Crise des marchés financiers - Coronavirus
Suite à la crise du covid et l’effondrement des marchés financiers j’ai décidé de casser mon PEL (2,5%) et de souscrire à un prêt auprès de Boursorama (0,95%) pour un montant de 30k. Je disposais donc de 100k de cash frais pour rentrer dans la bataille. Cette tactique était prévue de longue date, dès mon entrée en bourse. Deux raisons majeures m’avaient poussé à garder des liquidités, me former à la gestion boursière (1) et attendre une baisse des marchés car je trouvais qu’il était historiquement très (trop) bien valorisé (2).
Psychologie de crise
Cette épreuve était un bon test de psychologie boursière. Le plan a été plus dur à mettre en pratique que prévu. Historiquement, les investisseurs ont le temps pour se placer en période de crise (sauf 87). La chute des indices fût violente et rapide, le CAC touche son point bas en trois semaines ! Or, débloquer 100k via un prêt et un crédit ne se fait pas du jour au lendemain, surtout quand les services des banques tournent au ralenti à cause d’une pandémie. Scénario difficile à prévoir. Psychologiquement j’étais très bien durant la phase de baisse, presque euphorique. J’éprouvais des remords dus au contexte sanitaire. En revanche la phase haussière était plus difficile à avaler car j’avais encore la majorité de mes liquidités, devais-je attendre une rechute ou me dépêcher de placer mes billes avant que le rebond ne soit terminé ?
J’ai pris la décision de placer la majorité de mon cash entre le début de la crise et aujourd’hui, le but n’a jamais été de faire du market timing, mais de placer la majorité des liquidités sur un marché faiblement valorisé, ce qui est le cas actuellement.
Réflexions
Nombre de ligne dans un portefeuille
Certains affirment que plus un portefeuille a des lignes différentes, plus les performances se rapprochent de son indice. Je ne suis pas d’accord. Tout dépend uniquement de la physionomie du portefeuille. Prenons un exemple simple :
Portefeuille A : 30 titres avec le plus faible EV/EBITDA du marché
Portefeuille B : 10 titres aléatoires (growth, value, small, big, 10 secteurs différents)
Le portefeuille A est bien entendu le plus décorrélé de l’indice de par son orientation value alors qu’il possède 3x plus de lignes.
Diversification de son portefeuille
Le consensus semble affirmer que les clés d’une diversification réussi sont :
- Géographique
- Taille
- Secteur d’activité
Or, géographiquement les bourses sont corrélées comme des horloges. Chaque matin je regarde le cours de clôture du SP500 pour voir ce que donnera mon cac mid & small à l’ouverture. Si un écart de valorisation se creuse entre les small et les big il est rapidement comblé, les fonds recherchant activement de la sur-performance. Personne n’est d’accord sur le secteur d’activité à attribuer aux entreprises, Amazon est une tech ou de la consommation de base ? Stockopedia le classe en Consumer Cyclicals.
Le meilleur facteur de diversification semble être les styles de gestion value et growth. Or, je n’ai jamais vu de portefeuille mi-value, mi-growth. O’Shaughnessy préconise la création de 4 portefeuilles avec des styles radicalement différents.
Pour nuancer mes propos, bien entendu les trois facteurs (géographie, taille et activité) apportent de la diversification. Je souhaite mettre en avant que le facteur le plus important (style) est absent de manière permanente de portefeuille annonce comme "diversifié".
Rétrospective de mes réflexions passées
Thomas69 a écrit :
Ne soyez donc pas étonné si un jour, LVMH côtoie fièrement Graines Voltz dans mon portefeuille. D’ailleurs je suis acheteur à un PER en dessous de 15.
(Portefeuille d’actions de Thomas69 (small cap FR, quality & value))
Quelle connerie. Si LVMH a un PER de 15, le marché sera forcément déglingué et il y aura d’autres opportunités bien plus alléchante !
D’ailleurs Larbi disait un truc intéressant à ce sujet.
Larbinator a écrit :
Des secteurs comme le luxe ou la pharmacie sont en général hors de prix à mon goût, mais à ma grande surprise LVMH était à un cours d’achat pour moi en mars 2009, vers 50€ et a fait x7 depuis.
Mais il est vrai que tout était tellement bradé à l’époque que, même à ce prix, je n’en ai pas acheté préférant concentrer mes achats sur des valeurs massacrées comme les caisses régionales du Crédit Agricole, FFP, FDL, Tour Eiffel.
(Portefeuille d’actions de Larbinator (3/7))
La messe est dite dans ces propos.
Le portefeuille
Les lignes sont classées par tailles. Le nombre de titres a significativement évolué pour améliorer la résilience du portefeuille, en effet ayant un patrimoine 100% action il est nécessaire d’être à l’aise psychologiquement.
• Graines Voltz : Toujours ma première ligne mais aucun renforcement ni allégement. Elle a peu baissé et des opportunités plus intéressantes étaient présentes sur la cote parisienne. Mécaniquement son poids diminue. L’activité est très peu perturbée par le covid, une excellente nouvelle. Ce bon vieux Serge nous apprend qu’il compte céder entre 10 et 15% de ses titres au marché, nous en sommes à 1,2%. Le titre semble donc temporairement être capé. Mon scénario rêvé est le suivant : entrée d’un bon fonds dans le capital, si c’est du Moneta le cours va être dynamité. Repricing de la boîte comme une entreprise verte d’avenir, là on peut espérer un PE de 20.
• Akwel : Une bien belle boîte boudé par le marché. Presque pas de dette. Bilan sain qui permettra de traverser la crise sans difficulté. Potentiel x2 / x3 à long terme. Sur-performe allègrement le marché auto. J’en voulais un peu plus, mais son cours s’est accéléré subitement, +6-8% chaque jours presque ! Peu importe, ma ligne est suffisante.
• Groupe Plastivaloire : Énorme potentiel mais grosse dette. L’analyse est résumée en 5 mots, rien à dire de plus. Ayant pas mal de sociétés peu endettés, voir en cash net, je me permets de prendre le risque. Dans le cas contraire ma ligne serait beaucoup plus faible. Mon optimisme provient du fait qu’il s’agit d’un groupe familial, ils vont se défoncer pour faire survivre la boutique. Très sincèrement, entre le PDG d’Air France et une boîte familiale où les deux risques leur peau, sur qui misez-vous ? Le PDG est déjà en train de calculer le montant de son parachute. Chez PVL, parmi les 10 plus gros actionnaires, 7 sont des Findeling.
• Burelle : Très décoté. Magnifique holding française hébergeant un leader mondial. Le CA de son rejeton, Plastic Omnium a baissé de 2,2% au premier trimestre contre 24,4% pour le marché mondial auto ! quel incroyable sur-performance. Pendant ce temps la holding se paie à un PE de 3,4 et un EV/EBITDA de 2,6. D’ailleurs quelque chose me trouble, tous mes équipementiers sur-performe allègrement le marché auto, mais où sont ceux qui sous-performe ? en dehors de mon radar ?
• Bélier : Vendu toute la ligne à 32,50 le 9 mars pour faire du cash avant la grande braderie. Racheté le 23 avril à 29,10 en se demandant où était passé la rationalité des marchés. 30% d’upside à court terme, honnête. J’en voulais plus, mais comme souvent ce n’est qu’un ordre partiel qui est passé. J’ai quand même gratté les 3/4. Ne pas oublier qui si l’affaire tombe à l’eau, une indemnité de 12 millions sera versé. Du coup si ce coup tourne au vinaigre on se retrouve quand même avec une jolie boite en portefeuille qui n’est pas valorisée de manière excessive.
• Catana : Cours fracassé car activité très cyclique, cohérent dans l’idée. Mais carnet de commandes plein à craquer, du coup si la crise est très courte on devrait rien sentir passer, mais ça c’est du rêve et de la spéculation. N’empêche que la boîte a du cash net et qu’avec sa gamme Bali l’entreprise a enfin trouvé son segment phare. Du coup gros potentiel de rebond.
• TF1 : Massacrée à cause du contexte, logique elle est tributaire des revenus publicitaires des annonceurs. Mais presque pas de dette, EV/EBITDA de 2. Du coup gros potentiel de rebond (x2 au minimum). J’avais peur que la boîte soit OUT, Netflix, changement d’habitude, etc… mais d’après les chiffres INSEE, les Français passent de plus en plus de temps devant la TV, je suis très surpris. Donc je suis actionnaire. Elle devrait décoller sec post crise vu la bonne liquidité du titre, ça me changera des nano.
• TXCOM : Peu de baisse, logique car les nanos sont très fortement décorrélées des indices. Des résultats 2019 un peu décevant mais on apprends que les acquisitions se sont fais au rabais confirmant le savoir faire de l’entreprise. Je garde et patiente.
• SII : Renforcé pile dans le creux, 14,70 ! une affaire. Rien de neuf, les ESN devraient un peu souffrir dans les temps à venir, mais c’est une très belle boite pour du long terme. La valorisation n’est pas excessive. C’est une entreprise historiquement très solide en période de vache maigre, le dernier exercice déficitaire remonte avant ma naissance ! (1991).
• Bassac : Rien de neuf, elle a beaucoup de mal à remonter, ça sent la louchette. Comme d’habitude, exercice 2019 top, on frôle bientôt le milliard de CA. Très peu de dette, elle devrait bien passer la crise.
• Focus Home Interactive : Une de mes plus fortes convictions. Problème, elle a très vite était perçu comme une valeur covid et son cours s’est très vite rétabli, actuellement mieux qu’avant la crise. J’ai quand même réussi à envoyer une cartouche à 13,85, du coup j’ai pu renforcer mais pas assez. La thèse reste inchangée.
• Linedata : La cannibale du marché ! un MOAT dans son domaine d’activité où elle semble difficile à attaquer. Alors pourquoi un tel pricing ? car elle stagne et ça le marché n’aime pas du tout ! lui veut de la croissance à tout prix, même hors de prix d’ailleurs. C’est une société remarquablement gérée avec un énorme retour à l’actionnaire. Le PDG ne cède pas au chant des sirènes malgré la pression. C’est une qualité très importante dans ce secteur car les boîtes tech se rachètent très très cher.
En parlant de buyback, voyez par vous même.
Signé, O’shaughnessy.
• Synergie : Bradé car travail temporaire, cohérent par les temps qui court. J’ai eu la chance de l’acheter dans le creux à 13,50. À ce moment c’était la boîte d’intérim la plus faiblement valorisée, aussi simple que ça. Je n’ai aucun avis sur Synergie, hormis qu’elle est en cash net et que ces ratios sont sexy. D’ailleurs je suis déjà à +46%, comme quoi.
• Guillin : Je l’inspecte depuis des mois. Absolument aucune idée sur le plastique bashing. En attendant c’est une très belle boîte, très faiblement valorisé (EV/EBITDA = 3,2). Elle fait également partie du club très select des Piotroski = 9. Les doigts se vos mains suffisent à compter le nombre d’élus de la cote française faisant partie du club. Je ne pense pas que la boîte soit plantée, au pire nous assisterons à une baisse des marges mais c’est déjà pricé par le marché. Pile je gagne, face je ne perds pas.
• Kaufman & Broad : Même histoire que Synergie, acheté en plein creux à cause du massacre. J’ai fait +40% en une semaine, là je me suis rappelé du temps qu’il avait fallu à GRVO pour faire la même chose et me suis dit que la bourse est quand même paradoxale. Pas d’avis particulier sur KOF, elle n’a pas de dette et c’est important vu la période que nous traversons.
• Haulotte : Même histoire que PVL. Grosse dette mais gros potentiel. On a touché le point bas vers 3,50. Point rassurant, l’actionnaire familial s’est gavé de rachat vers 3,75. Pendant mes analyses j’avais également détecté que la boîte s’était internationalisé au fil des années (10% CA hors Europe en 2005 VS 40% en 2018), j’estime donc qu’elle est plus diversifiée, plus solide. Plus qu’à être patient en espérant que Haulotte passe la crise. J’ai une étude complète, je peux partager si ça intéresse du monde.
• Partouche : Rien de neuf depuis ma dernière intervention. C’est une bonne conviction mais le covid à paralyser tous les établissements, donc je n’ai pas trop renforcé. Quelle poisse pour Partouche, c’est presque une entreprise maudite, des événements extérieurs viennent à chaque fois pénaliser la boutique, cigarette dans les lieux publics, jeux en ligne, covid… j’ai hâte d’être fixé sur l’impact de la crise. La reprise d’activité devrait être honnête avec tous c’est addicts qui ne peuvent assouvir leurs vices… seul inconnu la date de réouverture des lieux publics, les joueurs devront-ils porter des masques ? si oui est-ce qu’ils vont fuir les lieux publics ? etc…
• Derichebourg : Cheap et pas de dette, pas trop d’avis sur ce dossier. EV/EBITDA = 3.
• ADL Partner : Longtemps que je scrute cette entreprise. Elle n’est vraiment pas cher (cash net) mais… a-t-elle du potentiel à long terme ? moins sûr. N’empêche qu’on a nouveau PDG depuis l’an dernier, de quoi donner un petit coup dans la fourmilière. Le CA progresse enfin de manière significative entre 2018 et 2019 (+11%). On a l’impression que ça bouge enfin un peu. Elle est value depuis toujours, si la situation reste inchangée avec un exercice entièrement post crise, je vendrai.
• Groupe Crit : Pas touché. Même style que Synergie, intérim et peu de dette, mieux encore en cash net. Lors de la reprise c’est une des premières entreprises qui sera revalorisée.
• Passat : Pareil qu’Adl partner en plus exacerbé. À savoir, plus de cash, moins de perspective et un management encore plus pourri ! Historiquement l’entreprise la moins chère de la cote. Par moments c’est un net. Bien entendu, nous n’en attendons rien du coup elle peut faire quelque chose !
• Hexoam : Pas touché et toujours pas très cher, je garde.
• Clairefontaine : J’attendais avec impatience les derniers résultats avec la baisse du prix de la pâte à papier. Pétard mouillé ! certes le résultat net augmente mais il est bouffé en partie par une hausse des couts de l’énergie ! Du coup je suis déçu et n’ai pas renforcé.
• DLSI : J’ai failli renforcer car elle est très value et n’a pas rebondi, ce que je n’explique pas et m’intrigue au plus haut point. Une boîte qui manque de panache et se reposait beaucoup sur le CICE. Elle ne m’emballe clairement pas, ce qui explique la taille de ma ligne malgré ses ratios de valorisation ultra sexy. Possible que je renforce pour lourder dès le rebond entamé.
• Gaumont : Rien de trop neuf depuis les résultats pourris. Ah si ! une AG à huis clos, mais quelle aubaine ! Pas besoin de se confronter aux minoritaires et leurs questions gênantes. La Sidonie est aux anges.
Pour finir une anecdote originale sur ma technique pour dénicher les boîtes massacrées pendant la crise. Fin mars je prenais le screener Stockopedia est classé par force relative à 1 mois inversé. Du coup j’avais par ordre croissant les entreprises ayant subi les plus fortes baisse à cause du covid. Technique ayant très bien marché. Vous choisissez les boîtes ayant l’air sexy (Synergie, Kauf, etc….) et vous délaissez les nanars (Solocal, boîte inconnue aux bataillons, etc.).
Dans le monde des small/mid on se retrouve avec des opportunités incroyables, tout simplement car certains fonds lourdent des positions pour rééquilibrer le portefeuille vers des valeurs moins exposées par le virus ou moins endetter. Le marché a besoin de trois à quatre jours pour corriger l’anomalie. En tout cas c’est ce que j’ai constaté durant mes soldes.