, Industrie, Transports). Nous aurions dû réinvestir dans du nucléaire "classique" dès 2000/
2010 : nous serions aujourd’hui les "rois" du pétrole en Europe. Et consacrer ce que nous avons mis dans les ENR pour le reste où nous aurions pu être précurseur et créer des filières industrielles.
@monpersylv : Le lien dans la source ne renvoie pas vers cela ! Je viens de voir dans votre présentation que vous travaillez pour les ENR, je n’ai pas de problème à ce que chacun défende sa crèmerie, mais il est plus équitable de le préciser.
Je précisais cela dans la parenthèse : les prix de l’électricité très hauts en 2022 ont permis à l’état d’être en positif sur une majorité des contrats. Ce qui est entièrement inattendu et absolument pas souhaitable : ces prix élevés ne sont pas soutenables sur le long terme. Cela ne change pas l’analyse sur l’ensemble des contrats. D’ailleurs dès qu’ils le peuvent (Selon contrat) les opérateurs ENR en sortent pour vendre plus cher sur le marché de gros (CF CRE).
PS : j’arrête également le HS avec ce message, mes excuses c’est un sujet sur lequel j’ai (un peu) travaillé, et qui me passionne (beaucoup). Nous pouvons poursuivre le débat en MP !