J’allais poster sur le fil "opération Gutt", mais j’ai été devancé. C’est donc plus cohérent de poster ici.
Article paru ce jour dans l’Echo ’article de Marc Lambrechts’
Faut-il craindre l’instauration d’une taxe sur le patrimoine privé pour résoudre le problème de l’endettement public en Europe? C’est la question que l’on peut se poser après la
publication d’une étude de la Bundesbank. Une étude qui fait suite à une récente analyse du Fonds monétaire international.
Et pourquoi ne taxerait-on pas la fortune privée pour résoudre la crise? Non, ce n’est pas le PTB ou le patron des socialistes, Paul Magnette, qui pose cette question, c’est… la
banque centrale allemande.
Si la Banque nationale de Belgique avait publié l’équivalent de ce que vient de faire paraître la Bundesbank, il y a gros à parier que certains de nos concitoyens feraient déjà
preuve d’une grande nervosité. Surtout après tous ces milliards qui ont choisi de rentrer au bercail depuis la première opération de régularisation fiscale (DLU).
Alors, que contient ce "brûlot" allemand? La Bundesbank examine ni plus ni moins l’opportunité de mettre en place une taxe sur la fortune privée pour les pays les pays les plus
affectés par la crise. Certes, elle conclut, dans son rapport mensuel de janvier, qu’une telle taxe doit être considérée comme une "solution extrême". Mais une solution quand
même, avec ses inconvénients mais aussi ses avantages…
C’est déjà la deuxième banderille lancée sur le sujet. En octobre dernier, le Fonds monétaire international (FMI) avait évoqué l’idée d’une telle taxe, suscitant pas mal
d’interrogations. En appliquant une taxe de 10% sur le patrimoine net des ménages (donc après déduction des emprunts), les chercheurs du FMI avaient calculé que les ratios
d’endettement public dans la zone euro reviendraient à leur niveau de 2007. Une solution miracle? Quelques jours plus tard, face à la confusion grandissante, un porte-parole
du FMI avait dû éteindre l’incendie, affirmant que le Fonds "ne recommandait pas l’instauration d’un tel impôt sur la richesse". En l’occurrence, disait-il, il s’agissait d’un simple
travail d’analyse.
Il est vrai que le passage en question sur cette taxe ne représentait que quelques lignes à peine dans un gros rapport du FMI sur la fiscalité. Ici, le chapitre dans le rapport de la
Bundesbank est déjà un peu plus volumineux (et traduit en anglais sur le site de la banque centrale). Dans une logique très allemande, la "Buba" estime que tout pays de la zone
euro se trouvant dans une situation financière tendue devrait, avant d’appeler à l’aide les autres pays (et donc l’Allemagne), mettre à contribution sa propre population. Ceci
quand toutes les autres solutions ont été épuisées et que le défaut de paiement menace.
Évidemment, la Bundesbank souligne que mettre en place une telle opération n’est pas exempte de risques. Elle devrait être menée très rapidement afin d’éviter que les capitaux
ne quittent à jamais le pays. Mais si la taxe est ponctionnée sur la richesse accumulée (en fixant une date dans le passé pour évaluer les avoirs), il serait toutefois difficile d’y
échapper, dit le rapport. Enfin, sous peine de nuire définitivement à la confiance, l’Etat devrait encore convaincre sa population que l’opération est "unique" et destinée à
répondre à des circonstances exceptionnelles.
La publication de cette étude est loin d’être anodine. En fait, les Allemands n’ont toujours pas digéré le fait que dans la zone euro, ils affichent un patrimoine par ménage
nettement inférieur à celui des autres pays. Une particularité liée notamment au fait que les Allemands sont davantage locataires que propriétaires de leur logement. Alors
devoir assister de riches Chypriotes ou Italiens n’est plus du tout du goût des Allemands. De là à évoquer une taxation de la fortune privée dans les pays fragiles, il n’y avait qu’un pas pour la Bundesbank. Si ce n’est que la banque centrale allemande ne dirige pas encore l’Europe, ni le FMI d’ailleurs. Mais, ces deux études n’en sont pas moins
interpellantes. Le débat pourrait rebondir dans certains pays.
On parle ici de patrimoine et non pas de solde bancaire, comme ce fut le cas à Chypre.
Ca fait peur, mais c’est quand même très difficile à mettre en oeuvre, en Belgique en tous les cas où il n’y a a pas - encore - de cadastre sur la fortune.
Franchement, on en parle de plus en plus souvent, je me demande si on ne doit pas "provisionner" ces 10 %, et voir ce que cela représente en années d’indépendance financière perdues !