franc23 :
- dans ce fil, vous mettez toujours les choses au pire : expulsion en 24 mois minimum, caution invalidée au tribunal.
Or, je rappelle que, dans la vraie vie, on va rarement jusqu’à ces extrémités. Le premier effet d’une caution, c’est que si le locataire n’a pas de scrupule à voler le méchant riche bailleur capitaliste, il y a quand même des chances qu’il ait quelques scrupules à ruiner le proche qui s’est porté caution. Au moment de la signature, le locataire s’est presque toujours engagé, implicitement ou explicitement, à ce que la caution ne se retrouve jamais à payer à sa place. Réciproquement, le proche qui voit qu’il va devoir payer des milliers d’euros si ça continue, va mettre un gros coup de pression sur le locataire pour qu’il arrête ses conneries. La première LRAR reçue simultanément par le locataire et la caution a souvent l’effet d’un électrochoc salutaire. Il y a donc une responsabilisation et une pression morale sur le couple locataire/caution.
"Croyez vous qu’une caution sera disposée à vous régler de bonne grâce et régulièrement ?"
Davantage disposée que le locataire ? Oui. Par rapport au locataire, elle présente deux caractéristiques très intéressantes : solvable et généralement plus âgée donc un peu plus réfléchie. Si elle sait compter, elle se rend compte que traîner les pieds jusqu’à ce qu’elle se retrouve au tribunal risque de lui coûter très cher in fine.
Sur le taux "extrêmement élevé d’invalidation de cautions par les tribunaux", je suis preneur d’une source indubitable, d’une étude statistique. Le oui-dire de ceux qui commercialisent la solution concurrente ne me convainc pas.
J’ai écrit et répété, et je le répète une fois de plus, qu’une caution nécessite un formalisme rigoureux mais, si on le respecte, c’est très solide. Aucun tribunal ne va invalider une caution dont le formalisme est conforme à la loi. Et quand ils invalident une caution dont le formalisme n’est pas conforme, les tribunaux ne prennent pas partie pour le locataire et contre le bailleur, ils appliquent juste la loi :
Article 22-1 de la loi de 1989 :"Ces formalités sont prescrites à peine de nullité du cautionnement"
…et plus généralement, article 2292 du code civil : "Le cautionnement ne se présume point ; il doit être exprès, et on ne peut pas l’étendre au-delà des limites dans lesquelles il a été contracté."
A partir de là, nul n’est censé ignorer la loi; les bailleurs, novices ou non, ont été dûment prévenus (on trouve les infos facilement sur internet) : à eux de s’assurer que tout est fait dans les formes.
Personnellement, je trouve très bien qu’il y ait ces gardes-fous, et qu’on ne puisse pas se retrouver engagé à payer une dette qui se compte en milliers d’euros en ayant juste signé en bas d’un document qu’on n’aurait pas lu.
- j’avoue que quand vous me dites que je suis limite dangereux, ça m’énerve dans un premier temps, puis ça me fait doucement rigoler avec le recul.
J’ai écrit des dizaines de messages sur ce forum pour expliquer la procédure à adopter face à des impayés, pour expliquer à quel point il est important de respecter le formalisme d’une caution, et aussi à apporter des conseils à des bailleurs qui étaient dans la mouise face à des impayés. Pour celui qui veut bien se donner la peine de lire, j’ai donc apporté, au total, une information assez complète avec de nombreuses mises en garde. Ce n’est pas parce que vous partez soudainement dans une croisade anti-caution que je dois recopier ici les nombreuses explications, nuances et mises en garde que j’ai déjà écrites ; vous m’excuserez donc d’avoir fait court cette fois-ci. Si j’étais un dangereux inconscient, je n’aurais pas un tel nombre de messages sur ce forum ni un tel nombre affiché en face du mot "réputation".
PS : on parle de caution et non de cautionnaire
Désolé de vous le dire, mais cette remarque est mesquine. Je sais que le terme le plus adéquat est caution, mais je me suis dit en écrivant que le terme cautionnaire (qui est usité même si ce n’est pas le plus propre) pourrait être plus facilement compréhensible par les lecteurs (j’ai d’ailleurs utilisé les deux termes).
Pour finir, je précise que je n’ai absolument rien contre l’assurance garantie de loyers impayés. Pour les gens qui préfèrent se simplifier la vie et ne s’imaginent pas se lancer eux-même dans une procédure contre un locataire mauvais payeur, ils ont bien raison de choisir cela et je recommande tout à fait cette solution. Les limites que j’y vois, outre le fait qu’il faut bien lire les conditions d’application de cette assurance, c’est surtout de restreindre les locataires potentiels. En gros, ça limite souvent aux locataires avec un CDI et des revenus > 3x le loyer, ce qui peut être très contraignant pour certains type de biens locatifs. Après, c’est à chacun de choisir sa solution en fonction de divers critères comme son aversion au risque, son goût ou son aversion pour les procédures possibles, le type de bien locatif et la clientèle visée, et sa dilution du risque (a-t-il un bien locatif ou dix ?).
Dernière modification par Bernard2K (17/02/2018 01h31)