Le titre GTT est très volatile et il est malheureusement un terrain de jeu de beaucoup d’investisseurs de court terme qui n’y connaissent pas grand chose.
A priori, il y a plusieurs facteurs d’intérêt:
a) une bonne croissance de long terme avec des marges très élevées et peu de dettes
b) un dividende élevé (recherché par les amateurs de rendement)
c) un positionnement au coeur de l’actualité actuelle (guerre en Ukraine)
Côté croissance, la société est difficile à appréhender, car elle travaille sur base de contrats, peu en nombre, mais avec de gros montants (une société comme ASML aux Pays-Bas est dans le même cas). Il en résulte des décalages importants d’une année sur l’autre. Le CA/RN peut très bien faire du -10/-20% une année, avant de rebondir furieusement l’année suivante.
Côté dividende, pas facile non plus de gérer, car le montant n’est ni assuré, ni prévisible, ni croissant. GTT n’a pas une politique de lissage dans le temps (comme le font généralement les dividend aristocrats US) mais il verse en gros 80% de ses bénéfices, une année en hausse, mais peut-être aussi en baisse.
Voilà, donc fondamentalement il faut oublier le boursicotage de CT, et se focaliser sur les perspectives de LT. A priori elles sont bonnes, la demande de GNL augmente (moins polluant), le groupe se diversifie dans l’hydrogène (le carburant de demain?) et mis à part les méthaniers dont tout le monde parle, GTT installe aussi des structures de stockage dans les ports et a une offre de réservoirs de carburant (GNL ou hydrogène) qui peuvent être montés dans un bateau. A mon avis un bon relai de croissance, car le diesel lourd qui propulse actuellement les gros bateaux, est particulièrement polluant.
Je me suis aussi posé la question du dégroupage des services. Selon le rapport annuel, GTT a fait l’année dernière un CA de 314 millions, donc 17 millions de services (et notamment 11 millions pour la maintenance des navires déjà en circulation). Ca me paraît assez limité, même si la marge brute est certainement élevée.
La valorisation est actuellement chère, car les résultats 2022 seront en baisse. C’est pas nouveau, la société l’avait déjà annoncé en début d’exercice avant le début de la guerre en Ukriane. Mais plus récemment, GTT a annoncé l’arrêt de ses activités en Russie (sauf les chantiers qui sont déjà en cours) >cela risque de conduire à des dépréciations et pénalités de rupture de contrats, qui ne sont pas forcément intégré par le consensus.
Au dernières nouvelles, le consensus prévoit un BNPA de 3.21€ en 2022 (PER 31), puis une hausse sensible à 5.27€ en 2023 (PER 19) et 7.10€ en 2024 (PER 14). Comme je le disais au début, c’est pas un long fleuve tranquille, mais un dossier pour les gens aux reins solides. On peut noter aussi que les prises de commandes ont été très nombreuses en 2022, ce qui alimentera le CA dans les années à venir.
Pour finir, je rejoins Emileenlar: en été 2022 le titre a été porté par la peur, le FOMO et les spéculations de CT. Maintenant que le risque de manquer de gaz baisse, que les cours mondiaux baissent et aidé par un hiver chaud (jusqu’ici) la bulle spéculative s’effondre.
A titre perso, j’ai du GTT en portefeuille depuis quelque temps, j’ai pris quelques bénéfices en été 2022 et je garde précieusement le reste pour profiter du rebond attendu des résultats en 2023 et les bonnes perspectives de LT.
On y croit ou on n’y croit pas