Petit point d’étape sur la vente à découvert et son impact sur les cours.
Le confinement (début d’année), puis les rumeurs d’augmentation de capital (cet été) ont amené à des prises de positions short importantes au cours de l’année 2020.
Ces prises de position ont impacté les cours.
Sur le premier point (short en lien avec l’impact sur le confinement), C. Cuvillier avait notamment été interrogé spécifiquement sur le sujet en milieu d’année, et avait indiqué qu’à la différence des autres foncières françaises, Unibail n’avait pas bénéficié des dispositions d’interdiction temporaire des opérations de vente à découvert, ce qui pouvait en expliquer le poids et l’impact sur le cours.
Sur le second point (spéculation augmentation de capital), il a pu être lu que Cuvillier aurait volontairement fait fuiter cet été les informations relatives à cette opération, ce qui pouvait lui servir à alimenter la vision très noire de la situation qu’il dressait alors (pas d’alternative à l’augmentation de capital) tout en se mettant les banques dans la poche (pouvant entrer plus bas pour garantir le succès de l’opération).
Récupéré sur le site shortsell.nl (déjà utilisé sur ce fil de discussion), le graphique placé ci-dessous présente une représentation de la part du capital en position short. Le niveau réel de vente à découvert lors des pics de tension a été estimé à des niveaux bien supérieurs dans certains articles de presse, la déclaration de position short n’étant activée qu’à partir de certains niveaux de détention. Le graphique ne présente donc pas une vision exhaustive, mais il permet néanmoins de saisir la tendance à l’oeuvre.
On peut ainsi remarquer :
- que l’on part d’une position short "officielle" à 0% au 23 mars 2020
- qu’un nombre restreint de hedgefonds ont construit une position short entre mars et début août, misant probablement sur la dimension "impact COVID", pour monter jusqu’à 10% du capital environ
- que l’on voit apparaître à partir d’août de nouveaux hedgefonds, pour une position qui a frôlé les 15% à son pic
- que la position est redescendue aux alentours de 7-8% ces derniers jours
Si l’on observe plus en détail le graphique et que l’on se représente mentalement le cours de bourse d’URW sur la période correspondante, il semble que l’on peut tirer les conclusions suivantes, qui me semblent plus intéressantes :
- le niveau de vente à découvert est redescendu en-dessous du niveau qui prévalait en amont des rumeurs d’augmentation de capital : l’effet augmentation de capital aurait donc été entièrement gommé, et l’effet COVID partiellement
- cette hypothèse (basée sur le niveau global de vente à découvert) semble se vérifier lorsque l’on regarde la vision ventilée par hedgefunds.
a/ Dans les 7-8% de vente à découvert restants à ce jour, la plus grande partie est rentrée avant l’été (ce sont ceux qui constituent la partie basse du graphique).
b/ Une très large majorité des hedgefunds rentrés sur la rumeur d’augmentation de capital, apparaissant dans la partie supérieure droite du graphique et présents au pic de début octobre, sont sortis.
Si l’on repense aux cours d’entrée de chacun de ces intervenants, cela apparaît normal : tous les hedgefunds entrés tardivement sont entrés à des niveaux de cours beaucoup plus bas que ceux entrés avant l’été, ils ont donc été contraints de revendre rapidement lorsque l’augmentation de capital a été rejetée, que la dilution a cessé d’être une menace sur le niveau du titre et que le titre est reparti en flèche.
A l’inverse, un intervenant comme D1 Capital Partners (en orange, ayant constitué sa position à partir de la mi-mai et qui représente encore 1/3 de la position short à ce jour) est très certainement rentré à un cours plus élevé (augmentation très rapide de la position avant la mi-juin, période où le cours était remonté vers les 70 avant de redescendre dans le courant de l’été). Leur position a été réduite par rapport au pic d’octobre (ils ont pris une partie de la plus-value), mais j’imagine qu’ils présentaient un PRU parmi les plus hauts des hedgefunds, et que la remontée récente a davantage grignoté une plus-value latente qui avait dû atteindre un niveau élevé, que généré des pertes.
En conclusion, je trouve que ce graphique illustre de manière très visuelle les deux "paris" qui ont pu être pris sur le titre, et les raisons pour lesquelles l’un (dilution) est clôturé tandis que l’autre continue de courir partiellement, malgré le newsflow très positif des dernières semaines.
Il vérifie également un phénomène couramment observé et discuté en bourse : en général, les derniers qui rentrent dans le bateau d’une tendance majoritaire … sont ceux qui perdent le plus gros (mieux vaut, alors, ne pas se baigner sans maillot de bain).
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.