Simouss,
en propos liminaires…
Je commencerais si vous le permettez par un conseil. Restez humble et évitez d’utiliser à mauvaise escient un ton péremptoire, surtout quand celui-ci se base sur des erreurs d’analyses flagrantes…
Je vous rassure, j’ai lu, tout comme vous, les états financiers de MGIC, et il semble que certains points vous aient échappés.
Enfin, essayez de ne pas déformer mes propos comme vous l’avez fait dans votre dernier message (mais j’y reviendrai)
Ce message se veut pédagogique et n’est pas dirigé contre vous. Il servira au moins pour ceux qui souhaitent comprendre l’impact des variations de change dans les comptes consolidés de MGIC et avoir une idée des raisons pour lesquels le ROC et le RN seront moins importants que ce que certains les estiment sur cette file (hors éléments exceptionnels).
1/ Impacts sur les variations de change.
simouss a écrit :
Les impacts de change se font en premier lieu sur la facturation et donc sur le CA et non le RO (avec ici les -25 millions annoncés sur le CA). Ce qui est entre le ROC et le RO ce sont les impacts sur les produits financiers et donc dans ce cas là sur les intérêts de la dette principalement et les éventuelles couvertures liées aux changes.
De plus dans votre raisonnement (qui n’est pas bon je vous le rappelle) une partie de ces pertes de changes sur le CA a été comptabilisé au S1 (où le ROC présentait une croissance de +17%). Vous ne pouvez donc pas de façon licite les impacter totalement sur le S2.
Première erreur. L’impact de change sur l’ensemble de l’exercice est négatif à -25,2 M€.
Contrairement à ce que vous dites, ils ne tiennent pas de la facturation (ce qui peut être vrai pour d’autres entreprises j’en conviens), et cela pour les raisons suivantes :
1.1 opérations intra-groupe
Comme le rapporte MGIC dans son RA 2016, les flux commerciaux intra-groupe sont essentiellement facturés en euros
"Risque de change :
Les flux commerciaux réalisés entre MGI COUTIER SA et ses filiales situées à l’étranger sont pour l’essentiel facturés en euros. En conséquence, le Groupe n’a pas recours, à ce jour, à des instruments financiers afin de couvrir ses flux commerciaux. (p41)"
Les impacts des variations de change ne se font pas à ce niveau-là.
1.2 flux commerciaux de MGIC avec ses clients/fournisseurs/ect.
Comme expliqué dans le RA 2016, MGIC utilise comme monnaies de fonctionnement les monnaies locales des pays dans lesquels ses filiales sont implantées, cad :
- MGIC US facture en dollars et se fait payer en dollars ;
- MGIC Turquie facture en livres turques et se fait payer en livres turques;
-etc.
Quelques opérations sont réalisées en devises mais c’est une infime partie. Tout ceci est très bien expliqué ici :
"Risques de marché
A. Risques liés à la fluctuation des taux de change
MGI COUTIER exerce une activité qui repose essentiellement sur des usines de proximité. De ce fait, le Groupe est peu soumis aux fluctuations de change, hormis pour la conversion comptable des états financiers. Les principales devises utilisées sont l’euro (pour 47,4 % de l’activité), le dollar américain (pour 24,0 %) et la couronne suédoise (pour 6,5
%). Aucune couverture des risques de change n’a donc été mise en place. (p52)"
L’impact de change n’a donc rien à voir avec la facturation et le CA, contrairement à ce que vous affirmez.
1.3 Consolidation des comptes
Il faut en fait chercher l’explication dans la consolidation des comptes. En effet, pour convertir les états financiers de ses filiales, MGIC utilise la méthode du cours de clôture (il existe deux méthodes de calcul, la méthode du cours de clôture et la méthode du cours historique; je vous laisse vous reporter sur internet aux définitions, pour ceux que çà intéresse).
"Le Groupe applique la méthode du taux de clôture pour la conversion des états financiers des filiales" (p38).
On y apprend notamment que…
"Les différences de change qui résultent de transactions en devises réalisées sur l’exercice sont incluses dans le compte de résultat dans le résultat opérationnel non courant." (p38)
… ce qui vient confirmer ce que je disais dans mes messages précédents. Les variation de changes en 2017 (-25,2M€) auront donc bien un impact non pas sur le ROC, mais sur le RO et indirectement sur le RN.
simouss a écrit :
Ce qui est entre le ROC et le RO ce sont les impacts sur les produits financiers et donc dans ce cas là sur les intérêts de la dette principalement et les éventuelles couvertures liées aux changes.
Encore une fois, vous faites une erreur d’interprétation. L’impact de la variation de change, qui se situe entre le ROC et le RO (autres charges non courantes nettes) sont des impacts liés à l’opérationnel.
Les impacts de change liés au produits financiers (prêts, etc) se situent dans le résultat financier. vous avez le détail dans la note n°5 de l’annexe (p45).
II/Estimation du RO
simouss a écrit :
Enfin votre règle de 3 entre le produit non courant (impact de 4 millions que vous citez entre le ROC et le RO) et le cout du change n’a aucun sens.
Il n’a premièrement rien à voir avec les pertes de changes et en plus c’est un gain (exceptionnel) et non une perte !
Je ne sais pas où vous êtes allé chercher tout çà, ce n’est pas du tout ce que j’ai écrit!
En reprenant les comptes de 2016 (note n°4 de l’annexe p45), nous apprenons que les revenus non courants sont de 4,27 M€ (dont une plus-value de cession de 1,39M€), malgré un impact négatif de change de -14,8M€. Si on retraite la plus-value de cession et que l’on rajoute un impact négatif de change supplémentaire de -10,4M€ (différence de l’impact de la variation de change entre 2016 et 2017), toute chose égale par ailleurs, nous avons une charges non courantes de -7,52 M€.
Malheureusement, MGIC ne détaille pas suffisamment la note n°4 de l’annexe pour se faire une idée plus précise des autres revenus et charges non courantes (MGIC met tous ces produits et charges dans une ligne "autres"). Il est donc difficile d’estimer son montant. Mais comme il est proche de l’équilibre au S1 2017, je garde ce chiffre de -7,52M€ dans mes estimations.
III/ les investissements
simouss a écrit :
Par rapport aux investissements de 80 millions sur 2017 il y avait déjà 45 millions sur le S1, qui encore une fois était magnifique, donc l’impact sera même moindre au S2 (diapo 11).
L’endettement financier brut en 2016 était de 128M€. Au S1 2017, il est de 146M€ (+18M€). Une partie des investissements ont donc été financés à crédit, et devrait l’être également au S2, ce qui aura un impact négatif (bien que très limité je vous l’accorde) sur le RF et le RN.
IV/ Les prévisions et communiqués
Enfin, pour en revenir au côté conservateur des prévisions de la société, il faut également savoir faire la part des choses, et notamment savoir différencier les estimations faites dans les résultats annuels ou semestriels (qui peuvent être conservatrices) du communiqué de presse indiquant le CA annuel, rédigé à une date à laquelle le Groupe a une vision assez précise de ses comptes.
Bien que les communiqués de presse ne sont pas soumis à une relecture ou à un avis des commissaires aux comptes, ils se doivent d’être le plus proche possible de la réalité, sous peine de possibles actions en justice d’actionnaires s’estimant potentiellement floués par une fausse information.
Pour en revenir a cette absence (ou quasi-absence) d’évolution du ROC en 2017, plusieurs éléments peuvent venir l’expliquer :
- hausse des dotations aux amortissements dues aux investissements (impact que j’estime à environ -1,35M€)
- hausse du coût des matières premières et pression à la hausse sur les salaires dans certaines régions (bien que bien maitrisée au S1 2017)
- autres?
Je maintiens donc mon avis sur les résultats 2017 (ROC aux alentours de 113 M€, RO et RN en légère baisse).
Néanmoins, je tiens à préciser (avant que l’on m’en fasse le procès) que malgré des résultats attendus en 2017 moins bons que ce que j’avais prévus initialement, je pense que MGIC est une très belle entreprise et que les résultats 2018 et 2019 devraient être d’une très bonne facture!
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.