Malgré tous ses défauts, l’ISF a un avantage incontestable : il permet chaque année à l’INSEE [EDIT : en fait, la Direction Générale des Finances Publiques] de publier des données intéressantes sur la répartition territoriale des ménages qui y sont soumis :-) Pour toutes les communes où plus de 50 ménages sont imposables à l’ISF, l’INSEE [EDIT : en fait, la DGFiP] publie le nombre de ménages imposables, ainsi que le patrimoine moyen de ces ménages : Direction Générale des Finances Publiques : Statistiques sur les impôts
Personnellement je trouve ces données utiles à plus d’un titre : analyses sociologiques, économiques, voire politiques. En voici une illustration : pour chaque commune je calcule le pourcentage des ménages dans la population. [Il s’agit d’une approximation : plus rigoureusement, il faudrait calculer la part des ménages imposables dans les ménages totaux de chaque commune; en faisant l’hypothèse que les ménages ont à peu près la même taille sur tout le territoire, on retrouverait le pourcentage correct en multipliant mon pourcentage par 2,4, la taille moyenne d’un ménage en France.]
Dans le tableau ci-dessous, les communes sont classées par pourcentage décroissant de ménages imposables à l’ISF dans la population. Sans surprise, Paris et la région parisienne (notamment Hauts-de-Seine et Yvelines) dominent nettement le haut du tableau. Le top 5 de la province : 1) Biarritz, 2) Saint-Raphaël, 3) Annecy-le-Vieux, 4) Marcq-en-Baroeul, 5) Cannes.
On observe une corrélation entre la part des ménages ISF dans la population (%ISF dans les graphiques ci-dessous) et le patrimoine moyen des ménages ISF. C’est assez intuitif : les très riches (patrimoine disons > 5M€) ont tendance à vivre dans des communes où les riches (en général) sont assez nombreux. Il est toutefois intéressant de noter les communes qui se distinguent de la tendance générale, par exemple Croix dans le Nord (où patrimoine moyen des ménages ISF est nettement plus élevé que celui qu’on pourrait attendre au vu de la proportion des ménages ISF dans la population), ou Sceaux (le cas inverse : donc forte concentration de ménages "petits" riches).
On peut aussi rapprocher la part des ménages ISF dans la population (%ISF) des prix de l’immobilier. (Dans la table et les graphiques ci-dessous, il s’agit des prix de l’immobilier ancien publiés par Challenges, 2017.) Sans surprise, on observe une relation plus ou moins linéaire (ou logarithmique ?), qui devient plus nette si on distingue la région parisienne et la province comme 2 marchés immobiliers distincts.
Là encore, il est intéressant d’analyser les déviations importantes de la droite de tendance, qui peuvent bien sûr être justifiées par d’autres facteurs, ou être un signal possible (à analyser avec des pincettes !) de possible sur- ou sous-évaluation, par rapport au reste du marché immobilier.
Je vous fais grâce de l’analyse politique, puisque ce n’est pas l’objet du forum, mais il serait intéressant de mettre en rapport le pourcentage des ménages imposables à l’ISF avec les votes à la présidentielle dans chaque commune, par exemple pour analyser si la promesse de Macron de supprimer l’ISF lui a attiré des votes, ou si la bourgeoisie est restée fidèle à son "habitat" naturel, la droite.
Avec la disparition de l’ISF, je ne suis pas sûr de ce que va faire l’INSEE. Sans doute publiera-t-elle les données comparables pour l’IFI, mais avec une base plus restreinte pas sûr que leur analyse soit aussi intéressante, snif :-(
Dernière modification par Scipion8 (15/11/2017 09h13)