parisien répondait alors a écrit :
@JesterInvest: Merci de me donner l’occasion de reparler des holdings d’investissement dont je n’ai plus parlé en détail depuis 2010, mais vos propos sont inutilement agressifs.
Vous m’étiez pourtant sympathique au début (moins désormais!) et comme vous l’indiquez, en 2010, j’avais critiqué, non vous-même ("investisseur lambda" ne s’adressait clairement pas à vous), mais une thèse d’investissement partagé par beaucoup dont vous, à savoir que les holdings d’investissement sont intéressants, notamment pour profiter de leur décote par rapport à l’ANR.
Ce sujet mérite d’être revisité en détail aujourd’hui, dans une file spécifique, car il peut intéresser beaucoup de monde.
Je pense toujours la même chose et je considère que ce qui s’est passé depuis 2010 me donne plutôt raison, même s’il faut à l’évidence regarder chaque holding au cas par cas et quelques rares d’entre elles peuvent être intéressantes.
Regardons rapidement quelques-une de vos holdings, Jester:
- vos holdings asiatiques comme First Pacific ont eu un parcours très très mauvais (regarder l’évolution du cours sur 3 ou 5 ans est édifiant, comparé à des bourses qui ont globalement bien progressé sur la période), tant dans l’absolu que par rapport aux indices "Asia ex Japan".
- Eurazeo: a sous-performé, alors que le levier incorporé (sa dette) aurait dû la faire rebondir plus fortement que le CAC40
- Wendel a surperformé, je le reconnais, en partie d’ailleurs à cause du même levier. Mais quand on regarde le graphique du cours depuis 2008, très volatil, avec de très fortes hausses et baisses, cela ne donne pas envie et cela accroît le risque de vendre à perte cette valeur longtemps très risquée (et qui aurait pu faire faillite) si un jour on veut vendre.
D’autant que les frais de gestion de la holding, avec un management surpayé, ne plaide pas en sa faveur.
Ce qui a fortement contribué au succès de Wendel c’est leur grosse pépite Bureau Veritas, et j’avais mal apprécié début 2010 à quel point le cours de Veritas allait continuer à s’envoler jusqu’en 2015. Rien ne dit qu’ils sauront trouver une autre grosse pépite dans le futur.
Mais l’aviez-vous apprécié ou aviez-vous tout simplement juste regardé la décote de l’ANR de Wendel?
- Altamir: avez-vous vraiment envie de cette holding ayant un président fondateur, Tchénio, inamovible car c’est une commandite? Comme je le pressentais, "le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument", Tchenio, avec son pouvoir absolu, a plusieurs fois pratiqué des abus à l’encontre des minoritaires.
Deux points que j’avais mal appréciés et qui expliquent la forte hausse du cours (avec point négatif, beaucoup de volatilité) entre 2010 et S1 2015:
- le talent des gens d’Apax qui gèrent en réalité les participations d’Altamir (aidé par le levier de la dette, qui rajoute volatilité et risque) s’est pour le moment révélé supérieur à ce que je pensais et l’ANR hors frais de gestion a fortement progressé sur les dernières années. Mais si ce bonnes perf. cessent un jour, les actionnaires d’Altamir seront impuissants, car ils ne peuvent pas changer de gestionnaire (car commandite) ni retirer leur argent à l’ANR (car la forte décote sur ANR persiste et pas de possibilité de réclamer comme dans une sicav de sortir à l’ANR).
- Moneta allait acheter des actions Altamir et attaquer Tchenio et ce dernier, alors que rien ne l’obligeait car il a le pouvoir absolu, peut-être pour ne pas abîmer son image sur la place de Paris, allait céder en augmentant fortement le dividende, ce qui explique la forte hausse du cours, dont vous vous servez pour démontrer que je m’étais trompé.
Mais je continue de n’avoir aucune confiance dans Technio, ni dans ses proches qui hériteront de la commandite quand il sera mort, car ses proches n’auront pas de raison de veiller à leur image et pourraient tondre les autres actionnaires.
Déjà Tchenio a pris il y a 2-3 ans une décision pérenne qui coûtera énormément d’argent aux autres actionnaires, et même Moneta s’y casse les dents: au lieu d’investir en direct, Altamir investit désormais en investissant dans des fonds Apax qui investissent à leur tour dans des participations, cumulant ainsi tous les ans les lourds frais de gestion statutaires d’Altamir aux lourds frais des fonds Apax.
Pour le moment, cela ne se voit encore pas trop dans les résultats d’Altamir, car la majorité de ses actifs sont encore investis dans ses participations historiques faites en direct, avant l’ère des fonds Apax. Quand cela changera progressivement, le cours d’Altamir risque de souffrir et si j’étais vous , je ne tarderai pas trop à vendre. L’activisme de Moneta n’y pourra rien. Evidemment, je réviserai mon opinion si contre toute attente Moneta devait l’emporter de manière décisive. Mais il sera toujours temps d’acheter à ce moment-là.
J’espère que ces quelques considérations seront utiles pour contribuer aux réflexions de Jester et des autres.