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Comme investisseur,quel est votre intérêt principal pour les banques ?
Je me préoccupe surtout de la sécurité de mes dépôts | 25% - 52 | |||||
Je m'intéresse aux actions bancaires pour investir | 54% - 110 | |||||
Je m'intéresse aux obligations bancaires pour investir | 4% - 10 | |||||
Prêt à déléguer la gestion de mon épargne à une banque | 0% - 2 | |||||
Je ne veux pas être exposé aux banques (pas confiance) | 13% - 28 | |||||
#26 13/10/2018 16h15
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@BulleBier : Je vous rejoins sur l’importance de suivre les données macroéconomiques, pour avoir une idée d’où on est sur le cycle économique, qui a inévitablement un gros impact sur les banques. C’est bien sûr ce que je fais aussi, mais il y a quand même quelques difficultés :
a) Les données macroéconomiques sont souvent un signal retardé : soit en raison des retards de publication (par exemple pour le PIB), soit parce que l’économie elle-même réagit avec retard au retournement du cycle. Par exemple une entreprise ne va pas immédiatement licencier du personnel en cas de baisse de la demande : elle va commencer par réduire son personnel en intérim, puis en CDD, puis imposer du chômage technique, puis enfin licencier des employés ; le taux de chômage est donc un signal retardé, comme la plupart des données macroéconomiques "dures". Il faut donc les compléter par des données "soft" avancées, comme des enquêtes sur les anticipations des entreprises (indices PMI, par exemple) - mais parfois elles peuvent donner des signaux divergents.
b) Les données macroéconomiques ne donnent pas d’indication sur l’hétérogénéité des niveaux de résilience des banques d’un même système bancaire. Le travail d’un banquier, c’est précisément de gérer le cycle économique, de prendre des risques mesurés pendant la phase d’expansion en sachant que le retournement finira par arriver, et de maintenir à chaque instant du cycle la solvabilité et la liquidité de sa banque : un banquier court-termiste est un mauvais banquier. C’est cette capacité, différente d’une banque à une autre, qu’on peut essayer d’analyser en regardant les ratios de solvabilité (= protection contre des pertes sur les actifs) et de liquidité (= protection contre un retrait des sources de financement), ainsi que les niveaux de créances douteuses - en les comparant au cours du temps et entre banques.
C’est pourquoi je pense utile de compléter l’analyse macroéconomique par une analyse microéconomique, notamment les résultats des banques.
Une banque correctement gérée et correctement supervisée doit pouvoir survivre à un choc même important (une récession sérieuse). C’est l’objet des stress tests européens, qui sont un exercice utile, même s’ils ne sont certainement par infaillibles. Le "scénario adverse" du stress test 2018 est plus exigeant que celui des stress tests précédents : le scénario est une déviation cumulée du GDP de l’UE de 8 points % de GDP par rapport à la prévision moyenne, sur 3 ans (donc un scénario presque aussi sévère que celui que vous mentionnez).
Quant aux CDS, ils ne sont certainement pas parfaits, et comme le reste des marchés ils peuvent parfois refléter une sous- ou une sur-appréciation importante des risques. Mais je les considère comme généralement plus rapides et plus efficients pour refléter les nouvelles informations sur les risques, ce qui peut s’expliquer par leur sociologie particulière (des professionnels de la gestion des risques). Les agences de notation sont souvent très en retard par rapport aux CDS.
@Durun : Pour mesurer le niveau de "dépendance" d’une banque, ou d’un système bancaire, à la liquidité de la banque centrale, 2 sources sont utiles :
a) Le bilan de la banque centrale est généralement publié mensuellement (ou hebdomadairement) par les banques centrales. Il n’est pas d’interprétation facile pour un non-initié (même pour des banquiers), et le niveau de transparence varie beaucoup d’une banque centrale à l’autre.
On peut trouver la situation mensuelle de la Banque de France sur son site statistique Webstat. On ne peut pas dire que la présentation soit très pédagogique et user-friendly, mais l’information clef est là :
- Bilan BdF, Actif, Crédits aux IFM résidentes (encours) = 154 milliards € (IFM = institutions financières et monétaires = les banques) : il s’agit essentiellement des opérations de politique monétaire (et éventuellement d’autres opérations de nature différente, je ne détaille pas).
- Bilan BdF, Passif, Dépôts des IFM résidentes (encours) = 502 milliards € = il s’agit des liquidités excédentaires des banques placées auprès de la BdF, au titre (i) des réserves obligatoires, (ii) de la facilité journalière de dépôt, et (iii) des réserves excédentaires.
Donc en gros le système bancaire français a un confortable excédent net de liquidité de 502-154 = 348 milliards € vis-à-vis de la banque centrale. Evidemment, cet excès de liquidité s’explique largement par le QE.
b) Le bilan de la banque montre parfois sa position vis-à-vis de la banque.
Par exemple, le bilan de BNP Paribas au 30 juin 2018 donne :
- A l’actif : caisse, banques centrales = 211 milliards € (+33 milliards € au 1er semestre) : il s’agit du cash et des liquidités placées auprès des banques centrales (pas uniquement la BdF, mais aussi les banques centrales d’autres pays où BNP est active, notamment la Fed)
- Au passif : banques centrales = 6 milliards € (+5 milliards € au 1er semestre) : il s’agit du refinancement banque centrale.
Donc BNP Paribas a une position de liquidité largement excédentaires par rapport aux banques centrales. Pas de souci a priori de ce côté.
Cependant sa vraie vulnérabilité potentielle n’apparaît pas dans les chiffres : au moment de la faillite de Lehman Brothers, les grandes banques françaises ont conservé une liquidité € satisfaisante, mais ont connu une situation très tendue en liquidité $, car le marché des swaps FX ne fonctionnait plus et il devenait politiquement compliqué pour la Fed de fournir de la liquidité $ illimitée aux banques européennes. C’est le swap de change €/$ de taille illimitée entre la Fed et la BCE qui a permis d’éviter des faillites en série en Europe. La liquidité doit s’apprécier par devises, ce que ne permettent pas les données publiées.
@Kiwijuice : Oui, une analyse concurrentielle apporte beaucoup. Par exemple pour le corporate banking, il faut suivre régulièrement les league tables dans les différents métiers.
S’agissant des loan losses en bas de cycle, je suis bien d’accord, c’est un des meilleurs indicateurs d’une gestion prudente.
S’agissant du RoA, je ne les utilise pas vraiment parce qu’ils introduisent des biais (i) entre activités de détail (avantagées) et activités de marché (qui peuvent bien gonfler la taille du bilan), et (ii) entre banques européennes et banques US (règles de netting différentes).
Cela dit, je regarde le RoE et le ratio de levier - l’aggrégation des 2 se rapproche du RoA.
Et oui, Svenska Handelsbanken m’intéresse. Mais quand j’ai regardé les banques suédoises il y a quelques mois, j’ai préféré acheter Nordea et Skandinaviska Enskilda Banken, moins mal-aimées par le marché. Donc je vais plutôt renforcer celles-là. En tout cas, j’apprécie les banques suédoises et j’ai une grande estime pour le travail de la Riksbank, une excellente banque centrale qui a développé son propre modèle de politique monétaire (très transparent) et où je connais de bons collègues.
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#27 15/10/2018 10h00
- FVHR
- Membre (2017)
- Réputation : 9
Bonjour à tous,
Merci pour cette excellente file, et à tous ses intervenants notamment scipion8 pour toutes ces précisions sur le système bancaire, c’est très intéressant.
Que pensez vous de Natixis à horizon moyen terme (1/2ans)?
Le rendement semble intéressant et pérenne sur le moyen terme, beaucoup de trésorerie à investir, si la stratégie en 2019 fonctionne je vois l’action remonter.
Au plaisir d’echanger
Objectif retraite 2030 —-> J-3756
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3 #28 16/10/2018 10h54
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
Bonjour FVHR,
Une remarque préliminaire générale avant de passer à Natixis : pour investir dans des banques, je vous conseille un horizon plus long que 1-2 ans. En effet, le timing de la prochaine crise / récession est à peu près imprévisible et toutes les banques sont par nature fortement exposées au cycle économique. Donc à un horizon de 1-2 ans vous pouvez parfaitement faire une moins-value sur des actions d’une banque pourtant excellente, si une récession a lieu dans le même temps. En revanche, sur un horizon de 8-10 ans qui correspond (plus ou moins) à la durée "normale" des cycles (même si on peut remettre cela en question au vu du très long cycle de croissance en cours aux USA), le risque de perte (sur une banque excellente) est beaucoup plus réduit.
Donc sur les actions bancaires, la stratégie (à mon sens) c’est soit d’investir sur un horizon long, soit de prendre position vers le point bas du cycle économique (plus difficile) : perso j’essaie de concilier les deux stratégies.
Une deuxième remarque générale : on ne peut pas vraiment analyser la "trésorerie" d’une banque (i.e. le cash disponible) comme pour une entreprise industrielle. Une banque a par nature chaque jour des flux financiers énormes, qui peuvent fortement changer sa position nette. Il vaut mieux raisonner en termes de liquidité, c’est-à-dire d’actifs liquides disponibles, dont certains mobilisables en garantie auprès de la banque centrale : ce sont les informations que donnent le LCR (Liquidity Coverage Ratio) et le volume d’actifs liquides éligibles à la banque centrale (même si ces données peuvent aussi être "maquillées" en fin de période de reporting par les banques : window-dressing).
Maintenant mon opinion perso sur Natixis :
1) Natixis est filiale à 71% du groupe BPCE, qui est une banque solide (Core Equity Tier 1 ratio "plein" de 9,5% dans le stress test de 2016, comparé à 10,5% pour le Crédit Agricole, 8,5% pour BNP Paribas et 7,5% pour la SocGen). Pour moi cela signifie que le risque principal pour un actionnaire de Natixis est le risque de dilution par recapitalisation par BPCE - et au vu du track-record de Natixis pendant la dernière crise (prise de risque excessive) c’est un risque important. Intuitivement, je préfèrerais être prêteur obligataire de BPCE/Natixis (parce que le risque de défaut est a priori faible) qu’actionnaire de Natixis, en raison de ce risque de dilution. De façon plus générale, je préfère investir au plus haut niveau d’un groupe que dans une filiale - ou en tout cas être actionnaire d’une filiale demande à mon sens une rémunération suffisante du risque de dilution.
2) Le business de Natixis est structuré autour de 5 pôles :
(i) Le pôle "Asset & Wealth Management" (32% du PNB total) est en croissance de 10% au T2 2018. Bonne profitabilité. Acquisition de MV Credit au Royaume-Uni.
(ii) Le pôle "Banque de Grande Clientèle" (37% du PNB) est en recul de 5% au T2 2018. Profitabilité bonne mais en recul. Acquisitions en M&A au Royaume-Uni, France et Chine.
(iii) Le pôle "Assurance" (7% du PNB) est en croissance de 8% au T2 2018 et très profitable.
(iv) Le pôle "Services Financiers Spécialisés" (14% du PNB) est en croissance de 7% au T2 2018 et sa profitabilité s’améliore. Acquisitions récentes de Dalenys et Payplug.
(v) Le "Hors pôles" (7% du PNB) comprend notamment la participation de 41% dans Coface. Faible profitabilité.
J’apprécie l’ambition de Natixis d’être présente dans autant d’activités différentes, mais je me méfie de cette volonté de croissance à tout crin (a jack of all trades is a master of none) et du risque de surpayer la croissance externe en haut de cycle. La croissance et la rentabilité des activités paraissent bonnes, mais nous sommes probablement en haut de cycle.
3) Natixis a un Core Equity Tier 1 ratio de 10,8% (OK, mais pas si confortable que ça = risque de recapitalisation par BPCE en cas de récession), un ratio de levier de 4,0% (OK), pas de dépendance aux banques centrales mais 26 milliards € de liquidité excédentaire (OK, même si Natixis se finance probablement auprès de BPCE). L’excédent en fonds propres est de 2,9 milliards €, à comparer avec des actifs totaux de 520 milliards € et des actifs pondérés du risque (RWA) de 110 milliards € : pas si confortable.
4) Le cours actuel de Natixis offre-t-il une rémunération suffisante à l’actionnaire ? PER 9,9 contre 8,6 pour BNP Paribas, 11,1 pour SocGen, 10,5 pour Crédit Agricole. Dividende 6,8% contre pour BNP Paribas, 6,2% pour SocGen, 5,2% pour Crédit Agricole. Un achat est envisageable à ces niveaux mais perso je considère que le risque, en termes relatifs par rapport aux autres banques françaises, n’est pas encore assez bien rémunéré, au vu (i) d’un business model plus risqué (activités encore plus fortement exposées au cycle qu’une banque universelle), (ii) d’un track-record médiocre en termes de gestion du risque, et (iii) du risque de dilution par BPCE. Cela dit, dans le cadre d’un portefeuille diversifié de banques françaises, Natixis pourrait éventuellement m’intéresser avec un dividende >7% (je comparerais ça avec une bonne banque italienne).
5) Bon c’est plus superficiel, mais perso je ne suis pas super à l’aise avec la communication et (probablement) la philosophie de Natixis :
- "New dimension : deepen, digitalize & differentiate" : deepen OK, digitalize OK, differentiate ça me semble ambitieux… Comme les empires, les banques s’effondrent lorsqu’elles ont voulu trop s’étendre…
- Surtout le motto "Natixis - Beyond Banking" m’inquiète un peu : moi quand j’investis dans une banque, je préfère une banque du type "Just Banking", "Banking. Nothing else", ou "Banking, what else?" ;-)
- Enfin, le fait que certains éléments de la communication financière ne soient qu’en anglais ne me rassure pas : la communication financière de BNP Paribas, par exemple, est systématiquement en français et en anglais. C’est le genre de signaux qui me font penser que comme la grenouille de La Fontaine, une banque se voit trop belle, trop grande… et ça c’est dangereux.
Donc au final, perso je reste à l’écart de Natixis. Je suis beaucoup plus à l’aise avec mes actions BNP Paribas (fond de portefeuille) et SocGen (petite ligne opportuniste). Crédit Agricole, pourquoi pas. Mais : (i) je pense que les obligations BPCE (pas sûr que Natixis en émette) doivent être intéressantes pour un rentier, (ii) dans le cadre d’un portefeuille actions diversifié de banques françaises, une répartition du type BNP 40%, SocGen 25%, Crédit Agricole 25%, Natixis 10%, me semblerait OK.
Perso, je m’intéresserai vraiment aux actions Natixis qu’une fois la démonstration faite que Natixis peut traverser une grosse crise sans problème (donc sans recapitalisation par BPCE).
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#29 31/10/2018 12h30
- kho78
- Membre (2018)
- Réputation : 1
Tout d’abord merci beaucoup Scipion8 pour tout ce temps passé à partager vos connaissances sur le sujet.
Je suis également investi en BNP Paribas, mais je dois avouer qu’étant débutant, c’est suite à beaucoup moins de réflexions et d’analyses que vous. Je suis plutôt rassuré après lecture de vos articles.
En analysant vos données, j’ai l’impression que la banque Nordea pourrait être intéressantes: bon rating, stress test OK, bon dividende. Peut-être le ratio de versement des dividendes qui est un peu élevé à 85%?
Cette action s’échangeant également à Stockolm, en ce moment la couronnne suédoise est historiquement basse par rapport à l’euro, ça pourrait être une opportunité d’achat?
En fait, en cherchant un peu, j’ai trouvé ma réponse:
Portefeuille d’actions de Scipion8
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
Dernière modification par kho78 (31/10/2018 13h48)
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1 #30 31/10/2018 12h36
- doubletrouble
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“INTJ”
@kho78 : méfiez-vous de Nordea pour l’instant, elle est impliquée dans l’affaire de blanchiment Danois et je ne suis pas sûr que les pénalités potentielles soient bien priced-in :
Bloomberg - Are you a robot?
✯ Mangia bene, caca forte, e non aver paura della morte.
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1 #31 31/10/2018 12h38
- kiwijuice
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kho78 a écrit :
Tout d’abord merci beaucoup Scipion8 pour tout ce temps passé à partager vos connaissances sur le sujet.
Je suis également investi en BNP Paribas, mais je dois avouer qu’étant débutant, c’est suite à beaucoup moins de réflexions et d’analyses que vous. Je suis plutôt rassuré après lecture de vos articles.
En analysant vos données, j’ai l’impression que la banque Nordea pourrait être intéressantes: bon rating, stress test OK, bon dividende. Peut-être le ratio de versement des dividendes qui est un peu élevé à 85%?
Cette action s’échangeant également à Stockolm, en ce moment la couronnne suédoise est historiquement basse par rapport à l’euro, ça pourrait être une opportunité d’achat?
En Scandinavie, il n’y a qu’une bluechip à acheter: Svenska Handelsbanken. La mieux gérée et celle qui a traversé sans encombres les crises.
Dirige un cabinet de CGP - triple compétence France / Suisse / UK
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7 #32 26/11/2018 20h16
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
L’Autorité Bancaire Européenne a publié les résultats de ses stress tests sur les grandes banques européennes (48 banques, représentant 70% du total des actifs du système bancaire de l’UE). Le scénario "adverse" de stress consistait en une chute cumulative du PIB de l’UE de 2,7% sur 3 ans (2018-2020) et une baisse des prix de l’immobilier de 20% sur la même période.
En termes de ratio de solvabilité (CET1 = Common Equity Tier 1), les banques françaises les plus solides sont le Crédit Mutuel, le Groupe BPCE et le Crédit Agricole, alors que BNP Paribas, La Banque Postale et la Société Générale se placent pas loin de la queue du peloton européen (assez déçu de ces résultats perso), se faisant dépasser notamment par les grandes banques italiennes et espagnoles.
Ratio de solvabilité (CET1, fully-loaded) 2020 dans le scénario adverse :
Si on compare les résultats des stress tests 2018 aux précédents stress tests (2016), on voit que certaines banques européennes (Irlande, Belgique, Pays-Bas notamment) ont nettement réduit le risque sur leurs actifs, alors que pour la plupart des banques françaises il n’y a pas de grand changement dans la résilience des bilans aux chocs. Pour la Banque Postale, il y a même une évolution négative. Bien sûr, cette comparaison n’est pas parfaite car les scénarios des 2 stress tests sont différents, mais il s’agit quand même d’une tendance sans doute pertinente.
Evolution du ratio de solvabilité (CET1, fully-loaded) dans les scénarios adverses des stress tests 2018 vs. 2016 :
Si on met en rapport les ratios de solvabilité du stress test avec les niveaux des dividendes, les banques suédoises, néerlandaises, ainsi que BPCE (il s’agit de Natixis) et le Crédit Agricole semblent attractives, offrant un bon profil rendement / risque.
Si on met en rapport les ratios de solvabilité avec les niveaux de valorisation (PER), les banques danoises (affectées par le scandale Danske Bank), Allied Irish Banks, Nordea / Skandinaviska Enskilda Banken en Suède, et ABN AMRO paraissent attractives, offrant une certaine sécurité à bon prix.
Note : Le dividende et le PER affichés pour le Groupe BPCE sont ceux de sa filiale cotée Natixis.
AMF : Actionnaire de BNP Paribas, Société Générale, HSBC, Nordea, Skandinaviska Enskilda Banken (fond de portefeuille), Deutsche Bank (spéculatif).
Dernière modification par Scipion8 (27/11/2018 15h07)
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#33 27/11/2018 00h03
- Surin
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A propos du ratio de solvabilité dans le premier graphique, comment lire le pourcentage ?
A partir de combien de % peut-on considérer que le résultat est satisfaisant ou suffisant ?
Parrainage BOURSORAMA code : LIKA0507 - BforBank YYXC - TOTAL ENERGIE : 112210350
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1 #34 27/11/2018 15h31
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Surin : Le capital d’une banque représente sa solvabilité = sa capacité à absorber des pertes sur ses actifs.
Le capital d’une banque est constitué de différentes "couches", qui absorbent les pertes l’une après l’autre :
- Le Common Equity Tier 1 représente la première couche de protection : elle est constituée par les actions "standards" (common shares) et les réserves (profits non distribués).
- L’Additional Tier 1 est constitué de produits hybrides, à mi-chemin entre actions et obligations subordonnées : des obligations convertibles en actions sous condition, par exemple (CoCos = contingent convertible)
- Le Tier 2 est notamment constitué de produits hybrides dont la capacité d’absorption est plus incertaine / conditionnelle, par exemple des obligations subordonnées de longue maturité.
Ces couches de capital successives protègent les déposants et les détenteurs d’obligations senior : ils ne seront en risque que si ces 3 couches sont annihilées (= pertes totales) par les pertes.
Afin de mesurer la capacité des banques à absorber les pertes, les superviseurs ont défini différents ratios de solvabilité, notamment :
1) Certains ratios comparent différentes mesures du capital aux actifs pondérés par les risques : c’est le cas notamment du :
- CET1 Ratio = Common Equity Tier 1 / RWA (risk-weighted assets = actifs pondérés par les risques)
- Capital Adequacy Ratio = (Tier 1 capital + Tier 2 capital) / RWA
2) A l’occasion de la grande crise de 2008-2009, il est apparu que certaines pondérations des risques pour les actifs étaient inadaptées, et surtout que les banques étaient devenues expertes à jouer sur ces pondérations pour "optimiser" leur ratio de solvabilité. Les superviseurs ont donc décidé de complémenter les ratios de capital sur actifs pondérés par les risques par une mesure plus "brute", sans pondération par les risques :
- Leverage ratio = Tier 1 capital / total actifs (non pondérés par les risques)
Dans le cadre de la réforme Bâle III, les seuils minima ont été fixés à 4,5% pour le CET1 et à 3% pour le leverage ratio. Pour le Capital Adequacy Ratio, c’est plus complexe : les superviseurs peuvent définir des "buffers" supplémentaires, selon l’importance systémique ou non de la banque, le cycle économique etc. Selon les situations le niveau minimum imposé par les superviseurs est entre 8% et 10,5%.
Dans les stress tests européens, on évalue 2 ratios (le CET1 et le leverage ratio) dans un scénario macroéconomique défavorable. Mon message ne couvrait que le CET1, mais le leverage ratio est aussi pertinent.
En première analyse, il semble que toutes les banques testées passent le test du CET1 sans grande difficulté : les moins solides ont un CET1, dans le scénario adverse, autour de 6%, donc bien au-dessus du minimum prudentiel de 4,5%. La marge entre le CET1 dans le scénario adverse et 4,5% correspond à la "marge de sécurité" de chaque banque.
Mais dans la pratique, il faut être prudent avec ces stress tests, car les crises ont la caractéristique de frapper là où on ne l’attend pas (si on pouvait tout anticiper, il n’y aurait plus de crise). Donc perso, je me focalise davantage sur la comparaison relative des résultats des stress tests que sur les niveaux absolus. Du point de vue d’un investisseur assez prudent en actions bancaires, je conseillerais d’exclure la queue du peloton et de cibler de préférence des banques avec un CET1 sous scénario adverse > 8%. Bien sûr, tout dépend de l’aversion au risque de chacun.
Dernière modification par Scipion8 (27/11/2018 17h48)
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#35 27/11/2018 16h18
- tikou
- Membre (2014)
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Scipion8,
Quelle est selon vous la réaction des banques à la publication des stress tests ? Y-a-t-il une concurrence entre banques pour être "bon élève" et chercher à avoir des meilleurs ratios que les autres ? Y-a-t-il des incentives en ce sens ?
Je pense notamment à BNP ou HSBC que vous avez je crois en portefeuille mais qui figurent dans vos graphiques dans des zones in-between : plutôt solvables, mais pas parmi les meilleurs de la classe ; rendements élevés, mais pas parmi les plus élevés.
Peut-on dire selon vous qu’une bonne banque est une banque qui verse un dividende "dans la moyenne" avec une solvabilité "dans la moyenne" ?
Je ne comprends pas non plus comment Intesa Saopolo peut avoir un dividende de 10,30% tout en ayant une solvabilité paraissant acceptable ceci alors qu’elle est sans doute perçue comme étant à risque en raison des discussions sur le budget italien.
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#36 27/11/2018 18h01
- JesterInvest
- Membre (2010)
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Il faut aussi bien voir que tout dépend du scénario. Par exemple, j’imagine qu’il n’y a pas de haircut sur la dette Italienne par exemple.
HSBC n’est que très peu en Europe, donc se pose la question de comment a été modélisé ses autres activités.
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#37 27/11/2018 19h57
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
@Tikou : Oui, il y a un intérêt éventuel pour une banque à afficher des résultats solides dans un stress test : un accès meilleur et/ou moins cher à la liquidité sur le marché monétaire et sur le marché obligataire. En temps "normal" (comme actuellement), je ne pense pas que les résultats des stress tests fassent une grosse différence - mais en temps de crise (contreparties et investisseurs beaucoup plus sélectifs et exigeants), ça peut être un gros avantage.
Du point de vue des superviseurs, la "marge de sécurité" en termes de solvabilité ne fait pas de différence à partir du moment où les minima prudentiels sont respectés. (S’ils ne sont pas respectés, les conséquences pour la banque peuvent en revanche être sérieuses, allant jusqu’à la suspension possible de l’accès aux opérations de la banque centrale et l’intervention du superviseur.)
Cela dit, une banque a d’autres objectifs que la solvabilité (= rassurer ses déposants, créditeurs, et les superviseurs). Le premier objectif, c’est évidemment la rentabilité pour l’actionnaire : donc l’optimisation du ROE… qui doit conduire à minimiser le capital (donc les ratios de solvabilité) !
Une banque doit optimiser son ROE tout en affichant un niveau de solvabilité solide, et avoir des actifs performants mais aussi suffisamment liquides. C’est le triangle des objectifs (parfois contradictoires) d’une banque : solvabilité, liquidité, rentabilité. Il faut trouver le bon équilibre, sachant que les exigences des actionnaires en termes de rentabilité, et les exigences des créditeurs en termes de solvabilité, varient au cours du temps.
De ce point de vue, mon interprétation de la position "moyenne", aux stress tests, de BNP Paribas et de HSBC (2 banques que je considère excellentes, et dont je suis actionnaire), c’est qu’elles peuvent se permettre ces niveaux moyens de solvabilité car elles ont la confiance de leurs créditeurs et contreparties. Elles peuvent donc donner la priorité à la rentabilité (le ROE).
En revanche, des banques a priori plus fragiles, gravement touchées pendant la dernière crise (en Italie, Irlande, Espagne), ont manifestement voulu renforcer leur solvabilité, pour regagner la confiance des créditeurs. Elles ont sans doute atteint cet objectif par une moindre distribution de dividendes et/ou un effort de réduction du bilan (dont des banques comme BNP ou HSBC ont pu se dispenser).
Une position "moyenne" en termes de solvabilité peut donc indiquer un moindre besoin de renforcer sa crédibilité. Mais ce n’est pas une règle générale, il faut regarder l’historique de chaque banque. Je suis aussi actionnaire de banques très (trop ?) fortement capitalisées, comme Nordea et Skandinaviska Enskilda Banken.
S’agissant du dividende, pour moi c’est un critère essentiel de choix d’une action bancaire - alors que c’est pour moi beaucoup plus secondaire pour une entreprise industrielle. L’activité bancaire est par nature risquée et cyclique. Du fait de l’énorme leverage du bilan d’une banque, l’actionnaire prend un grand risque d’être dilué par des recapitalisations futures. Il est absolument nécessaire que ce risque pris par l’actionnaire soit bien rémunéré : par un bon dividende. Je ne m’intéresse donc pas aux banques qui ne versent pas de dividendes. Les banques françaises et suédoises me semblent proposer actuellement des rendements attractifs.
En revanche, je vérifie que le dividende attractif n’est pas versé au détriment de la solvabilité (les stress tests sont intéressants pour avoir une idée sur ce point).
Pour Intesa Sanpaolo, le dividende de 10% s’explique par la chute du cours. A mon sens, Intesa Sanpaolo a maintenant un bilan de qualité acceptable et un niveau raisonnable de solvabilité. La chute du cours s’explique essentiellement par le contexte italien, plus que par les fondamentaux de la banque. C’est une action qui m’intéresse aux niveaux actuels, si on est raisonnablement optimiste pour l’Italie (ce qui est mon cas). Mais étant donné l’exposition des banques italiennes à la dette souveraine italienne, la contagion de l’incertitude politique est inévitable. Donc je n’envisagerais qu’une petite position, avec un horizon de long-terme, et une pleine conscience du risque de pertes. (Dans le même genre, je suis actionnaire de Deutsche Bank, dans un pari spéculatif, pour l’instant perdant.) Mais les banques françaises, suédoises, éventuellement néerlandaises, me semblent offrir un meilleur couple rendement / risque actuellement.
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#38 28/11/2018 14h33
- bibike
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Merci beaucoup Scipion pour vos analyses et classements quantitatifs ! Très intéressant !
Sauf erreur, pour Natixis le futur dividende sera en partie composé d’exceptionnel suite cession de branche.
Donc avec 0.37 € d’ordinaire, sur le cours du 26/11 on serait plutôt autour de 7.4% de rendement que de 9.3%.
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#39 31/01/2019 20h31
- Nesquick1342
- Membre (2019)
- Réputation : 2
Cours très faibles et rendements attractifs sur pas mal d’entre elles
Dans une optique de long terme (objectif : plus value si possible mais surtout dividendes)
Quelles sont vos valeurs préférées?
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
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#40 31/01/2019 21h04
- Skarklash
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Pour moi, le timing actuel n’est pas optimal car il y a trop de risques potentiels :
- récession en Italie (2eme trimestre de baisse du PNB) où certaines sont investies
- hausse des taux (pénalisante à CT) mais qui permettra de redonner des marges à plus long terme
- enquête en cours sur une entente sur les taux obligataires
- baisse de la croissance attendue en europe (chine aussi et remontée des taux aux USA)
- Brexit dans l’impasse pour le moment (reste 2-3 mois pour conclure tous les accords de sortie)
- maintien des capitaux propres élevés (renforcement des normes prudentielles)
Même si les cours actuels font ressortir des rendements intéressants, le potentiel de baisse est important à court, voir moyen terme pour certaines banques.
Actionnaire de BNP et Crédit Agricole, j’attendrai encore avant de renforcer si jamais je devais le faire.
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#41 01/02/2019 07h25
- Nesquick1342
- Membre (2019)
- Réputation : 2
J’ai tout de même l’impression que ces éléments sont pris en compte largement dans les cours actuels
Certains facteurs de risque risquant même de s’attenuer en cours d’annee (Brexit : solution sera trouvée Italien : c’est une récession technique donc q3 retour croissance Hausse des taux : la fed calme le jeu et bce a peur d’augmenter ses taux en raison de dettes souveraines…)
Cependant je pense également intéressant de lisser ses achats car à court terme les doutes demeurent
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
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#42 16/06/2019 16h29
- PavelK
- Membre (2017)
- Réputation : 28
Merci Scipion8 pour les infos très pertinentes.
Je suis en train de regarder Natixis et j’aimerais vous demander d’expliquer un peu plus le risque de dilution par BPCE? Je suis novice dans cette matière mais normalement quand il y a une augmentation du capital les actionnaires existants recoivent les bons de souscription qui permettent justement d’eviter la dilution.
Ou vous parlez des cas extrêmes ou un actionnaire majoritaire ou l’état rentrent en capital afin de sauver l’entreprise?
MYC - Mind Your Cash (Chaîne YouTube). Parrainage: Boursorama, Fortuneo, Saxo Bank, Degiro
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#43 24/06/2019 13h07
- Scipion8
- Membre (2017)
- Réputation : 2535
Bonjour PavelK,
Effectivement, en principe les mêmes droits doivent être ouverts à tous les actionnaires, sans discrimination.
Néanmoins :
1) Une recapitalisation importante a souvent lieu dans un climat troublé, par exemple en pleine crise bancaire : un petit porteur pourrait alors hésiter à y participer (voire ne pas le pouvoir financièrement) et donc se faire diluer.
2) Evidemment, dans des scénarios plus extrêmes de nationalisation ou résolution (séparation good bad / bad bank, vente à un nouvel actionnaire majoritaire etc.), la dilution des actionnaires existants peut être beaucoup plus massive.
3) Ce qui me préoccupe spécifiquement sur Natixis, c’est mon impression que la présence de BPCE comme actionnaire majoritaire (70,6%) puisse "déresponsabiliser" le management de Natixis et conduire à une prise de risque excessive (aléa moral). L’historique ancien et récent de Natixis dans le domaine n’est pas encourageant. Je préfèrerais sans doute être actionnaire de la banque parente, mais dans le cas de BPCE ce n’est pas possible.
Bref, je n’ai pas changé d’avis sur Natixis (au contraire, au vu du souci sur H2O), et en France je préfère nettement BNP Paribas, voire SocGen et le Crédit Agricole (je suis actionnaire des 2 premières). Cela dit, le contexte de taux bas ad infinitum est mauvais pour la profitabilité des banques, et je pense qu’il y a mieux à faire dans d’autres secteurs.
@Bibike : Effectivement, je m’étais trompé sur le dividend yield de Natixis, je corrigerai à une prochaine mise à jour des graphiques.
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#44 24/06/2019 18h58
- pitivier
- Membre (2015)
- Réputation : 19
Bonjour,
Que pensez-vous de Banco santander 1ere banque espagnole et BBVA 2ème banque espagnole
Aussi les espagnols sont nettement moins endettés que les français actuellement.vu la crise des dernières
années
En 2014 et 2015 si je ne me trompe pas la BCE leur a demandé de verser moins de dividende et de
renforcer leurs fonds propres.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
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#45 12/12/2019 22h00
- Ystava
- Membre (2016)
- Réputation : 9
Je m’interroge sur le cas de la première banque privée du Portugal, Millennium BCP.
Le cours du titre a fait une dégringolade spectaculaire, passant de 8 € fin 2010 à 1,6 € fin 2011. Et depuis 2015, le cours est constamment sous les 1 € (0,19 € au cours du jour, soit un RGP de 9,01).
Ayant du mal à trouver des avis d’analystes car ne parlant pas le portugais, je m’explique cette situation par la crise de l’Euro en 2012, suite à quoi la banque a dû :
- contracter un prêt convertible de 3 milliards d’euros
- procéder à plusieurs augmentations de capital
Cependant, la banque ne semble pas être en mauvaise santé. Quelques chiffres pour l’année 2019 :
Actifs : 80 milliards d’euros (+10,6 % par rapport à 2018)
Revenu net : 169,8 millions d’euros (+12,7 %)
Marge nette : 2,1 % (c. 2,2 %)
Ratio de liquidités : 214 % (c. 176% en 2018)
Ratio de solvabilité : 12,2 % (c. 11,7 %)
Les fondamentaux tant de BCP que du Portugal sont encore modestes mais pas catastrophiques, et leurs perspectives s’améliorent : assainissement des comptes et augmentation de la clientèle pour BCP, bonne reprise économique pour le Portugal.
De plus, BCP parie sur zones géographiques dont la croissance surpasse celle de son marché principal : Pologne et Afrique lusophone, plus Chine dans une moindre mesure.
Ces ouvertures internationales aident à réduire le risque opératoire sur le marché principal, et pourraient également constituer une dot appréciable dans le cadre des fusac transfrontalières, si et quand l’Union bancaire sera achevée.
Au hasard je pense à une prise de participation ou rachat par la Sogé, qui est apparemment l’une des dernières banques européennes à miser sur l’Afrique, et qui s’était désengagée de la Pologne faute d’avoir une taille critique (en vendant justement Eurobank à la filiale de BCP dans ce pays) mais qui pourrait aussi être intéressée par une présence désormais renforcée en Pologne.
En considérant ces facteurs, je me demande s’il n’y a pas un pari à faire sur cette valeur, pour qui est joueur sur le long terme (au moins une dizaine d’années).
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#46 16/04/2020 18h53
- jardinier
- Membre (2020)
- Réputation : 11
Un article de boursier décidément intéressant ce soir que je met sur cette magnifique file de scipion8 sur un assouplissement des règles de crédit pour permettre aux banques de continuer à soutenir les entreprises aux prises avec le covid: Banques: Accord en vue à l’Ecofin sur un assouplissement des règles pour favoriser le crédit
Les banques étant tellement importantes pour sortir de la crise actuelle, on voit qu’ils feront (presque) tout pour qu’elles ne se retrouvent pas en difficulté.
AMF trop actionnaire
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#47 17/04/2020 05h22
A titre personnel j’ai l’impression que le marché à particulièrement sanctionné les banques et assurances par réflexe - le résultat du traumatisme de 2008. Mais cette crise actuelle n’a rien de financière, les banques sont en plus mieux capitalisées et surveillées et les états ont les outils et la volonté de les protéger.
De fait je trouve la sanction excessive : oui il y aura des dépréciations à cause de clients ne payant plus leur crédits, mais est-ce que le secteur souffrira plus que le reste de l’économie ? Les cours ont peu rebondis et je pense qu’il est encore temps d’acheter, des actions mais aussi des obligations perpétuelles et co-co qui ont été très malmenées.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.
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#48 17/04/2020 10h07
- Franckielestore
- Membre (2014)
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Peut être une baisse inéluctable des taux d’intérêts par les actions de la BCE va-t-elle aggraver la situation des banques. C’est peut être ce qu’anticipent les investisseurs.
En tout cas ce n’est pas le cas de JP MORGAN : visiblement cette banque US est positive et a l’intention d’acheter du SOCIETE GENERALE. Source : article de Gilles Leclerc de Univers Bourse, que cette recommandation de JP MORGAN inspire.
A noter que ce matin à 10h00, SOCIETE GENERALE superforme très largement le CAC40, peut être un signe….
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1 #49 17/04/2020 11h22
- Flavius
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L’emprise des régulateurs bancaires et de la BCE sur l’activité des banques européennes, a transformé celles-ci en "utilities". Leur rôle sociétal (financer l’économie réelle qui n’a pas accès aux marchés, financer les Etats avec l’argent de la BCE, protéger les déposants et les contribuables de tout sauvetage extérieur) est à rapprocher au privilège du robinet de la Banque Centrale.
Solvabilité considérablement renforcée au prix d’une rentabilité massacrée.
On note qu’avec le choc extérieur du Covid-19, les régulateurs relâchent l’étau réglementaire et offrent de la respiration aux banques; la contrepartie immédiate est le diktat sur la suppression des dividendes.
Gageons qu’une rentabilité retrouvée (on ne sait guère comment à l’horizon de quelques mois) ne manquerait pas de voir réapparaître surtaxes de solidarité, coussins contra-cycliques et autres mesures qui brideraient la rentabilité au profit de la solvabilité. Les milliards d’actifs au bilan ne sont pas prés de décoller de leur Return On Assets d’environ 0,4%
Tant mieux pour la société les déposants et les contribuables qui ont besoin de banques solides.
Pour les actionnaires, vae victis.
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2 2 #50 16/11/2020 20h00
- simplicitaire
- Membre (2012)
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Le secteur bancaire français, qui possède quoi?
Je trouve la cartographie bien faite:
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