@Gentlazier
" il en demeure que je vois mal comment on pourrait restreindre le droit de propriété à l’usufruit, et la nue-propriété étant nécessaire lorsque l’on souhaite céder"
La nue-propriété n’est nécessaire que parce que c’est elle qui définie la propriété. Ceux qui pensent que la propriété telle qu’on la concoit actuellement (abusus) est illusoire, considèrent que l’usus est temporaire mais transférable (un peu comme une emphytéose reconductible), ce qui n’est pas possible dans notre paradigme (l’abusus étant nécessaire pour transférer l’usus ou le fructus). Une histoire "d’axiomes" en quelque sorte.
Pour les références, Rousseau a traité de cette question, s’opposant violemment à des notoins de propriété différente (pour mémoire, les romains, dont nous avons récupéré une partie du droit, n’ont pas toujours connu l’abusus, et le droit canon exclut l’abusus de la notion de propriété, se limitant à ce que nous appelons aujourd’hui l’usufruit). D’Aquin aussi. Ce sont les deux références que j’ai retenu de la table ronde que j’ai suivi à Zurich en début d’année, ainsi que Jorion citant Mas, les autres noms ne m’ayant pas parlé particulièrement, et qui traitait entre autres des ucraties dans lesquelles la notion de propriété au sens physique disparait (elle est remplacé par une notion plus proche de l’usage, dans laquelle la terre est un bien de l’humanité qu’il faut donc ne pas déteriorer, mais qu’on peut utiliser pour produire).
"A titre personnel, le concept de régalien n’induit pas nécessairement une action directe de l’Etat …"
Ce que vous déléguez, vous n’en êtes plus "souverain". C’est pour cela, qu’en général, on considère qu’il est possible de déléguer l’éducation (qui est considérée comme non régalienne), mais qu’on conserve, en général, la sécurité intérieure sous contrôle directe de l’Etat. C’est, comme dirait Igorgonzola, l’acception classique de régalien. Et comme vous le montrez, ce n’est pas la seule possibilité.
"la problématique de Benjamin Constant qui avait parfaitement compris que les limites du pouvoir étaient plus importantes que la source de celui-ci."
Je vous rejoins sur Constant, bien que je ne vois pas trop le rapport avec le droit naturel. Constant est moins "sectaire" que d’autres, comme Rousseau par exemple, sur la nature du pouvoir, c’est une évidence. Mais il n’est pas le seul à traiter du sujet complexe du pouvoir, de son abus et de son dévoiement. Portalis en a aussi parlé, par exemple.
"Au juste vous, vous préférez une démocratie ou 51% des individus ont droit de vie ou de mort sur vous, ou une monarchie absolue héréditaire ou l’Etat (et donc le monarque) a pour seul pouvoir le droit de faire respecter le droit de propriété ?"
De ce que j’ai dit auparavant, vous devriez savoir que je suis un partisan de l’état de droit, et donc contre toute autoritarisme, qu’il soit d’un monarque, d’un gouvernement ou d’un voisin qui, parce qu’il estime que je porte atteinte à sa propriété, pourrait s’autoriser à se proclamer juge, juré et bourreau et me taper dessus en conséquence.