GaeCap a écrit :
Les dépôts des clients sur leur compte courant sont une source de financement extrêmement minoritaire dans le bilan d’une banque, les coûts de financement des banques vont donc augmenter
Je ne suis pas certain que l’on puisse tirer une conclusion correcte de l’observation d’un schéma stylisé et des données d’une banque minuscule.
Voici par exemple les passifs du Crédit Mutuel au 31/12/2021, qui a l’avantage de ne pas être pollué par une BFI trop importante comme le sont BNP ou Société Générale (source) :
Le total des passifs est de 1081 GEUR dont on peut exclure les passifs relatifs à l’assurance de 188 GEUR, soit un total de 893 GEUR de passifs bancaires. Sur ce montant, 548 GEUR sont des dettes envers la clientèle soit 61% des passifs bancaires. Les comptes courants représentent quant à eux 265 GEUR, soit 48% des dépôts de la clientèle et 30% des passifs bancaires.
À un niveau plus macro, les chiffres de la Banque de France sur les dépôts sont les suivants (source) : les comptes courants représentent 48% des dépôts bancaires. C’est parfaitement cohérent avec l’analyse micro menée sur Crédit Mutuel.
On ne peut donc pas dire que les comptes courants sont une source de financement extrêmement minoritaire dans le bilan d’une banque (de détail). En effet, ceux-ci représentent au moins un tiers des ressources de financement (à taux fixe zéro donc).
GaeCap a écrit :
En pratique, l’effet de la hausse des taux va beaucoup varier d’une banque à l’autre, les banques de détail type caisses régionales vont souffrir… elles ont principalement des crédits immobiliers à taux fixes avec des maturités moyennes de 7 à 10 ans, l’effet ciseau va massacrer leurs marges de crédit.
Ces crédits immobiliers à taux fixe octroyés ont été naturellement couverts en grande partie par les comptes courant (à taux fixe zéro), dont les encours sont conséquents comme démontré précédemment. Donc il n’y aura pas de massacre de leur marge. Et si ces banques ont correctement fait leur boulot en termes de gestion des risques, elles ont emprunté (à taux fixe) le solde nécessaire dans le cas où l’encours de comptes courants n’était pas suffisant pour couvrir naturellement l’encours de crédits.
MisterVix a écrit :
Ne peuvent elles pas plutôt rémunérer les comptes à terme plutôt que les CAV? Et ainsi continuer à faire de la transformation puisqu’elles disposeront de sommes bloquées sur les CAT?
Igorgonzola a écrit :
Je ne crois absolument pas à une rémunération des dépôts à vue. C’est du suicide pur et simple et complètement orthogonal à la stratégie depuis des années.
@Concerto, qu’est ce qui vous fait imaginer cela ?
Oui, les banques ont commencé à remonter les taux de leurs produits d’épargne (livrets, CAT) comme cela a été discuté ici. Et c’est bien je pense leur objectif de se borner à rémunérer les dépôts hors comptes courants, comme elles l’ont toujours fait.
Je ne dis pas que la rémunération des comptes courants arrivera puisque les banques n’y ont absolument pas intérêt comme vous le soulignez. C’est un vieux serpent de mer dans le milieu bancaire et peut-être qu’il le restera.
Mais ce risque reste malgré tout présent, par exemple dans un scénario (que je ne prétends pas du tout écrit d’avance) de recherche à tout prix de ressources de financement complémentaires. Une ou plusieurs banques pourraient se mettre à rémunérer les CAV pour attirer les encours de la concurrence ; et au final toutes les banques seraient contraintes de s’y mettre. Mais ce serait à moyen terme un suicide, effectivement.
L1vestisseur a écrit :
Les bénéfices des banques américaines au troisième trimestre devraient diminuer en raison des risques économiques et de l’effondrement des transactions.
Et pour finir, je me suis borné ici à détailler un peu le financement d’une banque de détail et les liens avec la marge d’intérêt en cas de variation des taux. Mais je ne prétends pas du tout faire une analyse exhaustive de l’impact de la hausse des taux actuelle sur le secteur bancaire. Il y a évidemment tout un tas d’autres enjeux liés au contexte économique (niveau d’endettement du secteur privé et public, risque de récession, etc.) !