GoodbyLenine, le 14/03/2023 a écrit :
une grande majorité actifs détenus en fonds euros en AV ne seront pas arbitrés avant le décès du titulaire du contrat
En moyenne, c’est 7% des encours qui sont rachetés chaque année. Des décès il y en a tous les jours, je ne connait pas le détail de la pyramide des âges des détenteurs d’AV mais si on suit la répartition moyenne des actifs financiers par âge (données INSEE) je suspecte que les gens âgés détiennent plus de fond que les autres. Lors d’une succession le contrat est (toujours?) dénoué, et le ré-investissement, si il y a, est rarement fait sur une même AV / fond euros. Actuellement, selon mon estimation, une décollecte ne serait-ce que de 15-20% mettrait à mon avis pas mal d’assureurs à genou (10% de maturité / an + 5% de réserve, cf. plus bas chiffres précis).
même en cas de décollecte importante, le portefeuille moyen d’un assureur ayant des obligations à 7-8 ans de maturité, il y a chaque année 12-15% de l’encours des obligations qui arrivent à échéance
Selon cet article, pour un assureur en tout cas, c’est 10% des obligations qui arrive à échéance chaque année (Macif). Pour certains assureurs, potentiellement moins, tout dépend comment ils ont pu échelonner les maturités de leurs obligations. Vu le yoyo de la collecte sur les dernières années, certains assureurs ont potentiellement pris beaucoup d’obligations récemment avec donc proportionnellement peu d’échéances dans les prochaines années. Surtout les contrats récents. Quelqu’un a-t-il des chiffres plus précis?
les fonds euros de la plupart des assureurs ont constitué des réserves très significatives, souvent entre 5 et 10% de l’encours
Selon le même article, 4.87% fin 2022. Avec les rendements magiques de 2022, à mon avis à date un peu moins. Si les AV doivent conserver des rendements décents pour 2023 et 2024, cette réserve ne va pas durer bien longtemps.
dans le cas ultime, où un assureur aurait pêché par imprévoyance (en dépit de toute la surveillance dont il fait l’objet, et qui a d’ailleurs forcé certaines recapitalisations dans le passé), ou aurait une trop grosse partie de ses clients voulant racheter leur contrat, et qu’il ne se trouverait pas un autre assureur (plus prévoyant, et à priori plus gros) pour le reprendre (avec son portefeuille de contrats AV et les engagements associés), la loi Sapin2 éviterait le "bank run" sur le fond euro (donc, en pratique, elle devrait augmenter le niveau de confiance sur la pérennité de ces contrats).
On est bien d’accord sur le premier point; sur le second beaucoup moins: je ne pense sincèrement pas que le niveau de confiance augmentera en cas d’activation de la loi Sapin 2. Étudier le cas d’EUROVITA, en cours de liquidation suite à un Sapin 2 "Italien", sera riche d’enseignement. Je ne suis pas sûr que l’assureur et les contrats s’en remette.
Une bonne partie se rendormira et oubliera ses craintes dès qu’il aura vu son attention occupée par un autre sujet faisant le buzz.
Ce n’est pas un argument. Peut-être, peut-être pas. A mon avis le risque se trouve sur 2024, quand les taux se seront stabilisés en point haut, et les réserves "épuisés" pour doper les rendements comme argument commercial pour faciliter la collecte. Les assureurs se retrouvent dans une situation difficile, car ils devront sans doute épuiser rapidement leurs réserves pour doper les rendements affichés afin de ne pas se retrouver dans une situation comparative trop défavorable.
Encore une fois: je ne joue pas l’avocat du diable, je cherche juste à estimer le risque réel d’un "insurance run" sur les AV en France. La situation EUROVITA, pourtant avec des règles de solvabilité similaires à la France, est instructif. Un déclenchement mesuré et sans impact de Sapin 2 en France sur quelques assureurs est a mon avis un pari optimiste très très risqué. Vu la quantité d’assureurs en France et la diversité des succès commerciaux, on est pas à l’abri d’un canard boiteux qui soit le premier domino d’une série difficile à stopper.