Trimestre après trimestre, il se confirme que la banque de détail en France voit ses résultats globalement reculer, alors que la forte hausse des taux était présentée début 2022 comme un énorme boost de leur rentabilié. Cela pèse sur les résultats des CRCAM (Caisses régionales du Crédit Agricole) mais aussi à un degré moindre (car poids moindre de la banque de détail France) chez SG et encore moins chez BNP Paribas.
Certains brillants esprits sur ce forum, fin 2021 et tout au long de 2022, avaient soutenu que la hausse des taux n’était pas favorable, pendant les premiers 2 à 4 ans, aux banques françaises: les nouveaux crédits rapportaient certes plus, mais le stock des crédits en cours, accordés à des taux ridiculement faibles (du genre 1%/an pour du crédit immo 20 ans) allaient longtemps coûter cher, car devant être financés par des ressources devenues bien plus chères (comme des livrets à 3%/an). Certes, cela ne signifiait pas que les banques françaises allaient forcément essuyer des pertes, mais certainement une nette baisse du résultat de leur banque de détail, pendant 2 à 5 ans.
Comme c’était aller contre l’opinion dominante sur ce forum et ailleurs, les abrutis les ont dénigré et ont multiplié les -1 de réputation.
L’année 2023 leur a donné raison, d’abord aux Etats-Unis, où 3 banques moyennes à grandes (tout dépend comment on compte) ont vu leurs actions en bourse chuter à zéro et presque, leurs liquidités ayant été placées en obligs d’Etat long terme, qui se sont dépréciées avec la hausse des taux.
Et même en France, voici un extrait d’un article récent résumant la situation française (long extrait, mais inférieur au quart de l’article, pour ne pas enfreindre les droits d’auteur):
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Aurélie Abadie, L’Agefi, 06/08/2023 a écrit :
Les banques françaises subissent l’effet retard de la remontée des taux
Trimestre après trimestre, les banques françaises continuent d’être distancées par leurs homologues européennes dans la course aux bénéfices générés par la remontée des taux. Alors que Unicredit, Commerzbank et Caixabank ont affiché des résultats au beau fixe, dopés par le rebond de leur marge nette d’intérêt, la recette est loin d’être aussi simple dans l’Hexagone. Car les règles ne sont pas les mêmes. Handicapées par le taux d’usure à l’actif, et un ralentissement – assumé et voulu pour certaines – de la production de crédit, mais aussi par le renchérissement des ressources au passif avec un taux du livret A à 3% depuis février, les banques françaises continuent de subir l’écrasement de leurs marges.
Les revenus s’en ressentent :[au 1er semestre 2023] le PNB des réseaux Banque Populaire et Caisse d’Epargne recule de 11%, tout comme celui de SG, la banque de détail de la Société Générale, tandis que ceux des caisses régionales du Crédit Agricole reculent de 5,3% au deuxième trimestre. Même BNP Paribas, dont la part de marché sur le livret A est moins élevée que les banques mutualistes et qui se montre très sélective sur le crédit immobilier, a vu les revenus de sa banque de détail en France stagner au deuxième trimestre (+ 0,1%).
Alors que les regards sont braqués vers la marge nette d’intérêt, les banques françaises ne se montrent pas pour autant alarmistes. La Société Générale promet «un net rebond en 2024» lorsque ses couvertures, mises en place pendant la période de taux bas, viendront à échéance. Les banques mutualistes préfèrent, elles, mettre en avant «les garanties sociales» que représentent les règles du marché français, très protectrices pour les clients. Tant pis si cela se traduit par une baisse «naturelle et temporaire» de la marge d’intermédiation.