Bonjour,
J’ai listé dans ce message quelques règles que j’utilise pour mes investissements en actions.
* Il faut se faire sa propre opinion sur l’entreprise que l’on achète. Ne pas suivre aveuglément l’opinion des autres.
* Investir dans des entreprises qui gèrent leur argent de la même manière que soi. Découle de ce principe un endettement qui doit être inférieur aux capitaux propres, dans mon cas.
* Ne pas croire aveuglément les chiffres présentés au bilan : une entreprise a d’autant plus intérêt à manipuler les chiffres de son bilan qu’ils sont mauvais. Imaginons que l’entreprise ait un endettement x 10 par rapport aux capitaux propres. Il est tentant de le maquiller en essayant de faire apparaître, mettons, un x 5. Mais quel serait l’intérêt pour une entreprise ayant un endettement de x 2 de maquiller ses dettes ?
* Comment calculer la valeur d’une entreprise ? Chercher les invariants. Quels sont les chiffres d’une entreprise globalement stables, d’une année à l’autre ? Le bilan d’une entreprise est généralement assez stable d’une année à l’autre, sauf opérations spéciales sur le capital ou endettement par exemple. Le compte de résultats est trop volatil et correspond à une dérivée. C’est donc sur la base du bilan que je cherche la valeur de l’entreprise. Chercher des entreprises au bilan globalement stable (ou en progression), sur les 5 dernières années. Ne pas acheter des entreprises qui font systématiquement un déficit sur les 5 dernières années par exemple. Préférer des actions qui viennent de passer dans le rouge, il y a plus de chance que le passage dans le rouge ne soit que temporaire.
* La valeur d’une entreprise doit être calculée de manière conservatrice. Quelle est la valeur qui reviendrait aux actionnaires, en cas de faillite ? Ne pas rêver, en cas de faillite, rien ne reviendra aux actionnaires, mais c’est simplement pour fixer les idées, théoriquement. Les daubasses expliquent plusieurs méthodes rationnelles pour y parvenir.
* Ne pas acheter d’actions qui ont un prix inférieur à 1 euro (marché FR) ou 1 dollar (marché US), seuil psychologique. Les actions cotant en-dessous de ce prix correspondent généralement à des cas particuliers (par exemple marché OTC) et je préfère donc pour ma part m’abstenir d’acheter ces situations spéciales. Si une action achetée à un prix supérieur à 1 descend en-dessous de 1, ce n’est pas un motif suffisant pour vendre, cependant.
* Chercher des entreprises qui ont un CA globalement égal au bilan et qui ne varie pas trop (ou qui augmente) sur les 5 dernières années.
* Observer la courbe historique de prix des actions candidates – échelle de temps de 15 ans - (tenir compte des augmentations de capital, dans le raisonnement) : est-ce que l’entreprise se trouve au prix historique le plus bas ? Est-ce que l’action a atteint plusieurs fois les niveaux de prix de l’objectif de vente que l’on se fixe ? Est-ce que le ratio max/min est important ? Est-ce que la courbe a connu plusieurs cycles de haut / bas (ou descend-elle de manière continue ?). Une « belle » courbe est typiquement celle d’HAST:US (on imagine possible un potentiel de x 4).
* Est-ce que l’entreprise est victime d’un effet de mode négatif ? HAST et BAMM sont typiquement dans ce domaine (avec une entreprise du même secteur qui a fait faillite, rendez-vous compte ! en réalité, cette faillite était liée à la mauvaise gestion financière de l’entreprise et non à l’avènement du livre numérique ; qui profitera de cette faillite si ce ne sont les autres entreprises du secteur ?), mais je prends le pari que le live numérique ne va pas tuer dans les 20 ans à venir le livre papier. Certes, il le tuera probablement à très long terme, mais je ne vois pas une transition rapide papier vers numérique (initialement plutôt un complément). Et HAST et BAMM peuvent également s’adapter à la nouvelle donne en trouvant d’autres produits à vendre / d’autres business model.
* Une entreprise dont la capitalisation boursière vaut entre 5 et 10 % du total du bilan peut révéler une aberration du marché.
* A l’achat, ne pas acheter en plaçant un stop limite, mais acheter les lignes à la vente du carnet d’ordre quitte à pousser le titre violemment à la hausse (surtout sur les aberrations de marché). Le prix à payer pour l’opportunité manquée peut être important, dans le cas inverse. Ne pas optimiser ses entrées, vu le potentiel attendu.
* Vendre sur base de stop au prix du potentiel estimé (ou alors placer un stop suiveur par exemple à 15 % sous le prix max de l’action pour suivre la tendance, si l’on pense au feeling qu’elle peut se prolonger).
* Considérer le rendement (et non uniquement la plus-value). Imaginons une entreprise qui paye régulièrement un dividende à un certain niveau. Essayer d’identifier des entreprises qui payaient historiquement régulièrement un dividende à un certain niveau. Lorsqu’une crise arrive, elle ne paie plus de dividende. Miser sur le fait qu’une fois la crise terminée, elle paiera à nouveau un dividende grosso modo dans l’ordre de grandeur du dividende historique. Si, lors de la crise, j’identifie par exemple un rendement potentiel futur de, par exemple, 10 %, c’est un élément positif à prendre en compte.
* Surveiller les entreprises dont on a vendu les titres. Leur cours pourrait redescendre en-dessous du cours d’achat donc redevenir des opportunités.
* Adopter des règles de money management : Info
* Ne prendre que des positions longues (pas de vente à découvert). Se positionner à l’achat permet d’avoir un risque de perte limité (le montant investi, en cas de faillite), mais un potentiel de hausse illimité, sans coût lié au facteur temps. Ne pas acheter des actions avec un levier.
* Si aucune opportunité n’est trouvée sur le marché, ne pas acheter. Cette décision peut être difficile à prendre. Acheter uniquement des entreprises respectant globalement les critères qualitatifs, quitte à attendre.
* Choix sectoriel. J’évite les secteurs moralement discutables comme les industries d’armement, Tepco au plus bas ou autre… J’évite généralement les secteurs à la mode ou qui font rêver : aéronautique / espace / valeurs technologiques / valeurs biotechnologiques / pharmacie / solaire / etc… Je préfère une entreprise bien obscure mais au business rodé, sans surprise (le problème des technologiques / pharmaceutiques est notamment que leur business model dépend d’innovations non prévisibles). Par exemple, je serais naturellement tenté d’acheter un business de recyclage d’huile de vidange : ça a l’air sale, ça rebute, ça ne doit pas sentir bon mais ça cache sans doute un business solide bien rodé et bien huilé, sans surprise. J’évite les banques que je ne sais pas évaluer. Mon impression est aussi que la valeur des banques découle fortement de leur image. Autrement dit, si Mr Market est dépressif, il peut réellement tuer la banque, alors que dans d’autres domaines (industrie), il n’y a pas de rapport entre le cours d’une action et le business réel sous-jacent (hors introduction en bourse et augmentation de capital).
* Ne pas investir dans des actions trop peu liquides (c’est-à-dire où le volume d’échange représente par exemple 1/10ème du montant que l’on souhaite investir). Essayer de ne pas multiplier ses lignes. J’ai un peu plus d’une dizaine de lignes, par soucis de diversification (si une action fait faillite, ça ne m’affectera pas).
* Si l’on peut avoir de la croissance, en plus de la valeur, c’est un élément positif.
* Croire en ses investissements, même si leur prix baisse. Sauf découverte théorique qui change fondamentalement la donne. Ne pas céder à la panique.
* Voir d’un bon œil les rachats d’action, une entreprise familiale, la présence de la financière de l’échiquier au capital.
* Ne pas être effrayé par les déficits ponctuels. Vérifier tout de même le ratio déficit sur CA et déficit sur capitaux propres. S’inquiéter des déficits récurrents sur des périodes longues.
* Lorsqu’une entreprise s’approche de l’objectif de vente, il n’est pas nécessaire d’atteindre strictement cet objectif s’il existe de meilleures opportunités sur le marché. En effet, le potentiel d’une action proche de son objectif est mécaniquement très inférieur au potentiel d’une nouvelle action achetée, vu l’écart prix/valeur. Faire tourner le portefeuille pour essayer de maximiser le potentiel.
* Prendre conscience de l’effet des exponentielles sur les marchés : voir par exemple un + 10 % sur une courbe, lorsqu’elle est proche des plus bas et le même + 10 % lorsqu’elle est proche des plus hauts (graphiquement et vraisemblablement psychologiquement pour certains acteurs du marché, il s’agit d’un bond énorme alors qu’il s’agit du même pourcentage de variation). Le prix d’une action est attaché à sa vraie valeur par un élastique : plus il est tendu et plus le potentiel et la force de retour vont être violents, dans les deux sens. A la baisse, l’élastique peut se rompre : c’est la faillite !
* Considérer également des indicateurs globaux de marché : niveau du VIX, niveau de l’indice de référence par rapport à son dernier plus haut, niveau de l’indice de référence par rapport à son plus haut historique, etc… Utiliser ces indicateurs principalement pour détecter les moments où l’on trouvera le plus d’opportunités d’actions ayant une divergence prix / valeur importante.
* Ne pas avoir besoin de l’argent investi dans les 20 prochaines années.
* Vérifier son portefeuille 15 minutes tous les jours, par exemple, après la clôture des marchés (suivre essentiellement les actions qui s’approchent de leur potentiel + éléments exceptionnels éventuels : augmentation de capital / OPA / suspension de cours / etc…). Vérifier une fois par an les éléments nouveaux (nouveaux rapports financiers) mais pas nécessairement immédiatement quand le rapport sort puisque nous nous basons sur des données a priori assez stables (invariants), d’une année sur l’autre, pour évaluer l’entreprise. Ce qui prend du temps, c’est plutôt d’identifier de nouvelles pépites et étudier les rapports annuels des entreprises sélectionnées / filtrage. Ce qui prend également du temps, c’est se construire un modèle théorique comme celui-ci. Faites vos devoirs avant d’acheter.
* In fine, le non respect d’un critère n’est pas rédhibitoire, considérer le dossier dans sa globalité.
En conclusion, comme j’estime ne pas être capable de prévoir le prix futur des actions, sur base des prix/volumes passés, j’identifie des divergences prix / valeur et me positionne à l’achat lorsque la divergence est importante pour avoir une marge de sécurité.
Cordialement,
Vauban
Dernière modification par vauban (14/05/2018 08h25)