Le taux de chômage US se trouve donc au plus bas depuis février 2020 (juste avant la crise covidienne). En dehors de cette période, il faut remonter à 1953 pour trouver un taux de chômage aussi faible !
D’une manière générale, quand on sait que la bourse tente toujours d’anticiper, il est utile de bien décrypter les différentes statistiques qui nous sont fournies et de les décomposer afin "d’anticiper les anticipations". On sait aussi que les politiques auront tendance à embellir un indicateur aussi important que celui de l’emploi. Ainsi, comme l’avait montré Toppaz, la diminution du taux de chômage sur le mois de juillet tient plus à une répartition plus forte du temps de travail qu’à une tenue vigoureuse de l’économie.
Comme je l’ai déjà écrit, je considère le taux de chômage comme un indicateur retardé d’une récession ou, d’ailleurs, d’une correction boursière : selon ma théorie, la récession et la correction boursière arriveront avant qu’on ait aperçu une solide tendance à la hausse des taux de chômage.
Néanmoins, à titre personnel, rien que la "loi des retours à la moyenne" me fait dire qu’un niveau aussi faible de chômage n’est pas tenable dans la durée : la rareté des travailleurs disponibles va empêcher les entreprises de se développer (je le constate moi-même dans mon quotidien) et, du fait de cette rareté, les coûts du travail vont exploser, rognant ainsi les marges des entreprises.
Pour déterminer quand le chômage repartira au nord, j’utilise 3 indicateurs avancés qui, historiquement, apparaissent avant la hausse du chômage (et aussi, souvent, avant que les marchés d’actions ne corrigent).
Je les ai déjà abordés dans cette file. Je les représente avec, le cas échéant, les chiffres mis à jour.
1. Le premier signal à apparaître chronologiquement, c’est la diminution des heures totales de travail. Malheureusement, si cet indicateur est très avancé pour prédire une hausse des taux de chômage, … l’information n’est publiée qu’avec retard et, aujourd’hui, nous n’avons toujours que les chiffres arrêtés au 1er trimestre 2022. Je reposte le graphique déjà posté ci-dessous. La courbe était toujours résolument ascendante au 1er trimestre 2022. Pas de signal prédictif pour l’instant sur cet indicateur donc …
2. Dans la chronologie pré-récession, nous avons les demandes initiales de chômage. Comme on peut le voir ci-dessous, elles ont, à chaque fois, augmenté avant que les récessions ne soient déclarées (à l’exception de la récession "flash" de 2020 créée artificiellement). Ces demandes sont en augmentation constantes, semaine après semaine, depuis le 19/03/2022 et la hausse a continué durant tout le mois de juillet.
3. Ensuite les heures prestées en travail intérimaire. Ici, la courbe tend à s’aplanir ces dernières semaines mais, chiffres arrêtés au 01/07, elle est toujours en hausse.
Conclusion : sur base de ces indicateurs, je pense que l’emploi US restera encore, en apparence, solide au moins 2 ou 3 mois (sauf cygne noir évidemment).