1 #26 08/10/2018 20h33
Il est difficile de ne pas être épidermique, mais le sujet est sensible, et est-ce un signe d’une prise de conscience? Ou d’une saturation d’un système (dont à mon avis les limites financières sont proches, donc la question du financement de la dépendance de plus en plus proche de nos préoccupations réelles-et non juste fantasmées)?….à mon avis un peu des deux.
En fait, il faudrait déjà connaître l’histoire de ces institutions et leur évolution. Il n’est pas si loin, le temps des chambres à 4 lits, voire des dortoirs pour les valides, de ce qu’on appelait les hospices civils. Les choses ont énormément changées en trente quarante ans (au-delà je n’ai plus de souvenirs!).
On pourrait aussi se comparer à d’autres pays et voir que l’état s’est beaucoup substitué à la famille pour beaucoup.
Aussi comme disait Bernard2k, la prise en charge à domicile n’était pas rose (j’ai fait l’expérience avec ma grand-même, ça a juste abouti à faire exploser des conflits et rivalités latentes dans la famille, avec le patrimoine en arrière plan).
J’ai bien lu les différents items de M07…mon expérience d’ancien infirmier à domicile me conduit quand même à penser que nombre des situations décrites ont souvent des solutions liées à un lien local, beaucoup de gens ont quand même des personnes ressources, et les soins à domicile sont quand même grandement possibles et développés en de nombreux endroits même reculés (c’est quand même une bonne source d’emploi local)…après, même réflexion qu’au-dessus: quid de la pérennité financière du modèle? J’ai quelque doute sur la chose, au vu aussi de la non-coordination des différents acteurs que je constate, donc de la non-volonté de mettre vraiment à plat le dossier alors qu’il est un vrai problème de société.
Effectivement, comme dit plus haut, la promotion de l’euthanasie me questionne (perso je suis contre, je ne suis pas infirmier pour donner la mort mais protéger la vie-et secundo, elle est pratiquée de fait depuis des années, sauf qu’on prescrivait le fameux cocktail lytique pour soulager les souffrances, ce qui d’ailleurs était efficace, sauf qu’au corollaire ça fait plonger dans le coma, donc au final c’est un vrai-faux problème abordé de façon surtout émotionnelle et sans vrai recul à mon très humble avis)…je suis toujours étonné de voir des gens vouloir cramer la chandelle et jouir de la vie vite et mourir rapidos…moi je voudrais vivre bien, et longtemps!…
Après, juste pour la route (le repas m’attend), juste pour vous décrire un peu l’écosystème en insider: un des derniers Ehpad où j’ai bossé est rempli de truculentes aventures…une aide-soignante m’a fait savoir dernièrement que la directrice allait probablement être virée…elle n’était pas connue pour sa diplomatie avec son équipe, et je ne suis pas sûr que l’empathie et la préoccupation concernant ses résidents était son souci majeur (quand on me racontait que la secrétaire se faisait dire de faire un contrat pour mettre une résidente dans une chambre plus chère quand un-e autre y mourait, ça sent quand même l’appat du pognon). Bref, la directrice avait fait virer le gars de l’hotellerie…pour y mettre son copain (j’ai toujours trouvé que mèler vie pro et privée c’était le b….. assuré, mais clairement tout le monde ne pense pas pareil!)…fait virer aussi une infirmière (qui n’était pas la plus déconnante, mais c’était elle qui devait payer pour d’autres conflits non réglés)…bref une gestion comme ça, à base de pouvoir, de manipulation, et surtout d’une grande absence de compétence de terrain (ces gens savent très bien parler de ce qu’ils ne connaissent pas d’expérience, j’admire ce talent!).
Et surtout parce que derrière il y a des femmes (principalement), qui ont besoin de bosser, et qui doivent parfois se payer des horaires coupés sur 12 h d’amplitude horaire, avec tout ce que ça implique (garde d’enfants, déplacement quand on habite un peu loin et qu’on a trois heures de pause au milieu et qu’on veut rentrer chez soi, etc…), payées à coup de lance-pierre (1200 Euros un temps plein, c’est pas la gloire maintenant), et qu’on peut tenir car elles ont besoin d’argent, et d’un travail local.
Donc oui, pour moi c’est un univers maltraitant à tous les étages, et qui reflète parfaitement notre société à plein de niveaux.
Du personnel mal considéré, qui sert de support à du profit (les communications des réunions parlent plus du profit que de soins dans ces groupes), forcément ça engendre une dégradation de la qualité, car la qualité, ça se donne quand on a un cadre qui le permet.
Le malaise s’exprime de plus en plus parce qu’en fait, ça fait des années que ça dure, et qu’aucune politique n’a vraiment envie d’investir (c’est pas sexy les vieux, alors qu’au lieu de salle de bains clinquantes et de chambres avec une belle moquette flashy, ça a surtout besoin d’attention et de présence, mais ça a un coût dont on doit craindre qu’il soit illimité).
Or le soin est comme je le dis souvent, un investissement par nature à perte…mais le gain de cet investissement est invisible: il produira une économie (des pathologies qui ne surgissent pas ne coutent rien), mais on ne peut jamais en avoir l’assurance, par contre on peut être certain que si on n’investit pas, cela engendrera des coûts supplémentaires.
Quand aux familles, il est toujours facile de juger sur la présence ou pas…le fait est qu’il y a une dépendance mutuelle, chacun est tributaire de l’institution, ce qui lui donne tout pouvoir.
La régulation éthique en fait ne peut se faire que si on se l’impose à soi-même.
Mais le fait est que tout le monde n’a pas envie de le faire.
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