REVUE DU S&P500 21/10/2022
(EN PRINCIPE, JE RÉDIGE CETTE REVUE TOUTES LES 3 SEMAINES)
PREAMBULE
Ce qui est exposé ci-après représente une "mise à plat" de mes réflexions concernant le marché boursier US. Je ne prétends absolument pas définir l’orientation du marché et, d’ailleurs, pour mes propres opérations boursières, je peux parfois prendre le contrepied de ce qui est présenté ci-dessous.
La principale utilité de ce travail est de poser des garde-fous qui m’éviteraient de prendre des décisions trop radicales en nuançant la vision que l’indécrottable bull que je suis depuis toujours pourrait avoir.
Enfin, je rappelle que je suis un investisseur "value" qui, s’il trouve des opportunités, les achètera quelles que soient les conditions de marché. Je ne peux plus pratiquer le DCA car l’épargne sur mes revenus professionnelles est devenue symbolique par rapport à la taille de mon patrimoine. Des investissements réguliers n’ont plus beaucoup d’impact pour permettre de "moyenner". De là découle mon obligation de tenter de "timer" un tant soit peu le marché.
Je commence par les conclusions afin de faciliter la lecture, le détail et les explications se trouvent à la suite.
EN RESUME
Tendance de marché LT : bearish
Récession : neutre
Valorisation du marché : bearish (anciennement : neutre)
Sentiment du marché : neutre (anciennement, légèrement bull)
Sentiment des analystes : légèrement bearish
Bilan de la Fed : bearish
Smart Money : neutre
Les indicateurs économiques de ces 3 dernières semaines restent excellents (à l’exception de l’inquiétante et durable inversion de la courbe des taux).
Contrairement à ce que j’avais estimé précédemment, une récession ne me semble pas imminente.
Par contre, revers de la médaille, les risques inflationnistes aux US ne me semblent pas du tout écartés en raison de la situation de plein emploi qui perdure envers et contre les hausses de taux de la Fed.
Les valorisations générales restent délirantes (dans une remise en perspective historique) mais, en cherchant, quelques opportunités apparaissent parmi les micro caps.
I. TENDANCE DU MARCHE
Marché baissier : le seul outil que j’utilise pour déterminer si nous sommes en marché haussier ou baisier sont les placements des moyennes mobiles à 50 et à 200 jours. Quand la MM50 se situe au-dessus de la MM200, nous sommes en marché haussier. Quand elle se situe en dessous, nous sommes en marché baissier. Ca ne signifie pas que j’achète ou je vends en fonction de ce critère, ça signifie juste qu’il faut éviter de prendre des positions franches contre la tendance. Ce qui n’empêche pas de se montrer raisonnablement contrarian comme en mars 2002 ou en novembre 2008.
Aujourd’hui, la MM50 se situe sous la MM200. De mon point de vue, nous sommes toujours en marché baissier. (inchangé par rapport au 30/09/2022)
II. RECESSION ?
1. Courbe des taux : l’inversion de la courbe des taux 2 ans et 10 ans a toujours été annonciatrice d’une récession dans les 6 à 18 mois (oui, je sais, c’est vague :-) ).
Ce phénomène a eu lieu 2 fois en 2022, une première fois, brièvement, le 1er avril et durablement depuis le 5 juillet. La courbe se redresse depuis un mois mais est toujours en zone négative. Ca situerait un début de récession entre le 1er octobre 2022 et le 5 janvier 2024 (oui, je sais, c’est encore plus vague 😊 ) (inchangé par rapport au 30/09/2022)
2. Demandes initiales de chômage : Si on excepte la récession et le chômage de mars 2020 volontairement créés par les pouvoirs publics, on constate que les récessions commencent toujours APRES que les demandes initiales de chômage aient commencé à augmenter.
Après une hausse relativement importante le 2Q2022, elles ont commencé à décroître le 16/07. La décroissance se poursuit et même de manière assez vigoureuse. Je dois avouer que je ne m’y attendais pas : le marché du travail me semblait tellement tendu qu’il me semblait qu’une augmentation du taux de chômage était la seul suite logique. (inchangé par rapport au 30/09/2022)
3. Total des heures travaillées : chaque récession depuis 60 ans a débuté avec une diminution des heures totales travaillées aux US. Les chiffres T3 ne sont pas encore dispo.
4. Heures prestées en travail intérimaire
Lors des derniers marchés baissiers, la courbe des heures prestées en intérim prenait une tendance baissière quand le marché était toujours haussier et elle a permis d’anticiper les bears markets. La courbe du travail intérimaire poursuit sa courbe ascendante et n’annonce, pour l’heure, aucun ralentissement économique.
III. VALORISATION DU MARCHE AMERICAIN
1. Price to book : 3,67
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 2,95
Plus bas crise covid (mars 2020) : 2,92
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 1,85
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 1,78
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 2.43
2. PER de Shiller : 27,11
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 26,99
Plus bas crise covid (mars 2020) : 24,82
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 19,70
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 13,32
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 21,96
Plus bas 1ere guerre du golf (octobre 1990) : 14,82
Plus bas « choc Volker » (aout 1982): 6,64
Plus bas stagflation année 70 et choc pétrolier (décembre 1974) : 8,29
3. Prime de risque (per de Shiller inversé – taux des t-bond 10 y) : -0,55 %
La prime de risque est au plus bas depuis octobre 2007. Le marché donne l’impression de penser que la hausse des taux longs n’est pas durable.
Repères :
Moyenne 2000-2022 : 0,70 %
Plus bas crise covid (mars 2020) : 3,20 %
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 2,12 %
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 1,78 %
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 0,61 %
4. "Buffet Indicator" ( corrigé pour tenir compte des remarques de Fallout)
(capitalisation boursière US - bilan Fed / PIB) : 110 %
Repères :
Plus bas crise covid (mars 2020) : 95.8 %
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 57.7 %
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 37.5 %
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 64.5 %
Début du grand bull market 1982-2000 (août 1982) : 31,16 %
Conclusions : De mon point de vue, les marchés restent surévalués. Ce ne sont pas encore des prix d’aubaine, une période de longue récession et/ou stagflation et/ou hyperflation ne me semble pas encore pricée mais l’exubérance irrationnelle de 2021 semble, en grande partie, gommée.
IV. PSYCHOLOGIE DES INVESTISSEURS
1. Ratio S&P500/WTI : 43.53
L’économie est de l’énergie transformée, quand le pétrole est cher (la courbe brune vers le bas) par rapport aux actions, on anticipe un ralentissement futur et donc le marché n’est pas trop euphorique. Pour le moment, le niveau du ratio est relativement élevé mais il se trouve depuis presque 2 ans dans un canal descendant.
Moyenne 2000-2022 : 34,47
Plus bas crise covid (mars 2020) : 86,95
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 14,90
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 17,57
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 26,77
Plus bas marché baissier actuel (28/06): 34,22
2. Ratio S&P500/Gold : 2,24
Quand l’or est chère, les investisseurs ont peur et privilégie la sécurité. Le marché n’est alors pas trop euphorique. Le ratio reste proche de sa moyenne historique n’indiquant ni crainte de l’avenir, ni confiance aveugle pour le futur.
Repères
Moyenne 2000-2022 : 2,11
Plus bas crise covid (mars 2020) : 1,62
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 0,68
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 0,75
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 2,52
Plus bas marché baissier actuel (16/06) : 1,98
3. Ratio S&P500/consummer staples (comparaison de l’évolution du S&P500 avec le secteur le plus défensif de la quote, le secteur des produits de consommation de base (parmi les poids lourds de ce secteur, on trouve Procter and Gamble, Coca Cola, Pepsico, Walmart, Costco, Philip Morris, …) : 5,38
Repères
Moyenne 1998-2022 : 4,78
Plus bas crise covid (mars 2020) : 5,06
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 4,03
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 3,54
Plus bas éclatement bulle internet (septembre 2002) : 4,13
Plus bas marché baissier actuel (16/05) : 5,17
4. Ratio junk bonds/obligations sans risque (attrait du risque) : 0,85
Repères :
Moyenne 2007-2022 : 0,97
Plus bas crise covid (mars 2020) : 0,51
Plus bas crise de l’euro (août 2011) : 0,86
Plus bas crise des subprimes (mars 2009) : 0,75
Plus bas marché baissier actuel (04/03) : 0,73
5. EPCR 5 jours (mesure le rapport entre les options put et les options call) : 0,73
Plus haut atteint depuis le début de ce marché baissier (29/09) : 0,85
Repères :
Plus haut crise de l’euro : 0.93
Plus haut crise du covid : 1.05
Marché baissier 2008-2009 :
Pic le 22/01/08 : 0,93
Pic 17/03/09 : 1.01
Pic 16/07/08 : 0.91
Pic 17/09/08 : 0.97
Pic 10/10/08 : 0.98
Pic 21/11/08 : 1.01
Pic 16/01/09 : 0.95
Pic 23/02/09 : 0.88
Pic 06/03/09 : 0.84
6. Vix : 29,60
Plus haut atteint depuis le début de ce marché baissier (07/03) : 36,45
Le plus haut atteint cette semaine a été de 34.88, toujours sous le plus haut YTD. Le marché est certes volatil mais il se situe toujours significativement sous les niveaux de "panique totale".
Repères :
Plus haut crise covid (mars 2020) : 66,04
Plus haut crise de l’euro (août 2011) : 43,05
Plus haut crise des subprimes (novembre 2008) : 79,13
Plus haut éclatement bulle internet (septembre 2002) : 42,66
7. Pourcentage d’actions dont le cours se situe au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours : 24,20 %
Plus bas atteint au cours de ce marché baissier : 15,57 % (le 16/06)
Repères :
Plus bas crise du covid : 10,2 %
Plus bas crise de l’euro : 14,9 %
Plus bas crise des subprimes : 7,1 %
Plus bas éclatement bulle internet : 25,2 %
Plus bas atteint depuis le début de ce marché baissier : 18 %
Conclusions : même au pire moment de ce marché baissier, on n’a manifestement pas atteint les phases de "désespoir" et de "capitulation". Peut-être ne serons-nous pas obligés de passer par ces phases … ? Le moment de "léger stress" relevé fin septembre semble passé.
V. Optimisme des analystes et normalité des résultats des entreprises
1. Prévision des bénéfices (yardeni.com)
Les prévisions des analystes conservent leur trend baissier même si elles n’anticipent toujours pas une baisse des profits
2. Bénéfices prévus et réalisés, écart par rapport à la moyenne
Les bénéfices du S&P500 réalisés jusque 2021 et prévus en 2022 et 2023. Manifestement, depuis
2021, ils prennent un courbe qui s’écarte de manière exponentiel de leur moyenne.
Néanmoins, comme je l’avais exprimé lors des revues précédentes, ces prévisions ne me semblaient pas réaliste et, au cours de ce mois de septembre, elles ont ont été revues à la baisse, ce qui a mécaniquement réduit l’écart par rapport à la moyenne et les projections commencent à devenir un peu moins déraisonnables. Il sera intéressant de refaire le point dans 3 semaines quand les résultats Q3 et commentaires des direction auront permis d’affiner les résultats 2023
VI. LIQUIDITES
Le QT se poursuit.
VII. SMART MONEY
Les insiders (CEO, CFO et actionnaires de + de 10 % de sociétés cotées) sont réputés anticiper les cycles boursiers. Ces derniers jours, les insiders semblent paralysés : ils n’achètent ni ne vendent. Comme expliqué dans autre message, c’est lorsque les achats sont significativement au-dessus des ventes qu’un signal d’achat apparait.
Vu que je n’ai pas la possibilité d’écrire un nouveau message, je réponds ici @l1vestisseur
L1vestisseur a écrit :
Bon choix Meta à 13,5x les profits 2022. Mais je pense qu’Alphabet a plus de potentiel avec un beta plus faible, même si c’est un peu plus cher (19,5x les profits).
Avec Meta il me semble y avoir beaucoup plus d’incertitude à moyen terme et un moat plus faible.
D’après mon modèle de valorisation, le prix actuel pour Meta anticipe une croissance à long terme des free cash flow de 8 % et un rendement des capitaux investi de 16 % (moyenne des 7 dernières années : 40 % de croissance des free cash flow et 39 % de ROCI)
Suivant le même modèle, pour Alphabet, le prix actuel anticipe une croissance à long terme de 8 % et un ROCI de 30 % (moyenne des 7 dernières années : 28 % de croissance des FCF et 28 % de ROCI).
Je ne connais pas grand-chose dans les produits que développent chacune de ces deux sociétés ni dans la force de leur avantage concurrentiel. Manifestement le marché semble plus confiant dans l’avenir d’Alphabet mais, perso, je me sens un peu plus avec le prix payé pour Meta.
Dernière modification par Louis Pirson (23/10/2022 11h12)