Je partage entièrement le point de vue de WhiteTiger.
1) Le jeu d’échecs peut parfaitement être une activité sociale, très formatrice comme le dit WhiteTiger sur l’apprentissage de la défaite, l’analyse de ses erreurs et défauts, l’esprit de (saine) compétition…
La pratique des échecs est en outre, à ma connaissance, très bonne pour le cerveau : elle fait travailler à la fois la mémoire (inconsciemment, on "enregistre" à chaque partie des schémas, des combinaisons, qu’on pourra ensuite intuivement reproduire), la rapidité, la profondeur de calcul… Elle oblige aussi à chaque coup de prendre des décisions : perso, je trouve très utile dans mon activité d’investisseur, d’avoir l’habitude de prendre des décisions, sans trop hésiter ni procrastiner, mais en calculant de façon raisonnée.
Pour ses vertus pour le cerveau, la pratique des échecs est recommandée aussi pour les personnes âgées, donc il n’est jamais trop tard pour s’y mettre.
Sans vouloir polémiquer, je rappelle que chaque coup de tête, au football, conduit à un massacre de neurones. Quand j’ai appris cela, j’ai strictement évité toute utilisation de ma tête au foot, ce qui a rendu définitive ma médiocrité dans ce sport ;-)
2) Sur l’apprentissage, comme WhiteTiger, je crois beaucoup plus en la compréhension des principes qu’au par-coeur, qui est assez rebutant (même si la connaissance parfaite des ouvertures est évidemment un avantage).
Aux principes mentionnés par WhiteTiger, j’ajouterais l’activité des pièces : quand on n’a pas de plan, un principe simple est d’évaluer la position et l’activité (offensive et défensive) de chaque pièce, et de réfléchir à la façon de l’améliorer.
Perso je conseillerais à un débutant passionné la lecture de 2 classiques de 2 grands pégagogues du début du 20e siècle :
- "Le Jeu d’échecs" par Siegbert Tarrasch : c’est lui qui a formalisé tous les principes classiques de contrôle du centre, occupation des colonnes ouvertes, avantage spatial etc. - qui restent valables / utiles 100 ans après
- "Mon Système" par Aaron Nimzovitch : l’inventeur du jeu positionnel, qui a pris le contre-pied de tous les principes classiques (par exemple en laissant le contrôle du centre à l’adversaire, ou en jouant de façon "négative", en restreignant l’activité des pièces adverses jusqu’au zugzwang, le moment où tout coup par l’adversaire est perdant). Il a aussi inventé des concepts comme le "louvoiement" (en finale).
En lisant ces 2 livres (2 approches assez opposées), on comprend les bases théoriques, on peut alors s’essayer à différentes ouvertures et différents styles (perso : système de Londres, ouverture Bird, défense slave, défense hollandaise, et différentes versions de l’étau de Maroczy - mais j’ai un style très déformé par l’apprentissage avec les ordinateurs, qui me conduit à préférer fermer le centre et travailler en roques opposés).
3) Sur l’apprentissage avec les ordinateurs, pour un "ancien" comme moi, il est phénoménal d’avoir un programme à 3400 Elo comme Stockfish sur mon portable. 3400 Elo (le niveau des meilleurs programmes), c’est 500 points de plus que Magnus Carlsen : la même différence qu’entre un bon joueur de club à 1900-2000 et un ado débutant à 1400.
Désormais, on mesure même la performance des humains à leur pourcentage de correspondances, sur l’ensemble d’une partie, avec les meilleurs programmes : sans surprise, Carlsen est le meilleur de ce point de vue.
Je rejoins Bernard2K sur les dangers de l’utilisation de la fonction "Take back" sur les programmes : cela conduit à banaliser les bourdes, à ne plus faire l’effort de réflexion, et c’est désastreux ensuite face à des humains (c’est l’un de mes problèmes).
Désormais, pour apprendre, je préfère jouer face aux ordinateurs sans "Take back" mais avec la "béquille" d’un programme (comme l’app "Analyze This") en écran fractionné sur mon portable : je joue ma partie normalement sans soutien, puis quand vraiment je bloque (alors que je sens que la position a du potentiel), je fais tourner l’app qui (1) me donne une évaluation de la position et (2) me donne le meilleur plan. Evidemment, c’est de la triche, mais cela m’a permis de comprendre (1) qu’en général je jouais l’ouverture correctement, et (2) que je bloquais sur des aspects tactiques en milieu de partie (notamment l’ouverture de lignes par gambit, qui est bloquante pour moi psychologiquement car je préfère les parties fermées et par ailleurs comme tout Aveyronnais je suis assez radin en pions).
J’espère ainsi progresser peu à peu. En tout cas, les outils d’apprentissage actuellement disponibles sont incroyables, par rapport à il y a 20-25 ans.