ColombC, le 12/12/2023 a écrit :
Les METs sont en effet une unité de mesure de dépense énergétique avec des équivalences en Vo2 (débit d’O2), calories, joules, watts.
Pardon, mais je pense qu’il faut être plus précis, en distinguant deux grandeurs physiques : l’énergie et la puissance.
Si je dis : "mon repas correspond à un apport de 400 kcal", je parle d’une quantité d’énergie.
Si je dis : "mon métabolisme basal est de 2000 kcal/24h", je parle d’une puissance, puisque c’est une quantité d’énergie divisée par un temps.
les kcal, joules, kWh, sont des mesures de quantité d’énergie.
Les watts et les MET sont des mesures de puissance.
Le document dit que le MET-santé est la "capacité aérobie". Mais il ne précise pas comment est mesurée cette capacité aérobie. Il ne précise pas sur quelle durée elle doit pouvoir être tenue. Cela aurait pourtant été simple de le définir en se rattachant à l’une des grandeurs couramment utilisée par les sportifs : FTP (Functional Threshold Power = puissance soutenable une heure environ), et PMA (Puissance maximale aérobie, MAP en anglais pour Maximum Aerobic Power, généralement considérée comme celle que l’on développe à VO²max, qui est plus élevée que FTP mais soutenable seulement 4 à 8 minutes). Je regrette donc une définition imprécise du MET-santé ! Si vous connaissez les auteurs du document, merci de leur transmettre le message "s’il vous plaît, définissez le MET-santé. De quelle capacité aérobie parlez-vous ? FTP, PMA, ou bien encore autre chose ? Dans les études que vous citez, la "capacité physique" est souvent exprimée en MET ; mais de quel type de capacité physique parle-t-on ? Est-elle seulement définie de façon identique dans les différentes études ?"
si vous avez une capacité physique de 9 METs, et que l’effort de la vie quotidienne le plus difficile est à 8 METs, vous avez une marge de sécurité suffisante pour vivre normalement. Par exemple vivre dans une maison à étage(s) sans être obligé de rester au rez-de-chaussée arrivé à un certain âge.
Je ne suis pas d’accord avec vos explications car vous ne prenez pas assez en compte le fait que le MET-santé soit en aérobie, alors qu’on peut faire des efforts bien supérieurs à l’effort aérobie.
On peut faire 3 types d’efforts : explosif (ou anaérobie alactique : très puissant mais très court), anaérobie lactique (puissant mais relativement court) et aérobie (moins puissant mais pouvant être tenu dans la durée car une respiration rapide suffit à apporter assez d’oxygène pour soutenir l’effort).
Or, on trouve dans la littérature :
Puissance explosive (anaérobie alactique) = 10 x PMA
Puissances anaérobie lactique = 3 x PMA.
(on peut toujours discuter ces chiffres, et on pourrait dire que le MET-santé n’est pas défini comme étant la PMA vu que le document ne dit pas comment il est défini (!), mais enfin les ordres de grandeur sont suffisants pour permettre de mener la réflexion).
Donc, en fait, une personne qui a un MET-santé de 4 arrivera à monter un escalier, activité qui consomme 8 MET. Cette activité nécessite le double de sa PMA. Cette personne a deux solutions : 1) elle monte un palier ou un demi-palier à vitesse normale, puis elle reprend son souffle (effort anaérobie lactique). 2) Elle le fait à vitesse très lente, de façon à consommer 4 MET au lieu de 8 (effort aérobie). Dans ce cas, elle peut, théoriquement, monter 10 étages très lentement mais sans s’arrêter, puisque qu’elle est en aérobie.
Une personne qui a un MET-santé de 2 peut, en principe, monter un escalier. Problème : à 4 fois sa PMA, on n’est même plus dans l’aéorobie lactique, il faut la puissance explosive. Elle va donc monter 1 à 2 marches, et s’arrêter. Puis 1 à 2 marches, et s’arrêter, etc.
Donc :
- pour ce qui est d’être dans une maison avec escaliers sans se retrouver bloqué au rez-de-chaussée, il ne faut pas un MET de 8, contrairement à ce que vous écriviez. La personne avec un MET de 4 peut toujours visiter toutes les pièces de la maison. Elle est essoufflée quand elle arrive au premier étage, et c’est tout. Elle vit très bien. Donc, MET-santé de 8 pour vivre "normalement", je trouve que c’est exagéré comme assertion. Ceux à moins de 8 vivraient "anormalement" ? Est-ce qu’on vit anormalement dès qu’on doit faire des efforts anaérobies ? Non, les gens à moins de 8 ne sont pas anormaux ; mais ils ne sont pas non plus "en pleine forme".
- par contre, quand ça baisse encore (MET-santé de 2, par exemple), ce n’est pas qu’on ne puisse plus monter un escalier, dans l’absolu ; le problème, c’est que ça devient épuisant et dangereux. la plupart des résidents d’Ehpad qui peuvent encore marcher sont capables de monter un escalier. Mais ça serait probablement en mode puissance explosive, donc très lentement, avec un effort considérable, donc aussi avec des risques de malaise, de crise cardiaque et de chute. Mais leur puissance explosive leur permet encore de faire des efforts ponctuels. Certains kinés intervenant en Ehpad utilisent les escaliers comme terrain d’exercice, preuve que les résidents peuvent encore le faire, sous supervision.
Au final, je redis donc que votre source place la barre très haut. D’après eux, un homme de 50 à 54 ans doit avoir un MET de 10,1, c’est à dire qu’il doit, d’après ce même document, être capable de courir 10 km en 1h18 ou moins, et être capable de monter à bonne allure les escaliers d’une tour de 30 étages (aérobie, on a dit, donc capable de soutenir cela de façon prolongée, pas seulement 2 ou 3 étages). Combien d’hommes de 50 à 54 ans ans sont dans une telle forme ? Sans doute moins de la moitié et peut-être même plutôt le quart. Est-ce que la moitié de la population des hommes dans la cinquantaine est en mauvaise forme ?
En fait, ce que dit le Pr Carré sur la base des études statistiques, ce n’est pas que les gens avec un MET-santé plus bas sont "anormaux", ni qu’ils n’arrivent plus à monter leurs escaliers ; il dit surtout qu’ils ont des risques de santé plus élevés (maladies cardiovasculaires, mortalité, etc). Donc, si on s’essouffle en montant les escaliers, on doit en conclure qu’il faut améliorer sa capacité physique pour réduire ses risques de santé ; et non pas parce qu’il serait "anormal" de faire une pause quand on monte les escaliers ni qu’on a besoin d’une "marge de sécurité". Ce que disent ces documents, c’est que, si on s’essouffle dans les escaliers, statistiquement, on est bien plus à risque de développer un grave problème de santé que ceux qui montent les escaliers sans s’essouffler.
Dernière modification par Bernard2K (13/12/2023 12h16)