Certes mais arriver en bourse en octobre 2007 avant le grand plongeon ca n’est pas vraiment le timing ideal.
Je vous l’accorde totalement, mais pourtant il y a quand même des tas de gens à qui c’est arrivé et le "timing" est de toute façon sacrément difficile à avoir en bourse. Aujourd’hui, pouvez vous dire que nous ne sommes pas à 6 mois ou à 1 an d’une crise ou d’un krach très important? Moi j’en serai bien incapable, je n’en sais rien. Alors je suppose qu’on essaye tous de "builder" une allocation d’actifs la plus "sécurisée" possible. Le soucis c’est que ce qu’on croit "sur" ne l’est pas toujours autant qu’on l’imagine et qu’on néglige certains risques et on surprotège d’autres risques (un exemple: quand je lis la file sur l’éclatement de la zone euro avec des intervenants qui parlent d’aller placer 100 000€ dans chaque banque et qui cherchent des solutions désespérées en cas d’éclatement de la zone, ça me semble un poil "overkill", alors que dans le même temps ils avaient peut être placé 20% de leur épargne dans les émergents parce que "c’est à la mode" et se sont pris la baisse récente de plein fouet).
Je trouve que 3.81% annualise en etant expose a 60% action avec un timing aussi execrable ca montre plutot la robustesse de la methode 60/40.
Je ne vois pas vraiment en quoi le fait d’avoir perdu jusqu’à 36,75% de son épargne (et donc de devoir faire 58% de perf pour revenir flat) et d’avoir mis 3 à 4 ans pour retrouver son capital soit une preuve de "robustesse"
Et encore une fois, avoir pris un risque de type actions sur 60% de son patrimoine (en fait bien plus) pour faire la performance d’un fond euros sur la période, ça ne me semble pas optimal.
Pourriez vous developper ? De nombreux travaux montrent l’inverse sur longue periode.
5.5 ans est un temps boursier court pour tirer une telle conclusion.
Pas de nombreux travaux "récents" à priori. Depuis la crise justement, la diversification "naive" a fortement été remise en cause, on lui a notamment reproché de ne pas être suffisante et que 2008 en était la preuve. On s’est également davantage intéressé aux corrélations entre les classes d’actifs et au sein des classes d’actifs pour montrer qu’en période de stress important, les corrélations augmentaient fortement, rendant les bénéfices d’une diversification simple quasi nuls.
Pour l’horizon de temps, je suppose que tout est une question de perception et d’idées personnelles, mais à contrario je trouve qu’une étude sur 30 ou 40 est un peu trop "longue" pour venir démontrer qu’un type d’allocation fonctionne bien (à moins qu’elle le fasse sur chaque sous période plus réduite de 10 ans par exemple), et ce d’autant plus qu’il est possible qu’il faille dorénavant ajuster au moins marginalement son allocation plus régulièrement. Un horizon de 10 à 20 ans me semble plus raisonnable. Enfin, je ne suis pas certain qu’en augmentant la période pour aller chercher 2000-2001 le résultat soit beaucoup plus "glorieux" (même si il doit quand même être sensiblement meilleur).
N’est-ce pas en partie l’interet de cette allocation. Etre expose a 60% de son portefeuille en action "permettrait" de capter l’essentiel de la performance du marche action (a la haussse comme a la baisse) tout en conservant une poche obligation decorellee ?
En fait oui ca l’a été, c’était bien exactement le but. Mais la réalité est tout autre …
Avec un portefeuille de type 60/40 en poids, vous vous imaginez avoir une performance dictée à 60% par votre performance actions et à 40% par votre perf obligations et ainsi avoir l’opportunité "d’amortir" une chute des actions avec les obligations. En fait, il s’avère que votre performance est drivée à 90-95% par la performance des actions, celle des obligations ne rentrant que très peu en ligne de compte (tout cela est lié à la volatilité des sous jacents). A partir de la, peu importe la performance du segment obligataire, si les actions font une bonne année, vous ferez une bonne année, si les actions ramassent un 2008, vous le prendrez en pleine tête aussi.
Alors quelle(s) solution(s)? Et bien si je le savais de façon certaine, je ne serai pas la en train de vous répondre
Néanmoins, c’est ce sur quoi se penche de nombreux papiers de recherches en allocation d’actifs et en gestion d’actifs de nos jours. Au milieu de tout cela, on voit apparaître un certain nombre d’idées:
- Les produits ou allocation de type "Minimum Variance": ils proposent de choisir parmi les "portefeuilles optimaux" celui qui a la volatilité la plus faible. Seul soucis? Cette volatilité peut encore être trop élevée, la performance s’en trouve affectée et surtout ceci repose sur des théories bien connues dont malheureusement on peut aujourd’hui douter de l’applicabilité.
-La diversification par "risque" plutôt que par "dollar" (entendre par la par poids des lignes) et l’approche de type Risk-Parity: L’idée consiste à dire qu’il faudrait diversifier par "poids des risques" et non par poids tout court. Ainsi on accorderait un poids de volatilité (de risque) similaire à chaque classe d’actifs, qui serait rempli en "poids"classique plus ou moins fortement selon la dangerosité de la classe d’actifs: ex: supposons une vol de 8% pour l’oblig et de 24% pour l’action, pour obtenir une répartition du risque 50/50 on opterait pour une allocation à 75% en obligations et à 25% en actions (0,75*8 = 0,25*24 = 6). On voit d’ailleurs bien ici qu’un portefeuille "classique" 60/40 donnerait: 0,6*24 = 14,4 et 0,4*8 = 3,2 ==> 82% du risque provient des actions. Les soucis de cette méthode sont que cela oblige à surpondérer le segment obligataire, réduisant mécaniquement la performance espérée à terme si on a pas recours à l’effet de levier et si on a recours à l’effet de levier on s’expose à d’autres types de risques propre à celui ci en plus d’augmenter fortement le risque lié au taux d’intérêt. Enfin, la mesure du risque se limite à la volatilité et on peut raisonnablement supposer qu’elle n’est pas la seule mesure de risque suffisante ni même une parfaite mesure en soi (la volatilité à la hausse est souhaitable, c’est uniquement la downside volatility qui pose problème).
-Etre encore et toujours plus sélectif et rigoureux dans son approche de conviction: on peut prendre comme exemple le portefeuille de sergio et son process. Repousser au maximum l’idée d’être exposé au marché dans son ensemble et chercher à dénicher les exceptions en y prenant une marge de sécurité qu’on juge importante. Le soucis reposant ici uniquement sur votre capacité à faire les bons choix et sur la quantité extrêmement importante de travail, de temps et de compétence que ça peut demander, pas à la portée de tout le monde malheureusement quoi qu’on en pense …
-Rechercher de nouveaux actifs "décorrélés" ou négativement corrélés: Malheureusement il y en a de moins en moins avec la globalisation du monde et la financiarisation d’un grand nombre de choses et le peu qu’il reste n’est pas forcément facilement accessible ni excessivement performant (des tas de hedge fund ont des mauvaises perfs, des tas de fonds de Private Equity aussi, etc).
-Mettre en place des stratégies de stop loss, sortie automatique vers du cash sous certaines conditions, etc et plus généralement avoir un plan "anticrise" avant qu’il n’en advienne une: Plus facile à dire qu’à faire pour la dernière partie et surtout plus dur à mettre en action le jour J. Pour les stop loss etc disons de façon plus général qu’avoir un risk management plus actif doit être une solution à envisager.
La bonne idée étant peut être de combiner différentes choses dans ces approches (ex: appréhender davantage les actifs et leur diversification pour le poids de leur risque, avoir une règle de sortie claire, être plus sélectif, etc).
Bref tout cette (grosse) digression pour dire que le gentil portefeuille 60/40, je crois moyennement à ses vertus de nos jours
PS: Si quelqu’un sait comment je peux loader un fichier PDF sur le message, je ferai bien partager un très bon papier sur le sujet… (le "envoyer un fichier" me dit que j’ai pas le droit ^^)