L’analyse juridique de l’article que vous mettez en lien est toute pourrie !
Le décret d’application n’est jamais paru (car il supprimerai totalement les colocations en France)
Ils parlent sans doute de "Un décret en Conseil d’Etat adapte aux logements loués en colocation les caractéristiques applicables aux conditions de décence." qui est écrit dans l’article 8-1 de la loi de 1989.
Effectivement, le décret n’est jamais paru. Donc, en l’absence de dispositions spécifiques, les conditions de décence sont les mêmes que pour tous les logements.
Mais surtout, la non-parution de ce décret n’empêche pas le début du II de l’article 8-1 de s’appliquer : "lorsque la colocation est formalisée par la conclusion de plusieurs contrats entre les locataires et le bailleur, elle constitue une division du logement tenue au respect des articles L. 111-6-1 et L. 111-6-1-1 du code de la construction et de l’habitation."
Il reste donc pleinement illégal de proposer des baux individuels de moins de 14 m².
un amendement avait été voté à la majorité à l’Assemblée Nationale pour supprimer cette disposition de la loi ALUR (il a été annulé pour vice de forme mais devrait revoir le jour prochainement)
Raisonnement de type "Si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle !"
Une loi qui n’est pas adoptée définitivement et publiée au JO, elle peut être passé aussi près d’être votée que possible, elle ne s’applique pas, point final. Des loi "presque passées" et "c’est sûr certain c’est pour bientôt", il y en a tout le temps, dans tous les domaines !
Les gens cités dans cet article se comportent exactement comme le dealer qui dirait "plusieurs hommes politiques français de premier plan ont proposé de dépénaliser le cannabis, et c’est déjà fait dans plusieurs pays européens, donc je considère que c’est presque voté, donc ce que je fais est parfaitement légal ; d’ailleurs si c’était illégal, on ne trouverait plus de cannabis en France, or on en trouve à tous les coins de rue, donc c’est légal !".
Cette société qui promeut la colocation à baux multiples fait prendre un sacré risque aux gens qui passent par eux : "Sont punies d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 75 000 euros les personnes qui mettent en vente, en location ou à la disposition d’autrui des locaux destinés à l’habitation et provenant d’une division réalisée en méconnaissance des interdictions définies au présent article." (toujours l’article L. 111-6-1 du CCH)
Alors oui, presque tout le monde semble fermer les yeux, et il semble y avoir très peu de cas portés devant le juge. N’empêche que si un colocataire mauvais coucheur vous fout au tribunal sur ce sujet (surface insuffisante selon l’article 8-1 de la loi de 1989 qui renvoie à l’article L. 111-6-1 du CCH), le juge sera bien obligé d’appliquer la loi. Il vous condamnera peut-être seulement à une peine légère, mais il est quasiment obligé de vous condamner, parce que son boulot est d’appliquer la loi et la loi dit que c’est interdit.
Accessoirement, même l’analyse juridique présentée par le gouvernement, dans l’amendement proposé, est fausse ! Il prétend que seules les colocations à baux multiples ont un traitement plus sévère (14 m² minimum) que les autres baux locatifs (9 m² minimum). En fait, cet argument est faux. On ne peut mettre en location un appartement compris entre 9 et 14 m² que si la division qui l’a crée date d’avant 2000. Mettre en location un appartement issu d’une division post-2000 est illégal et tombe sous le coup du même article L. 111-6-1 du CCH. Discuté ici : Perecastor [69] : étude de cas immobilier (valoriser un immeuble avec des lots non cadastrés ?)
Il y a tellement de lois dans tous les sens que même le gouvernement s’y perd !
Dans l’article cité, outre l’analyse juridique pourrie, je n’ai pas vu le moindre élément de réponse sur le sujet du fil, à savoir la position de la CAF ! Si ça m’ a échappé, n’hésitez pas à me le pointer du doigt !